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mention de leur faux Prophete dans le Pleaume so. v. 2, où ils lifent en Arabe: Dieu a fait paroître de Sion aclilan mahmudan, c'est-à-dire une couronne glorieufe. Ils prétendent, que pat le mot de couronne,il faut entendre, Royaume, & que par mahmud qui eft la même chose que landatus en Latin, eft défigné Mahomet. Mais le mot de mahmud ne fe trouve point dans le texte original du Pfeaume. Ils l'ont fait fur la verfion Syriaque, où on lit à la verité, Dieu fait paroître une couronne glorieufe, & l'on a pû traduire en Arabe le mot qui eft dans le Syriaque par celui de Mahmud, qui fignifie glorieux, digne d'être loüé. Mais la preuve des Mahometans étant fondée fur le nom propre de Mahomet eft abfolument nulle; puifqu'en ce lieu Mahmud eft un nom appellatif, & non pas un nom propre.

Comme Abulpharage à rapporté en abregé les miracles que les Mahometans attribuent à leur faux Prophete,Pocock indique en particulier les Écrivains Arabes, qui ont fait mention de ces pretendus miracles, & qui les ont expliquez en détail. Cependant Abulpharage obferve, que ces miracles étant en affez petit nombre, les Docteurs Mahometans s'appuyent principalement fur la maniere élegante & inimi

table dont l'Alcoran eft écrit: & c'est ce qu'ils regardent comme un très-grand miracle, parce qu'aucun Arabe, quelque éloquent qu'il ait été, n'a pû rien faire de femblable. C'eft un miracle très-grand, difent-ils, & qui fubfifte feul de tous les miracles que le Prophete a faits. Auffi Mahomet défie-t'il tout ce qu'il y a d'Arabes, de pouvoir atteindre à la pureté & à l'élegance dans laquelle ce Livre eft écrit: enforte qu'ils prétendent prouver par-là, que cet Ouvrage eft divin, puifque Mahomet étoit un homme fans literature, qui avoit demeuré pendant toute fa vie parmi les Arabes les plus ignorans. Mais il s'eft trouvé des Arabes qui ne demeurent pas d'accord de cette élegance inimitable de l'Al

coran.

Pocock vient après cela aux Sectes qui fe font élevées parmi les Mahometans au regard de leurs divers fentimens : ce qu'il traite fort au long & avec une très grande érudition. Il fait voir par leurs Ecrivains, que l'origine de ces differentes Sectes vient de la Théologie scolastique, qui doit sa naisfance aux Livres des Philofophes Grecs, que quelques Arabes traduifirent en leur langue Arabe fous le regne de Mamon. C'est principalement depuis ce tems - là, que les Arabes devinrent grands Metaphyficiens

en matiere de Religion. Cet Art leur étoit inconnu, lorfque leur faux Prophete publia fon Alcoran : mais dans la fuite des tems il devint comme un remede necessaire, lorfqu'il s'éleva des Novateurs dans le Mahometifme: car il fallut employer les fubtilitez de la Theologie fcolaftique pour leur répondre. C'est de quoi conviennent les plus fçavans Docteurs Mahometans, qui loüent l'étude de la Theologie scolastique, lorfqu'on s'en fert avec moderation:mais ils la blâment, lorfqu'elle eft pouffée trop loin, & qu'elle dégenere en une démangeaison de difputer. Et même ils regardent ceux qui s'appliquent trop à cette Science, comme des gens dignes de punition, parce que, difent-ils, ces gens là abandonnent l'Alcoran & la connoiffance de la tradition.

Je ne vous dirai rien en détail des differentes Sectes des Mahometans. Il fuffit que vous sçachiez en general, qu'ils furpaffent pour ce qui eft de la fubtilité les plus habiles de nos Theologiens fcolaftiques. Leurs Docteurs ont obfervé, que dans les premiers commencemens de la Religion Ma hometane, il n'y avoit aûcunes disputes, que fur des matieres legeres & peu importantes; mais dans la fuite, il s'éleva parmi eux de certains Docteurs fubtils qui excitérent des questions fur la toute-puiffance de Dieu,

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& fur fes decrets; s'ils étoient la caufe de tout ce qui fe fait dans le Monde, & plufieurs autres questions de cette nature: ce qui alla fi loin, que les Theologiens Mahometans fe font trouvez partagez en 73 Sectes. Entre les miracles de Mahomet, ils mettent celui-ci, qu'il a prédit cette divifion des Siens en ces 73 Sectes, dont il n'y en devoit avoir qu'une où l'on pût fe fau ver. La meilleure partie du Livre de Pocock eft employée à traiter de ces differentes Sectes. Abraham Echellenfis Maronite, en parle auffi fort au long vers la fin d'un Ouvrage, qui a été imprimé à Rome in 4°. en 1660. fous ce titre, de origine nominis Papa & ejufdem primatu. Quoique cet Ouvrage d'Echellenfis foit pofterieur à celui de Pocock, il n'en eft pas plus exact. C'est pourquoi l'on doit préferer les fçavantes reinarques du Docteur Anglois fur cette matiere, qu'il a traitée exprès & à fond, à celles du Maronite, qui n'en a parlé que par occafion, & pour avoir lieu de refuter Hottinger. Voilà Monfieur, ce que j'avois à vous dire fur le Specimen Hiftoria Arabum publié par le Docte Pocock, & que je vous exhorte de lire, en attendant qu'il trouve fa place parmi les autres bons Livres qui font dans vôtre Cabinet.

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CHAPITRE

VII.

Nouvelles reflexions fur le Ratio Studiorum des fefuites imprimé dans leur College de Rome en 1586.& qui fut d'abord fupprimé. Emportemens d'un Auguftinien outré contre la Compagnie de fefus. Les glofes qui font jointes fous le nom de Déclarations, aux Conftitutions de la Societé, font veritablement de St. Ignace, & non de Jaques Lainez. Ce Difcours & celui qui fuit ont été trouvez parmi les papiers de Monfieur Dubois Docteur de Sorbonne & Bibliothecaire de Monfeigneur l'Archevêque de Rheims. Ils viennent de Monfieur Simon.

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je ne vous ai point envoyé mon exemplaire du Ratio Studiorum des Jefuites imprimé en 1586. & qui eft fi rare, vous ne devez point m'en fçavoir mauvais gré. Pourriez-vous vous empêcher de le faire voir à vôtre illuftre Patron ? & alors feroitil en vôtre liberté de me le remettre? Le mieux & le plus fùr, pour moi & pour vous, eft que vous le lifiez à vôtre loifir & à vôtre commodité dans ma chambre. Je vous

* L'Auteur parle affez au long de ce Livre à la fin du premier tome de fes Lettres choifies. Tome III.

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