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Méranie et le comte de Hollande, envoyés avec 1,200 hommes pour ramener à Andrinople la garnison de Philippopolis, furent appelés en chemin au secours de l'évêque; ils attaquèrent la troupe des Grecs, la défirent, en tuèrent plus de 300, et délivrèrent Dietpold. Nous ne suivrons point l'empereur Frédéric dans sa marche à travers l'Asie Mineure, où d'autres dangers l'attendaient. Nous dirons seulement que l'évêque de Passau, qui fait le sujet de cet article, fut du petit nombre des croisés qui, après la mort de leur illustre chef, purent arriver malgré une foule de disgraces an siége d'Acre. Il y mourut en 1190, ainsi que ses chanoines et le brave Frédéric, duc de Souabe, qui avait succédé à son père dans le commandement de l'armée. Le doyen Tagenon, qui, à la recommandation de l'évêque de Passau, avait fait le récit de cette expédition, mourut l'année suivante à Tripoli. Tel fut le sort de cette armée de plus de 100,000 hommes, si bien approvisionnée, si bien disciplinée, et la plus belle de toutes les armées des croisés. Il n'en arriva que 3,000 à Acre, où ils furent de peu d'utilité, à cause des fatigues et des pertes qu'ils avaient essuyées. D-B-E.

DIETRICH (CHRÉTIEN-GUILLAUME-ERNEST), l'un des meilleurs peintres de l'école allemande, naquit à Weimar, le 30 octobre 1712; son père, qui était allé s'établir à Dresde, lui donna les premières leçons de dessin, et le mit ensuite sous la direction d'Alexandre Thiele. C'est là que l'étude des grands modèles devint en lui le germe de la plus henreuse imitation. L'intelligence des principes généranx lui appropriant toutes les manières, ce fut un prothée dans son art. Le comte de Bruhl, voulant encourager des talents aussi précoces, assigna au jeune artiste une pension de 1,300 francs. En 1734, il visita la Hollande, et tels furent les fruits qu'il recueillit de ce voyage, que le roi de Pologne voulut s'attacher Diétrich. Il fit, en 1759, pour la galerie de Dresde, des morceaux qui passèrent depuis dans le cabinet du roi. Son Adoration des Mages qu'on a vue au Musée du Louvre, à l'exposition de l'an 9, est un de ses plus beaux ouvrages; le caractère des têtes, le coloris et le fini précieux ne laissent presque rien à désirer. Il fit un voyage en Italie en 1745. Quoiqu'il fût habile à saisir tous les goûts, celui de Rembrandt le domina sans l'asservir; il le suivit avec succès, ajoutant aux beautés historiques qu'il imitait en maître, des perfections de paysages qui manquaient à son modèle. C'est ainsi qu'après avoir admiré, dans un Crucifiement du cabinet de la reine de Pologne, la sublimité du sujet principal, les yeux se reposent avec plaisir sur une motte de terre où l'on voit la fonte des couleurs et les coups de pinceau d'un Both ou d'un Wouwermans, avec toutes les finesses de l'art qui distingue l'école flamande. Les touches larges et moelleuses caractérisent en général les tableaux de Diétrich. Rival de Berghem dans les figures de paysages; de Desjardin, pour la couleur riante des

gazons et des plantes; de Poëlembourg, pour les masures et les ruines; et d'Elzheimer pour ce qu'on appelle ses réveils; il imita de celui-ci la grande manière d'entrelacer les arbres, et de faire jouer et contraster les feuillages. Quoique, de l'aven des connaisseurs, il eût égalé Watteau, il renonça la manière de cet artiste pour adopter celle de Salvador Rosa. Il réussit comme lui à peindre les roches coupées avec les lits de pierres et de sables placés alternativement; des carrières de grès avec leurs crevasses. Ces images arides sont égayées par des tapis de verdure, dont Claude Lorrain ne désavouerait pas la perfection. Diétrich est peut-être encore plus varié dans ses gravures à l'eau-forte que dans ses tableaux. Son œuvre, composée d'environ 160 planches, de grandeur et de sujets variés, se trouve rarement complete. Diétrich avait longtemps marqué ses tableaux sous le nom de Ditterici ou Dietricy. Les brocanteurs en ont profité pour faire passer ses ouvrages pour des productions d'Italie. Il est mort à Dresde, le 24 avril 1784. La galerie de Vienne possède plusieurs de ses tableaux d'histoire, d'une grande et riche composition; mais c'est à Dresde qu'on trouve la plus riche collection de ses œuvres, tant en tableaux, qu'en dessins et eaux-fortes. A-s.

DIETRICH (PHILIPPE-FREDERIC baron DE), né à Strasbourg, en 1748, fit d'excellentes études et montra un goût décidé pour la minéralogie. Plusieurs mémoires répandirent sa réputation en Allemagne et en France, il parcourut une partie de l'Europe pour en étudier le sol, les productions et l'industrie; traduisit en français divers ouvrages allemands, et devint membre de l'Académie des sciences, de la Société des Curieux de la nature de Berlin et de celle de Gottingue. Il remplit diverses places sous l'ancienne monarchie, entre autres celles de commissaire du roi à la visite des mines, des bouches à feu et des forêts du royaume. Il fut aussi secrétaire général des Suisses et des Grisons, interprète de l'ordre militaire du Mérite, membre du corps de la noblesse immédiate de la basse Alsace et conseiller noble an magistrat de Strasbourg. Sa conduite politique a donné lieu à des accusations tellement contradictoires, que peu d'hommes ont été aussi diversement jugés par les contemporains. Comme premier maire constitutionnel de Strasbourg, il provoqua et rédigea l'adresse du 15 août 1792, dans laquelle le conseil municipal demandait l'inviolabilité de l'autorité royale et la punition des auteurs des journées du 20 juin et du 10 août. Un décret manda Diétrich à la barre, il prit alors la fuite et se réfugia en Suisse, d'où il écrivit à l'assemblée nationale, que sa sûreté seule l'avait forcé de s'expatrier. Arrivé à Paris en novembre 1792, il se constitua prisonnier à l'Abbaye. Le 20 du même mois, Ruhl le fit traduire au tribunal de Strasbourg, et bientôt après à celui de Besançon où il fut acquitté de tous les faits qu'on lui reprochait, sur la déclaration du jury, par jugement du 7 mars 1793; mais ses ennemis l'ayant fait inscrire sur la liste

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dans les Mémoires de la société des Curieux de la
nature: le volume de 1785 en contient entre autres
une sur les Pyrénées; un Mémoire relatif aux
exploitations du Berri, dans le der Bergbankunde,
recueil allemand publié en 1789;
- Une Descrip-
tion des volcans découverts en 1774 dans le Bris-
gaw (recueil des savants étrangers de l'Académie
des sciences, vol. 10);
- Mémoires sur les ocres;
Procédé particulier usité en Limosin et en Périgord
pour fabriquer du fer dur (Mémoires de l'Acadé-
mie, année 1787). Ce laborieux savant a laissé en
outre une Description des Mines de France, dont
son fils a fait hommage au Corps législatif en
1796.
B-G-T.

DIETRICH (JEAN-FRÉDÉRIC), poëte latin allemand, naquit le 29 août 1753, à Gorlitz, où son père était chancelier, du conseil. Il passa du gymnase de sa ville natale à l'université de Leipsick, fit l'éducation particulière du jeune de Gersdorf (depuis président à Budissin), remplit de 1776 à 1783, diverses fonctions dans la prévôté militaire de Dresde et le bailliage de Hoyerswerda, puis devint, en 1784, bailli de Grünhayn, Schlettan et Stollberg, d'où il passa, toujours avec le même titre, à Grossenhayn en 1790, et à Moritzburg, en 1821. Une pension qu'il reçut, en 1827, du roi Frédéric-Auguste le mit à même de finir le reste de ses jours dans un repos réclamé par son âge. Il mourut six ans après, le 9 mars 1833, à Moritzburg. On a de lui un assez grand nombre de poëmes et de poésies fugitives en langue latine, la plupart réunis dans deux recueils qu'il publia le premier en 1805, le second en 1829. On distingue parmi ces morceaux les Troubles des Paysans en Saxe, l'Ile heureuse, ou les Charmes de Moritzburg, l'Invalide de Moritzburg, et surtout la traduction du Printemps de Kleist, dont il publia comme échantillon une centaine de vers en 1783 dans une feuille de la haute Lusace, et qui peut aller de pair avec celle de ce poëme par Spalding. Quelques juges compétents ont même donné la préférence à la version de Diétrich. Ceux pour qui la versification latine a quelques attraits, peuvent donc regretter qu'il n'ait pas tenu la parole qu'il avait donnée à Lessing de traduire les Saisons de Thomson. P―or.

des émigrés, Dietrich fut retenu dans les prisons du Doubs, d'où il ne sortit que pour paraître au tribunal révolutionnaire, qui le condamna à mort le 28 décembre 1793. Avant son supplice, il écrivit à sa famille une lettre que Riouffe a recueillie dans les mémoires d'un détenu (voy. RIOUFFE); elle respire la résignation la plus touchante: «L'avenir « me justifiera, dit-il, j'attends ma fin avec un <«< calme qui doit vous servir de consolation; l'innoa cent peut seul l'envisager ainsi. » Dietrich aimait beaucoup la musique, et pendant près d'un an de captivité, il a composé divers morceaux qu'il envova à son fils avant d'aller à la mort. On a de lui: 1° Vindicia dogmatis grotiani de rescriptione, Strasbourg, in-4°, 1767; 2° la traduction des lettres de Ferber sur la minéralogie et sur divers autres sujets d'histoire naturelle, Strasbourg, 1776, in-8°. Le traducteur a enrichi cet ouvrage d'un grand nombre de notes savantes et d'observations curieuses; 3o la traduction du Traité chimique de l'air et du feu par Schéele, Paris, 1781, in-8°; 4° Supplément au traité de l'air et du feu, Paris, 1785, in-12. Cet ouvrage contient l'exposition des découvertes de Leonhardi, on y a joint des notes de Kirwan et une lettre de Priestley. 5° Description des gites de minerai, de forges et des salines des Pyrénées, suivie d'observations sur le fer mazé et sur les mines des sards en Poitou, Paris, 1786, 2 vol. in-4°. C'est le commencement d'un grand ouvrage qui devait embrasser toute la France; la 3o et la 4 partie, formant le 3o volume, parurent en 1789, Paris, in-4°; ce volume contient la description de la haute et basse Alsace. L'auteur annonça, en le publiant, que la partie consacrée à la Lorraine était sous presse; mais les troubles poli- | tiques en ont empêché la publication. Les trois volumes sont ornés de cartes, de plans et de figures tracés et dessinés avec beaucoup de soin. L'Académie des sciences accorda son privilége à l'auteur, et il le méritait parce que jusqu'alors personne n'avait décrit si bien et avec tant d'étendue les gîtes de minerai, les forges, les salines, les verreries, les fabriques de fer-blanc, de porcelaine et de faïence. Les progrès des sciences physiques, chimiques et minéralogiques, ont ôté à la partie théorique de l'ouvrage de Dietrich tout l'intérêt qu'elle pourrait DIETRICHSTEIN (ADAM, seigneur de), d'une avoir, mais la partie descriptive n'a pas encore été illustre famille de Carinthie, connue depuis le surpassée et le sera difficilement. 6o La traduction 10° siècle, et issue des comtes de Zeltschach, nades Observations de M. de Trebra sur l'intérieur quit en 1527. Il fut honoré de la confiance de des montagnes, Paris, 1787, in-fol., avec des cartes Maximilien II, qui le chargea de plusieurs négociafort belles et des figures coloriées. Le traducteur a tions. Il fut député, en 1651, près de Pie V, pour mis en tête de cet ouvrage, auquel il a joint un salui demander le rétablissement de la communion vant commentaire, une longue préface qui est sous les deux espèces, le mariage des prêtres, et remplie de vues neuves sur la géographie physi- la réduction des voeux des chevaliers de Malte. Le que, et la traduction d'un plan d'une histoire gé- pape renvoya ces demandes à la décision du connérale de la minéralogie, tracé par Veltheim, in- cile de Trente, où elles furent rejetées. Nommé, tendant des mines de Hartz. 7° Mémoire sur les en 1579, ambassadeur à Madrid, Adam parvint à arbres qui peuvent être employés aux plantations le faire consentir le roi d'Espagne aux vues de l'emlong des rivières, Strasbourg et Paris, 1805, in-8°. pereur, déterminé à accorder la liberté de conOn a encore de Dietrich plusieurs dissertations, en science à ses sujets d'Autriche; mais il fit de vains allemand, sur la minéralogie, qui ont été insérées | efforts en faveur des protestants de Flandre. Es

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naître comme savant jurisconsulte par la publication d'un ouvrage sur la liberté de la presse ; mais, entrainé par un goût dominant vers l'étude des langues orientales, il demanda et obtint la place, alors vacante, de chargé d'affaires de Prusse à Constantinople. Tout en se dévouant aux fonctions de cette place, il étudia les langues arabe, 'turque et persane avec une telle application, que bientôt il les écrivit et les parla avec autant de précision que de pureté. Cette heureuse facilité le mit à même d'établir des relations très-étendues et de gagner la confiance des habitants, dont il avait d'ailleurs entièrement adopté le costume et les mœurs, et, en peu de temps, il recueillit une quantité considérable de manuscrits, dans lesquels il trouva des renseignements précieux sur l'histoire et l'administration de l'empire ottoman. A son avénement au trône en 1786, Frédéric-Guillaume II anoblit Dietz et le nomma son ambassadeur extraordinaire près la Porte ottomane, le chargeant de négocier un nouveau traité d'alliance. Dietz ne réussit pas; et, rappelé en 1790, il fut mis à la retraite avec le titre de conseiller de légation. Depuis ce temps jusqu'à sa mort, qui eut lieu le 8 avril 1817, il demeura alternativement à Berlin et à Potsdam. On a remarqué que ce diplomate, dont les opinions re

timé de son souverain pour sa franchise et sa fidélité, il en reçut des marques éclatantes de satisfaction, et mourut à Niklausbourg, le 15 janvier 1590. Son corps fut transporté à Prague, et inhumé aux pieds de Maximilien. FRANÇOIS, cardinal de Dietrichstein, fils du précédent, né à Madrid, en 1570, commença ses études à Prague, et les termina à Rome. Le pape Clément VIII le nomma son camérier; peu après il fut élu évêque d'Ölmütz, et enfin décoré de la pourpre. François fut employé dans plusieurs ambassades. Étant gouverneur de Moravie, en 1620, il fut fait prisonnier par les révoltés, qui le relâchèrent peu après. La conduite qu'il tint dans cette guerre lui mérita des éloges. Il obtint qu'on rendrait aux évêques d'Olmütz le privilége de battre monnaie, et fut nommé prince de l'Empire, avec la faculté de faire passer ce titre à l'un de ses neveux. Il mourut subitement à Brunn, en Moravie, le 19 septembre 1636. Trèszélé dans l'exercice de ses fonctions épiscopales, il passait pour un des meilleurs prédicateurs de son temps, et ses sermons, auxquels l'empereur et les archiducs assistaient souvent, firent rentrer dans le sein de l'Église un grand nombre d'hérétiques. Il donna aussi une attention particulière aux progrès de l'instruction publique, et la Moravie lui est redevable de la fondation de plusieurs bibliothè-ligieuses furent dans sa jeunesse très-sceptiques, ques et établissements typographiques, et de l'introduction des piétistes, ou frères des écoles pies, qu'il fit venir d'Italie en 1634. Il avait composé différents ouvrages, un Traité de Controverse, des sermons, des statuts pour la réformation du clergé et des poésies latines. Sa Vie a été écrite (en alle-lemands, ibid., 1783 ; 4° Considérations sur la guerre mand) par A. Voigt, avec des notes et un supplément de Fulg. Schwab, Leipsick, 1792, in-8°. W―s.

DIETTERLIN (WENDELIN), peintre et architecte, était né vers 1540, à Strasbourg. On conjecture qu'après avoir puisé dans les écoles de sa ville natale les premiers principes du dessin, il alla se perfectionner en Allemagne. Jean Scheffer, dans son ouvrage intitulé Graphices, seu de Arte pingendi, page 178, dit que Wendelin fit, le premier, usage du pastel. Fuessli, dans son Histoire des meilleurs peintres de Suisse attribue l'honneur de cette découverte à Wendel. Dieterich, qu'il a confondu mal à propos avec Dietterlin. Un ami du peintre strasbourgeois, V. Wyn, lui donne dans des vers latins, placés au bas de son portrait, des éloges qui peuvent bien être exagérés, mais qui n'en prouvent pas moins qu'il jouissait, de son temps, d'une assez grande réputation. Le Musée du Louvre ne possède aucun tableau de cet artiste; mais il nous reste de lui un Traité d'architecture en allemand, Strasbourg, 1593, in-fol.; en latin et en français, ibid., 1594. L'édition allemande a été reproduite à Nuremberg en 1598; elle renferme 209 planches gravées à l'eau-forte avec un texte explicatif. Dietterlin mourut en 1599. W-s.

DIETZ (HENRI-FRÉDÉRIC DE), naquit à Bernbourg le 2 septembre 1751. D'abord directeur de la chancellerie de Magdebourg, il se fit con

était, en revenant de l'Orient, plein de ferveur pour le culte évangélique. Ses ouvrages sont : 1o de la Tolérance et de la Liberté de la presse, Dessau, 1781; 2° B. Spinosa jugé d'après sa vie et ses doctrines, ibid., 1783; 3o de la Langue et du style al

entre les Russes et les Ottomans de 1768 à 1774. On
a prétendu que cet écrit était une traduction de
l'ouvrage de Volney. 5° Notes sur l'objet, le style,
l'origine et le sort du Livre royal, Berlin, 1811.
C'est dans cet ouvrage que Dietz a fait connaître
les résultats de ses longs travaux en Orient; 6o Cu-
riosités de l'Asie, Berlin, 1813 et 1815, 2 vol.
Quelques assertions de l'auteur donnèrent lieu à
une vive controverse en Allemagne. Dans les der-
nières années de sa vie, Dietz avait été invité par
la société biblique de Londres à diriger l'impression
d'une Bible en langue turque.
Az-o.

DIETZSCH (JEAN-CHRISTOPHE), peintre et graveur à l'eau-forte, né à Nuremberg en 1710, et mort dans la même ville en 1769, jouit dans toute l'Allemagne de la réputation d'un bon peintre de paysages; pen d'artistes ont su mieux concilier dans ce genre de composition les principes de l'art avec les vérités de la nature. Son pinceau est facile et léger, sa touche gracieuse et son coloris d'un joli effet; aussi, les tableaux de Dietzsch sont-ils fort recherchés des Allemands. Les gravures à l'eau-forte de cet artiste ont obtenu et méritent les mêmes suffrages; ce sont autant de charmants paysages esquissés à la pointe, avec beaucoup d'esprit. La célèbre Catherine Prestel a gravé d'après lui une suite de 6 pièces. Dietzsch possédait un cabinet précieux d'histoire naturelle et d'objets de curiosité.

Jean-Albert DIETZSCH, son frère, a gravé une suite de Vues de Nuremberg, en 20 paysages, publiés en 1760, in-4o. A-s.

DIEU (ANTOINE), peintre, né à Paris en 1662, avait beaucoup de facilité dans le pinceau, mais son dessin était lourd, l'agencement de ses draperies embarrassé, son coloris faible, et le style de ses compositions sans physionomie; malgré tous ces défauts, qui ont encore été exagérés par une critique trop sévère, Dieu a su imprimer à ses ouvrages un caractère qui leur est particulier. On a fait à plusieurs de ses tableaux l'honneur de les attribuer à des peintres de l'école d'Italie justement célèbres. Jean Arnold a gravé quelques-unes de ses compositions; la meilleure de ces gravures représente Louis XIV sur son tróne. Antoine Dieu mourut à Paris, en 1727, âgé de 65 ans. A-s.

DIEU (St. JEAN DE), fondateur de l'ordre de la Charité, naquit à Monte-Major-el-Novo, petite ville de Portugal, l'an 1495, d'une famille obscure et pauvre. L'envie de voyager lui fit quitter, dans sa première jeunesse, sa patrie et ses parents. Quelques jours après son départ, sa mère mourut de douleur. Bientôt, dépourvu de tout secours, Jean se trouva réduit à engager sa liberté au mayoral ou maître berger du comte d'Oropesa, dans la Castille. Le comte ayant levé une compagnie d'infanterie en 1522, Jean s'y enrôla et servit dans les guerres que se faisaient alors Charles-Quint et François Ier. Il combattit ensuite dans la Hongrie contre les Turcs. Il avait perdu dans la licence des camps, la pureté de ses mœurs et la crainte de Dicu, lorsque sa compagnie fut licenciée en 1536. Il se retira dans l'Andalousie, aux environs de Séville, et entra au service d'une dame fort riche, en qualité de berger; il était alors âgé de quarante ans. Une fois loin du tumulte des armes, Jean ne se rappela plus qu'avec amertume les égarements de sa jeunesse, et résolut, pour les expier, de se consacrer à la prière, à la pénitence, et de se dévouer au service des malheureux. Il s'embarqua pour l'Afrique, dans le dessein de consoler les chrétiens captifs et de les secourir. A Gibraltar, il rencontra un gentilhomme portugais que Jean III avait dépouillé de ses biens et condamné à l'exil; les officiers du prince étaient chargés de le conduire à Ceuta, sur les côtes de Barbarie, avec sa femme et ses enfants. Jean se mit, par esprit de charité, au service de cette famille infortunée, et vendit tout ce qu'il possédait pour la faire subsister; il allait travailler aux ouvrages publics, et rapportait à son nouveau maître le salaire de ses journées. Il s'était secrètement flatté de trouver en Afrique la couronne des martyrs ; mais son confesseur lui ayant représenté qu'il y avait de l'illusion dans ce désir, il prit enfin le parti de repasser en Espagne. Après avoir fait quelque temps à Gibraltar un petit commerce d'images et de livres de dévotion, il se rendit à Grenade, où il établit une boutique, en 1538; il était âgé d'environ 43 ans. Jean d'Avila, le plus célèbre précidateur espagnol de son temps,

étant venu prêcher à Grenade, Jean l'entendit et pleura: il remplit bientôt l'église de ses cris, de ses gémissements, et parcourut les rues en s'arrachant les cheveux. La populace, qui le prenait pour un insensé, le poursuivit à coups de pierre et de bâton, et il rentra ehez lui couvert de boue et de sang. Dès lors il donna aux pauvres tout ce qu'il possédait, et recherchant les humiliations, il recommença à courir dans les rues, et fut bientôt enfermé à l'hôpital comme un frénétique : les remèdes les plus violents furent employés pour le guérir. Jean d'Avila étant venu le visiter, le trouva épuisé de forces et couvert de plaies faites par les coups de fouet qu'il avait reçus; il reconnut sur-lechamp que Jean n'était point tel qu'il paraissait à l'extérieur: il lui conseilla de changer son genre de vie, et il revint aussitôt à son état naturel. Il voulut servir pendant quelque temps les malades, et sortit de l'hôpital en 1539: il fit alors un pèlerinage à Notre-Dame de Guadeloupe en Estramadure, puis revint à Grenade, où il se mit à vendre du bois au marché, en distribuant tout son gain aux pauvres. En 1540, il loua une maison pour y recevoir les malades indigents, et il pourvut à leurs besoins avec une activité, une vigilance et une économie qui devinrent un sujet d'étonnement. Ce fut là le berceau de l'ordre de la Charité, qui depuis s'est répandu dans le monde chrétien. Jean passait les jours auprès des malades, et employait les nuits à en transporter d'autres dans son hospice. Les habitants de Grenade s'empressèrent de fournir aux besoins de ce nouvel établissement. Don Guerrero, archevêque de Grenade, pénétré d'estime et de vénération pour le saint, lui donna le nom de Jean de Dieu, et lui prescrivit la forme de l'habit qu'il devait porter. Jean n'avait jamais eu l'intention de fonder un ordre religieux: aussi ne donna-t-il aux compagnons de ses œuvres de miséricorde aucune règle écrite; celle qui porte son nom ne fut rédigée qu'en 1556, six ans après sa mort, et les vœux ne furent introduits parmi ses disciples qu'en 1570. Un jour le feu prit à l'hospice: Jean, alarmé du danger que couraient ses pauvres malades, les chargea sur son dos les uns après les autres, et les emporta à travers les flammes. Il aimait à se livrer à la contemplation, joignant à une vie active une prière continuelle, de grandes austérités, une humilité profonde. Les hagiographes rapportent qu'une femme l'ayant un jour accablé d'injures, il lui donna secrètement de l'argent pour l'engager à les répéter dans la place publique. Ses affaires, ou plutôt celles des pauvres, l'ayant appelé à Valladolid, le roi et les princes lui donnèrent des témoignages d'estime et de considération, qu'il reçut comme un homme déjà mort, et lui remirent des sommes considérables qu'il distribua aux pauvres de Valladolid et des environs. Sa charité ne se concentrait point dans l'enceinte de son hôpital. II fit faire une recherche exacte des pauvres dans le royaume de Grenade, procura du travail aux uns, et pourvut aux besoins des autres : il prenait un

soin particulier des jeunes filles que la misère eût pu jeter dans le vice. Plus d'une fois ii entra, la croix à la main, dans des maisons de prostitution, eteut le bonheur de ramener à la vertu des iemmes de mauvaise vie. Il disait souvent à ses disciples: « Pratiquez sans relâche toutes les bonnes œuvres « qui sont en votre pouvoir, tandis que vous en << avez le temps. » Le marquis de Tarifa, ayant voulu mettre à l'épreuve le désintéressement de Jean de Dieu, se déguisa, alla le trouver, et lui demanda de l'argent pour finir un procès qu'il disait juste et indispensable. Jean lui donna 25 ducats. Le marquis ne tarda pas à lui rendre cette somme, et ily joignit 50 écus d'or. Depuis dix ans, le saint soutenait avec courage les fatigues qu'entrainait le service de son hôpital, lorsqu'il tomba malade pour avoir sauvé la vie à un homme qui se noyait. Une dame, nommée Anne Osorio, vint le visiter, et le trouva couché avec ses habits dans sa petite cellule, Il s'était contenté de substituer, pendant sa maladie, à la pierre qui lui servait d'oreiller, le panier de quête dans lequel il recevait les aumônes. Ce fut pour obéir à l'archevêque de Grenade que Jean de Dieu consentit à quitter sa maison, et à se laisser transporter dans celle d'Anne Osorio, qui voulut le soigner elle-même. Mais, avant de se séparer de ses frères, il leur donna ses instructions, et nomma pour leur supérieur Antoine Martin. Les progrès du mal furent rapides, bientôt tout espoir de guérison s'évanouit, et la ville de Grenade fut plongée dans la consternation. Les magistrats visitèrent le saint, et le prièrent de bénir la cité. Il se contenta de leur recommander les pauvres et ses compagnons. Mais l'archevêque lui ordonna de se rendre aux vœux des principaux habitants, et alors il donna sa bénédiction à la ville. Le prélat célébra les saints mystères dans la chambre du mourant, lui administra les derniers sacrements, et lui promit de prendre son hospice et ses disciples sous sa protection. Jean de Dieu était encore à genoux devant l'antel lorsqu'il expira, le 8 mars 1550, à l'âge de 50 ans. La cour, la noblesse et tout le clergé de Grenade assistèrent à ses funérailles. Urbain VIII le béatifia en 1630, et il fut canonisé en 1690 par Alexandre VIII. Girard de Villethierry a écrit sa vie, Paris, 1691, in-4°. Ant. de Govea avait donné sa Vie en espagnol, Madrid, 1659, in-4°. On a une autre Vie du saint en italien, par Hilarion Perdicaro, Palerme, 1666, in-4o (1).

V-VE.

DIEU (LOUIS DE), savant orientaliste et ministre de la religion réformée, né à Flessingue, le 7 avril 1590, était fils de Daniel de Dieu, qui s'établit à Flessingue après la prise de Bruxelles par le duc de Parme, et petit-fils de Louis de Dieu, auquel Charles-Quint avait accordé des lettres de noblesse, en récompense de ses nobles services. Louis de Dieu, objet de cet article, fit ses études sous Daniel

(4) L'ordre des frères de la Charité, institué pour le service des malades, fut approuvé par Pie V en 1572. Les Italiens appellent les religieux de la Charité Fate ben fratelli, parce que Jean de Dieu leur disait toujours; « Faites bien, mes frères. »

Colonius son oncle, professeur dans le collége Wallon, à Leyde, et se livra avec ardeur à l'étude des langues orientales. Il fut ministre de l'Église française de Flessingue, pendant deux ans. En 1619, il entra au collège Wallon et partagea, avec son oncle, les soins de l'enseignement. Son attachement pour la ville de Leyde, où la culture des langues anciennes était très-florissante, le porta à refuser une chaire de professeur de théologie et de langues orientales, en l'université d'Utrecht. Le goût de l'étude et une certaine répugnance pour les manières de la cour, lui avaient déjà fait rejeter les offres du prince Maurice, qui l'avait appelé à la cour pour y exercer son ministère. Il mourut à Flessingue, le 23 décembre 1642, à l'âge de 52 ans. Louis de Dieu cultiva particulièrement le persan et l'hébreu. On a de lui plusieurs ouvrages, la plupart consacrés à la critique du texte sacré; nous indiquerons seulement les principaux : 1° Compendium grammaticæ hebraicæ et dictionariolum præcipuarum radicum, Leyde, 1626, in-4°; 2o Apocalypsis S. Johannis edita charactere syro et hebræo cum versione latina et notis, Leyde, Elzevir, 1627, in-4°. Cette version syriaque de l'Apocalypse n'avait point encore été imprimée et manquait dans les polyglottes, mais elle était connue en Orient, et Amira en cite des passages dans sa grammaire, publiée en 1596. 3o Grammatica trilinguis, hebraica, syriaca et Chaldaica, ibid., 1628, in-4o; 4° Animadversiones in quatuor evangelia, ibid., 1631, in-4°; 5° Animadversiones in D. Pauli epistolam ad Romanos, ibid., 1646, in-4°. Ouvrage posthume, publié par ses deux fils, Daniel et Louis, comme une suite du précédent. Ils y ont joint un spicilége des observations du même auteur sur les autres épîtres de St. Paul et sur les épîtres catholiques. Dans ces commentaires, Louis de Dieu s'arrête moins au texte sacré qu'aux différentes versions qui en ont été faites, et il les compare perpétuellement. 6° Historia Christi et S. Petri persice conscripta ab Hier. Xavier, cum latina versione et animadversionibus, ibid., 1639, in-4o (voy. JÉR. XAVIER). 70 Rudimenta linguæ persicæ, ibid., 1639, in-4°. Cette petite grammaire se trouve presque toujours à la suite de l'ouvrage précédent. Elle est claire, simple, et de peu d'étendue, et a été longtemps le seul ouvrage dans lequel on put étudier la langue persanne; 8° Critica sacra, sive animadversiones in loca quædam difficiliora veteris et novi Testamenti, Amsterdam, 1693, in-fol. C'est une édition corrigée et augmentée de tous les ouvrages sur l'Écriture Sainte, qu'il avait précédemment publiés; 9o Aphorismi theologici, Utrecht, 1693; 10° Traité contre l'avarice (en flamand), Deventer, 1695, in-8°; 11° Rethorica sacra. Ces trois derniers ouvrages ont été publiés après la mort de Louis de Dieu, par Leydecker. D. Clodius a fait réimprimer, à Francfort, en 1683, en 1 volume in-4°, toutes les grammaires orientales précédemment publiées par Louis de Dieu. J-N.

DIEU-DONNÉ on DEUS DEDIT (St.),

élu

pape

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