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fines sondes œsophagiennes, une ampoule de caoutchouc à parois minces, et pousser ces sondes jusque dans l'estomac.

Nous avons introduit des sondes semblables dans le rectum; mais les tracés obtenus par ce procédé montrent des courbes à amplitude très petite. On obtient des graphiques plus manifestes en insufflant assez fortement une grande ampoule ou un condome introduit dans le rectum, et en reliant ces appareils à un manomètre à eau. Le liquide de celui-ci oppose une résistance à la sortie de l'air en dehors de la poche de caoutchouc ou de baudruche, et la colonne d'eau transmet fidèlement au tambour enregistreur les variations de pression intrarectale. C'est même, pour ainsi dire, le seul moyen d'obtenir des variations convenables de cette pression dans la position debout.

Dans la vessie saine, nous avons introduit des sondes molles de Nélaton, que nous reliions ensuite à un tube en U, lequel se remplissait d'urine, et celle-ci, parvenue au niveau que lui assignait la pression vésicale, subissait des oscillations respiratoires.

Il faut naturellement que la vessie soit suffisamment pleine pour que ces procédés réussissent.

Nous avons généralement enregistré la respiration thoracique en appliquant le pneumographe de Knoll sur la partie moyenne et antérieure du thorax, le plus souvent à droite, pour éviter le tracé cardiaque. Nous avons aussi introduit dans une narine un bouchon percé d'un orifice par lequel passait un tube en rapport avec le tambour, la bouche étant fermée; mais ce procédé est moins rigoureux que le premier.

Le rectum se prête assez bien aux observations prises pendant la narcose chloroformique. Nous avons enfin donné à nos sujets diverses attitudes: ils étaient couchés, assis, debout, etc.

A. Expériences chez les individus sains 1.

Chez l'homme (la femme ou l'enfant) dont les parois abdominales sont relâchées (décubitus dorsal ou latéral, état de veille, de sommeil naturel ou de narcose chloroformique), le

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FIG. 2.-Courbe de pression abdominale (sonde gastrique) et courbe du pneumographe prises chez un homme dans le décubitus dorsal.

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FIG. 3. Courbe de pression abdominale (sonde rectale) et courbe du pneumographe recueillies chez une femme de 19 1, ans, portant corset depuis l'âge de 14 ans.

FIG. .-Courbe de pression abdominale (sonde vésicale) et courbe du pneumographe recueillies chez un homme dans le décubitus dorsal.

Nous entendons par là les sujets qui n'ont rien d'anormal, ni du côté du thorax, ni du côté de l'abdomen. C'est donc dans le service de chirurgie que nous les avons surtout recrutés. Nos expériences étaient d'ailleurs inoffensives, et les tracés que nous avons recueillis pendant le sommeil chloroformique étaient pris lors d'une opération quelconque.

TOME XLVII.

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contenu de la vessie, celui de l'estomac et du rectum présentent des variations de pression isochrones avec les mouvements respiratoires. La pression augmente pendant toute la durée de l'inspiration; elle diminue pendant l'expiration. Le milieu abdominal se trouve donc soumis, par le fait de la respiration, à des oscillations périodiques de pression exactement inverses de celles du milieu thoracique (voir fig. 1 à 4).

La coïncidence des courbes de pression thoracique et abdominale est surtout exacte dans le sommeil chloroformique. Chez l'individu éveillé, il y a souvent un léger retard de l'ascension inspiratoire de la pression abdominale sur le soulè vement des côtes et le mouvement de dilatation du thorax qu'inscrit le pneumographe. Ce retard semble dépendre d'un 'retard de la contraction du diaphragme.

Dès que les parois abdominales se tendent, comme c'est le

Some gastrique

Hoimme debout

FIG. 5.-Courbe de pression abdominale (sonde gastrique) et courbe du pneumograpie recueillies chez un homme dans la station verticale.

'cas dans la station debout et, jusqu'à un certain point, dans la position génu-pectorale et chez le sujet assis, la courbe respiratoire de la pression abdominale se modifie. L'inspiration est toujours marquée par une augmentation graduelle de la pression abdominale; mais l'expiration, après avoir amené d'abord une diminution de pression, nous montre ensuite un relèvement momentané de la courbe qui précède la chute finale de pression.

L'expiration semble se faire en trois fois d'abord passivement (chute initiale), puis activement (relèvement momentané de la courbe), puis passivement (voir fig. 5).

La figure schématique suivante (fig. 1) nous montre l'influence de l'attitude du sujet sur la courbe des variations de pression respiratoire du milieu abdominal.

B. Observations cliniques.

Le hasard à mis entre nos mains quelques cas cliniques très favorables à l'étude de la pression abdominale.

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Observation 1. Kyste rétrorectal du petit bassin, ouvert après excision du coccyx et de l'extrémité du sacrum, et ayant laissé écouler un demi-litre d'un liquide brun, transparent. Le kyste, à l'époque où nous fimes nos expériences, communiquait avec l'extérieur par une fistule circulaire de quelques millimètres de diamètre. Ce pertuis permettait l'introduction d'un drain établissant la communication hermétique avec un

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FIG 6. Pression abdominale prise dans un kyste rétrorectal et courbe respiratoire. Homme dans le décubitus latéral.

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FIG. 7. - Mémes tracés que dans la figure 6. L'homme est debout.

tambour à levier, soit directement (transmission par l'air), soit avec interposition d'un tube en U, contenant de l'eau phéniquée (le kyste étant également, dans ce cas, rempli d'eau phéniquée). Ce malade fournit des tracés respiratoires de la pression abdominale entièrement conformes à ceux recueillis chez l'homme sain antagonisme rigoureux des variations de pression abdominale et thoracique dans ce décubitus dorsal (fig. 6). Ondulation positive du tracé abdominal à la fin de l'expiration, dans les positions génu-pectorale, assise ou debout (fig. 7).

Observation II. - Discision de la moelle (reconnue à l'autopsie), produite par une fracture de la colonne vertébrale entre la onzième et la douzième vertèbre dorsale. Paralysie de la presse abdominale. Inscription de la pression abdominale au moyen d'une sonde introduite dans la vessie distendue et paralysée. Décubitus dorsal. Antagonisme rigoureux des variations respiratoires de la pression abdominale et de la pression thoracique (fig. 8).

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FIG. 8. — Courbe de pression ɑbúominale et courbe du pneumographe chez un patient à moelle épinière déchirée en travers.

Observation III. - Cirrhose hépatique. Ascite. Expériences faites au cours d'une ponction pratiquée dans le but d'évacuer le contenu liquide de l'abdomen. La canule du trocart est reliée, avec interposition d'un tube en U, au tambour à levier de Marey. Décubitus dorsal. Tracés pris: a) au début de l'opération; b) vers le milieu; c) à la fin de l'évacuation. Les tracés a, b, c montrent tous trois l'élévation de la pression abdominale pendant l'inspiration, sa chute pendant l'expiration. L'amplitude des courbes diminue à mesure que le ventre se vide. Sur la courbe a se voit parfois une petite élévation de pression venant interrompre la chute expiratrice de la pression abdominale. Malgré le décubitus dorsal, la tension des parois abdominales fait donc sentir ses effets sur la courbe expiratrice de la pression abdominale.

Observation IV. Paralysie unilatérale du diaphragme par suite d'empyème pleural. Pression abdominale prise dans la vessie. Diminution de la pression ventrale à l'inspiration; augmentation de la pression à l'expiration. L'inversion des courbes

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