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tout le Breviaire, tout le Martyrologe, le foupçon de faußeté qui ne tombe que fur ́ quelques faits particuliers.

Difons en finiffant, qu'on ne peut refufer au P. Honoré la gloire d'avoir manifefté les défauts de la critique, il l'a fait aux dépens de quelques Auteurs fameux, & fon ouvrage apparemment ne demeurera pas fans réponse. Il eft cependant trèsdifficile d'y bien répondre; tâcher de rendre fufpectes les intentions de l'Auteur, lui imputer de vou

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loir mettre à couvert certaines traditions de fon Ordre, fe répandre en vaines déclamations fur l'utilité de la critique dont il convient, loüer les Auteurs qu'il attaque fans les juftifier, parler de fon livre avec mépris dans quelque préface, ce n'eft pas lui répondre, c'eft avoüer qu'il eft impoffible de le faire: ces artifices n'impoferont point aux Lecteurs intelligens.

Pour lui répondre, il eft neceffaire de faire voir clairement que les contradictions perpetuelles dont il accufe Meffieurs de Tillemont, Baillet, Dupin, le P. Alexandre & le

P. Ruinart, ne font point dans leurs livres. Et comment le faire voir? Les citations du P. Honoré font fi delles; il ne refte donc plus qu'un feul parti à prendre aux défenfeurs de la critique moderne, c'eft celui de montrer que ces contradictions perpetuelles ne prouvent pas que la critique eft défectueuse, & que les fameux Ecrivains qui en font.convaincus ne doivent rien perdre de leur reputation. Il faut une étrange fubtilité pour réüffir dans cette entreprise, & les Critiques offenfez feront mieux, fans, doute de conve nir que la critique eft encore fort imparfaite, & que nôtre fiécle, qu'on a flaté de l'avoir portée fort loin, feroit probablement accufé par nos neveux, de l'avoir corrompuë, file livre du R. P. Honoré, & quelques autres, ne montroient que le bon fens a confervé fes droits, malgré la prévention prefque generale, & que la fauffe critique a été une mode dont tout le monde n'a pas été infecté..

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DISSERTATION SUR LES verfets 15. & 16. du ab: 7. des Actes des Apôtres. Par le P. L. 7~

V. 15. facob alla en Egypte, & il y mourut lui & nos peres. v. 16. De là on les porta à Sichem, on les mit dans le tombeau qu'Abraham avoit acheté à prix d'argent des enfans de Hemor fils de Sichem. Defcendit Jacob in Ægyptum & defunctus eft ipfe & patres noftri, & tranflati funt in Sichem, & pofiti funt in fepulchro quod emit Abraham pretio argenti à filiis: Hemor filii Sichem. Act. 7. La & 16.

CE paffage a toujours paru diffi

cile, hic locus eft difficilis, dit Mariana, multi multa dicunt, nullus fatisfacit planè Ce qui fait la difficulté, ceft la contradiction appayente entre le récit de S. Etienne & divers endroits, de l'ancien Tefta ment.

Premierement, S.Etienne fem

ble dire que Jacob & les autres Patriarches ont été enterrez à Sichem, quoiqu'il foit conftant par le ch. 49. & 50. de la Genefe que Jacob, Ifaac & Abraham furent enterrez à Hebron, proche Mambré, dans le champ qu'Abraham avoit acheté d'Ephron le Hetéen. Or ce champ étoit dans la Judée, fort éloigné de Sichem ville de Samarie.

Cette premiere difficulté eft peu confiderable. Abraham, Ifaac & Jacob, furent en effet enterrez à Hebron. Ces paroles de S. Etienne, tranflati funt in Sichem, ne tombent que fur patres noftri, c'eft à dire, fur les enfans de Jacob qui étoient allez avec lui en Egypte. L'Ecriture affûre de Jofeph en particulier, que fon corps fut apporté & enterré à Sichem: Offa quoque Jofeph qua tulerant filii Ifraël de Ægypto, fepelierunt in Sichem, in parte agri quam emerat Jacob à filiis Hemor patris Sichem, centum novellis ovibus. José c. 24. v. 32. Doit-on douter que les corps des freres de Jofeph, qui furent auffi apportez d'Egypte avec celui de Jofeph, n'ayent été pareillement

enterrez à Sichem, puifque S. Etienne le dit pofitivement, & que l'Ecriture ne dit rien ailleurs de contraire? Saint Jerôme même nous apprend qu'on voyoit encore de fon tems à Sichem les tombeaux des douze Patriarches. Il n'eft donc nullement neceffaire de fuppofer que les corps des Patriarches ayent été d'abord portez à Sichem, & de là tranfportez à Hebron. L'autorité de l'Hiftorien Josephe, qui écrit qu'ils furent enterrez à Hebron n'est d'aucun poids contre le témoignage de S. Etienne. Major ha benda eft Stephano fides quam 7ofepho, remarque judicieusement Gagneus.

La feconde & la plus confiderable difficulté confifte dans ces paroles: Quod emit Abraham pretio argenti à filiis Hemor filii Sichem. Il est dit dans la Genele c. 23.` qu’Abrabam acheta un champ d'Ephron fils de Seor pour la fomme de 400 ficles, & qu'il enterra fa femme Sara dans la caverne double qui regarde Mambré, ou Hebron. D'un autre côté il eft raconté dans la Genefe c. 33. que Zacob après fon retous de Mefopotamie vint à Salem ville des

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