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Chaligny, le fondeur du fameux cheval de bronze (1). Un autre monument était consacré à l'un des fils de Christophe, Georges-African de Bassompierre, frère du maréchal, † 1632. Il était représenté à genoux devant une croix, avec sa femme, Henriette de Tornielle, et le même Drouin était l'auteur de ces représentations. A côté du mausolée étaient deux petits génies de Bagard (2). A la clef de voûte étaient taillées les armes de Bassompierre, avec le bâton de maréchal; c'est en effet François de Bassompierre qui acheva cette chapelle, pour être fidèle aux vœux de ses parents (3).

Plus loin se succédaient les chapelles dans l'ordre suivant 1° la chapelle de la Nativité de Notre-Seigneur, de Saint-Étienne, premier martyr, et de tous les martyrs; elle appartenait aux familles de Lupcourt et d'Hoffelize; 2° la chapelle de Saint-Michel et de tous les Anges, qui appartenait à la famille Baillivy, seigneurs de Houdemont. Sur un pilier se trou

(1) D'après AULBERY, Vie de saint Sigisbert, sur la table du baldaquin se trouvait une troisième statue: « Et sur la susdite table, la statue agenouillée, en marbre blanc, de messire Jean de Bassompierre, seigneur de Removille, fils puisné dudit messire Christophle, qui mourut d'un coup de mousquet reçeu devant Ostende. » Cf. J. S. A. L., 1864, p. 185.

(2) Sur le pilier qui séparait cette chapelle Bassompierre en deux parties, on lisait l'épitaphe d'Antoine du Bois de Riocourt (mort le 1er octobre 1732) entourée de deux figures, la Sagesse et la Justice, par François Chassel. Voir l'épitaphe dans LIONNOIS, t. II, p. 296.

(3) La chapelle ne paraît avoir été achevée qu'en 1621 ou 1622. François de Bassompierre avait reçu mission de la terminer par testament de Louise de Radeval, reçu le 10 juin 1614 par le notaire Clément de Nancy.

SÉRIE VI, t. v, 1907

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vait l'épitaphe d'Orféo Galéani, qui a coordonné en un système unique les remparts de la Vieille-Ville de Nancy (1); 3o la chapelle de Saint-François de Paule et de tous les saints moines et ermites; 4° la chapelle de Sainte-Anne, des saintes veuves, de Sainte-MarieMadeleine et Sainte-Marthe. De ces deux chapelles les minimes avaient la libre disposition et y vendaient des places à diverses personnes; la dernière leur avait été cédée par la famille de Beauvau; 5° la chapelle des saints rois et de tous les saints docteurs elle appartenait aux deux familles Cueillet et Reboucher. Sur la tombe du président à mortier, Jean-Marie Cueillet, mort le 15 février 1724, François Chassel avait élevé un beau monument. Près du tombeau, une Justice placée sur un socle tenait d'une main une épée, de l'autre une balance, le coude gauche appuyé sur l'écu de la famille; à côté, un génie foulait aux pieds de gros volumes et des rouleaux de parchemin; il avait dans une main un miroir, dans l'autre un serpent.

Nous revenons sur nos pas, près du chœur, du côté de l'évangile, c'est-à-dire du côté gauche. Nous trouvons d'abord comme pendant à la chapelle Bassompierre la chapelle des Rennel, construite aux frais du duc Charles IV. Un autel dédié aux saints Pierre et Paul et à tous les apôtres se trouvait au fond du transept; il était surmonté d'un curieux tableau représentant la mort de la Vierge et que Lionnois attribue à Bellange. Aux murs étaient suspendues diverses

(1) Nous avons commenté ailleurs assez longuement cette épitaphe (Les Fortifications de Nancy dans les Annales de l'Est et du Nord, t. I, pp. 45-48).

épitaphes de membres des familles de Rennel et de l'Escut. Puis se succédaient les chapelles suivantes, disposées, du reste, de façon peu symétrique: 1° la chapelle fondée par la famille Cuny en l'année 1668. Elle portait leur écusson: de gueules, à trois cors de chasse d'argent, enguichés et liés d'azur, avec de nombreuses inscriptions funéraires; 2° la chapelle de la Très-Sainte-Trinité, de Saint-Claude et de SainteBarbe, dont les religieux avaient la disposition; 3° la chapelle de Notre-Dame du Rosaire ou de Bonsecours, qui appartenait à la famille Mathieu de Moulon. Sur la tombe du célèbre procureur général, Chassel avait élevé un superbe monument; on y voyait la même figure de la Justice que sur celle de Jean-Marie Cueillet, et à cette figure faisait pendant une Sagesse sous la forme d'une Minerve, le casque en tête, assise sur de gros volumes et en tenant un en mains (1) ; 4° la chapelle de Saint-Jean l'Évangéliste, de Saint-Charles Borromée et de tous les saints pontifes. C'était celle des Bourcier de Montureux; là reposait le premier président Jean-Léonard de Bourcier, mort le 3 sep

(1) Dans la nef, contre cette chapelle (M 1), ont été enterrés les Chaligny. Sur un cadre de bronze on voyait leur écu, de gueules, à deux canons d'or posés en sautoir, issant d'iceux un boulet de même, surmonté d'un casque et de ses lambrequins. On y lisait les épitaphes de Jean de Chaligny, maître fondeur, † le 23 mars 1615, à l'âge de quatre-vingt-six ans et de sa femme Sébastienne-Denis Rainbault; de Mlle Marie Bonnet, femme d'Antoine de Chaligny, † 29 août 1666; de Paul de Chaligny, fils des premiers, avocat en la cour de Nancy, † 14 janvier 1672; les épitaphes avaient été rédigées par Pierre de Chaligny, fils d'Antoine et de Marie Bonnet. Sur le registre H. 1055, on lit: << Pour M. Chaligny, maître fondeur où sont déjà inhumés ses père et mère. »

tembre 1726, l'une des figures les plus attachantes du début du dix-septième siècle. Le tombeau que Chassel lui éleva passa pour le chef-d'œuvre de cet artiste. Sur un sarcophage de pierre blanche était placée la statue du défunt, de grandeur naturelle, à genoux, revêtu de ses habits de magistrat; devant lui était posé son mortier et, derrière, une pyramide en marbre foncé, surmontée d'une urne, portait ses armes; 5° la chapelle de Sainte-Catherine, de Saint-Sébastien et de SaintNicolas; elle appartenait à la famille Lefebvre et là fut enterré, le 21 avril 1746, le procureur général de la Chambre des comptes; 6° à gauche de la porte d'entrée, la chapelle de Saint-Antoine, Saint-Roch et Sainte-Geneviève, qui appartenait à la famille Maillard (1).

Les morts ne reposaient pas seulement dans des chapelles; toute la nef contenait des caveaux funéraires. Elle était partagée en sections qui étaient vendues à diverses familles et constituait une véritable nécropole. Sur les caveaux étaient des inscriptions à moitié effacées et que Lionnois n'a reproduites qu'en partie. Nous avons aux archives départementales des registres renfermant les noms de tous ceux qui ont reposé dans l'église avec l'indication exacte du lieu de leur sépulture (2). Nous y relevons, par exemple,

(1) Cf. LIONNOIS, t. II, pp. 292-314, où l'on trouvera le texte des épitaphes. Nous avons rendu, ce nous semble, sa description plus précise à l'aide des trois registres, indiqués dans la note suivante.

(2) H. 1055, 1056 et 1057 (ces deux derniers registres avec un plan de l'église).

sur la place A 4, un peu en avant du chœur : « Cette place a été donnée à M. Lamour par acte capitulaire du 17 mars 1760 et ce en reconnaissance des bienfaits qu'il a faits à notre maison. Et le même jour de l'année susdite a été inhumée Mile Madeleine Michel, épouse de M. Lamour, avec droit. Sous la chaire, du côté gauche, a été inhumée Mile Anne Lamour, épouse du sieur Charles Georges, notaire royal, le 3 du présent mois de novembre 1762, avec droit. Le 21 juin 1771 a été inhumé en cette place M. Jean Lamour, serrurier du Roi, qui, de son vivant, nous a donné des marques de sa bienveillance (1). »

A l'ouest de l'église s'étendaient le cimetière des religieux et un jardin assez vaste; puis l'on atteignait la rue Saint-François. Aux termes des lettres patentes de Charles III du 2 janvier 1592, les minimes devaient construire sur cette voie et sur la rue Saint-Jean (Gambetta); mais ils avaient négligé de le faire. Sous Léopold, on les obligea d'accenser les terrains en bordure sur ces deux voies ou de faire bâtir. Ils préfé

(1) H. 1057. « Avec droit » signifie que la famille paya pour la sépulture. Cf. H. LEPAGE, Les Archives de Nancy, t. III, p. 98. Parmi les personnages enterrés aux Minimes que mentionne LEPAGE, o. c., t. III, pp. 323 et suivantes, nous relevons encore: 14 août 1732, Jean-Baptiste Cusson, imprimeur; 9 juillet 1733, d'Audiffret, envoyé du roi de France auprès de S. A. R. Les religieux eurent souvent, à cause de ces sépultures dans leur église, des conflits avec le curé de Saint-Sébastien. Le plus vif éclata, le 12 avril 1714, à l'occasion de l'enterrement d'une blanchisseuse, Claudette Laurette. Nous avons raconté cette scène, Histoire de Nancy, t. III, p. 342, note 2. Contrairement à ce que nous avons dit, il semble bien que le corps de Claudette Laurette resta aux Minimes. Cf. Abbé Eug. MARTIN, t. II, pp. 422-423.

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