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2. Pression intra-abdominale prise chez le chien éveillé.
Influence de l'attitude.

Nous avons conservé en vie un chien auquel nous avions fait, secundum artem, l'opération de la fistule gastrique. Ce chien, complètement remis, nous a servi de nombreuses fois, et toujours nous avons eu la satisfaction de retrouver les mêmes résultats. Très docile, notre animal, porteur de sa fistule, restait tranquillement devant l'appareil enregistreur, sans liens, dans la position que nous lui donnions.

Nous introduisions, à travers la canule en argent qui maintenait l'estomac ouvert, une légère ampoule de caoutchouc (ou un condome), que nous insufflions et que nous reliions au tambour à levier, indirectement, par l'interposition d'un tube en U rempli à moitié d'eau.

Lorsque l'animal est sur le dos, non fixé, on voit nettement coïncider l'inspiration avec une augmentation de pression. intra-abdominale, tout comme chez l'animal fixé sur la gouttière et endormi. Il suffit de lier l'animal éveillé sur la gouttière, pour voir se dessiner dans la courbe abdominale une courbe secondaire à la fin de l'expiration, tout comme chez un animal fixé sur le dos et peu endormi. Il est possible aussi que la fixation des membres inférieurs entraîne, par suite d'une certaine tension de l'abdomen, cette courbe secondaire expiratoire.

Mais rendons au chien son attitude tout à fait physiologique. Mettons-le sur ses quatre pattes: alors les courbes des pressions intrastomacale et intrarectale (pression abdominale) semblent devenir irrégulières; analysons de plus près ces détails: nous verrons que l'expiration donne une ascension le plus souvent maximale de la pression abdominale, que l'inspiration amène une seconde ascension plus petite généralement, qui parfois cependant lui est égale et même supérieure. Le fait est que maintenant l'acte respiratoire complet se marque, du côté de la pression intra-abdominale, par une double évolution. Ce résultat reproduit bien ce que nous avons observé chez

l'homme dans la position assise, debout ou génu-pectorale; mais nous remarquerons que, tandis que dans l'espèce humaine. l'ascension inspiratoire est la plus forte, dans l'espèce canine, c'est ordinairement l'ascension expiratoire qui l'emporte sur la première. Cette courbe secondaire de la fin de l'expiration,

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FIG. 14. Pression abdominale et tracé du pneumographe recueillis chez un chien morphiné incomplètement anesthésié), attaché sur le dos A partir de C, on donne du chloroforme.

chez l'homme comme chez le chien, paraît être due à ce que les parois reviennent activement sur elles-mêmes à la fin de l'expiration, ou, si l'on veut, réagissent alors par une tension plus grande, et cela dans certaines attitudes telles que la masse viscérale vienne peser plus fortement sur ces parois.

3. Section de la moelle épinière, paralysan! les muscles
abdominaux.

Les observations que nous avons faites jusqu'à présent nous conduisent à la déduction très claire, que l'augmentation inspiratoire de la pression intra-abdominale est due à la contraction du diaphragme. Nous avons cru pouvoir admettre aussi que les irrégularités, ou les courbes secondaires expiratoires, qui apparaissaient dans le tracé de cette pression, dans certaines circonstances, devaient être rapportées à l'intervention plus ou moins grande des muscles de la presse abdominale pendant la phase expiratoire. Il nous a paru intéressant d'appeler à la sanction de ces conclusions certaines expériences, ayant d'une part le but d'établir une respiration pure

ment diaphragmatique, de l'autre celui d'annuler la contraction phrénique.

Chez l'homme, nous avons déjà pu utiliser un cas clinique heureux, où une fraction de la colonne avait produit une discision complète de la moelle, entre la onzième et la douzième vertèbre dorsale. Mais la paralysie musculaire de l'abdomen, qui en était résultée, n'avait amené, nous nous le rappelons, aucun changement dans le tracé abdominal, parce que, chez l'homme couché sur le dos, l'abdomen ne prend aucune part active à l'expiration.

Chez le chien, nous avons sectionné la moelle entre la sep

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FIG. 15. Pression abdominale et tracé respiratoire recueillis chez un chien à moelle coupée entre la septième vertèbre cervicale et la première dorsale.

tième vertèbre cervicale et la première dorsale, et nous avons pu observer que, là encore, les variations respiratoires de la pression intra-abdominale étaient peu influencées par la paralysie des muscles respiratoires thoraciques et abdominaux, qui résultait de cette opération. Seules, les courbes secondaires de l'expiration, obtenues dans certaines narcoses imparfaites, ne se montraient plus.

Après la section médullaire, le thorax ne se meut plus, si ce n'est dans ses parties inférieures, que soulève encore la portion marginale du diaphragme, à chaque inspiration. Le ventre

bombe plus pendant cette dernière que normalement. La méthode la plus exacte pour obtenir un tracé respiratoire dans ces conditions, consiste à faire respirer l'animal dans une grande bonbonne (50 litres), et à relier ce récipient à un tambour enregistreur. Dans le tracé, on voit bien la coïncidence et l'allure inverse des deux courbes.

4. Section des phréniques, paralysant le diaphragme.

Si les variations respiratoires de la pression intra-abdominale se font presque toujours dans le sens que nous avons indiqué, et si elles résultent vraiment de la contraction et du relâchement du diaphragme, une contre-épreuve s'impose. En amenant une paralysie complète de ce muscle, les varia

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FIG. 16. Courbe de pression abdominale et courbe du pneumographe recueillies chez un chien après section de la racine supérieure des deux nerfs phréniques.

tions de pression abdominale doivent, non seulement ne plus se faire dans le sens habituel, mais encore subir l'influence des variations de pression intra-thoracique. Nous avons vu que le diaphragme, fonctionnant sainement, oppose une barrière si forte à ces dernières variations, que celles-ci n'influencent

pour ainsi dire aucunement l'amplitude des oscillations respiratoires de la pression intra-abdominale; mais ce puissant muscle inspirateur devenu inerte, l'ampliation thoracique inspiratoire fait sentir facilement ses effets jusque dans l'abdomen; d'ailleurs, en cas de paralysie du diaphragme, les côtes, et surtout les côtes supérieures, se soulèvent davantage. Ces deux causes réunies, relâchement phrénique et respiration thoracique vicariante, justifient le renversement des courbes respiratoires de la pression intra-abdominale, que nous avons observé dans ces conditions: diminution à l'inspiration, par conséquent, et augmentation à l'expiration. Ce résultat, Duchenne, de Boulogne, nous l'avait fait pressentir, lorsqu'il

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FIG. 17.- Pression abdominale et courbe du pneumographe recueillies chez un chien après la section des racines supérieures et moyennes des deux nerfs phréniques.

disait que dans la paralysie du diaphragme, pendant l'inspiration, les hypocondres et l'épigastre sont déprimés, tandis que la poitrine se dilate; et qu'au contraire, pendant l'expiration, l'abdomen se soulève et la poitrine se resserre. Nous avons vu que l'expiration très active amène aussi ce renversement de la loi physiologique.

Cela se présentera encore s'il siège un obstacle à l'entrée de l'air dans les voies respiratoires supérieures, obstacle qui rend impossible, ou tout au moins très incomplète, la contraction du diaphragme, par suite de la pression négative très forte qui règne alors dans la cavité thoracique à l'inspiration, alors que le soulèvement des côtes peut encore avoir lieu par

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