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déterminaient un de nos savans bibliographes à donner un ouvrage meilleur. Notre littérature médicale manquait d'un traité sur la connaissance des livres, c'était à M. Prunelle, c'était à M. Desgenettes, érudits d'un ordre supérieur, critiques remplis de goût, et praticiens d'un rare talent, qu'il appartenait, et c'est à eux qu'il appartient encore de combler cette lacune.

Je n'ai pas cru qu'il y eût rien d'inconvenable à faire connaître le prix de certaines éditions précieuses, des grandes collections académiques, des livres de luxe, tel qu'il est désigné dans les plus estimés des répertoires bibliographiques. Les titres de livres ont été presque tous recueillis sur les livres eux-mêmes; lorsque je n'ai pu le faire, d'excellens auteurs, MM. Barbier, Peignot, Fournier, de Bure, Brunet, etc., m'ont guidé, et me serviront d'autorité. C'est enfin pour rendre ce Manuel plus utile que je crois devoir rappeler ici quelques notions élémentaires sur la découverte de l'imprimerie et sur les livres, considérés d'une manière gé

nérale. Auteurs obligés et amis des sciences de profession, les médecins ne doivent point être étrangers aux considérations de cet ordre (1).

(1) Trois parties composent cet essai: une Introduction, le Dictionnaire bibliographique, et six Tables. La première de ces tables est une classification, par ordre de matières, d'une bibliothèque de médecine; la seconde est l'indication des ouvrages spécialement nécessaires à l'étudiant et au praticien; la troisième est l'indication des ouvrages qui ont été écrits jusqu'à ce jour sur la doctrine de M. Broussais; la quatrième distribue en six grandes époques, suivant l'ordre chronologique, les principaux faits relatifs à la médecine et les noms des hommes célèbres; la cinquième contient, suivant l'ordre alphabétique, la date de la naissance et celle de la mort de ces hommes célèbres, ainsi que l'indication de la ville qui les a vus naître: on y trouvera la véritable orthographe des noms et prénoms, et la date de la naissance des médecins contemporains le plus distingués; la sixième et dernière est une table analytique,

I.

Ce fut dans les dernières années de la première moitié du quinzième siècle que Jean Gensfleisch de Sulgeloch, plus connu sous le nom moins barbare de Guttemberg, fit la découverte de l'imprimerie. Il était né à Mayence en 1400. La date de ses premiers essais n'est pas très certaine; il paraît cependant qu'ils eurent lieu à Strasbourg en 1436, mais sans résultats durables. Guttemberg s'était associé avec André Drysehm et quelques autres, pour l'exploitation d'arts et de secrets tenant, disaient-ils, du merveilleux. Elle ne fut pas très heureuse; Guttemberg quitta Strasbourg, revint à Mayence, et contracta une société nouvelle, en 1450, avec l'orfèvre Jean Fust. Pierre Schoeffer, donna aux deux amis l'appui de son génie; leurs efforts réunis mirent au jour l'admirable Psautier de 1457, le plus ancien des livres imprimés avec date certaine, mais qui ne saurait être

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le premier monument de l'art typographique (1). Cette publication étonna lessavans, et révéla aux lettres une ère nouvelle. Les anciens qui marquaient des verres et autres objets avec des caractères alphabétiques en relief, fondus en fer ou en airain, avaient été très près de découvrir l'imprimerie. Elle était connue des Chinois qui, dès le

(1) PSALMORUM CODEX. Moguntiæ, per Joh. Fust et Petr. Schoeffer, 1457, 1 vol. in-fol. imprimé sur vélin, selon l'opinion la plus probable avec des caractères en bois. Fust et Schoeffer réimprimèrent leur Psautier en 1459. L'ouvrage suivant est plus ancien que le Psautier de 1457, mais ne saurait être regardé comme un livre :

NICOLAI V, pont. max. litteræ indulgentiæ pro regno Cypri. - Datum... anno Domini M.CCCC. LV... vero... mensis...

Schoeffer devint le gendre de Fust. On doit à la société des trois imprimeurs le Durandi rationale divinorum officiorum, 1459, in-fol,; les Constitioncs Clementis v; et la Biblia latina, à 48 lignes, de 1462. Cette même année, Mayence fut assiégée et prise; l'imprimerie des trois associés fut fermée, ses ouvriers se dispersèrent et portèrent leurs procédés en divers lieux.

dixième siècle, gravaient leur écriture en relief; mais l'Europe ignora cet art jusqu'au jour où il lui fut révélé par Guttemberg, Fustet Pierre Schoeffer. Celui-ci est le principal inventeur de l'art typographique; Guttemberg n'avait découvert que les caractères mobiles en bois: Schoeffer se servit de caractères de métal fondus dans des moules, et imagina les poinçons; alors, seulement, l'imprimerie fut un art.

Sa propagation fut rapide: des imprimeries s'établirent à Mayence, à Bamberg, à Strasbourg, à Harleim, en Italie, et si rapidement, qu'un grand nombre de villes se disputent aujourd'hui l'honneur d'avoir été le berceau de l'art. Les presses de Venise donnèrent, en 1469, le Pline de Jean de Spire, et en 1471, un Oribase. Elles devaient bientôt être portées, par les Manuce, au plus haut degré de célébrité. Milan vit paraître, en 1473, un Avicenne, réimprimé à Padoue en 1476, et à Naples, en 1491. Une Chirurgie de Guillaume de Salicet fut imprimée en 1475, et réimprimée

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