ni du tems des Apôtres, mais qu'elles ont été introduites long-tems après. Il attaque en même tems les Canoniftes, qui ofent foutenir l'opinion de ce Pape, & affurer que le Pape ou l'Evêque qui confacre, peut d'un feul mot fans aucune forme ou Sacrement d'Ordination, faire des Ministres, en disant seulement, foyez Prêtre, foyez Diacre: ce qui eft proprement l'herefie de Luther condamnée dans le Concile de Trente, Seff. 23. Can.3.

Cet Ecrivain Grec-Italien conclut, qu'en cela Innocent IV. eft manifeftement oppofé à l'Ecriture Sainte, & à la Doctrine Catholique & Evangelique du Pape Innocent III. Il s'emporte fort enfuite contre Arcudius au fujet du Sacrement de la Confirmation. Il le traite ouvertement d'heretique qui a détruit ce Sacrement, ayant fuivi les fentimens de l'Archevêque de Spalatro.

Catumfyritus cite avec éloge un certain Theophile Corydalef, qui avoit enfeigne la Theologie dans le College des Grecs. Il ne fçavoit pas encore apparemment, que ce Corydalef ou Corydaleus a été dans les fen timens Calvinistes de Cyrille Lucar fur la tranfubftantiation. Il remarque neanmoins que Cyrille Patriarche de Conftantinople avoit crû Corydalef le grand Interprete

des Livres facrez dans l'Eglife de Constanttinople. Il falloit que Catumfyritus eût quelques liaisons particulieres avec Cyrille Lucar, ou que fon Calvinifme n'eût pas même beaucoup éclaté car il le défend hautement contre Arcudius qui l'avoit traité de Calvinifte *. Il croit au contraire que Cyrille a été un Homme très-Religieux, & attaché à la Doctrine des Saints Peres de Egiife Grecque, comme il le devoit. Il fuppofe même qu'il a été très-dévoué au Pape & fort amateur du Saint Siege, comme Timothée fon Predeceffeur, pour ce qui regarde l'unité de l'Eglife Catholique; n'y ayant jamais eûr aucune diffenfion làdeffus entre les Saints Peres Grecs & Latins. Il falloit que Catumfyritus qui parle de la forte, ne fût pas encore bien inftruit de ce qui fe paffoit de fon tems, au fujet du Patriarche Cyrille Lucar, qu'Arcudius avoit raifon de traiter de Calviniste.

Au refte le plus fort de la difpute de Catumfyritus contre Arcudius, roule princi

Ego verò Cyrillum piè credo Religiofiffimum effe ac Sanctorum Patrum Græcorum sectatorem, ut decet, ac Romani Pontificis devotiffimum, atque amantiffimum effe fuppono, ficut fuit præcedens Patriarcha Timotheus in unitate Ecclefia Catholica,, qua nulla unquam fuit diffenfio inter Sanctos Paares Gracos & Latinos.

in

palement fur la forme des Sacremens; elle eft purement déprecative, ou énonciative. Il fait tout fon poffible pour refuter ce qu'Arcudius a dit fur cette matiere contre les Grecs d'aujourd'hui, & il attaque en même tems Bellarmin, qui s'eft declaré contre la forme énonciative, laquelle il appuye de toute fa force, & tâche de répondre aux raisons d'Arcudius. Il défend contre lui ce que Gabriel Archevêque de Philadelphie a dit du Sacremens de l'Ordre, & fur la forme en quoi consiste la confecration de l'Euchariftie. Il traite Arcudius qui étoit de Crete, d'Homme de mauvaise foi, qui feint d'étre de la Communion de Rome & non de celle des Grecs : H comble de Louanges Gabriel de Philadelphie, qui a été attaqué fauffement, dit-il,& même d'une maniere heretique par Arcudius. Gabriel Severus, dit-il, Dottor Gracus aternis laudibus celebrandus, licet gratis & falsò imò hareticaliter impugnetur ab adultero Arcudio, lib.6. c.8. Il appelle le Livre d'Arcudius adulter fuppofant qu'il a été corrompu par d'autres qui y ont mis la main. Il prétend qu'Arcudius défend la forme deprecative des Sacremens. par les mêmes raifons que les Novatiens & les Euchites; & il revient fouvent au Cardinal Bellarmin & au Cardinal Tolet

qui fe font trompez groffierement fur ces formes déprecatives, ayant crû avec plufieurs autres Jefuites, que les Grecs adminiftroient le Baptême fur cette formule, Baptizetur. En effet c'eft une erreur groffiere où font tombez la plupart des Theologiens de l'Ecole ; parce que les Grecs dans la forme du Baptême difent Bαπτίζεται, qui fignifie Baptizatur, & non pas Baptizetur.

Il confirme fon fentiment fur la forme des Sacremens purement énonciative par l'autorité du Rituel des Grecs, imprimé à Venife & approuvé par le Pape Leon X. Et il retombe fans ceffe fur l'Euchologe de Crypta ferrata, où il prétend trouver des heréfies & même du Judaïfme; & il fe déclare ouvertement contre les Jefuites qui ont donné leur approbation à cet Euchologe. Il reconnoît que tous les Euchologes different beaucoup les uns des autres, foient qu'ils ayent été écrits par les Grecs d'Italie ou par les Grecs Orientaux.

Cet Ouvrage de Catumfyritus contient plufieurs aurres particularitez qui meritent d'être lûës, quoique l'Auteur foit un affez pauvre Théologien, qui étoit rempli des préjugez de l'Ecole, & qui vouloit regler la croyance de l'Eglife Orientale fur fes préjugez; au lieu qu'il falloit remonter

jufques aux anciens tems & examiner quelle étoit la croyance des Grecs avant leur fchifme. C'eft ce que de très-fçavans Hommes examinérent avec foin dans une Affemblée, qui fe tint fur ce fujet fous le Pape Urbain VIII. Si l'on avoit crû dans cette Affemblée plufieurs Théologiens fcolaftiques qui y affifterent, on y eût absolument condamné l'Euchologe des Grecs, comme un Livre plein d'erreur : au lieu que Holftein, le P. Morin de l'Oratoire, & quelques autres Théologiens épurez, qui opinérent dans cette Affemblée, firent évanouir toutes ces erreurs, & le Pape Urbain VIII. s'en rapporta à leur jugement, ayant plus d'égard à la force de leurs raifons, qu'à la pluralité de leurs fuffrages.

CHAPITRE

XXII

De Marulle ce grand adverfaire de Politien. Ce difcours & les trois autres qui fuivent, ont été trouve par un Ecclefiaftique du voifinage de Dieppe, parmi les papiers du Neveu de Mr. Simon.

V

Ous me demandez qui eft ce Marulle, qui s'étoit fi fortement déclaré contre Politien, qu'il fe moquoit publiqueiment de toutes fes notes Critiques, & le