Situation de la ville Motifs de la convocation du Concile de Nicéc. Importance de la controverse de l'Arianisme. Facilité d'exécution que présentait la convocation d'un Concile au quatrième siècle. Organisation de l'Église en métropoles et patriarcats. Lettres de Constantin aux évêques. · de Nicée. Arrivée des évêques. Membres principaux du Concile. Premières conférences. Situation des deux partis. Discussion avec les philosophes païens. Rôle d'Athanase. Arrivée de l'Empereur. - Son discours à l'ouverture du Concile. DisRéponse d'un des prélats. cussion. Langage insolent et condamnation d'Arius. Artifice des Eusèbe. Symbole proposé par Eusèbe de Césarée. Cette pièce est rejetée. Pr ion du mot consubstantiel.- Origines de ce mot. — Il est adopté et mis dans le symbole. - Décision du Concile sur les diverses hérésies analogues à l'arianisme. Lettres de Constantin pour bannir Arius. Incertitudes des deux Eusèbe et de leurs amis. Ils finissent par signer le symbole. · Décision relative au schisme dès méléciens. Question de la pâque. Solution qui lui est donnée. Nombre d'Or. Autres décisions du Concile sur des points de discipline. Canons sur le célibat des prêtres. Sur l'organisation ecclésiastique. - Promulgation des décrets du Concile. - Lettre de Constantin à l'Église d'Alexandrie. Grande fête et banquet donnés aux évêques par Constantin. Discours qu'il leur tient en les congédiant. Le Concile se sépare. Profonde impression laissée par cette réunion. Traditions, légendes, documents apocryphes. Grandeur de l'œuvre accomplie par le Concile. SOMMAIRE. CHAPITRE IV CONCILE DE NICÉE. (325.) Des écrivains d'un âge d'incrédulité, qui a précédé le nôtre, ont blâmé, avec une sévérité dédaigneuse, la résolution par laquelle Constantin, s'adressant à l'église catholique, l'invita à former une assemblée universelle de tous ses chefs pour terminer la grande querelle de l'Arianisme. Il leur semblait que l'homme d'État et le souverain s'abaissaient, en tenant un compte aussi sérieux d'un débat de théologie pure, et l'histoire, entre leurs mains, paraissait rougir aussi d'avoir à s'en occuper. Il serait impossible de porter, sur une des phases les plus mémorables de l'histoire de l'esprit humain, un jugement plus léger et plus superficiel. Constantin, à coup sûr, n'était, ni un grand philosophe, ni même, malgré les prétentions un peu puériles que l'orgueil de la prospérité développait chez lui, un habile théologien. Mais il ne manquait, ni de sagacité, ni de prudence; et comme tous les hommes que Dieu destine par leur génie à commander à leurs semblables, il avait avant tout le sentiment, et comme l'instinct des désirs et des périls de la société qu'il gouvernait. Or, c'était le mérite de cette société, dont la destinée terrestre était condamnée à tant de douleurs, de porter un intérêt ardent et presque passionné, aux questions qui touchent la gloire de Dieu et l'avenir de l'âme humaine. Ces éternels problèmes dominent toujours l'humanité, alors même qu'elle essaie d'en détourner ses regards, et les nations, comme les hommes, se repentent tôt ou tard de les avoir méprisés. Mais au quatrième siècle, la religion, qui, même dans les jours heureux, devrait être l'intérêt principal des hommes, était devenue, par la force des choses et par l'effet du malheur des temps, leur seule passion et leur plus grande affaire. Le christianisme avait trouvé la société romaine profondément lasse, découragée, et dégoûtée d'elle-même. On sentait que la constitution politique de ce grand corps était épuisée, et que les efforts du génie même ne parvenaient point à la ranimer. Dans l'absence de toute liberté d'agir et de parler, les emplois élevés étant toujours distribués par une faveur mobile, comme le pouvoir lui-même, les devoirs civiques demeurant la lourde et stérile charge du grand nombre, l'ambition politique n'était plus que la préoccupation subalterne de quelques hommes intrigants. Les arts, les lettres profanes, se sentaient atteints d'une langueur irrésistible et croissante. L'éloquence et la poésie s'épuisaient dans d'ingrates et serviles imitations. En tout genre, la civilisation romaine se voyait avec une profonde tristesse, parvenue au terme fatal de son développement. Dans cet abaissement, dans cet affadissement universels, le christianisme était venu faire jaillir une source abondante d'émotions nouvelles. A ces âmes sans espoir, il avait ouvert un avenir. Jamais la divine. parole n'avait mieux mérité la définition de son auteur, jamais elle ne s'était mieux montrée le sel de la terre, qui seul lui donne sa saveur. Le christianisme était devenu ainsi la seule partie vivante de la société romaine. Tout ce qui le touchait, tout ce qui semblait surtout entraver le cours de ses destinées causait dans tous les rangs une profonde émotion. Sur cet horizon, bas et chargé, c'était l'unique rayon de lumière et de chaleur; un nuage qui venait l'obscurcir faisait passer le frisson dans les âmes. Le débat, élevé par Arius en particulier, excitait chez les moins attentifs une inquiète curiosité. L'hérésie d'Arius touchait en effet le christianisme à son point saillant. Elle l'atteignait directement dans ce qui le caractérisait aux yeux des peuples. Dans la grande révolution que le christianisme avait opérée par tout le monde, deux traits principaux frappaient les regards les plus indifférents. C'était d'abord un dogme, l'unité de Dieu; c'était ensuite un symbole, la croix de Jésus-Christ. C'était la substitution d'une seule idée et d'une seule image, aux fastes interminables et au musée bizarre des dieux du polythéisme. Comment s'accordaient ce |