prouver l'égalité du Fils avec le Pere.

Je ne vous dit rien ici de la Théologie de Grotius, qui a auffi fes défauts: car fous prétexte de vouloir remonter jufqu'au tems des Apôtres, il s'eft jetté quelque fois dans de grandes extremitez. Il faut néanmoins lui rendre cette juftice, que la connoiflance de l'ancienne Théologie lui a fait abandonner fouvent le parti des Proteftans, qui s'en font trop éloignez. Dans fa note fur ces paroles de S. Mare ch.6. v.3. ils oignoient d'huile plufieurs malades, & ils les gueriffoient, il prouve par l'autorité des plus anciens Docteurs de l'Eglife, que cette cere monie d'oindre les malades a été en usage dès les premiers fecles du Chriftianifme. Calovius qui n'a pûr fouffrir cette remarque, lui reproche, qu'il l'a faite en faveur des Catholiques Romains, pour appuyer te Sacrement d'Extrême-Onction. Sur le ch.2 1. de l'Evangile de Saint Jean, il affure qu'on ne peut nullement douter, après les témoignages de tant d'anciens Ecrivains, que Saint Pierre ne foit mort à Rome. Ses opufcules contre Rivet font remplis de témoignages en faveur des anciens. dogmes de l'Eglife contre les nouveautez des Proteftans, & principalement contre les Calviniftes, qu'il attaque fortement. Ce font ces fortes d'obfervations, & fon Com

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mentaire fur l'Apocalypfe, qui donnerent lieu aux Proteftans de le traiter de Papiste, Grotius Papizans. C'eft le titre d'un Livre: qu'ils publiérent contre lui.

Ce fçavant Homme a eû le malheur d'être attaqué de toutes parts: mais après. tout fon nom eft encore aujourd'hui en veneration dans toute la Republique des Lettres, même en Italie, & principalement dans Rome, où l'on cite avec éloge dans des écrits publics fon excellent Ouvrage de Jure belli & pacis. Je ne vous dis rien de fon Livre de la verité de la Religion Chrétienne, qui a été traduit en tant delangues. Cet Ouvrage ne peut pas venir de la main d'un Athée, tel que Calovius l'a voulu faire paffer. On ne le croyoit pas tel en France, lors qu'on y a permis que la plûpart de fes Commentaires fur l'Ecriture fuffent imprimez dans Paris. Je finis ce difcours en vous difant, que j'ai demeuré plufieurs années avec une Perfonne fçavan-te, qui avoit connu très-particulierement Grotius. Cette Perfonne qui le voyoit fouvent étoit perfuadée, qu'une partie des fautes où il eft tombé, venoit de la trop grande paffion qu'il avoit, d'ôter toutes les partialitez & diffenfions en matiere de Religion, qui étoient fomentées par les differens Partis. Il haiffoit fur tout les Calvi

niftes, qu'il regardoit comme les plus opiniâtres Sectaires de ces derniers fiècles. Il femble même, qu'il ne fe foit fi fort éloigné de Saint Auguftin, que parce que ceuxci fe vantoient, que ce Saint Docteur étoit entierement pour eux.

CHAPITRE XIV.

On peut s'éloigner de quelques fentimens particuliers de Saint Augustin, fans tomber dans le Pelagianifme ni dans le Semipelagianifme. Plufieurs celebres Théologiens n'ont fait aucune difficulté de s'en éloigner. De Grotius & d'Arminius. On juftifie l'Auteur des Hiftoires critiques, qui n'a : pas crû › que Saint Auguftin fut infaillible en toutes chofes. Diverfes reflexions fur toute cette matiere.

E fuis obligé de vous parler encore une fois du Semipelagianifme de Grotius avec l'illuftre Cenfeur.,, Paffons, dit-il, » aux autres endroits par où Grotius eft » reprehenfible. Il n'y a aucune erreur, qu'il favorife plus hautement que le Semipelagianifme: c'eft ce qui le rend ennemi fi déclaré de Saint Auguftin, de qui il appelle à l'Eglife d'Orient, & aux Instr. 2. p. 58.

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Peres qui ont precedé ce Saint Docteur, » comme s'il y avoit entre eux & Saint Auguftin, que toute l'Eglife a fuivi, une guerre irreconciliable.

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Il n'eft pas à propos, que je repete ici ce que je vous ai déja dit fur le Semipelagianifme de Grotius. Si ce Critique n'avoit fait autre chofe, que d'appeller aux Eglifes d'Orient & aux Peres qui ont vécu avant Saint Augustin, on ne pourroit pas l'accufer de Semipelagianifme, que l'accufation ne retombât fur les anciens Docteurs de l'Eglife qui ont precedé ce Pere. Vous n'ignorez pas, que quelques Auguftiniens outrez ont ofé les accufer d'être favorables aux Pelagiens, au moins aux Semipela giens. Mais ces Théologiens n'ont pas confideré, qu'il faut mettre de la distinction entre les opinions qui ont été particulieres à Saint Auguftin, & celles qui lui ont été communes avec toure l'Antiquité. Quand il plaira au Cenfeur d'établir cette diftinction, il trouvera que ceux qui favorisent la Doctrine des Peres Grecs fur la grace, fur le libre arbitre, fur la prédestination & la reprobation, n'entretiennent point une guerre irreconciliable dans l'Eglife. Toutes les Eglifes ou Societez Chrétiennes font d'accord fur la condamnation du Pelagianisine & du Semipelagianifme ;

ce qui n'empêche pas, que Saint Auguftin n'ait eû quelques opinions particulieres fur les maximes que je viens de vous marquer. On ne doit pas confondre les fentimens particuliers de ce S. Docteur avec la croyance generale de l'Eglife. Le Pape Celestin qui lui a donné de fi grands éloges n'a pas crù, que tous les fentimens de ce Saint Docteur fur les matieres de la grace & de la prédeftination fuffent des articles de foi, lui qui les appelle des queftions trop profondes, & fur lefquelles il n'ofe rien décider, Profundiores quaftiones quas non audemus afferere.

L'Illuftre Cenfeur, pour montrer qu'il n'impofe point à Grotius, rapporte ce que ce fçavant Homme a écrit touchant les difputes de Gomar & d'Arminius dans fon Hiftoire Belgique en 1608. où il dit:,, Saint Auguftin fut le premier qui depuis qu'il fut engagé dans le combat avec les Pelagiens (car auparavant il avoit été d'un autre avis) pouffa les chofes fr loin par l'ardeur qu'il avoit dans la dif» pute, qu'il ne laiffà que le nom de liberté,en la faifant prévenir par les Decrets divins qui fembloient en ôter la force. On voit en paffant, ajoute le Censeur, la calomnie qu'il a faite à Saint Auguftin, d'ôter la force de la liberté, & de n'en

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