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me Medecin, & qu'il n'auroit décrié les Medecins Juifs, que pour avoir plus de pratique. On a trouvé, dit l'Auteur du For talitium Fidei, que les Medecins Juifs dans leurs Fêtes folemnelles, fe vantent entre eux du nombre des Chrétiens qu'ils ont tuez: Repertum eft Judeos Medicos feipfos in fuis folemnitatibus laudare, referentes ad invicem quis eorum plures occiderit Chriftianos.

Il eft vrai que la Nation Juive hait mortellement les Chrétiens: mais il n'y a gueres d'apparence, que les Medecins Juifs, gens avides du lucre, vouluffent perdre tout leur credit par une pratique femblable. Il eft conftant que les Juifs ont été très-puiffans en Efpagne; & cette trop grande puiffance peut leur avoir fufcité des ennemis, qui ayent pris plaifir à forger des hiftoires pour les rendre odieux. Če que l'Auteur ajoute dans la fuite, que les Juifs font trèshabiles dans l'art d'empoifonner, Judeos peritiffimos effe in arte propinandi venena, femble venir de la même fource. Peut-être ne fe trompera-t'on pas, fi l'on dit

les

que Moines, fur tout les Mendians du nombre defquels étoit nôtre Auteur, furent jaloux du trop grand credit où les Juifs d'Espagne ont été autrefois. Non ergo, dit-il, feuiller 124. poffum approbare converfationem Chriftianorum cum Judais, fpecialiter Magna

tum, Pralatorum, & Regum ; cùm tot mala exempla & pericula, non folum corporum, fed etiam animarum & Reipublica legamus & experiamur.

On ne prétend point défendre ici la cause des Juifs. Ceux qui les connoiffent à fond fçavent qu'ils regardent les Chrétiens comme des Idolatres, qui adorent trois Dieux. Car c'est ainsi qu'ils parlent de la Trinité de Perfonnes en Dieu : mais après tout il y a de l'excés dans la plupart des chofes que l'Auteur du Fortalitium Fidei leur attribuë. Il raifonne beaucoup mieux dans les extraits qu'il tire de leurs Livres, qui font pleins de réveries & d'extravagances, quoiqu'ils en excufent une partie, ayant recours aux allegories & à de certaines fictions qui ne doivent point, difent-ils, paffer pour des réalitez. Il y a plus de verité dans ce que l'Auteur ajoute touchant les Etats ou Royaumes d'où les Juifs ont été chaffez: c'est un fait purement hiftorique. C'est pourquoi quelques-uns de leurs Hiftoriens, & entre autres Rabbin Ghedalias dans Salfeleth Hakkabala, citent le Fortalitium Fidei en plufieurs rencontres. Mais à l'égard des miracles qui fe font faits parmi nous au fujet des Juifs, il en faut diminuer au moins la moitié.

Le quatriéme Livre de cet Ouvrage s'étend

affez au long fur l'histoire des Sarafins. On y parle de Mahomet & de fa Secte: mais ceux qui ont à difputer contre les Mahometans ne doivent pas s'en rapporter entierement à cet Auteur, qui debite fouvent des fables pour des veritez. Cependant il prend pour les garants les Hiftoriens d'Efpagne. II attaque l'Alcoran, & il dit beaucoup de chofes touchant les préceptes de la Religion Mahometane: mais il eft peut exact la-deffus. Comme dans fon troifiéme Livre, il a rapporté les objections que les Juifs font aux Chrétiens, en y joignant fes réponses; de même dans celui-ci il expofe les objections des Sarafins auxquelles il répond en même tems. Il fait enfin une affez longue hiftoire des victoires que les Chrétiens ont remportées fur ceux-ci. Parmi un affez grand nombre de faits que renferme cet Ouvrage, il y en a plusieurs qui meritent d'être lûs: ce qu'on ne trouvera pas facilement ailleurs. Il s'étend affez au long fur guerres qui ont été entre les Chrétiens & les Sarafins. Il rapporte les Victoires qui, ont été remportées de part & d'autre.

les

Dans fon Livre cinquième qui eft le dernier il y parle des Demons, de leur nature, de leur fcience. Il les fait fort fçavans, & fort exercez dans l'art de la Magie, dont il les. fait les premiers Auteurs. Il y traite plu

fieurs autres matieres qui regardent les De mons; mais il n'en parle que par rapport à de certains préjugez, foit de Philofophie,, foit de Theologie..

CHAPITRE

XXXI.

Reflexion fur le Livre de Monfieur l'Abbé Boileau touchant les habits des Ecclefiafti. •ques. Diverfes remarques fur cette matiere..

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E fuis fort obligé à vôtre Ami de la Sain

te Chapelle du petit prefent qu'il veut me faire. J'ai trouvé fon nouveau Livre à Rouen, où il a été imprimé, & non pas à Amfterdam chez de Lorme, comme la première page le porte. L'Auteur ne fe dément point dans cette nouvelle production:: l'on y reconnoit fon ftyle affecté, fon efprit & fes manieres qui ont quelque chofe de fingulier. Mais à vous dire vrai, cette quef

*Ce Livre a pour titre, Historica difquifitio de ne veftiaria Hominis facri vitam communem inore civili traducentis. Amftelodami typis Joannis Ludovici de Lorme Bibliopola. 1704. On trouve: à la tête un avertiffement fous le nom de l'Imprimeur d' Amfterdam, qui était alors à Paris, L qu'on feint avoir emporté avec lui en Hollande le Manufcrit pour l'imprimer : mais c'est une fiction de Auteur qui a fabriqué cet avertissement..

tion qui regarde les habits des Ecclefiaftiques pouvoit-être décidée en peu de mots. Tout le but d'une infinité de Canons qui ont été faits en divers Conciles fur ce fujet, ne tend qu'à diftinguer les Ecclefiaftiques d'avec les gens du monde, qui par vanité portoient des habits de diverfes couleurs éclatantes, & d'une façon particuliere. On voulut qu'ils fuffent modeftes jufques à leurs vêtemens ; qu'ils ne fuffent ni trop courts ni trop longs. C'étoient également deux excès que condamne un Concile de Poitiers en 1396. Indumenta nimià brevi-Fate aut longitudine notanda. La modestie: d'un Ecclefiaftique dans fes habits fe fai-foit connoitre,lorfqu'il n'affectoit rien de fingulier, & qu'il fuivoit l'ufage ordinaire de fon pays: Clerici, dit un Synode de Langres tenu en 1404. fervent modum regio-nis, dum tamen coloribus aut pannis non utantur valdè pretiofis, nec nimium fulgidis aut fordidis: Ce Synode, comme vous le voyez, condamne également les habits trop pretieux & d'une couleur trop éclatante, & ceux qui étoient mal propres. Les habits. des Ecclefiaftiques n'avoient encore alors aucune couleur affectée: on leur défendoit feulement de s'habiller de rouge, de vert, ou de quelque autre couleur femblable.

Il n'y avoit autrefois, même dans l'Oc

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