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Le Roy leur est un peu trop gratieux :
Que n'a il mis à bas ces testes folles
En l'eau.

Ilz ayment tant les vins delicieux

Qu'on peult nommer cabaretz leurs escoles : Mais refroidir fauldroit leurs chauldes colles Par le rebours de ce qu'ilz ayment mieulx, En l'eau.

DIXAIN SUR LE MESME SUJET

Au feu, en l'eau, en l'air ou en la terre
Soient pris et mis ces fols predicateurs
Qui vont preschant sedition et guerre
Entre le peuple et les bons precepteurs.
Ils ont esté trop long temps seducteurs,
Et mis le monde en trouble et desarroy :
Mais Dieu de grace a voulu que le Roy
Aye entendu leur sophistic parler,
Qui les fera punir selon la loy

Au feu, en l'eau, en la terre ou en l'air.

LXXIII

RONDEAU A NOSTRE DAME

En temps obscur estoille refulgente,
Raid de soleil, aulbe du jour fulgente,
Port de salut, allectante pucelle,

Roze vernant, de Dieu mere et ancelle,
Royne des Anges, au pecheur indulgente,
Tournez vos yeulx, maternelle regente,
Vers voz enfans; aidez à qui regente
Le parc de Dieu et sa sainte nacelle
En temps obscur.

Contre le corps d'eglise diligente
Gens sans raison de tout bien indigente
Et contre vous a mise sa parcelle;

Monstrez vous Mere, et que ayons paix par celle
Qui a le pouvoir : la cause en est urgente
En temps obscur.

LXXIV

SUR LA Devise de HUGUES SALEL

VALET DE CHAMBRE DU ROY FRANÇOIS Ier

Honneur te guide et te met en haultesse,
Pour ton grand sens et ta science acquise,
Ce que tu as retenu pour devise

Et justement à ce degré t'adresse.

Tu t'es conduict par trèsgrande sagesse ;
Merveille n'est si donc en ceste guyse
Honneur te guide.

Apollo faict aux siens ceste promesse,
Quand à le suyvre ilz ont grand' peine prise ;
Tu as prudence en son escole apprise;
C'est ce qui faict que chez prince et princesse
Honneur te guide.

LXXV

Juges, prevostz, bourgeois, marchans, commun,
Nobles, vilains, et vous seigneurs d'Eglise,
Amendez-vous; sinon je vous advise
Que ne verrez l'an cinq cens quarante un.

Lassus aux cieulx il est bruyt que chascun
Offense Dieu, qui n'est pas bonne guise,
Juges, prevostz.

Perseverer en son mal c'est esgrun;
Le monde faict de peché marchandise;
Bref, il fauldra que chascun se reduise
Ou des trois partz n'en demourra nesun
Juges, prevostz.

LXXVI

A GEOFFROY BRULART

(1526)

Nostre maistre Geoffroy Brulart,
Qui sçavez la science et l'art
De guerir les gens de tous maulx,
Icy c'est l'un de vos féaulx
Qui de colique brusle et ard.

Je ne mange poisson ne lard,
Non que craigne le papelart,

Mais mon mal me faict trop d'assaulx,
Nostre maistre.

Venez y donc plus tost que tard,

Et n'oubliez pas le broillart

De vos receptes à monceaulx,
Et payé serez en royaulx,
Car vous estes sage vieillart,
Nostre maistre.

LXXVII

RONDEAU

Sur Jupiter ex alto perjuria ridet amantum.

O bon Jesus, de Dieu eternel filz,
Qui avec luy les cieulx et monde feis,
Las! prens pitié de moy, ta créature;
J'ay contre toy tant faict de forfaicture,

Que tous mes sens en sont de dueil confitz.

En une croix tout ton corps fut affix,

Où par ta mort les enfers tu deffitz,

Non pour moy seul, mais pour toute nature, O bon Jesus.

En ceste croix où tu fus crucifix,
De Paradis le chemin tu reffis,

Et d'iceluy feis à tous ouverture.
De tous delictz tu as la couverture;
Couvre les miens, et ce qu'oncques meffeis,
O bon Jesus.

LXXVIII

RONDEAU

O quelle erreur par finis esperitz
Vouloir finir l'infini sans nul pris,
Par raison morte et mondaine apparence
Voulant comprendre en debile science
Une bonté qui tous nous a compris!

Créé nous a en ce mondain pourpris,
Et racheté quand nous eusmes mespris,
Et nous doubtons quelle est sa puissance!
O quelle erreur !

Par Testament sa loy nous a appris ;
Amour donné pour acquerir le pris
D'heureux labeur, par foy et esperance;
Allons à luy, en nous n'ayons fiance :
Qui ne le faict en enfer est repris.
O quelle erreur!

LXXIX

RONDEAU DU GUAY

Oyez le guay, petit mignon,
Monsieur, Madame Pimpelotte,
Avec le clerc à la pellotte,
Non faict, si faict, par Santrignon.

Villain, vous trenchez de l'oignon,
Et ne valez pas eschalotte :
Oyez le guay, etc.

Gros coquin, oste le tignon.
Si veulx avoir la bachelotte;

Drinc, drinct a mis en eschec l'hoste.
M'amye, levez le groignon,

Oyez le guay, etc.

LXXX

RONDEAU DES BARBIERS

(1515)

Povres Barbiers, bien estes morfonduz,
De veoir ainsi gentilz hommes tonduz
Et porter barbe; or advisez comment
Vous gaignerez, car, tout premierement,
Tondre et peigner ce sont cas defenduz.

De testonner on n'en parlera plus;
Gardez cizeaux et rasouers esmouluz,
Car desormais vous fault vivre autrement,
Povres Barbiers.

J'en ai pitié; car plus comtes ne ducz
Ne peignerez, mais comme gens perduz
Vous en irez besongner chauldement
En quelque estuve, et là gaillardement
Tondre maujoinct ou raser Priapus,
Povres Barbiers.

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