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& le Rhône qui la fépare de la Savoie; au fud, par le même fleuve du côté du Dauphiné, & par le Lyonnois, le Forez & le Beaujolois; à l'ouest, par le Bourbonnois, le Nivernois & le Puifaye, qui eft du bailliage d'Auxerre, mais du Gouvernement de l'Orléanois.

Le Dijonnois, le Châlonnois & la Breffe, font dans la partie orientale du Gouvernement de Bourgogne, & fur la même ligne dans fa longueur du nord au midi; partie du Bugey & le pays de Gex font avancés d'environ douze lieues au levant, & le Bugey & la Breffe de dix lieues vers le midi; la Breffe, le Mâconnois, le Charolois & le Brionnois, font au midi à-peu-près fur le même plan; le bailliage de Bourbon-Lancy forme un angle aigu & faillant au couchant; les bailliages de Montcenis, d'Autun, de Saulieu, d'Avalon & d'Auxois, font au couchant dans la même direction; le bailliage de la Montagne & celui de Bar-fur-Seine, forment une pointe élevée au nord-eft, & celui d'Auxerre au nord-oueft; ceux de Nuys, de Beaune & d'Arnay, occupent le milieu du Duché, & font renfermés dans les terres par les autres bailliages qui les bornent de toutes parts. Ce détail & ces limites peuvent fuppléer en quelque forte au défaut de cartes, & fuffisent pour faire concevoir la position refpective de ces différens pays.

La Bourgogne eft divifée dans fa longueur par une chaîne de montagnes qui s'étend de Dijon à Lyon; cette côte, dont les branches latérales fe réuniffent toutes par différens contours dans la partie occidentale, semble divifer la Province en deux larges bandes; celle qui eft à l'orient, s'étend en plaine, depuis le pied de cette côte, célébre par les excellens vins qu'elle produit, jufqu'à la Franche-Comté & au Revermont en Brefse; ce qui forme une vafte plaine arrofée par la Saône & les petites rivieres qui s'y déchargent: au pied de la même côte fe trouvent les villes de Dijon, de Nuys & de Beaune; le long de la Saône, font les villes de Pontallier, d'Auxonne, de Saint-Jean-de-Lône, de Seurre, de Verdun, de Châlon, de Tournus & de Mâcon; toute cette bande platte est vulgairement appellée le Pays-Bas.

La Saône coule lentement au milieu de cette plaine, & entre dans la Province près de Talmay, par le finage d'Heuilley au bailliage d'Auxonne, après avoir été groffie par plufieurs petites rivieres de la Champagne & de la Franche-Comté: elle reçoit dans le Gouvernement de Bourgogne, à droite, la Vingeanne, la Beze, la Tille, l'Ouche, la Dehune & la Grofne; & à gauche, l'Ougnon, le Doubs, la Seille, la Reffouze & la Vefle: elle Te jette eufin dans le Rhône, fleuve rapide, qui, après avoir traversé le Lac de Geneve, divife la Savoie des pays de Gex & de Bugey, arrose le fort de l'éclufe, Seyffel & Pierre-Châtel; fépare enfuite le Bugey & la Breffe du Dauphiné; & paffant à Groflée, St. Sorlin, Loyette & Mirebel, il fe joint à la Saône au-deffous de Lyon, après avoir reçu dans fon fein les eaux du Seran, le Furan & l'Ains, chargés des eaux de la Valoufe, du Suran & de l'Albarine.

ne,

L'autre bande ou portion occidentale, féparée de la premiere par la côte, eft dans une fituation beaucoup plus élevée; on prétend même que les chaumes d'Auvenet dans le Beaunois, furpaffent les Alpes en hauteur. (V. Collet.) On affure la même chofe du Mont-Afrique près Dijon. Toute cette portion du Duché comprend partie du Mâconnois, le Charolois l'Autunois, l'Auxois, partie du Dijonnois, le pays de la Montagne, les Comtés d'Auxerre & de Bar-fur-Seine. Toute cette étendue, qui eft la plus confidérable, eft remplie de montagnes entre-coupées de vallons, fouvent interrompues par des plaines. Cette partie occidentale eft également arrofée de plufieurs rivieres, dont les plus remarquables font la Loire, l'Yonla Seine & l'Arroux. La Loire venant du Vivarais, commence à être navigable à Roanne en Forez, parcourt le Brionnois, paffe à Chambilly près de Marcigny, à Digoin, à la Motte-Saint-Jean; & après avoir reçu à droite la Reconce & l'Arroux, chargé de la Bourbince, quitte la Bourgogne à Crofna, trois lieues au-deffous de Bourbon-Lancy, ce qui fait environ quinze lieues de cours fur les limites de la Province qu'elle fépare du Lyonnois, du Forez & du Bourbonnois en partie. L'Yonne prenant fa fource dans les montagnes du Morvant, coule dans l'Auxerrois, où elle arrofe Colanges, Mailly-le-Château, Cravant & Auxerre, & va fe jetter dans la Seine à Montereau, après avoir reçu à droite la Cure, le Serain & l'Armanfon, chargé de la Brenne. Enfin, la Seine, qui prend fa fource entre Chanceaux & Billy, paffe à Duefme, Châtillon paffe à Duefme, Châtillon, Muffy-l'Evêque Bar-fur-Seine, d'où elle fe rend par l'Ile-de-France & la Normandie dans l'Océan elle reçoit du côté droit l'Ource qui paffe à Vanvey, & l'Aube jointe à l'Aujon venant d'Arc-en-Barrois; & à gauche, la Laignes qui paffe aux Riceys.

On peut remarquer que cette bande occidentale de la Bourgogne étant fort élevée, tant par fon affiette que par fes montagnes, il n'y entre aucune riviere, & qu'il en fort de très-considérables, dont les unes s'écoulent dans l'océan par la Loire; les autres dans la Manche par l'Yonne & la Seine; d'autres enfin dans la Méditerranée par le Rhône & la Saône. Auffi l'on peut regarder cette partie, la plus confidérable du Duché, comme une motte de terre très-élevée entre la Saône, la Loire, l'Yonne & la Seine. Les fources qui en fortent, coulant aux trois mers par des pentes oppofées, l'ont fait envifager de tout temps, comme le véritable point de partage d'un canal de jonction entre la Méditerranée & l'Océan par le centre du Royaume. On verra ailleurs l'hiftoire détaillée de ce fameux projet, & les avantages du canal de Bourgogne fur ceux des autres canaux qui ont été exécutés ou projettés, fans en excepter le canal royal de Languedoc.

Obfervons encore que la grande quantité de fources qui fortent des montagnes de Bourgogne, l'ont fait appeller la mere des eaux, comme fes bons vignobles lui ont acquis le nom de mere des vins.

Suivant l'Etat général alphabétique des villes, bourgs, paroiffes de la Province, imprimé à Dijon, chez Defay, en 1760, par ordre de MM. les Elus, la Bourgogne comprend plus de deux mille, tant paroiffes qu'annexes, en ne comptant les villes que pour une paroiffe, & plus de fix mille hameaux & écarts; mais cet état paroît incomplet; après une vérification exacte, il fe monte plus haut. On peut juger delà l'inexactitude de M. l'Abbé Expilly, qui ne compte en Bourgogne que 1600 paroiffes & 814 hameaux, tandis qu'il y a plus de huit mille, tant paroiffes que

hameaux.

Le dénombrement des habitans de la Bourgogne, fait en 1700 par les foins de M. Ferrand, Intendant de cette Province, fe monte à 1,266,359 perfonnes de tout âge & de tout fexe : le nombre de ces habitans étoit donc au commencement du fiecle à-peu-près le dix-huitieme fur la totalité des habitans du Royaume; car le résultat de tous les dénombremens particuliers des Provinces, faits pour l'inftruction du Duc de Bourgogne, fe montoit à dix-neuf millions 94,146 perfonnes. On voit par-là que la Bourgogne étoit alors un des pays le plus peuplé de la France, puifqu'étant un dixhuitieme, par rapport au nombre des habitans, elle n'eft qu'à-peu-près un trentieme fur l'étendue de la France, réduite en lieues quarrées, & qu'elle porte un feizieme des charges.

On peut encore juger de la population de la Bourgogne dans ce tempslà, par fa comparaiton avec celle de la Comté qui l'avoifine, & qui n'ayant qu'environ deux cents lieues de fuperficie de moins, ne comptoit alors, fuivant les mémoires de M. d'Harovis, que 340,720 perfonnes, c'eft-àdire, environ les trois quarts moins qu'en Bourgogne; mais la population s'eft bien augmentée en Comté depuis le commencement du fiecle, puifque M. l'Abbé Expilly la fait monter, en 1763, à 664,581 perfonnes; ce qui eft plus du double que le dénombrement fait par M. d'Harovis.

Il s'en faut de beaucoup que la population ait fuivi une pareille progreffion en Bourgogne, & nous voyons qu'elle eft réellement diminuée de plus d'un quart de ce qu'elle étoit en 1700. On peut en juger par la Capitale, qui, en moins de dix-huit ans, a perdu plus de 18,000 habitans fur 34,000 qu'on y comptoit en 1745, c'eft-à-dire, près des quatre feptiemes, comme on le prouve par le calcul inféré dans les remontrances du 19 Septembre 1764, & annoncé d'après le relevé des registres de l'hôtel-deville & des paroiffes. D'autres prétendent qu'il y a eu erreur dans ce calcul, & que la population de la Capitale eft de 22 à 24,000 ames. Sans décider entre ces deux allégués, il y auroit toujours une diminution confidérable fur la population actuelle de cette ville, par comparaifon à celle des temps antérieurs; mais la dépopulation des campagnes, que l'on affure diminuées d'un quart, eft effrayante. Il ne faut pas juger de la population de la campagne, par les mêmes regles que celle des villes. On a toujours remarqué que la douceur de l'habitation des villes, & les ref

fources

fources que la mifere y trouve, attirent néceffairement des habitans en proportion des conftructions qui s'y font. Plus on y bâtit, & plus le monde y afflue; en forte que le nombre des habitans diminue dans les campagnes, en raison de ce qu'il augmente dans les villes. Il feroit aifé de s'en convaincre par le relevé qui a été fait fur plufieurs villages, où l'on a remarqué une dépopulation auffi confidérable qu'affligeante. Les remontrances citées plus haut, la portent au quart depuis le commencement du fiecle.

En 1734, Garreau portoit la population de la Bourgogne à 1,250,000 perfonnes; mais il ne s'appuyoit d'aucun calcul; & il eft aifé de voir qu'il n'établiffoit ce nombre que par approximation du dénombrement de 1700. M. Robert de Heffeln, dans fon dictionnaire de la France, porte le nombre des habitans à 1,273,300. Il ne fe fonde, comme Garreau, fur aucun calcul; il fe contente d'embraffer fans preuve le dernier fyftême de l'Abbé Expilly, qui porte à-peu-près au même nombre la population de la Bourgogne.

Pour donner une idée des fyftêmes de l'Abbé Expilly, il faut remarquer qu'il compte vingt-trois bailliages, comprenent 3432 communautés ou paroiffes affouagées, dans lefquelles il trouve 144,203 feux. Des Economistes ont prétendu que, puifqu'on ne comptoit que 144,203 feux en Bourgogne, il ne falloit auffi y compter que 721,015 perfonnes, à raifon de cinq terfonnes par feu: c'eft le premier fyftême rapporté fous le dénombremen A. D'autres, voyant que ce dernier calcul différoit de près de moitié du dénombrement fait par M. Ferrand, en 1700, ont pris le milieu, en comptant un million 43,375 perfonnes : c'eft le fecond fyftême fous le dénombrement B. Enfin, cet Auteur alloit s'arrêter à ce dernier calcul; mais il reçut pendant l'impreffion de fon dernier ouvrage, le dénombrement C, d'après lequel il compte 1,273,375 perfonnes; c'eft le calcul auquel il s'arrête, ainfi que M. Heffeln fon Abréviaur, parce que ce dernier dénombrement fe rapproche le plus de celui de 1700. Il n'a aucune autre raison de préférer ce dernier calcul aux deux précédens.

On connoit la propenfion de M. l'Abbé Expilly à adopter les calculs les plus enflés & les plus favorables à fon fyftême de population en admettant même le fyftême qui porte le dénombrement C, à-peu-près fur le même pied qu'en 1700, il lui refteroit toujours à rendre raison pourquoi il double la population de la Comté, tandis qu'il la conferve fur l'ancien dénombrement, en Bourgogne. Concluons que les calculs qui ont pour bafe les affiettes des impofitions perfonnelles par le nombre des feux, (comme en use cet Auteur) font en général très-fautifs (a); que toutes

(4) Qu'on en juge par quelques exemples: Il donne à Cuffy-la-Colonne 131 feux, & il n'y en a que 40; à Nanteuil, de la paroiffe de Maligny, 100 feux, & il y en a 16; à Tome 1X. Ff

les conféquences qu'on en tire, font erronées, & qu'il eft très-dangereux d'engager par cette opération à abuser d'un crédit imaginaire, d'une population fictive & de reffources idéales. Les recherches de l'Académie de Dijon, qui fe trouvent conformes dans leurs résultats avec celles que nous adoptons, ne portent pas la population de la Bourgogne à un million.

Pour finir cet article par une efpece de récapitulation courte & facile on compte en Bourgogne treize petits pays, fept rivieres navigables, qui facilitent les débouchés & le commerce; trente autres rivieres affez confidérables arrofent ces pays, qui font encore deffervis par cinq routes de pofte; favoir, de Dijon à Paris, à Lyon, à Besançon, à Langres, & de Lyon à Geneve; cinq routes de carroffes publics, une route de diligence par terre, deux routes de coches par la Saône & l'Yonne, & fix routes de meffageries pour voitures de perfonnes & d'effets dans les lieux où la pofte & les carroffes publics ne paffent point. On peut dire qu'il y a peu de provinces dont les routes foient auffi belles & auffi bien entretenues. On compte foixante-trois villes, quatre-vingts treize bourgs, environ deux mille paroiffes, & plus de fix mille hameaux & écarts.

L

S. I I.

Climat & Productions de la Bourgogne.

A Bourgogne, fituée à une diftance prefque égale du Pôle & de l'Equateur, devroit jouir dans toute fon étendue d'un air prefqu'égal & tempéré; mais fa fituation particuliere fur le Globe, fes hautes montagnes, ses nombreuses rivieres, fes étangs & fes forêts, diminuant les effets de la chaleur, rendent le printemps froid & pluvieux jufqu'en Mai, qu'on nomme vulgairement queue d'hiver, & occafionnent des gelées & des grêles, qui le plus fouvent détruifent les plus belles efpérances de récoltes; la plaine même, qui devroit être moins fujette à ces accidens, y eft cependant expofée, parce qu'elle eft fituée entre deux chaînes de montagnes, (la Côte & le Jura) qui fixent les nuages fur nos têtes, & occafionnent des pluies & des brouillards qui interceptent les rayons du fofeil, & nous privent des douceurs de la plus agréable faifon de l'année. Le climat eft encore plus froid dans la partie montagneufe de la Bourgogne; mais auffi l'air en eft naturellement falubre, parce qu'il n'eft point stagnant, ni fujet à condenser des vapeurs nuifibles; car quoique les mon

Couchey, 120 feux, & il y a 80; à Châteauneuf 91, au lieu de 85; à Montoillot 28, au lieu de 18; à Magny-fur-Tille 46, au lieu de 22, &c. Autre difficulté; combien faudra-t-il compter de perfonnes par feu? il en fuppofe plus de 9. Si l'on veut des exemples hors de la Province de Bourgogne, il fuppofe cent mille habitans à Rouen, & fuivant le dénom brement fait en 1767, rapporté par M. de Mefance, il n'y en a que 75,000.

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