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CAMBA CERES.
ACÉRÈS.

Mme Soyer sc.

» leur exécution rigoureuse dans les » vingt-quatre heures de l'invasion qui » pourrait être faite du territoire fran

çais par les ennemis. » Dans le dernier appel, M. Cambacérés vota contre le sursis. Il fut nommé secrétaire, le 24 janvier. Le 10 mars, il dit « que les pouvoirs législatif et exécutif ne devaient pas être séparés dans la situa» tion des choses, et que lors de l'éta»blissement de la constitution seulement > on discuterait l'utilité de leur sépara» tion. » Il s'éleva quelques jours après contre les pétitionnaires de la section Poissonnière, qui dénonçaient Dumouriez, et provoqua l'arrestation de l'orateur et du président de cette section. Il fit ensuite décréter la mise en liberté de Ducray, arrêté comme séditieux à Perpignan, et mettre hors la loi ceux qui prendraient part aux rebellions concernant le recrutement de l'armée. Porté an comité de salut public dans la séance du 26 du même mois, il dénonça la trahison de Dumouriez, donna connaissance des pièces qui la constataient, et annonça que le comité s'était assuré de ceux que leur naissance et leurs liaisons pouvaient faire soupçonner de participer au projet formé par ce général pour le rétablissement de la royauté. combattit la proposition d'obliger chaque représentant à faire connaître l'état de sa fortune; et, à l'occasion d'une discussion sur les troubles de la Vendée, il demanda que l'on fixât le sens du mot chef de brigands, et que l'on désignât les individus qui pourraient être considérés comme tels. Il prit la défense de Durand, maire de Montpellier, accusé de fédéralisme par Jean-Bon-Saint-André. Ce fut dans les mois d'août et d'octobre 1793, qu'il présenta son premier projet de code civil, dont les dispositions durent se ressentir des idées démocratiques du temps. Douze jours après la mort de Robespierre, lors de la réorganisation des comités, il insista pour qu'ils n'eussent plus la faculté d'attenter à la liberté des représentants. Quelques jours après, il fit défendre de porter d'autres noms que ceux indiqués dans l'acte de naissance. Il fut nommé président, le 6 octobre; et, lorsque les 73 députés exclus par la Montague, rentrèrent au sein de la Convention, il invoqua l'amnistie pour tous les faits non prévus dans le code pénal. présenta ensuite un projet d'a

dresse au peuple français, sur les principes qui devaient le diriger, et combattit une pétition de la section du Panthéon, qui demandait le rapport des lois révolutionnaires, notamment de celle du 17 septembre. Il développa les bases d'un nouveau projet de code civil, dans les séances des 16 et 19 frimaire an 2 (6 et 9 décembre 1793). Il fit, le 22 janvier 1795, un rapport sur les individus de la famille de Bourbon, détenus au Temple; il déclara qu'il serait impolitique de les relâcher pendant la guerre, et fit passer à l'ordre du jour sur leur mise en liberté. Il s'opposa ensuite à la ratifi-` cation du traité conclu avec la Toscane, fit déterminer les attributions du comité de salut public, relativement aux relations extérieures, et combattit encore, le 19 mars, l'abrogation de la loi du 17 septembre, demandée par Lecointre de Versailles. Dix jours après, il provoqua un rapport sur la situation de la république, et sur les moyens de mettre en activité la constitution de 1793. Nommé membre de la commission chargée d'en présenter les lois organiques, il fit son rapport sur cet objet, peu de temps après. Il combattit le projet de Thibaudeau pour la suppression du comité de sûreté générale,et demanda plus d'intensité dans l'action du gouvernement. Le 18 juin, il fit rejeter un projet de Personne, pour la mise en jugement des membres des comités et tribunaux révolutionnaires, puis rentra encore au comité de salut public. Il fit substituer le bannissement à la déportation proposée contre les prètres qui troubleraient l'ordre public, et s'opposa à l'arrestation du commandant du château de Ham, inculpé pour avoir traduit devant l'officier de police judiciaire les détenus terroristes confiés à sa garde, et leur avoir procuré la liberté. Lors du mouvement insurrectionneldu 13 vendémiaire contre la Convention, Cambacérés annonça les troubles qui se manifestèrent à Dreux à cette époque. Il se trouva alors lui-même compromis dans la correspondance saisie chez Lemaître par ces mots d'une lettre de d'Antraigues: « Je ne suis nullement étonné que » Cambacérés soit du nombre de ceux » qui voudraient le retour de la royauté; » je le connais, etc. » Il repoussa la prévention qui aurait pu en résulter contre lui; et, après avoir tracé le tableau de sa conduite politique, il s'écria: «< Et

c'est moi que l'on soupçonnerait d'être >> en correspondance avec des conspira»teurs! Sans doute que le génie de St.>> Just ne sortira pas du tombeau; sans » doute que l'on ne verra plus de ces » délits imaginaires opérer la condam>> nation des représentants du peuple. » L'assemblée ordonna l'impression de son discours; mais le coup était porté à sa réputation de républicanisme, et il fut écarté du directoire, pour lequel on l'avait désigné. Il entra au conseil des cinqcents, comme faisant partie des deux tiers de conventionnels. Il y demanda qu'on fit connaître le montant de l'emprunt forcé, et présenta encore un nouveau projet de code 'civil, dont l'impression fat ordonnée. Il fit aussi créer une commission pour examiner les actes du directoire, lorsqu'ils porteraient atteinte au pouvoir législatif. Le 22 octobre 1796, il fut élu président. Le 29 décembre, il discuta le projet de Daunou, sur la calomnie; fit décréter, le 27 février 1797, la contrainte par corps en matière civile, et sortit du conseil le 20 mai suivant. I reparut l'année d'après, parmi les électeurs de Paris; fut nommé d'abord secrétaire, puis député par l'assemblée électorale, séant à l'Oratoire : mais les opérations de cette assemblée ayant été annulées, il fut promu au ministère de la justice, après que Merlin et Treilhard eurent été expulsés du directoire. Il prit une grande part à la révolution du 18 brumaire an vIII (9 novembre 1799), et Buonaparte qui connaissait ses talents et son caractère souple et craintif, l'éleva à la dignité de second consul, qu'il remplit en décembre suivant. Dans cette place, Cambacérés fut continuellement occupé d'organiser les pouvoirs judiciaires; et, après l'avénement de Napoléon au trône impérial, il fut nommé archichancelier de l'empire (mai 1804), puis grand-officier de la Légion-d'honneur, le 1er. février 1805. Deux mois après, il fut décoré des ordres de l'Aigle noir et de l'Aigle rouge de Prusse, et enfin de presque tous les ordres de l'Europe. Depuis cette époque, Cambacérés ne parut plus occupé que de servir Napoléon avec le plus entier dévouement. Il fut initié dans les principaux secrets de sa politique. Buonaparte lui abandonna surtout, avec une extrême confiance, toutes les affaires des tribunaux ; et l'on peut dire que, bien que ses avis aient été souvent méprisés, il

est un de ceux qui concoururent le plus réellement aux opérations de ce gouvernement. Il fut même chargé, plusieurs fois, de tous les pouvoirs, en l'absence de Buonaparte; ce qui est fort remarquable de la part d'un homme aussi ombrageux et aussi jaloux de son autorité. Ce fut toujours Cambacérés qui porta, au sénat, les ordres de l'empereur, soit pour déclarer la guerre, soit pour annoncer la paix, soit pour lever des conscriptions, ou pour réunir des territoires à là France. Il lui présenta aussi le traité de paix de Tilsitt, et dit, « que le cours

rapide des victoires de Sa Majesté of» frait le présage infaillible d'une paix » glorieuse. Au milieu, ajouta-t-il, des

grauds résultats que présentent ces >> transactions politiques, il en est un qui » intéressera vos plus vives affections: » dévoués comme vous l'êtes à la dynas» tie impériale, avec quelle satisfaction » ne verrez-vous pas porter au trône de » Westphalie un jeune prince, dont la »sagesse et le courage viennent de se si»gnaler par de si nobles travaux ! Dans » cette disposition, comme dans toutes

celles qui composent les traités, vous y » trouverez les soins constants du fon» dateur de l'empire, pour consolider » le grand système dont il a posé les » bases. Votre coeur applaudira aux con» ceptions du génie, uni à l'humanité, » (l'humanité de Buonaparte!) dont » toutes les vues et les précautions » ont pour objet d'éloigner l'effusion du » sang.» Le 5 septembre 1808, Cambacérés présida le senat, assemblé à l'occasion de la levée de la conscription_de 1810; et il dit, entre autres choses: « Les >> communications que vous allez rece» voir, et le projet soumis à votre dé» libération, conserveront de nouveau, » dans vos fastes, ces relations habituelles » de confiance, que Sa Majesté se plaît » à entretenir avec vous, et dont votre » zèle, si souvent éprouvé pour le bien » public, a fait sentir toute l'utilité. » Le 21 janvier 1813, Cambacérés se présenta encore au sénat il l'engagea à sanctionner la levée de trois cent cinquante mille hommes, motivée, en partie, sur la défection du général prussien Yorck; et, le 12 octobre, il communiqua à la même autorité les pièces et documents relatifs à la guerre avec l'Autriche et la Suède. Le 3 avril, il fus nommé grand-dignitaire de l'ordre de la

:

Couronne-de-fer. Nommé président du conseil de régence pendant que Napoléon combattait les alliés en Champagne, il fut le régulateur du gouvernement impérial à cette époque critique ; et ce fut lui qui, à la fin de mars, instruit de l'approche des alliés, fit decider que Pimpératrice Marie-Louise et le gouvernement s'éloigneraient de la capitale. On sait combien ce départ jeta de découragement parmi les partisans de Napoléon. Le 7 avril 1814, Cambacérés envoya de Blois, en ces termes, son adhésion à la déchéance de Buonaparte, et aux actes da sénat et du gouvernement provisoire: Le prince grand-dignitaire étant sénateur, croit devoir, en tant que de be» soin,déclarer qu'il adhère à tous les actes » faits par le sénat, depuis le 1er. avril. » Il se rendit ensuite à Paris, continua d'habiter le bel hôtel qu'il y possède, vivant en apparence d'une manière très retirée. Au retour de Buonaparte, en mars 1815, il reprit le titre de prince archichancelier, et fut nommé ministre de la justice. Il fit d'abord quelque difficulté d'accepter, en alléguant ses infirmités; mais Buonaparte lui fit dire qu'il ne le choisissait que pour avoir son nom à la tête du ministère; que tout le travail serait fait par Boulay de la Meurthe, qui, par décret du même jour, fut en effet chargé de la direction de la correspondance et de la comptabilité, ainsi que Cambacérés le fit connaître dans une circulaire où on lisait : « S. M. re>> met entre mes mains le portefeuille de » la justice. Le souvenir de mes anciens >> travaux a pu seul déterminer cette >> disposition: toutefois, il était de mon » devoir d'exposer à S. M. combien des > infirmités précoces, un âge déjà avan» cé, et des tribulations inattendues, >> mettent cette tâche importante au>> dessus de mes forces. L'empereur a >> exigé que je surmonte cette juste dé>> fiance de moi-même ; et j'ai dû d'au> tant moins hésiter à me conformer aux » ordres de S. M., qu'elle a placé auprès » de moi un magistrat dont le talent et >> les lumières me promettent de puissants >> secours...» Cette circulaire fut le seul acte ministériel de Cambacérés. Il ne prit pas même d'appartement à l'hôtel du ministère; toute sa tâche se réduisit à donner des signatures. Le 26, il se rendit chez Buonaparte, avec tous les ministres; et, parlant en leur nom, il lui dit : « Lorsque tous les coeurs ressentent le besoin

» de manifester leur admiration et leur »joie, nous avons cru devoir consigner »nos opinions, et l'expression de nos sen»timents, dans l'adresse que j'ai l'hon>>neur de vous présenter. Puisse Votre » Majesté accueillir cet hommage de ses » fidèles serviteurs, de ses serviteurs si >> cruellement éprouvés, mais si com» plètement dédommagés par votre pré»sence, et par toutes les espérances qui » s'y trouvent attachées!» Il présenta ensuite à Buonaparte l'adresse des ministres, ainsi conçue : « La Providence qui >> veille sur nos destinées a rouvert, à » Votre Majesté, le chemin de ce trône, » où vous avaient porté le choix libre du » peuple et la reconnaissance nationale. » La patrie relève son front majestueux; » elle salue, pour la seconde fois, du » nom de libérateur, le prince qui dé- . » tròna l'anarchie et dont l'existence » peut seule, aujourd'hui, consolidernos >> institutions libérales. La plus juste des » révolutions, celle qui devait rendre à » l'homme sa dignité et tous ses droits » politiques, a précipité du trône la dy»nastie des Bourbons. Après vingt-cinq >> ans de troubles et de guerre, tous les » efforts de l'étranger n'ont pu réveiller >> des affections éteintes, ou tout-à-fait in» connues à la génération présente la » lutte des intérêts et des préjugés d'un » petit nombre contre les lumières du » siècle et les intérêts d'une grande na» tion, est enfin terminée. Les destins

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sont accomplis: ce qui seul est légitime, » la cause du peuple, a triomphé. Votre » Majesté est rendue aux voeux des Fran»çais; elle a ressaisi les rênes de l'Etat, >> au milieu des bénédictions du peuple » et de l'armée. Les Bourbons n'ont rien » su oublier; leurs actions et leur con>> duite démentaient leurs paroles. V. M. » tiendra la sienne; elle ne se souvien>>dra que des services rendus à la patrie; >> elle prouvera qu'à ses yeux et dans son » cœur, quelles qu'aient été les opinions » diverses et l'exaspération des partis, » tous les citoyens sont égaux devant » elle, comme ils le sont devant la loi. » V. M. veut aussi oublier que nous » avons été les maîtres des nations qui » nous entourent: pensée généreuse, qui >> ajoute une autre gloire à tant de gloire » acqui-e Déjà V. M. a tracé à ses » ministres la route qu'ils doivent tenir ; » déjà elle a fait connaître à tous les » peuples, par ses proclamations, les

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