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but a été de faire voir les secours mutuels que se prêtent l'histoire, la philosophie et la législation, pour expliquer les institutions du peuple juif. Son livre est un ouvrage de science, sans cesser d'être en même temps un ouvrage de bon goût. Ses notes annoncent une vaste lecture 1; et, dans le choix de ses citations, il fait preuve de critique et de discernement. M. Salvador appartient, par son âge, à cette génération nouvelle qui se distingue autant par son application à des études fortes que par l'élévation et la générosité de ses sentiments.

1. « L'auteur a étayé son système des recherches les plus profondes. » (La Quotidienne.)

RÉFUTATION DU CHAPITRE

Intitulé:

JUGEMENT ET CONDAMNATION DE JÉSUS.

Le chapitre où M. Salvador traite de l'administration de la justice chez les Hébreux est tout de théorie. Il expose la loi : c'est ainsi que les choses devaient se passer pour être conformes à la règle. Dans tout cela je ne l'ai point contredit, je l'ai laissé parler.

Dans le chapitre suivant, l'auteur annonce « qu'après cet exposé de la « justice, il va en suivre l'application << dans le jugement le plus mémorable << de l'histoire, celui de Jésus-Christ. >>

- En effet, ce chapitre est intitulé: Jugement et condamnation de Jésus. L'auteur prend d'abord soin d'indiquer sous quel point de vue il entend rendre compte de cette accusation. «< Que « l'on doive, dit-il, plaindre l'aveugle«ment des Hébreux de n'avoir pas re« connu un Dieu dans Jésus, ce n'est « pas ce que j'examine. » (Il y a encore autre chose qu'il déclare ne vouloir pas non plus examiner.) « Mais, dès qu'ils «ne découvrirent en lui qu'un citoyen, «<le jugèrent-ils d'après la loi et les for« mes existantes? >>

La question étant ainsi posée, M. Salvador parcourt toutes les phases de l'accusation, et sa conclusion est que la procédure a été parfaitement régulière, et la condamnation parfaitement appro

priée au fait. «Or, dit-il (p. 87), le sénat << jugeant que Jésus, fils de Joseph, né << à Bethleem, avait profané le nom de << Dieu en l'usurpant pour lui-même, << simple citoyen, lui fait application de «la loi sur le blasphème, et de la loi 5, << chapitre XIII du Deutéronome, et arti«< cle 20, chapitre xvi, d'après lesquels << tout prophète, même celui qui fait « des miracles, doit être puni, quand il << parle d'un Dieu inconnu aux Hébreux « ou à leurs pères. »

Cette conclusion est faite pour plaire aux sectateurs de la loi judaïque : elle est tout à leur avantage; elle a pour but évident de les justifier du reproche de déicide.

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Évitons toutefois de traiter ce

grave sujet sous le rapport théologique.

Pour moi, Jésus-Christ est l'HommeDieu; mais ce n'est point avec des arguments tirés de ma religion et de ma croyance que je prétends combattre le récit et la conclusion de M. Salvador. Le siècle m'accuserait d'intolérance, et c'est un'reproche que je n'encourrai jamais. D'ailleurs, je ne veux point donner aux adversaires du christianisme l'avantage de s'écrier que l'on redoute d'entrer en discussion avec eux, et que l'on veut accabler plutôt que convaincre. Content d'avoir exposé ma foi, de même que M. Salvador a très clairement laissé entrevoir la sienne, je veux bien aussi examiner la question sous le point de vue purement humain, et me demander avec lui, si Jésus-Christ, considéré «< comme un simple citoyen, a été jugé

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