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Livre d'Enoch, que ce qui venoit à ce deffein, & les Propheties qui regardoient JESUS-CHRIST. Mais les fragmens que nous avons de ce dernier Livre, nous font connoitré, qu'il contenoit plusieurs choses en faveur de l'Antiquité de la Nation des Juifs contre les Egyptiens, qui fe vantoient d'avoir inventé l'Aftronomie, la Magie, & les autres Sciences de cette nature. Il fait dire à Enoch, comme nous l'apprenons des extraits que Clement d'Alexandrie avoit tirez des Livres des Gnoftiques, que les Anges prévaricateurs avoient enfeigné aux Hommes, l'Aftronomie, l'art de la Magie, les autres Arts.

CHAPITRE

IV.

D'un Recueil de Lettres écrites à Monfieur Bigot, par Monfieur Ifaac Voffius. Fauffeté qui eft dans une de ces Lettres.

'Ai lû avec plaifir le Recueil des Lettres que Monfieur Ifaac Voffius vous a écri tes, & que vous avez eû la bonté de me communiquer. Pour ce qui eft de celle qui regarde mon Hiftoire critique du vieux Teftament, je puis vous affurer qu'il n'y dit pas la verité, lors qu'il vous a mandé › que Monfieur l'Evêque de Londres

l'avoit prié de ma part de ne point écrire contre mon Hiftoire critique, à cause des affaires qu'on me faifoit fur ce sujet. J'ai vû à la verité autrefois à Paris Monfieur Compton aujourd'hui Evêque de Londres, lorfque la Princeffe de Modene y paffa pour aller en Angleterre époufer Monfieur le Duc d'York. Il me fit l'honneur de me venir voir, accompagné de Monfieur Juftel, pour me confulter fur quelques affaires affez importantes. Il n'étoit point encore alors Evêque de Londres. Mais je n'ai jamais eû aucun commerce de lettres avec lui. Ce que je vous écris, afin que fi vous veniez à donner au Public ce Recueil de Lettres, vous mettiez une apostille fur cet endroit. Du refte quoique Monfieur Voffius foit fort habile pour ce qui regarde les belles Lettres, il n'eft gueres propre à écrire fur les matieres dont il est question. Loin que j'aye jamais fongé à le détourner de fon deffein, je vous fupplie de vouloir

Ce Recueil des Lettres de Monfieur Ifaac Voffius à Monfieur Bigot, eft prefentement entre les mains de Monfieur Goulet jeune Ecclefiaftique de Rouen, qui eft verfé dans la connoiffance des belles Lettres. Il fonge à les donner au Public avec celles que Monfieur Nicolas Heinfius a écrites au même Monfieur Bigot. Elles font plus confiderables pour leur belle Latinité, que pour le fond des chofes, Elles meritent d'être publiées.

bien lui mander, qu'il ne fçauroit me faire un plus grand plaifir, que d'écrire contre mon Hiftoire critique, parce qu'il me donnera lieu de lui faire une réponse, où je pourrai me juftifier de tout ce qu'on m'a objecté. Il y a fi peu de gens qui entendent ces matieres, même dans Paris, où il y a un grand nombre de perfonnes fçavantes, qu'on croit que ceux qui crient le plus haut ont raison.

Il eft aife de juger que ce petit Difcours en forme de Lettre vient de Monfieur Simon.

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La Traduction Latine de l'Hiftoire Italienne du Concile de Trente, eft remplie de fau tes. On attribuë mal à propos ces fautes aw Cardinal Palavicin, qui doivent tomber fur le Traducteur Giattini Jefuite de Palerme. Ce Difcours vient d'un des Amis de Monfieur Boileau, Docteur de Sorbonne

Chanoine de la Sainte Chapelle. On y releve plufieurs fautes de ce Docteur dans fon Colloquium criticum.

E vous ai dit à la verité plufieurs fois, que j'étois furpris de ce que vous n'aviez point en Italien l'Hiftoire du Cardinal Palavicin, mais feulement la Verfion Latine

qui en a été faite par le Jefuite Giattini, On ne peut rien voir de plus infidelle, que cette Verfion, où le Traducteur s'est donné une étrange liberté : ce que je n'ai reconnu que par occafion; car je tâche autant qu'il m'eft poffible de lire les Auteurs dans les Originaux. Il y a quelque tems

que

lifant les fameuses Steyaerdes de Monfieur Arnauld, j'y vis que ce Docteur reprochoit à Palavicin une faute groffiere: c'eft dans l'endroit où il parle des Verfions de l'Ecriture en langue vulgaire. On ne fçait, dit ce Docteur, ce que cet Hiftorien entend, quand il dit, que pendant bien du tems les Saintes Lettres n'ont point été écrites en langue vulgaire, ni parmi les Ifraëlites, ni parmi les Chrétiens. Ce galimatias me frappa d'abord; & comme je ne pûs m'imaginer, qu'il fut veritablement du Cardinal Palavicin, j'eus recours à l'original Italien, où on lit, que pendant la plus grande partie du tems, Ecriture Sainte n'avoit point été en une langue entendue du Peuple, tant parmi les Juifs, que parmi les Chrétiens: Per la maggior parte del tempo, ed appreffo i Chriftiani, ed eziandio appreffo gli Ebrei, la Scrittura non era ftata nel linguaggio del Popolo. Ce qui eft très-vrai & très-facile à entendre: mais * Pallav, Hift. liv.6.ch.12.n.5.

Monfieur Arnauld qui n'a pas pris la peine de confulter l'Original de l'Auteur, s'en eft rapporté entierement à la verfion Latine où on lit Sacras literas haud fuiffe idiomate populari vulgatas. Le feul mot vulgatas que le Traducteur a ajouté a embarraflé ce grand Docteur..

Vous me direz fans doute, que fur ce feul exemple, je ne dois pas faire le procès au Jefuite de Palerme, qui a obligé le public en traduifant d'Italien en Latin l'Hiftoire du Concile de Trente. Auffi n'eft-ce pas fur ce feul exemple, que je fais le procés à ce Jefuite; & vous l'allez voir. Un fçavant Docteur de Sorbonne m'a envoyé depuis peu quelques petits Ouvrages de fa façon, entre lefquels il y en a un qui a pour titre, Colloquium criticum de Sphalmatis Virorum in re literaria illuftrium. Ce feul titre me porta à le lire fur le champ... Je m'y trouvai avec plufieurs autres au nombre de ces illuftres Critiques, qui s'étoient quelque fois trompez. Mais je m'apperçus bien-tôt, que le Critique des Critiques s'étoit lui-même trompé en beaucoup d'endroits › pour n'avoir confulté les Originaux, quoi qu'il condamne ceux qui ne lifent que les Verfions, apographa

و

pas

* Ce fçavant Docteur eft Monfieur l'Abbé Boileau Chanoine de la Sainte Chapelle de Paris.

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