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M. DE CAUMARTIN se trouvant à Rue le 5 juin 1634, pour sa visite pastorale, le curé, le maire et les échevins le prièrent de leur procurer quelques parties des reliques de Saint Vulfy, anciennement curé de cette ville, et devenu son patron. Le corps du Saint avait été déposé par les habitants de Rue, depuis deux cents ans, dans le monastère de Saint-Sauve de Montreuil, pour le mettre à l'abri des ravages de la guerre.

Le prélat s'étant rendu, le 7 juin, à Montreuil, obtint facilement l'agrément de tous les religieux de SaintSauve, pour extraire quelques reliques de la châsse qui renfermait le corps du Saint, et pour satisfaire le désir du clergé et des magistrats de Rue. Comme il s'occupait

de ce soin avec toutes les cérémonies et formalités requises en pareil cas, le tocsin sonne, un attroupement de plus de deux mille personnes armées se forme à la porte de l'église, et envahit bientôt le lieu saint et la sacristie où était le prélat, en poussant des cris furieux, et se plaignant que leur évêque voulait enlever une relique qu'ils tenaient de la libéralité d'un comte de Ponthieu. Le tumulte allait toujours en augmentant; ces forcenés, armés de lances et de fusils, entourent le prélat encore revêtu de ses habits pontificaux, le frappent, le terrassent et le couchent en joue. On le relève, on l'emporte dans la cellule d'un religieux; on l'y poursuit, on brise les portes et les vitres, et ce n'est qu'avec peine qu'il échappe à ces furieux, protégé par des magistrats et des officiers qui le défendent au péril de leur vie. Il trouve un asile dans un appartement secret du monastère, où, après cinq heures d'angoisses, et à neuf heures du soir, un commandant, suivi d'un fort détachement de soldats, peut venir le prendre et le conduire à la citadelle, d'où il sort le lendemain par une issue secrète.

Arrivé à Amiens, le prélat lança, le 25 juin, un interdit général sur toute la ville, et le 29, il instruisit le pape Urbain VIII de toute cette affaire.

Le 28 juillet, sur la demande du maire et des échevins de Montreuil, de lever l'interdit, le prélat le suspendit seulement jusqu'au mois de janvier suivant; cette suspense fut ensuite prorogée successivement aux 14 juin, 15 juillet, 15 août, 8 septembre et 30 septembre 1635, afin, disait le prélat, de donner aux coupables le temps de satisfaire à l'Église, et pour ne pas priver les

innocents du bienfait du saint Sacrifice et des Sacrements.

M. de Caumartin, pendant cet intervalle, avait déféré la cause à l'assemblée générale du clergé, qui se tenait à Paris, et où il siégeait.

A la méme époque, le lieutenant-général, le maire, les échevins de Montreuil, le sieur Hurtel, procureur du roi, présentèrent requête en cour, pour faire lever l'interdit; mais le roi voulant punir les coupables, envoya à Montreuil M. de Miromesnil, maître des requêtes, en qualité de commissaire spécial, pour informer de toute l'affaire, et en juger avec le présidial d'Abbeville. Le 23 août, ils rendirent une sentence condamnant six habitants de la ville à être pendus en effigie, deux autres à être bannis pour cinq ans, cinq autres pour trois ans, quatorze pour un an; plusieurs autres furent condamnés à certaines amendes. Mais le prélat demanda leur grâce, et obtint que les peines fussent commuées en une amende générale de seize cents livres, pour être distribuées aux pauvres, selon ses ordres. L'interdit fut levé par une sentence du 20 septembre.

Toutes les pièces relatives à cette affaire ont été imprimées in-4°, à Paris, sous ce titre : Acta Monstroliensis interdicti, ad Urbanum VIII. Pont. Max. Lutetiæ. 1636 (1).

Ce recueil contient les pièces suivantes :

1. Acta tumultus Monstroliensis. (Procès-verbal.) 2. Interdictum oppidi Monstrolii.

(1) Bibliothèques d'Amiens et d'Abbeville

3. Epistola D. Episcopi Ambianensis ad Urbanum VIII, Pontificem Maximum.

4. Suspensio interdicti.

5. Prima prorogatio suspensionis.
6. Secunda prorogatio suspensionis.

7. Tertia prorogatio suspensionis.

8. Decretum Comitiorum generalium Cleri Gallicani. 1635.

9. Quarta prorogatio suspensionis. 10. Quinta prorogatio suspensionis.

11. Diploma regium condonati criminis.

12. Libellus supplex oblatus D. Episcopo Ambianensium, nomine civium Monstroliensium.

13. Decretum D. Episcopi Ambian. de remittenda cessatione sacrorum et Interdicto solvendo.

14. Acta R. D. Coadjutoris et successoris archiepiscopi Turonensis in expiatione et satisfactione civium Monstroliensium.

15. Acta reserationis capsa sacrarum reliquiarum S. Vulflagii.

16. Acta translationis reliquiarum S. Vulflagii in parochialem ecclesiam oppidi Ruæ.

17. Acta translationis reliquiarum S. Vulflagii in ecclesiam Beatæ Mariæ Ambianensis.

Nous nous contenterons d'imprimer ici quelques-uns de ces documents. Ils suffisent pour constater et expliquer la discipline ecclésiastique sur ce point de droit canonique.

ACTE D'INTERDIT.

FRANCISCUS Dei et sanctæ Sedis Apostolicæ gratia, Episcopus Ambianensis. Cùm die vira. mensis hujus, à plebe Monstroliensi, in Templo quod S. Salvii dicitur, nobis et presbyteris qui in nostro comitatu erant, nefaria vis illata sit; eoque die seditiosum vulgus, hora post meridiem quarta, vel circiter, sclopis, catapultis, ferro et hastis armatum, nos à Confirmationis sacramento recentes, quod duobus hominum millibus, et eo plus contuleramus, nec dum planè sacris vestibus exutos ferociter invaserit, et omni contumelia genere ac verborum atrocitate vexarit, pugnisque et fustibus scloporum et catapultarum proturbarit et afflixerit, quorum crebris ictibus in renes, stomachum, pectus, et collum impactis, spiritus nobis sit elisus, et nos aversi in obvios semianimes ceciderimus. Quæ res primùm in sacrario, tum in ejus Ecclesiæ choro perpetrata est, ubi nos mille ac ducenti et eo plus homines armati circumsteterunt. Inde in area Monasterii S. Salvii, in quam eodem impetu detrusi fuimus, et ab alio majore globo armatorum excepti, dejerantibus illis, et sacrosanctum Dei nomen blasphemantibus, ac TOLLE, TOLLE, sæpius inclamantibus; tum in cubiculo Domni Andreæ de la Motte Monachi, cujus perruptæ fores, et vitrea saxis et hastis confracta; inde in altera. parte areæ, ubi plures occurrerunt quàm antea armis, et animis sævientes, ex quibus decem, aut duodecim in Magistrum Nicolaum Fabrum Eleemosynarium nostrum irruerunt, eumque à nostro latere abreptum solo afflixerunt, multisque ictibus percusserunt. Cumque parum haberent in nos tam nefariè sævire, Presbyteros qui in nostro comitatu erant Magistros Matthæum Guillovium nobis ab Eleemosynis, et Ecclesiæ Ambianensis Canonicum, Carolum Picardum, ejusdem Ecclesiæ Canonicum, Ludovicum Bellobosium Ruensem Decanum, Nicolaum Allardum Decanum et Parochum Ecclesiæ Collegiatæ S. Firmini Monstroliensis, ac præterea Joannem Magnum in oppido Ruensi Procuratorem Regium, indignis modis itidem habuerunt, sclopis, catapultis et hastis truserunt, percusserunt, et ad ictum sæpe designarunt. Eoque ventum impietatis ac furoris, ut de manibus prædicti Guillovii pyxidem, qua sanctum Chrisma gestabat, excusserint, unde Chrismatis illius aliquantum effusum sit vittasque ex eorum frontibus qui confirmati fuerant detraxerint, atque conculcarint, sacrosanctum Dei nomen horrendis blasphemiis identidem profa

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