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sages du soleil dans le paralelle des étoiles, les oppositions des planètes, les hauteurs solsticiales, etc.... Le calcul en sera tellement détaillé que l'on pourra d'un coup-d'œil le suivre, le vérifier, et en reconnaître les élémens. A la fin de chaque année sera un résumé des observations les plus importantes, avec des réflexions et des comparaisons relatives à la perfection des théories.

Une partie des observations qui composeront cette histoire céleste a été publiée et se trouve éparse dans les Mémoires de l'Académie Royale des Sciences ou dans des ouvrages particuliers. Cela ne m'enpêchera pas de tout rapporter et même de refaire les calculs. Cette vérification ne peut être qu'avantageuse, et l'astronome qui voudra tirer de mon histoire céleste une observation quelconque pour l'appliquer à quelque théorie, sera charmé de trouver l'observation pure et simple, telle qu'elle a été faite, et le calcul à côté, qu'il prendra, si bon lui semble, ou le vérifiera, ou le recommencera en employant tels élémens qui lui conviendront.

Comme il n'y a guère d'observation qui n'ait été faite à l'Observatoire, notre histoire céleste offrira un tableau exact et intéressant des progrès de l'astronomie depuis un siècle, auquel je joindrai des détails historiques et des dissertations sur diverses théories qui feront le sujet d'un discours placé à la fin de chaque suite d'observations de dix en dix années.

La seconde partie sera précédée d'une description et de l'usage des instrumens d'astronomie, des méthodes d'observations et de calculs accompagnées d'exemples, ce qui composera un cours complet d'astronomie pratique, ouvrage qui n'a pas encore été traité avec l'étendue qu'il mérite et dont ceux qui commencent l'étude de l'astronomie pourront tirer un grand secours.

L'exécution du plan que je viens de tracer ici n'est point sans doute une légère entreprise. Ce ne peut être le fruit que d'un grand nombre d'années, si je veux rendre ce travail digne de l'attention de l'Académie et des savans. Plusieurs raisons m'ont engagé à en communiquer dès à présent le projet; mais j'aurais honte de ne prendre date que par une vaine annonce et de simples promesses qui souvent n'ont aucun effet. Je présente donc dès ce moment, à l'Académie, une série de douze

années de l'histoire céleste, qui vont être incessamment suivies de dix autres, et qui sont exécutées sur le plan que je viens de tracer. Je prie l'Académie de vouloir bien nommer des commissaires dont je puisse prendre les conseils, recueillir les avis pour la perfection de l'ouvrage, et auxquels je me ferai un devoir de communiquer tant les observations réduites, que les fragmens des traités particuliers que j'ai annoncés, et que je ne veux publier qu'avec l'approbation et sous les auspices de l'Académie (1).

N° II.

Projet d'établissement à l'Observatoire royal de Paris pour la perfection de l'astronomie, présenté au ministre le 13 mai 1784 (2).

L'ACADÉMIE royale des Sciences, et généralement tous ceux qui s'intéressent aux progrès de l'astronomie, voient depuis long-tems avec peine l'état de dépérissement et d'abandon où se trouve l'Observatoire royal de Paris. Non-seulement le bâtiment menace d'une ruine prochaine, mais encore les instrumens, par leur vétusté et les imperfections de leur ancienne construction, ne permettent plus d'apporter dans les observations astronomiques cette délicatesse, cette précision que procurent les instrumens nouveaux si perfectionnés depuis vingtcinq ans.

L'astronomie est la plus dispendieuse de toutes les sciences. C'est elle qui sollicite les plus grands secours du Gouvernement. Il n'y a jamais eu de fonds affectés ni pour la construction des instrumens nécessaires à l'Observatoire, ni même pour l'entretien de ceux qui y existent. Du moment où le Gouvernement a détourné ses yeux de cet établissement, il a dû nécessairement tomber dans l'état de détresse où nous le voyons aujourd'hui, et où il retombera sans cesse, tant

(1) L'Académie a nommé pour commissaires MM. Bailly, Legentil et Jeaurat.

(2) M. Cassini de Thury, directeur actuel, était depuis plusieurs années languissant d'une maladie qui ne lui permettait plus de s'occuper de l'Observatoire. Il mourut cette même année; cependant ce Mémoire fut présenté tant en son nom qu'en celui de son fils, directeur en survivance.

qu'on ne lui accordera que des secours momentanés, tant qu'on n'adoptera pas un plan général d'établissement fixe, solide et digne d'un des plus beaux monumens du siècle de Louis XIV, digne de la grandeur et de l'utilité de son objet.

C'est ce plan dont nous allons tracer l'esquisse.

SIer.

Construction de trois principaux instrumens.

Il manque à l'Observatoire royal trois instrumens qu'il serait essentiel de faire construire, savoir:

Un quart de cercle mural de 6 à 8 pieds de rayon, suivant la construction anglaise. Cet instrument est indispensable; après une pendule, c'est le meuble le plus essentiel d'un Observatoire; sans lui, on ne peut cultiver en grand l'astronomie.

Un équatorial de 16 pouces environ de diamètre. La commodité et la généralité de cet instrument le rendent infiniment précieux et d'un usage journalier.

Un cercle entier de 3 pieds de diamètre. Ce nouvel instrument, qui n'a point encore été exécuté en France, est peut-être celui qui pourrait porter l'astronomie pratique à sa plus grande perfection; sa forme, la parfaite exécution dont il est plus susceptible qu'un autre, les moyens multipliés et faciles de vérification qu'il présente, lui donnent sur tous les autres instrumens un avantage réel,

S II.

Fonds pour l'entretien, les réparations et l'augmentation des

instrumens.

L'OBSERVATOIRE une fois pourvu de ces trois objets principaux, il deviendrait nécessaire d'affecter un fonds fixe et annuel, soit pour l'entretien et les réparations de ces instrumens, soit pour diverses augmentations ou perfections que l'usage et l'expérience indiqueraient à y faire. D'ailleurs, il n'y a guère d'années où les sciences et les arts,

se prêtant un mutuel secours, ne produisent quelqu'invention nouvelle, ne procurent quelque perfection aux instrumens de mathématiques et d'astronomie; mais, la plupart du tems, qu'arrive-t-il? Le nouvel instrument, après avoir été présenté à l'Académie, après avoir reçu l'accueil et l'approbation des savans, retourne chez son auteur où il reste oublié, ne se trouvant personne en état d'en faire l'acquisition et de dédommager l'artiste de ses avances et de son tems. De là, le découragement dans les arts, et l'inutilité des efforts du génie. Le fonds que nous proposons d'affecter à l'Observatoire serait donc aussi employé à l'acquisition de ces inventions nouvelles ou d'instrumens plus parfaits que ceux qu'on aurait déjà.

Peut-être n'y aurait-il pas toujours lieu chaque année de trouver l'emploi total de ces fonds. Dans ce cas, il est nombre de dépenses du même genre vers lesquelles ce revenu annuel pourrait être dirigé non moins utilement. Par exemple, on pourrait former, ce qui n'existe nulle part, un cabinet renfermant la collection complète des modèles de tous les instrumens qui ont été en usage dans les plus anciens tems de l'astronomie; ou bien, en laissant accumuler pendant quelques années ce qui ne serait point employé, on se mettrait en état de faire exécuter de tems en tems de nouveaux instrumens plus considérables et d'une plus grande importance.

S III.

Fondation de trois places d'élèves.

L'ASTRONOMIE est une science tellement étendue que les travaux, les veilles et l'activité d'un seul homme ne peuvent absolument en embrasser toutes les branches. Il serait cependant bien utile qu'il y eût à l'Observatoire royal un cours complet et continuel d'observations astronomiques faites tant le jour que la nuit, depuis le commencement jusqu'à la fin de l'année, afin que tous les astronomes, tant régnicoles qu'étrangers, les voyageurs et les navigateurs, pussent trouver dans les registres de l'Observatoire les observations correspondantes aux leurs, et celles mêmes qui leur manqueraient et dont ils pourraient avoir besoin.

Un plan si vaste de travail ne peut être exécuté que par le concours de plusieurs personnes réunies, travaillant de concert dans le même esprit et suivant les mêmes méthodes. Il serait donc extrêmement avantageux de fonder à l'Observatoire trois places fixes d'élèves, qui, sous les yeux du directeur, suivissent constamment le cours général des observations et le plan d'étude qui leur serait tracé.

De ces trois élèves, il y en aurait toujours deux uniquement occupés avec le directeur à la pratique de l'astronomie, aux observations; l'autre serait plus particulièrement destiné aux calculs, à la rédaction et à la tenue des registres. Ces trois élèves partageraient entr'eux les veilles, de sorte qu'il n'y aurait pas un jour dans l'année, pas un instant dans la journée, où il n'y eût dans les cabinets de l'Observatoire royal un observateur prêt à faire les observations de toute espèce qui pourraient se présenter.

Il est inutile de faire sentir quelle ressource la fondation de ces trois places d'élèves procurerait à des jeunes gens pleins de talens et de zèle, mais qui, sans fortune, n'osent se livrer à l'étude dispendieuse de l'astronomie. Quelle parfaite école ce serait pour former d'excellens observateurs propres aux divers voyages et aux découvertes que la marine et le Gouvernement désireraient faire faire pour les progrès de la géographie! Enfin, combien l'Académie même en pourrait retirer d'avantage et d'utilité!

Il est à remarquer, d'ailleurs, que l'Observatoire de Paris est le seul de tous les Observatoires royaux où il n'y ait point d'élève ou d'assistant pour aider le principal directeur.

S IV.

Formation d'une bibliothèque d'astronomie.

DANS le grand nombre de bibliothèques répandues actuellement dans Paris, il existe sans doute quelques livres d'astronomie; mais il n'y en a aucune qui renferme une collection complète en ce genre. Plusieurs même des plus anciens et des plus curieux ouvrages sur cette science ne s'y trouvent point. Je n'en citerai pour exemple que

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