Page images
PDF
EPUB

confirmé dans ses fonctions. Le Roi l'y conserva en 1814, et il fait encore aujourd'hui partie de la cour royale de la inême ville.

B. M. DAUXION-LAVAYSSE (J.-F.), ancien propriétaire dans les colonies françaises, fut obligé de s'enfuir au commencement des troubles révolutionnaires, pour se soustraire à la fureur des nègres; il voyagea alors dans différentes colonies, et vint, sous le gouvernement impérial, à Paris, où il publia un Voyage aux fles de Trinidad, de Tabago, de la Marguerite, et dans diverses parties de Venezuela dans l'Amérique méridionale, 1813, 2 vol. in-8°. A la même époque, M. Dauxion-Lavaysse fut employé à l'état-major de la grande armée. Peu de jours après le rétablissement des Bourbons, il fut envoyé, comme commissaire du Roi, avec MM. Médina et Draveman, dans l'ile de Saint-Domingue, pour y reconnaître les dispositions des hommes qui gouvernent cette ile; mais il paraît qu'ayant écrit à Christophe une lettre menaçante qui déplut fort à ce chef des noirs, il fut arrêté par ses ordres, et se vit obligé de revenir en France. (Voy. CHRISTOPHE.) Le journal officiel du 18 janvier 1815 publia la note suivante

sur cette mission: « Le ministre secré»taire-d'état de la marine et des colonies » a mis sous les yeux du Roi des lettres » insérées dans les papiers publics, et » qui ont été adressées de 1 Jamaïque, » sous les dates des 6 juillet et 1er. » octobre derniers, aux chefs actuels de » Saint - Domingue, par le colonel » Dauxion - Lavaysse. M. Dauxion, » dont la mission toute pacifique avait » pour but de recueillir et de transmet» tre au gouvernement des renseigne»ments sur l'état de la colonie, n'était >> nullement autorisé à faire des commu»nications aussi contraires à l'objet de >> cette mission. Le Roi en a témoigné un » profond mécontentement, et a ordon»né de rendre publique sa désapproba» tion. » M. Dauxion-Lavaysse est adjudant - commandant depuis le 3 janvier 1815. Il a rédigé quelques articles de Ja Biographie universelle.

D.

DAUZAT (Le chevalier BASILE) fut réélu par le sénat, le 3 mai 1811, député au corps législatif pour le département des Hautes-Pyrénées, et nommé candidat à la questure le 20 février 1813. Le 3 avril 1814, l'adhéra à la déchéance de Napoléon, et

[blocks in formation]

DAVID (JACQUES-LOUIS), peintre célèbre, électeur de Paris en 1792, puis député à la Convention nationale, et membre du comité de sûreté générale sous le régime de la terreur, fut un des amis les plus chauds de Robe-pierre. Il vota la mort de Louis XVI, sans appel et sans sursis. M. David avait fait hommage à l'assemblée nationale, le 25 septembre 1790, d'un tableau représentant ce prince entrant, le 4 février, à cette assemblée. Il avait aussi commencé un grand tableau représentant le serment du jeu de paume en 1789; des fenêtres de l'édifice, on apercevait le château de Versailles, couvert d'un atmosphère d'où sortaient des foudres prophétiques: ce tableau n'a pas été fini. Le 28 mars 1793, M. David fit hommage à la Convention nationale d'un tableau représentant Michel Lepelletier couché sur son lit de mort. Le glaive ensanglanté était encore sur sa bles▾ sure, et il traversait un papier où étaient écrits ces mots: Je vote pour la mort du tyran. « Citoyens, s'écria David au » milicu de l'assemblée, en écartant le >> voile qui couvrait son tableau, cha>>cun de nous est comptable à la patric » des talents qu'il a reçus de la nature : » si la forme est différente, le but doit » être le même pour tous. Le vrai patrio» te doit saisir avec avidité tous les » moyens d'éclairer ses concitoyens, et » de présenter sans cesse à leurs yeux » les traits sublimes d'héroïsme et de » vertu. C'est ce que j'ai tenté de faire » dans l'hommage que j'offre, en ce mo»ment, à la Convention, d'un tableau

représentant Michel Lepelletier assas» siné lâchement pour avoir voté la » mort du tyran. Les occasions ne man»quent point aux grandes ames: si ja» mais, par exemple, un ambitieux vous » parlait d'un dictateur, d'un tribun, » d'un régulateur, ou tentait d'usur» per la plus légère portion de la sou» veraineté du peuple, ou bien qu'un » lâche osât vous proposer un roi, com» battez ou mourez, comme Michel Le» pelletier, plutôt que d'y jamais con>> sentir.....» M. David était intimement lié avec Marat, et il en faisait sa société habituelle : ce fut lui-même qui rendit compte de cette intimité

[graphic]
[ocr errors]

DAV

à la Convention, lorsqu'un nommé ·
Guillerauld vint, à la tête d'une députa-
tion de la section des Postes, demander
Vengeance de la mort de ce misérable.
« Où es-tu David, s'écria l'orateur sec-
» tionnaire, tu as transmis à la postérité
» Fimage de Lepelletier mourant pour la
» patrie; il te reste un tableau à faire !...
Aussi le ferai-je, s'écria aussitôt
» David de sa place. » Quand Guillerauld
eut cessé de parler, le peintre dit, les
larmes aux yeux, que, depuis long-temps,
son ami était attaqué d'une espèce de
lepre, produite par l'agitation du sang :
« Je ne le quittais presque plus, ajou-
»ta-t-il, le malheur a voulu que je
» fusse absent, lorsqu'il a été frappé. »
M. David demanda ensuite les honneurs
du Panthéon pour Marat. « Citoyens,
» dit-il, le peuple redemandait son
>> ami; sa voix désolée se faisait enten-
» dre; il provoquait mon art; il vou-
» lait revoir les traits de son fidèle ami.
» David, s'écria-t-il, saisis tes pinceaux,
venge notre anii, venge Marat ; que
>> ses ennemis vaincus pàlissent encore
» en voyant ses traits défigurés: accou-
>> rez tous, la mère, la veuve, l'or-
phelin, le soldat opprimé, vous tous
» qu'il a défendus au péril de sa vie, ap-
» prochez et contemplez votre ami. Et
» toi, Marat, du fond de tou tombeau,
>> tes cendres se réjouiront, tu ne re-
» gretteras plus ta dépouille mortelle. »
David peiguit Marat, dans un tableau
d'une grande dimension, au moment où
le personnage ayant reçu le coup de poi-
gnard dans sa baignoire, le sang s'échap-
pait à grands flots de sa blessure. Le
portrait était d'une vérité effrayante,
et peut-être, sous le rapport de la res-
semblance, un des chefs-d'oeuvre de ce
peintre, qui, au dire des connais-
seurs, est cependant beaucoup moins ha-
bile dans cette partie de son art que
dans les autres. Ce portrait fut exposé,
pendant quelques jours, à côté de celui
de Lepelletier, dans la cour du Louvre,

[ocr errors]
[ocr errors]

où l'on avait dressé deux autels. L'un et l'autre furent ensuite transportés dans la salle des séances de la Convention, où celui de Marat est resté jusqu'à ce que les restes de ce monstre aient été retirés du Panthéon. On ignore ce qu'il est devenu. Eu janvier 1794, M. David présida la Convention. Le 9 thermidor, au moment où Robespierre succombait à la Convention, faisant allusion à la mort de Socrate, sujet

d'an de ses plus beaux tableaux, il se tourna du côté du député d'Arras, et lui dit qu'il boirait la ciguë avec lui. Ce dévouement pour Robespierre irrita contre David les ennemis du tyran; ils le firent arrêter sur-le-champ, et conduire dans la prison du Luxembourg, qui était rempie de prisonniers, presque tous royalistes. Quand on annonça le peintre David, il se manifesta parmi eux un mouvement improbateur, qui le mortifia beaucoup. « Je vois bien, dit-il, à la >> manière dont je suis reçu, qu'il n'y a » point de républicains ici. » On lui répondit par un éclat de rire et par des plaisanteries qui l'alfectèrent tellement, qu'il aima mieux se faire renfermer seul dans une chambre que d'avoir la liberté de se promener dans les galeries et les corridors avec les autres prisonniers, qui étaient disposés à le tourmenter de toutes les manières. Il demanda à être en arrestation chez lui, pour y achever un tableau. Ses élèves, appuyés par Chénier et Bailleul, le firent mettre en liberté, à la suite d'un décret du 27 décembre, portant qu'il n'y avait pas lieu à examiner sa conduite. Mais après l'insurrection du 1er, prairial (20 mai 1795), il fut décrété d'accusation comme terroriste, et enfermé de nouveau au Luxembourg. Il en sortit le 21 août, obtint de rester chez lui avec des gardes; ce qui eut lieu jusqu'à l'amnistie du 4 brumaire. Comme membre du comité de sûreté générale, David a été accusé des plus grandes cruautés ; ce fut en cette qualité que, quelques jours avant le procès de la reine, il fut chargé d'aller à la prison du Temple arracher par la ruse et les menaces aux enfants de cette princesse des déclarations aussi odieuses que mensongères. Mercier rapporte, dans son Nouveau Paris, qu'il s'écria un jour dans une section : « On peut ti»rer à mitraille sur les artistes, sans » craindre de tuer un patriote. » Quoique grand peintre, David passe pour fort peu instruit, et n'a qu'un peu d'esprit naturel. Une tumeur à la joue rend ses traits hideux, et altère son organe. Il a fait, pour l'hôtel des Invalides, un portrait équestre de Buonaparte, qui ne répond pas àsa réputation. Le faire de ses tableaux est de la plus grande pureté; ses couleurs sont savamment distribuées, et la partie de la mécanique de l'art y est portée à sa perfection; mais le travail de la composition est lourd ou gigantesque, et la correction

s'y fait sentir aux dépens du génie. L'innovation qu'il a hasardée en faisant chez lui une exposition pay ante de son tableau des Sabines, lui a attiré le reproche de cupidité. Cette exposition, qui eut lieu en 1800, dura plus de cinq années. C'est au sujet de ce tableau, d'autant plus séduisant que la composition en était plus élégante, qu'il a cherché à se justifierde la nudité de ses héros, Tatius et Romulus, dont l'un est vu de face et l'autre par derrière; en alléguant qu'Achille au sacrifice d'Iphigénie, Persée devant Andromède, Hippolyte même en présence de Phedre, sont nus dans T'antique. Son tableau des Thermopyles, exposé de même en 1814 et 1815 dans son atelier, rendit plus piquante encore la nudité de ses personnages par une couleur plus vigoureuse; et l'on vit des femmes assises des heures entières devant ce tableau, l'œil fixé sur le beau Léonidas et sur les jeunes Spartiates entièrement nus. On a entendu souvent M. David parler fort mal de Rubens, et' dire que les chairs de ce peintre sont des chairs pourries. La plupart de ses élèves sont imbus de cette idée; mais il est bien sûr que l'on pourrait reprocher aux siennes le défaut contraire. Au reste, on doit convenir que David est aujourd'hui le premier peintre de l'école française; et cette considération a contribué souvent à lui faire pardonner sa conduite politique. Il fut chargé, en 1804, de dessiner le couronnement de Pempereur, et alla, à cet effet, faire visite à Sa Sainteté Pie VII; il en a exécuté ensuite le tableau dans un cadre trèsgrand. Ces travaux lui valurent le titre de premier peintre de l'empereur. En 1809, il fit encore, pour mériter les faveurs dont il était comblé sous le gouvernement impérial, un tableau représentant la distribution des aigles au Champ-deMars. Lorsque Buonaparte reparut en 1815, M. David, qui était depuis longtemps officier de la Légion-d'honneur, en fut nommé commandant. Napoléon vint même alors le visiter dans son atelier, et s'entretint familièrement avec lui. La Joi contre les régicides ayant forcé M. David à s'expatrier, il se réfugia, par la Suisse, en Italie. Il a cessé de faire partie de l'Institut, dont il était membre depuis la création. Les généraux Jeanin et Meupier sont ses gendres.

B. M.

DAVID (FR. A.), graveur de la

chambre et du cabinet du Roi, membre des académies royales de Berlin, de Rouen, etc., est auteur des ouvrages suivants: I. Eléments du dessin, 1797, in-8°. II. Proportions des plus belles figures de l'antiquité, accompagnées de leurs descriptions par Winkelmann, 1798, in-4°. Il a fait ou dirigé les gravures des ouvrages suivants : 1o. Les antiquités d'Herculanum, 1780-98, 12 vol. in-4°. 2o. Les antiquités étrusques, 1785-88, 5 vol. in-40.-30. Le Muséum de Florence, 1787-96, 8 vol. in-4o. — 4o. Histoire d'Angleterre, 1784-1800, 3 v. in-40-50. Histoire de France, 1787-96, 5 vol. in-4°. 6. Histoire de Russie, 1799, 3 vol. in-40.70. Histoire d'Angleterre sous le règne de George III, 1812, les quatre premières livraisons.8. Histoire de France sous l'empereur Napoléon-le-Grand, 1811-1813, vingtquatre livraisons. 9o. Grand portrait en pied d'Henri IV, Roi de France et de Navarre, 1816. OT.

DAVID (L'abbé P. ), né à Lubersac, fut curé de Pompadour, et ensuite d'Uzerche; il se montra partisan de la révolution, et fut nommé membre de l'administration départementale de la Corrèze. En 1792, il alla joindre le général Souham son parent, fut employé dans les états-majors des armées du Nord et du Rhin, et y resta jusqu'en 1796. L'année suivante, il fut secrétaire d'une légation envoyée dans le Valais pour traiter avec le roi de Sardaigne; il fut ensuite employé dans le même pays comme gardemagasin des troupes françaises. Après le 18 brumaire an vIII (9 novembre 1799), il obtint la place de secrétairegénéral du département des PyrénéesOrientales; et, en 1801, il fut nommé vicaire-général de l'évêché de Limoges: mais, au lieu de se rendre dans son diocèse, il vint à Paris; et, ayant rencontré Badonville, ancien aide-de-camp de Pichegru, il conçut le projet de réconcilier ce dernier avec Morean. Il écrivit à celui-ci, eut quelques conférences avec lui, et partit bientôt après pour l'Angleterre. La police le fit arrêter à Calais le 2 frimaire an x1 (23 novembre 1802), et transférer au Temple. Il y resta jusqu'à l'arrestation de Moreau et dé Pichegru; et, ayant été traduit en jugement avec eux, il fut acquitté le 21 prairial an XII (10 juin 1804), et mis en liberté. On a, de l'abbé David, une Histoire

« PreviousContinue »