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maris) Jacques de Saluce. Voilà une parenté bien établie entre les enfants de Renée de Savoye et de Jacques Paillard d'Urfé, et ceux de Jacques de Saluce et d'Anne de Savoye. Et c'est ainsi que ce beau manuscrit a pu passer, par héritage ou par don, dans le courant du XVIe siècle, de la maison de Saluce dans celle de d'Urfé. On lit, dans ce manuscrit, plusieurs pièces en français. (Y.)

Nous ajouterons à cette description très-exacte que le personnage agenouillé devant la Vierge après la miniature des quatre Evangélistes est positivement le portrait de la dame de Saluce, puisqu'elle porte au cou le collier de l'ordre de l'Annonciade fondé par les ducs de Savoie. D'ailleurs, par la finesse d'exécution de cette figure, on reconnaît que le peintre a reproduit avec un véritable scrupule les traits de cette dame, qui sont empreints de grâce et de naïveté. Il en est de même de sa pose, de son costume et de son air recueilli. Debout, derrière elle, deux moines dont la tête est nimbée, et portant chacun les livres de la dame de Saluce, sont aussi de véritables portraits. La partie du château que l'on aperçoit dans le fond de la miniature est très-probablement la représentation de sa demeure féodale. L'ensemble de cette miniature est d'un grand effet. Au verso du 23o feuillet on admirera une Vierge portant l'Enfant Jésus, pleine de sentiment et de grâce. Chacune des miniatures de ce splendide volume mériterait une longue description. Or donc, au double point de vue de l'art et de l'histoire, ce manuscrit est d'un intérêt capital et justifie une offre de 20,000 fr. qui en fut faite à M. Yemeniz, ainsi qu'il se plaît lui-même à le raconter.

70. LIVRE DE PRIÈRES, en flamand. In-, relié en bois, couvert de veau rouge estampé.

MANUSCRIT SUR VÉLIN TRÈS-FIN DU XV SIÈCLE, 8 grandes miniatures, et 8 petites comprises chacune dans une lettre initiale de grande dimension, 57 lettres initiales, accompagnées d'ornements en or et couleurs de toute la hauteur de la page. De ces 57 lettres, six représentent des personnages.

Ce beau manuscrit, de 300 feuillets du vélin le plus fin, est remarquable par le ton des couleurs, la délicatesse des ornements, et le caractère particulier du dessin. Chaque alinéa a une lettre initiale ornée de fleurs. Les pages qui portent les grandes miniatures, et les pages en regard, sont entourées d'ornements riches et variés. Les ornements des autres pages imitent des dessins de broderies. Le calendrier est en flamand. (Y.)

Ce manuscrit a appartenu à une grande famille flamande dont les armes, représentées dans les bordures, sont de gueules au cheval issant d'argent chargé en cœur d'une étoile à six rais de gueules. Sur une autre page les armoiries sont d'azur au chevron d'argent accompagnées en pointe d'une oie de même, becquée et membrée de gueules.

71. OFFICIUM B. MARIÆ VIRGINIS. Petit in-4, peau de truie, riches ornements à froid, fermoirs en métal

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oxydé, dans une boîte de peau de truie. (TrautzBauzonnet.)

PRÉCIEUX MANUSCRIT, de la fin du xve ou du commencement du XVIe siècle, de 120 feuillets, sur VÉLIN NOIR, en lettres courantes en argent, et capitales en or sur fond de couleur. Chaque feuillet est entouré d'une bordure en or représentant des fleurs et des oiseaux peints sur fond bleu.

Il est orné de quatorze grandes miniatures en or et couleurs, exécutées avec beaucoup d'art et une grande délicatesse. (Y.)

Il est à remarquer qu'on ne connaît aucun exemplaire de manuscrits sur VÉLIN NOIR; du reste, on comprend toutes les difficultés qu'a dû rencontrer le calligraphe du temps, ainsi que le miniaturiste, dans l'exécution de cet incroyable travail, qui peut être comparé avec celui des émaux de Limoges. Une particularité rare de ce manuscrit, c'est que tout le texte est entièrement écrit en lettres d'argent qui brillent d'un vif éclat sur le fond noir. On remarque sur le titre une fleur de lis s'épanouissant au milieu d'une couronne. 72. HORÆ B. MARIE VIRGINIS ad usum Romanum. In-32, mar. bleu, compart., doublé de mar. rouge à compart. (Simier.)

CHARMANT MANUSCRIT en lettres romaines SUR VÉLIN d'Italie, orné de 24 grandes miniatures et de 4 petites. Ces 24 grandes miniatures sont autant de tableaux de la Bible; le dessin et la peinture ne se ressentent en rien du gothique; c'est le goût d'Italie pur. Des encadrements variés d'architecture accompagnent ces tableaux. La date de 1539 se lit dans le second; on voit au troisième un écu parti des armes de la maison de Bourbon, et enfin à plusieurs autres une marguerite dans un écu. Il semblerait que ce manuscrit aurait été fait pour une princesse de la maison de Bourgogne, dont le nom serait celui de la fleur ci-dessus indiquée. (Y.)

Quoique les peintures et les ornements soient d'un goût italien, elles doivent cependant avoir été exécutées en France par des artistes français.

73. PRECES PIÆ, in-4, mar. jaune, à compartiments estampés, en creux et relief, fermoirs en cuivre gravé et doré, et fleurs de lis dans les compartiments.

PRÉCIEUX MANUSCRIT SUR VÉLIN, orné de quinze grandes miniatures, d'un calendrier et de riches encadrements.

Dans le volume, une longue description de ce manuscrit par M. Anatole de Montaiglon. (Y.)

Nous la reproduisons :

Ce manuscrit est au moins de deux époques. Le texte proprement dit en constitue la partie ancienne et a été écrit au xive siècle; l'ornementation se sent encore du goût du dessin du x1° siècle. Tout le reste de la décoration est d'une main plus moderne et d'une seule époque; les bordures, dont le parti primitif est une dégénérescence du goût des bordures des manuscrits du duc de Berry, donnent la part importante aux oiseaux et aux fruits; les parties architecturales des grandes miniatures ont les traces du goût nouveau de la première renaissance. C'est donc seulement dans la seconde partie du xve siècle, et probablement sous Louis XI, que le manuscrit a été achevé.

Des médaillons représentent les douze mois.

On y trouve quinze grandes miniatures:

1. Les quatre Evangélistes. Saint Matthieu regarde si sa plume est bonne; l'aigle de saint Jean tient son calemard.

2. Le Christ mort est étendu sur les genoux de la Vierge, au pied de la Croix. 3. L'Annonciation.

4. La rencontre de la Vierge et d'Élisabeth.

5. La crèche.

6. L'Annonciation aux bergers.

7. L'Adoration des rois. On peut remarquer la forme de l'oreiller dont la taie est lacée sur les côtés, comme celle du carreau sur lequel est assise la Vierge dans la seconde miniature.

8. La Présentation au temple.

9. La Fuite en Egypte. Une idole se brise sur le passage de Jésus-Christ. Au fond un guerrier, tout armé, parle à un moissonneur armé de sa faucille, et se découvrant devant son interlocuteur: c'est un homme envoyé par Hérode à leur poursuite.

10. Le Couronnement de la Vierge assise à côté de son fils. On peut remarquer le petit orgue portatif dont joue l'un des anges.

11. Le Crucifiement. Dans la bordure du bas les trois hommes sont les trois ribauds qui vont, après ou avant de l'avoir jouée aux dés, en venir aux mains pour savoir à qui appartiendra la robe sans couture.

12. La Descente du Saint-Esprit. Les deux apôtres sur le devant sont saint Jean et saint Pierre.

13. L'ange de la colère apparaissant à David agenouillé. Dans la bordure du bas la fontaine mystique.

14. Un enterrement entrant à l'église. Il faut remarquer le drap mortuaire bleu à étoiles d'or, ainsi que la croix d'or qui le partage, mais se garder d'y voir autre chose qu'une fantaisie du miniaturiste. Dans la bordure, la Mort, dans un cercueil, appelle un jeune homme, vêtu de chausses collantes, d'une cotte serrée à la taille, très-courte, et d'un chapeau rond. C'est le costume de Charles VII.

15. A la fin, en tête de prières françaises, la Vierge, assise sur un trône, est couronnée par deux anges. Au-dessus du trône trois chérubins bleus, dans une nuée glorieuse, chantent le Regina cœli lætare. La Vierge a la main sur son sein découvert, et l'Enfant Jésus se retourne vers un guerrier agenouillé. Celui-ci, tête nue et à cheveux courts, est en armure complète; son casque est à terre; la cotte, passée sur son armure, est d'azur semé de grands griffons d'or: ce sont ces armes que l'on retrouve sur une bordure antérieure.

Dans la seconde miniature, deux anges agenouillés, vêtus l'un d'azur, l'autre de gueules, supportent un écu d'azur à trois griffons bien ordonnés, c'est-à-dire posés deux et un. A gauche, et par conséquent à dextre de l'écu, est agenonillé un homme tète nue et en longue robe noire.

Malgré la différence de costume, c'est bien la même tête que celle de l'homme en armure de la dernière miniature. Dans aucun cas, d'ailleurs, ce ne peut être un ecclésiastique, car il ne se trouverait pas, comme il l'est, en pendant d'une femme vêtue de rouge, qui, selon l'usage bien connu de ce parallélisme constant, ne peut être que sa femme. Pailliot donne d'azur à trois griffons d'or comme les armes de Lucas d'Emencourt; mais il est peu probable qu'on doive le voir dans notre manuscrit, où les ornements de cette même bordure nous offrent un I qui se rapporte nécessairement au nom bien plus encore qu'au prénom du personnage représenté. De plus, comme la robe de la femme est rouge, aussi bien que celle de l'ange qui tient l'écu à senestre, il en faut conclure que ses armes étaient de gueules.

Quant aux bordures, qui ne sont pas toutes d'une égale finesse, et où l'on sent que le miniaturiste s'est lassé, on y remarque des rinceaux bleu et or, sur un fond de traits, à la plume, pointés d'or, et entremêlés de fleurs, de fruits, de fraises surtout et quelquefois d'oiseaux, qui sont en général mieux exécutés que le reste; ainsi les paons de la première et de la troisième miniature.

Quelques représentations sont bizarres; ainsi (3o miniature) l'espèce d'homme sauvage, armé d'une lance et d'un bouclier, qui attaque une sorte d'oiseau monstrueux tenant dans son bec un fer-à-cheval d'argent, circonstance romanesque sans doute, qui devait être fort bien comprise des gens du temps; et la dernière, un homme accroupi dans une posture nécessaire, montre ce qu'il devrait cacher. A la sixième, une femme

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debout, et encore moins embarrassée de sa personne, relève sa robe jusqu'à la ceinture, à cause de ce grand benêt d'homme tout nu qui est assis dans la bordure et ne se sert pas de son bâton. Je croirais que ces deux figures, quoique éloignées l'une de l'autre, ont le même sens que les sujets lithographiés par M. Leber dans son catalogue et se rapportent à la défaite de l'homme par la femme, maîtresse de lui par le plaisir.

Deux autres représentations de ces bordures nous donnent un costume de fou et de badin. A la bordure de la douzième miniature, le fou est un peu aviné; un bonnet, pointu et à longues oreilles, qui lui couvre la tête, le cou et les épaules, et ne laisse découverte que sa figure, est rouge; sa cotte, dechiquetée en façon de lambrequins, est bleue. Une de ses jambes est rouge, l'autre est bleue. Il tient sous le bras droit une musette, et, de la main gauche, une marotte, légèrement courbée et terminée par une tête sculptée avec le bonnet pointu et les oreilles.

A la bordure de la onzième miniature, le fou est d'une taille plus grande. Son bonnet et son collet, qui est terminé sur la poitrine par un gros grelot, sont verts, ses manches rouges, sa cotte partie de rouge et de bleu, chacune de ses jambes d'une de ces deux couleurs; il a des souliers longs et dont la tige lui monte audessus du con-de-pied.

La reliure, à larges entrelacs autrefois peints, est de la seconde moitié du seizième siècle.

ANATOLE DE MONTAIGLON.

Novembre 1861.

74. OFFICIUM BEATE MARIE Vir. sec. cos. Romane Cvrie. -Incipit Officium Mortuorum; ad ves.- Incipiunt vII Psalmi Penitentiales. -Officium See Crvcis ad matut. in-32, mar. rouge à compartiments, larges fermoirs en argent. (Ancienne reliure italienne très-riche.)

MANUSCRIT de 192 ff., du commencement du XVIe siècle, sur VÉLIN très-fin d'Italie. A chacune des quatre parties sont deux délicieuses miniatures de la grandeur des pages. Quatre lettres initiales forment aussi de petites miniatures accompagnées d'une bordure d'ornements. Toutes les majuscules et les petites initiales sont peintes en or et couleurs. (Y.)

Ce manuscrit italien, remarquable pour la finesse et la fraîcheur de l'écriture et de la peinture, contient vers le milieu une curieuse scène de Danse des morts.

75. EVANGELIA, PSALMI ET PRECES. In-fol., veau fauve, compartiments noirs et or, tranche dorée. (Anc. rel.)

MANUSCRIT SUR VÉLIN, à 2 colonnes encadrées d'or ombré, enrichi de seize miniatures d'un travail très-fin et de la plus grande fraîcheur, écrit en rouge et noir. Les lettres initiales et la fin des alinéa peintes en or et couleurs. (Y.)

Parmi ces miniatures, d'un caractère essentiellement artistique, d'une composition très-variée, et d'un coloris éclatant, nous ferons remarquer principalement la dernière, représentant Adam et Eve dans le Paradis terrestre. L'artiste a représenté ces deux personnages avec un respect des lignes, une fraîcheur de coloris et une exactitude anatomique extraordinaires.

La reliure, d'une très-belle exécution, porte sur la garde intérieure le nom du MARQUIS DE GROLIER, pour qui elle a été faite incontestablement.

76. L'EXERCICE DE LA MESSE, et l'Office de la Vierge, écrits par N. Jarry, escrivain et notteur de la Musique du Roy. 1663. In-24, relié en velours bleu, doublé de tabis, fermoirs en vermeil représentant des fleurs de lis.

DÉLICIEUX MANUSCRIT de 188 ff., orné de quatre miniatures, peintes avec la plus grande délicatesse. Les vignettes et les initiales, rehaussées d'or, sont également traitées avec cet art inimitable dont JARRY seul a eu le secret. Chaque page est entourée d'un filet d'or. M. Duchesne parle de ce joli volume dans son Voyage d'un Iconophile, p. 326. (Y.)

Il est impossible de rien voir de plus délicat que les miniatures de ce petit manuscrit. Voir Brunet, t. III, col. 515.

77. OFFICIUM CONCEPTIONIS B. MARIÆ. Petit in-12, mar. rouge, fil., tr. dor. (Bauzonnet-Trautz.)

MANUSCRIT DE Jarry sur vÉLIN, de 80 pp. encadrées d'un filet d'or. Les initiales peintes en or et bleu. On lit au bas de la dernière page: N. Jarry Paris. scripsit anno 1645. (Y.)

Texte encadré de filets d'or.

78. EXERCICE DURANT LA SAINTE MESSE. A Paris, 1723. In-4, mar. jaune, avec mosaïque de mar. rouge et vert, riches compartiments à petits fers: au milieu est un grand vase de fleurs, au support duquel reposent des oiseaux. (Reliure ancienne, très-curieuse et d'une belle conservation.)

MANUSCRIT SUR VÉLIN de 79 pp. Initiales et vignettes en or et couleurs. On lit à la fin : JARY fecit. (Y.)

Ce beau manuscrit est aussi remarquable par sa splendide reliure de mosaïque entièrement à petits fers, que par sa calligraphie. Le texte est encadré de filets roses. Toutefois, quoique signé Jary fecit, nous doutons fort que ce soit du grand Jarry, qui du reste signait avec deux R.

79. L'EXERCICE ET PRATIQUE JOURNALIÈRE DU CHRESTIEN. A Bruxelles, escrit par George Herman Wilmart, 1660, petit in-12, chagrin noir, fermoirs en argent.

MANUSCRIT en lettres rondes, sur VÉLIN, encadré d'or, orné de lettres grises, de fleurons en grisaille et or, et de trois miniatures, peintures vives. (Y.)

Ce manuscrit de Wilmart peut rivaliser avec ceux de Jarry, surtout pour les miniatures qui sont d'une fraîcheur et d'une exécution hors ligne.

80. PRIERES PENDANT LA MESSE à l'usage de Madame la Premiere. Fait à la plume par son très humble et très obéissant serviteur PHIL. GALLONDE, Chanoine Reg. de

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