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nôtres, et à des généraux aussi expérimentés et aussi dévoués que l'étaient à cette époque ceux qui les commandaient; théorie que nos ennemis n'ont pu comprendre et mettre à exécution que fort tard et fort imparfaitement; qui nous a valu la plupart de nos triomphes, parce qu'elle est éminemment appropriée au génie de la nation française, qui depuis en a fait de si heureuses applications; de la découverte de laquelle plusieurs généraux ont réclamé l'honneur, lorsqu'ils auraient pu se contenter de celui, déjà assez brillant, de l'exécution. Tant d'inventeurs à la fois, qui tous recevaient des ordres et des instructions du même homme, annoncent suffisamment quel fut réellement cet inventeur (10); mais Carnot sorti du comité de salut public et plus tard du directoire, où s'était renouvelée pour la France une seconde ère de victoires, n'était plus qu'un simple particulier; comment aurait-il pu lutter alors contre des généraux qui avaient rendu d'immenses services et

qui se trouvaient encore à la tête des armées? Les faits seuls parlaient pour lui; mais ne parlaient-ils pas aussi pour Christophe Colomb, lorsqu'on décora le nouveau monde du nom d'Améric Vespuce?.... La gloire de Colomb en sera-t-elle obscurcie dans la postérité ? non! elle ne fera, au contraire, que grandir par les persécutions auxquelles fut en butte cet homme célèbre, et l'univers entier lui rend, depuis long-temps, l'éclatante justice qui lui est due.

« Dès l'ouverture de la campagne (dit » Carnot, dans son rapport sur la reprise. » des quatre places), le comité de salut pu»blic avait senti la nécessité de s'écarter,

dans le cours de cette guerre, des routes »usitées..... Il résolut donc, au lieu d'atta» quer l'ennemi dans la tronée qu'il avait

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faite, de se porter sur ses deux flancs, de » le cerner, de lui couper ses communica>>tions, et de le réduire enfin à l'option ou >> d'abandonner le territoire envahi, ou d'y >> rester lui-même enfermé et d'y périr.

» C'est ce plan, suivi avec persévérance par » le comité, exécuté avec autant d'énergie >> que de talens par les généraux, con» sommé enfin par la ténacité et le courage >> incomparable des soldats de la république, qui a fait crouler en un moment » tout cet échafaudage de conquêtes... Co

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bourg nous vit tout-à-coup sur ses der-. rières, et il n'eut que le temps de se >>> retirer honteusement du labyrinthe où il s'était engagé.

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Rappelé à la défense de ses foyers, il espérait au moins nous faire consumer le » reste de la campagne sans événemens dé»cisifs....... Mais on lui préparait sur les >> bords de la Moselle un rassemblement de:

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cinquante mille braves, qui, recevant toutà-coup l'ordre de venir à travers les Ar» dennes, prendre en flanc l'armée ennemie, et conduits avec autant de bonheur }) que de sagesse, par Jourdan, rompirent » bientôt l'équilibre, et fixèrent la victoire » sur les bords de la Sambre et de la Meuse,

>> pendant que Pichegru la fixait de son côté » sur les bords de la Lys et de l'Escaut, par » six batailles sanglantes et autant de villes >> prises.

» Ces succès répondirent tellement aux » espérances du comité de salut public, >> que l'arrêté par lequel il avait déterminé » le plan de la campagne au commence» ment, a plutôt l'air d'une inspiration que >> d'un projet soumis aux hasards des com>> bats.......... >>

C'est cette manoeuvre habile que voulait renouveler Napoléon en 1814; après avoir arrêté long-temps l'ennemi entre la Seine et la Marne, il s'en éloigna, mais trop tard, pour couper ses lignes d'opérations : l'ennemi était alors trop près de la capitale où il savait qu'il trouverait des ressources immenses; si toutefois cette ville s'était défendue pendant quelque temps, comme on devait l'espérer, et qu'il n'y eût pas eu de défection parmi les troupes chargées de la protéger, il ne serait plus resté de ressour

ces à l'ennemi que dans son désespoir, et il est à croire qu'au lieu d'entrer à Paris en triomphateur, il eût perdu entièrement son armée sous ses murs.

Une semblable manoeuvre est décisive, mais il faut que, comme le furent celles du comité de salut public, elle soit habilement calculée.

Une des institutions les plus importantes des temps modernes fut, sans contredit, celle de l'École polytechnique, à la création de laquelle Carnot eut la plus grande part, tant comme savant que comme membre du comité de salut public. Cette école, établie sur le plan le plus vaste et le mieux conçu, eut pour professeurs, dans tous les genres, les savans les plus distingués; aussi développa-t-elle, dès sa naissance, l'enfance d'Hercule! Aujourd'hui nos chaires, nos armées, nos manufactures sont peuplées d'une foule de sujets distingués qui y ont achevé leur éducation. Si la première idée de cet établissement, qui est revendiquée par plusieurs,

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