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les œuvres de J. D. Cassini, dont la collection complète n'existe nulle part en France.

Il serait donc important de former à l'Observatoire royal une bibliothèque dans ce genre unique, où les savans pussent trouver tout ce qui a rapport à l'astronomie, et où seraient réunis tous les registres originaux des astronomes français, acquis après leur mort. Cette collection, faite peu à peu, ne serait nullement coûteuse; un fonds annuel peu considérable serait d'autant plus suffisant que M. de Cassini prendrait volontiers l'engagement de confondre ses livres avec ceux de la nouvelle bibliothèque de l'Observatoire, et d'y joindre la belle collection de manuscrits qu'il possède et qui est peut-être unique dans ce genre (1).

La bibliothèque une fois complète, si l'acquisition des ouvrages qui paraissent chaque année n'absorbait pas le fonds destiné, l'excédent pourait être employé à faciliter l'impression du recueil des obser

vations.

S V.

Gestion du revenu annuel affecté à l'établissement.

En résumant tout ce que nous venons de

proposer, on peut estimer que le revenu annuel nécessaire à l'établissement proposé, doit monter à une somme de 6,000 liv., savoir :

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(1) Cette offre ne fut point agréée, parce que le ministre considérant que la bibliothèque et les manuscrits de M. Cassini étaient pour lui et sa famille une propriété importante, il ne crut pas qu'il fût de la dignité du Roi d'en accepter le don sans un dédommagement qui, dans le moment présent, eût été une charge et une dépense inutile.

(2) Ces appointemens, sans doute, étaient bien médiocres; mais, pour ne pas effrayer le Gouvernement, on n'avait pas osé les porter plus haut. Il faut considérer d'ailleurs qu'à cette époque, avant la révolution, il n'y avait à l'Académie que les trois plus anciens membres de chaque classe qui fussent pensionnés; que

D'autre part,

Gratification annuelle en encouragement à celui des élèves qui aura le mieux travaillé ou fait quelque observation curieuse,

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Pour l'entretien, les réparations ou la construction des instrumens,

Pour la bibliothèque,

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200

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2400

600

600

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Frais de bureau, bois, lumière, registres, etc.,

Pour assurer l'exacte destination et l'emploi fidèle de ce revenu aux objets ci-dessus désignés, le directeur général de l'Observatoire serait tenu de rapporter chaque année au ministre, ou au comité de la trésorerie de l'Académie royale des sciences, les quittances des 2,400 liv. d'appointement des élèves. Quant aux mille écus affectés aux instrumens et à la bibliothèque, il pourrait n'en rendre compte que tous les deux ou trois ans, la dépense annuelle ne pouvant être uniforme mais, au bout des trois années, il produirait les reçus de toutes les acquisitions qu'il aurait faites, les mémoires détaillés et quittancés de toute dépense pour l'entretien des anciens instrumens et la construction des nouveaux. Il remettrait en même tems un nouvel

si, parmi les autres, il s'en trouvait qui eussent besoin de secours, l'Académie n'avait à leur donner que de petites pensions de 5 à 700 livres. L'académicien chargé de la rédaction de la connaissance des tems, n'avait pour ce travail long et fastidieux qu'un traitement de 800 livres. Enfin, la place de concierge de l'Observatoire, qui avait toujours été occupée par des astronomes de l'Académie, n'avait que 400 livres d'appointemens. MM. les élèves de l'Observatoire se trouvaient donc encore mieux traités. C'est ainsi qu'en France un des beaux traits de caractère du véritable savant était de n'avoir besoin d'autre aiguillon, dans ses travaux et ses recherches, que la passion de l'étude et l'amour de la gloire.

(1) Les appointemens du directeur ne se trouvent point compris dans cette somme. Ils avaient été réglés très-antérieurement à 2700 livres, c'est-à-dire qu'une pension de mille écus, dont M. Cassini de Thury jouissait depuis long-tems en récompense de ses travaux pour la méridienne et pour la carte générale de la France, avait été convertie en appointemens du directeur de l'Observatoire, de sorte qu'il n'en avait rien coûté de plus au Gouvernement en créant cette place.

état de tout ce qui composerait la collection des instrumens à cette époque; collection qu'il pourrait augmenter à son gré, mais jamais diminuer sans l'aveu du ministre ou de l'Académie. En général, il paraît nécessaire et utile au bien de la chose de laisser à la volonté et aux lumières du directeur les changemens et augmentations qu'il jugerait à propos de faire aux instrumens, mais de le rendre comptable de toute la gestion pécuniaire.

Ce Mémoire fut renvoyé par le ministre à l'Académie des Sciences (1), pour qu'elle l'examinát et en donnát son avis. Tous les membres de l'Académie, qui s'occupaient d'astronomie, furent nommés commissaires. Leurs opinions n'étant pas entièrement d'accord, pour les fixer, je leur adressai les éclaircissemens suivans le 3 juillet 1784.

N° III.

Éclaircissemens à joindre au Projet d'établissement à l'Observatoire royal, pour la perfection de l'astronomie.

Le projet, que j'ai eu l'honneur de présenter au Gouvernement, offre quatre principaux objets :

1o. Construction de nouveaux instrumens. Je n'ai rien à ajouter à ce que j'ai dit dans le projet sur cet article. On voudra bien seulement faire attention que je ne parle que des instrumens les plus essentiels, les plus pressés à faire construire pour le moment; car, par la suite, il sera encore nécessaire de réunir à l'Observatoire plusieurs autres instrumens, dont il sera fait mention tout à l'heure, mais que l'exécution de mon projet mettra à portée de se procurer sans avoir besoin de nouveaux fonds.

2o. Fonds annuel de 2400 livres pour l'entretien des anciens instrumens et l'acquisition de nouveaux. Au premier coup-d'œil, on pourra trouver inutile ou trop considérable ce fonds annuel pour entretenir et réparer des instrumens nouvellement faits mais, si l'on

(1) Le 26 mai 1784.

entre dans l'esprit du projet, on verra bientôt les nombreux emplois auxquels ce revenu pourra être appliqué..‹

Dans la crainte d'effrayer le Gouvernement par une demande exorbitante, je me suis borné à ne proposer que la dépense préliminaire de trois principaux instrumens; mais, si l'on suppose pour un instant qu'un directeur de l'Observatoire n'ait qu'à former des vœux pour la gloire de son établissement et pour l'intérêt de l'astronomie, que demanderait-il par de là les trois instrumens dont j'ai parlé?

Un Secteur de 12 à 15 pieds de rayon pour les observations au zénith. Il n'est pas un astronome qui ne range cet instrument dans la classe de ceux qui sont faits pour être placés dans un grand Obser

vatoire.

Un Quart de cercle de 3 pieds de rayon. Il n'y en a qu'un à l'Observatoire royal, fait en 1756 par Langlois. La carcasse est en fer; la lunette est simple; la division est faite par transversale; il porte un fil à plomb. On pourrait faire le nouveau à la manière anglaise, à lunette mobile et achromatique : on sait que cet instrument est le plus commode en astronomie pour les observations courantes.

Un petit Quart de cercle, de 18 pouces de rayon, pour prendre les hauteurs correspondantes. Il y en a un de 2 pieds fort ancien et trop grand pour le toit tournant sous lequel il est placé.

Une Lunette achromatique, la plus grande et la meilleure possible. L'Observatoire en possède une de 3 pieds et demi de foyer, assez bonne; mais, j'ose le dire, il s'en faut de beaucoup que les lunettes achromatiques, faites jusqu'ici, aient procuré tout ce que d'abord on en avait attendu, et ce que la théorie semblait permettre d'espérer. Je pourrais prouver qu'aucune de nos meilleures lunettes achromatiques connues n'a valu la lunette simple de 34 pieds qui ́existait jadis à l'Observatoire, et il ne serait pas difficile de faire voir qu'il en a existé une de 17 pieds seulement qui pouvait bien les égaler. Il serait donc essentiel de suivre et d'encourager la construction des lunettes achromatiques, pour leur faire produire de plus grands effets; et l'on conviendra que si quelqu'habile artiste parvient à exécuter des lunettes de 10 à 15 pieds de foyer, il serait précieux pour l'Observaoire de les posséder.

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Des Micromètres. Il y a quatre espèces principales de micromètres. Le micromètre filaire : nous en possédons plusieurs à l'Observatoire. L'héliomètre il y en avait un, il a été cassé. Ces sortes d'accidens sont dans l'ordre des évènemens; on doit pouvoir les réparer, et l'on ne devrait pas être dans le cas de renoncer, comme nous l'avons fait quelquefois, à une suite d'observations précieuses, faute de pouvoir réparer un accident malheureux. Le micromètre prismatique : il n'y en a point encore eu d'exécuté pour l'Observatoire. Le micromètre sur verre un artiste allemand en exécute avec la plus grande perfection, dont l'usage est fort commode et peu connu en France.

Un instrument pour mesurer directement les distances de la lune aux étoiles et au soleil.

Le principal but de l'astronomie est la perfection de la navigation et de la géographie. La correspondance des observations faites en même tems sur plusieurs points du globe donne leurs différences de longitude. Pourquoi donc, pour rendre cette correspondance plus fréquente et plus exacte, ne pas observer sur terre les distances des astres comme on le fait sur mer? Il est une infinité de cas où, dans un Observatoire fixe, il serait utile de mesurer les distances directes des astres; ce que l'on faisait anciennement et que l'on a peut-être un peu trop négligé dans ces derniers tems.

Voilà donc six articles que l'on pourrait ajouter raisonnablement à ces trois instrumens que, par discrétion, je m'étais borné à demander. Voilà pour plus de 16,000 livres de dépenses à faire de surcroît pour compléter la collection des instrumens de l'Observatoire. D'après cela, on ne doit pas être inquiet de l'usage du fonds annuel de 2400 livres, puisque le voilà absorbé, pendant plusieurs années, par ces nouveaux objets (1). Au bout de ce tems, la collection des instrumens se trouvant très-nombreuse, elle exigera plus de frais d'entretien et de réparations; les changemens, les inventions nouvelles, nécessiteront aussi de nouvelles constructions. Enfin, s'il reste quelque

(1) On tâchait de répondre ici à toutes les objections et difficultés qu'on savait avoir été mises en avant dans les assemblées du Comité.

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