me à leurs dépens. Si nous les en croyons, le zele qu'ils ont pour le bien public les a portez à confacrer une partie de leurs gros revenus à ces nouvelles éditions. C'est ce que Dom Sainte-Marthe infinuë dans fa Réponse à un Jefuite qui a pris le nom de l'Abbé Aleman. A parler fincerement dit ce Pere, on n'eft pas pen obligé aux Benedictins, d'avoir voulu fe charger de ces fortes de travaux fi penibles, dont il n'y a proprement qu'eux qui puiffent fe charger. 1o. Parcequ'ils ont un grand nombre d'excellens Manuferits. 2°.Parcequ'ils s'appliquent pen à la prédication, aux confeffions, & aux autres fonctions du dehors. 3°. Parcequ'il y

a pen de Communautez qui puiffent fournir à la dépense qu'il faut faire pour bien réussir. Je ne prétends point difputer aux Bene

Cette Reponse du P. de S. Marthé a été imprimée à Rouen en cachette fans privilege, sous lė titre de, Reflexions fur la Lettre d'un Abbé d'Alemagne aux RR. PP. Benedictins de la Congrega tion de S. Maur, fur le dernier tome de leur édition de S. Auguftin à Monfeigneur l'Evéque de **. Ce pretendu Abbé d'Alemagne eft un Jefuite du Collegede Clermont nommé le P. l'Anglois. Les Benedictins ont fait paffer pour un libelle la Lettre de ceJer fuite, qui les accufe d'avoir appuyé le Fanfenifme dans leurs notes fur S. Auguftin. Auffi y ont ils fait une Réponse Latine imprimée à Rome avec la permiffion des Superieurs.

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dictins tous ces grands avantages qu'ils s'at tribuent. Mais je les défie de montrer fur leurs regiftres un feul article de mife pour l'impreffion des Livres qu'il donnent au Public; ; ou s'il en font paroître quelquesunes, ils imitent les ufuriers qui ne fe dégarniffent de leur argent, que dans la vûë d'en tirer un gros interêt. Le P. de S. Marpourra faire croire à des Alemans ce qu'il avance fi librement ;, mais il ne le perfuadera jamais à des gens qui connoiffent. fa Congregation. Vous jugerez du defintereffement de ces Religieux fi zelez pour le bien public, par ce que je vais vous dire.. La Billaine s'étoit chargée depuis un affez grand nombre d'années de l'impreffion des Livres de leur Congregation, principale-ment de leurs Livres d'ufage: le fonds qui s'en eft trouvé après la mort étoit d'environ vingt mille écus ; c'eft à quoi le firent monter quelques Libraires de Paris qui le voulurent acheter. Mais les Moines de St. Germain des Prez, par une fupercherie infigne trouvérent le moyen fans rien débourfer, de profiter de vingt-neuf mille livres. fur ce fonds, qui appartenoit aux Heritiers de la Billaine. Ils publiérent dans Paris qu'ils alloient donner une nouvelle édition de ces Livres ; & en effet, ils en firent paraitre une premiere feüille, fous prétexte

que leur nom étoit employé dans le privîlege que la Billaine en avoit obtenu. Par cet artifice l'on fut obligé de leur adjuger le fonds entier à la moitié de perte. Si vous doutez de ce fait, Mr.Touret qui eft de vos amis & même vôtre allié, a entre les mains toutes les procedures qu'il fut obligé de faire dans une injuftice fi criante; parce qu'il étoit chargé de ce qui regardoit la fucceffion de la Billaine. Jugez après cela du defintereffement des Religieux de la Congregation de S. Maur.

CHAPITRE XII.

Reponfe des Benedictins imprimée à Rome, au Livre d'un fefuite qui les avoit accusez d'avoir rempli de Janfenifme leur nouvelle édition des Ouvrages de Saint Au guftin.

A Réponse Latine que les Benedictins ont faite au Livre du Jefuite qui a pris le nom de l'Abbé Aleman n'eft point une Piece fuppofée. Elle a été veritablement

* Cette petite piece a été imprimée en 1699. fous ce titre : Vindicia editionis S. Auguftini à Benedictinis adornatæ adverfus Epiftolam Abbatis Germani, Auctore D.B. de Riviere. Romæ 1699. typis Jo. Jacobi Romarek Bohemi, prope S. Vincentium & Anaftafium in trivio, Superiorum permiffu.

imprimée à Rome avec la permiffion du Maitre du Sacré Palais, comme on le voit à la fin de l'Ouvrage: Imprimatur Fr. Paulinus Bernardinus Ordinis Prædicatorum Sacr. Apoftolici Palatii Magifter. Dom Bernard de Montfaucon Moine de l'Abbaye de St. Germain des Prez qui eft depuis long-tems à Rome, en eft le veritable Auteur, fur les Memoires qui lui ont été envoyez de Paris. Comme les Religieux de la Congregation de S. Maur font accufez par le prétendu Abbé Aleman d'être fauteurs du Janfenifme dans leur nouvelle édition des Ouvrages de St. Auguftin, ils ont crû qu'il étoit de leur interêt de repouffer cette injure par une défenfe publique, & qui fut autorisée. La liaifon étroite qu'ils ont avec les Dominicains de Rome qui font brouillez avec les Jefuites auffi bien que les Benedictins, a rendu ceux-ci plus hardis; enforte qu'ils ont obtenu facilement du Maitre du Sacré Palais Religieux Dominicain ce qu'ils fouhaitoient. Peut-être ne fçavez-vous pas qu'il y a peu d'années que ces Dominicains de Rome furent fur le point de faire une union, ou plûtôt une ligue offenfive & défenfive avec les gens de Port-Royal. Sous prétexte que ceux-ci prétendoient n'avoir point d'autre doctrine, que celle de St. Thomas.

Cette union qui auroit mis les gens de PortRoyal à couvert du Janfenifme, dont ils font accufez même à Rome, alloit être concluë, fi le Pere Goudin fçavant Reli gieux Dominicain, qui a été depuis Prieur de leur grand Convent de Paris, ne s'y fût oppofé fortement. Il écrivit aux principaux Dominicains de Rome, que s'ils n'y prenoient garde, ils feroient la duppe des Gens de Port-Royal, qui dans la fuite fe moqueroient d'eux, comme ils l'avoient déja fait. Il avertit fes Confreres, que ces Meffieurs ufoient de rufe, qu'ils leur avoient allegué des choses fauffes, & il leur en envoya les preuves. C'eft ce que j'ai appris du Pere Goudin même, qui eft de mes amis, & que je vois fouvent.

CHAPITRE XIII

Grotius, Arminius, & les veritables Arminiens ou Remontrans, ne font point dans les fentimens des Semipelagiens. Des liaifans de Grotius avec les Sociniens. Reflexions fur toute cette matiere. Utilité de la Critique, & de la connoiffance des langues. Cette Piece & les deux autres fuivantes, qui font de Monfieur Simon, ou de quelqu'un de ses amis, ont été trouvées