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et à tous les fidèles, la voie droite et sûre qui conduit à votre royaume éternel.

Car votre vie est notre voie; et par une sainte patience, nous marchons vers vous, qui êtes notre couronne.

Si vous ne nous aviez précédés et instruits, qui songerait à vous suivre ?

Hélas! combien resteraient en arrière, et bien loin, s'ils n'avaient sous les yeux vos sacrés exemples !

Après tant de miracles et d'instructions, nous sommes encore tièdes! que serait-ce si tant de lumière ne nous guidait sur vos traces?

RÉFLEXION.

La vie de l'homme sur la terre est pleine de douleur, de misère, de souffrances; qui ne le sait? Nous sommes visiblement punis, et comme la justice qui nous châtie est toute-puissante, nul moyen d'échapper au châtiment. Or, en cet état, la sagesse humaine n'a vu que le choix entre deux partis: ou de se raidir contre la nature et de nier le supplice, ou d'y chercher une distraction dans la volupté. Elle a demandé le bonheur à l'orgueil et aux sens, et, trompée dans ses espérances, elle s'est voilée la tête, en disant: Il n'y a point de remède. Le monde en était là, quand tout à coup une voix s'élève : Heureux ceux qui pleurent ! Les peuples écoutent et s'étonnent; queique chose de nouveau se remue en eux; ils comprennent, ils goûtent la joie des larmes, et du haut de la croix où l'homme de douleurs 2 est attaché, un fleuve inépuisable de consolations inconnues coule sur le genre humain. La vie a perdu sa tristesse, depuis que, baigné d'une sueur de sang, et dans les transes de l'ago2 Is., LIII, 3.

1 Matth., v. 5.

nie, Jésus s'est écrié : Mon âme est triste jusqu'à sa mort 1. Elle n'a plus assez de souffrances pour le repentir qui les cherche, pour l'amour qui les désire et

s'y complaît. Qu'est-ce donc que cette merveille? Fils du Dieu vivant, c'est que votre lumière a éclairé le monde, et que votre grâce l'a touché; c'est que l'homme, sorti de sa voie, l'a retrouvée en vous qui étes la voie, la vérité et la vie 2; c'est qu'il a couçu qu'après le péché, le seul bien qui reste est l'expiation, et il a dit en regardant la croix: Ou souffrir, ou mourir! Victime sainte, Agneau de Dieu qui ôtez le péché du monde, donnez-moi de souffrir avec vous, et de mourir en unissant mes dernières souffrances à celles qui nous ont rouvert le ciel que le péché nous avait fermé !

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CHAPITRE XIX.

De la souffrance des injures et de la véritable patience.

1. J.-C. Pourquoi ces paroles, mon fils? cessez de vous plaindre, en considérant mes souffrances et celles des Saints.

Vous n'avez pas encore résisté jusqu'au

sang 4.

Ce que vous souffrez est peu en comparaison de ce qu'ont souffert tant d'autres, qui ont été éprouvés et exercés par de si fortes tentations, par des tribulations si pesantes. Rappelez donc à votre esprit les peines ex• Ibid.,

1

1,

Marc., XIV, 34. 2 Joann., XIV, 6. 29. Heb., XII, 4.

trêmes des autres, afin d'en supporter paisiblenient de plus légères.

Que si elles ne vous paraissent pas légères, prenez garde que cela ne vienne de votre impatience.

Cependant, grandes ou petites, efforcezvous de les souffrir patiemment.

2. Plus vous vous disposez à souffrir, plus vous montrez de sagesse et acquérez de mérites. La fermé résolution et l'habitude de souffrir vous rendront même la souffrance moins dure.

Ne dites pas Je ne puis supporter cela d'un tel homme ce sont des offenses qu'on n'endure point. Il m'a fait un très-grand tort, et il me reproche des choses auxquelles je n'ai jamais pensé mais d'un autre je le souffrirai avec moins de peine, et comme je croirai devoir le souffrir.

Ce discours est insensé : car, au lieu de considérer la vertu de patience, et ce qui doit la couronner, c'est regarder seulement à l'injure et à la personne de qui on l'a reçue.

3. Celui-là n'a pas la vraie patience, qui ne veut souffrir qu'autant qu'il lui plaît, et de qui il lui plaît.

L'homme vraiment patient n'examine point qui l'éprouve, si c'est son supérieur, son égal ou son inférieur, un homme de bien ou un méchant.

Mais, indifférent sur les créatures, il reçoit de la main de Dieu, avec reconnaissance, et

aussi souvent qu'il le veut, tout ce qui lui ar rive de contraire, et l'estime un grand gain. Car Dieu ne laissera sans récompense aucune peine, même la plus légère, qu'on aura soufferte pour lui.

4. Soyez donc prêt au combat, si vous voulez remporter la victoire.

On ne peut obtenir sans combat la couronne de la patience; et refuser de combattre, c'est refuser d'être couronné.

Si vous désirez la couronne combattez courageusement, souffrez avec patience. On ne parvient pas au repos sans travail, ni sans combat à la victoire.

5. LE F. Seigneur, que ce qui paraît impos sible à la nature me devienne possible par votre grâce!

J'ai, vous le savez, peu de force pour souffrir; la moindre adversité m'abat aussitôt. Faites que j'aime, que je désire d'être exercé, affligé pour votre nom : car subir l'injure et souffrir pour vous est très-salutaire à mon âme.

RÉFLEXION.

Si nous avons souvent à souffrir du prochain, il n'a pas moins à souffrir de nous; et c'est pourquoi l'Apôtre dit: Portez le fardeau les uns des autres, et ainsi vous accomplirez la loi de Jésus-Christ1. Mais je vous entends, il y a des choses qu'il est dur, dites-vous, et difficile de supporter. Eh bien! votre mérite en sera plus grand. La grâce ne nous est donnée que pour cela,

1 Galat., VI, 2.

pour que vous fassiez avec elle ce qui serait impossible à la nature seule. D'ailleurs que vous arrive-t-il que Dieu n'ait prévu, que Dieu n'ait voulu? La patience n'est donc qu'une soumission douce et calme à ce qu'il ordonne, et sans elle nous vivons dans un trouble perpétuel; car qui a résisté à Dieu, et a eu la paix ? Et combien ne faut-il pas qu'il soit luimême patient avec vous? Descendez dans votre conscience, et répondez. N'a-t-il rien à supporter de vous, rien à vous pardonner? Oui, le Seigneur est patient et rempli de miséricorde 2. Soyons donc aussi patients envers tous 3. L'homme patient vaut mieux que l'homme fort, et celui qui domine son âme, mieux que celui qui réduit des villes. Je me suis tu, disait David en prophétisant les souffrances du Christ, je me suis tu, et je n'ai point ouvert la bouche ; et un autre prophète Il s'est tu comme l'agneau devant celui qui le tond. Qui oserait après cela murmurer, s'irriter, rendre offense pour offense? O Jésus! soyez notre modèle. Vous nous avez appris à dire à Dieu: Remettez-nous nos dettes, comme nous les remettons à ceux qui nous doivent 7. Voilà ce que nous demandons chaque jour, ce que chaque jour nous promettons; et malheur à celui dont la prière sera trouvée menteuse!

CHAPITRE XX.

De l'aveu de son infirmité et des misères de cette vie.

1. LE F. Je confesserai contre moi mon injustice Je vous confesserai, Seigneur, mon

infirmité.

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