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posset maximus Pontifex, hac via sublatum vel valde imminutum iri magnum hoc schisma Occidentis; alia autem via, nihil tale cum ratione sperari facile posse eo posito, ad hoc inclinat animus ut putem integras nationes protestantium, quæ agnoscere iterum vellent totam hierarchiam romanæ catholicæ et apostolicæ Ecclesiæ, posse, retentis quibusdam opinionibus suis erroneis, in communionem recipi, si sancte pollicerentur illi sese et suas sententias futuræ legitimæ concilii œcumenici definitioni submissas fore. Ut ad hoc judicium inclinem, hanc causam habeo quod, ubi de salute animarum procuranda agitur, omnia puto posse Pontificem maximum, quæ non sunt contraria juri naturali et divino indispensabili : itaque, donec exsistat aliquis qui nobis contrarium demonstret, potius Pontificis potestati favebo, præsertim ubi salutaris ejus usus est, quam eam sine ratione cogente coarctabo. Deinde considero in sanctis quibusdam patribus non paucos fuisse errores qui hodie pro hæresibus merito habentur, in ipsis tamen hæreses non fuisse, quia nondum tunc contrarium ab Ecclesia erat definitum. Sic quartadecimani quidam Asiæ rebaptisatores hæreticorum in Africa fuere viri sancti, atque inter hos et Cyprianus, ut alios taceam. Sed qui post concilium Nicænum talia defendebant hæretici erant : scilicet non sententia sed pervicacia hæreticum facit. Porro, ut quis pro pervicace et hæretico habeatur, non tantum necesse est ut contraria sententia sit definita ab Ecclesia, sed etiam ut de definitione ipsa constet, vel debito studio adhibito constiturum sit. Itaque cardinalis Bellarminus, etsi notet in ultimo concilio Lateranensi definitam esse supe

rioritatem Pontificis, non ideo tamen Gallos aliosque Basileense concilium sequentes censet hæreticos, quia fatetur dubitare illos utrum vere œcumenicum sit illud Lateranense. Vicissim Galli non condemnant hæreseos Romanam curiam, quia sciunt in ea Basileensis concilii auctoritatem post dissidium inter ipsum et papam Eugenium non admitti, et similis œconomiæ exempla alia ex historia ecclesiastica proferri possent. Itaque censeo protestantes esse in errore qui pro rerum et animorum statu nunc sit invincibilis, et quidem circa quæstionem facti de auctotoritate œcumenica ejus concilii in specie, cujus definitioni stare nolunt; Ecclesiæ autem catholicæ et conciliorum indubitatorum auctoritatem admittere, et principia illa agnoscere, quorum ope res in futuro concilio terminari possit, et adeò de reliquo ad submissionem et obedientiam esse paratos; atque ita spem esse maximam tali condescensu posse vel plane tolli vel admodum imminui tam grave et lamentabile vulnus Ecclesiæ: censeo Pontificem maximum omnibus rite præparatis nationes vel provincias ita sentientes in gremium Ecclesiæ recipere posse, cum magnum sit animarum lucrum, damnum autem valde incertum vel nullum. Qualibus autem præparationibus opus sit, judicabunt viri prudentes, nec dubito ipsum reverendissimum et illustrissimum hominem multa in eam rem sapienter attulisse. Hæc habui nunc quidem, quæ de re gravissima dicerem, salvo in omnibus prudentiorum et super omnia ipsius sanctæ romanæ et apostolicæ Ecclesiæ judicio, cui mea libens submitto.

FINIS.

XII

LEIBNIZ A BOSSUET (1).

Revu et complété d'après l'original autographe et en partie inédit de la bibliothèque royale de Hanovre.

A Hanovre, ce 12 juillet 1694.

Monseigneur,

Vostre dernière a faict revivre nos espérances. M. l'abbé de Loccum travaille fort et ferme à une espèce de liquidation des controverses qu'il y a entre Rome et Augsbourg, et il le fait par ordre de l'empereur. Mais il a affaire à des gens qui demeurent d'accord du grand principe de la réunion, qui est la base de toute la négotiation; et c'est sur cela qu'une convocation de nos théologiens avoit faict solennellement et authentiquement ce pas que vous sçavez, qui est le plus grand qu'on ait faict depuis la réforme. Voicy l'eschantillon de quelques articles de cette liquidation, que je vous envoye, Monseigneur, de sa part. Il y en a jusqu'à cinquante qui sont déjà prests. Ce qu'il avoit projeté sur vostre excellent escrit entre maintenant dans sa liquidation, qui luy a faict prendre les choses de plus haut, et les traicter plus à fond; ce qui servira aussi à vous donner plus de satisfaction un jour. Cependant je vous envoye aussi la préface de ce qu'il vous destinoit dès lors, et des pas

(1) Les éditeurs de Bossuet regrettaient qu'on n'eût point la lettre de M. de Meaux, à laquelle répond Leibniz. Cette lacune est comblée; voir tome I, page 433.

sages où il s'expliquoit à l'esgard du concile de Trente; et rien ne l'a arresté que la difficulté qu'il voyoit naistre chez vous sur ce concile, jugeant que, si l'on vouloit s'y attacher, ce seroit travailler sans fruict et sans espérance, et mesme se faire tort de nostre costé et s'éloigner des mesures prises dans la convocation et du fondement qu'on y a jeté. Il espère tousjours de vous une déclaration sur ce grand principe, qui le mette en estat de se joindre à vous dans ce grand et pieux dessein de la réunion, avec cette ouverture de cœur qui est nécessaire. Il me presse fort là dessus, et il est le plus estonné du monde de voir qu'on y fait difficulté; ceux qui ont faict la proposition de vostre costé, et qui ont faict naistre la négociation, ayant débuté par cette condescendance et ayant très-bien reconnu que, sans cela, il n'y auroit pas moyen d'entrer seulement en négotiation.

Le grand article qu'on accorde de nostre costé est qu'on se sousmette aux conciles œcuméniques et à l'unité hiérarchique; et le grand article réciproque qu'on attend de vostre costé est que vous ne prétendiez pas que, pour venir à la réunion, nous devions reconnoistre le concile de Trente pour œcuménique, ny ses procédures pour légitimes. Sans cela, M. de Molanus croit qu'il ne faut pas seulement songer à traicter, et que les théologiens de ce pays n'auroient pas donné leur déclaration; et qu'ainsi luy-mesme ne peut guère avancer non plus, de peur de s'escarter des principes de cette convocation, où il a eu tant de part. Il s'agit de sçavoir si Rome, en cas de disposition favorable à la réunion, et supposé qu'il ne restast que cela à faire, ne pourroit pas accorder aux peu

ples du nord de l'Europe, à l'esgard du concile de Trente, ce que l'Italie et la France s'accordent mutuellement sur les conciles de Constance, de Basle et sur le dernier de Latran, et ce que le pape avec le concile de Basle ont accordé aux Estats de Bohême, sub utraque, à l'esgard des décisions de Constance. Il me semble, Monseigneur, que vous ne sçauriez nier, in thesi, que la chose soit possible ou licite. Mais si les affaires sont déjà assez disposées in hypothesi, c'est une autre question. Cependant il faut tousjours commencer par le commencement, et convenir des principes, afin de pouvoir travailler sincèrement et

utilement.

Puisque vous demandez, Monseigneur, où j'ay trouvé l'acte en forme, passé entre les députés du concile de Basle et les Bohémiens, par lequel ceux-cy doivent estre receus dans l'Église sans estre obligés de se sousmettre aux décisions du concile de Constance, je vous diray que c'est chez un autheur très catholique que je l'ay trouvé, sçavoir, dans les Miscellanea Bohemica du révérend P. Balbinus, jésuite des plus sçavans de son ordre pour l'histoire, qui a enrichy ce grand ouvrage de beaucoup de pièces authentiques tirées des archives du royaume, dont il a eu l'entrée. Il n'est mort que depuis peu. Il donne aussi la lettre du pape Eugène, qui est une espèce de gratulation sur cet accord; car le pape et le concile n'avoient pas rompu alors (1).

(1) Les éditeurs de Bossuet avouent la suppression en ces termes :« On n'a point imprimé la suite de cette lettre, qui traite de la dynamique, parce que cette matière, sur laquelle Leibniz avait des idées particulières, ne regarde point le projet de conciliation. (Éd, de Paris).»

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