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MOENS DE LA CROIX (Basile), gentilhomme flamand, né à Moscou vers la fin du XVIIe siècle, décapité à SaintPétersbourg, le 16 novembre 1724. Il était fils d'un aventurier venu à la cour de Russie au début du règne de Pierre le Grand. Son extérieur agréable le fit remarquer par Catherine, femme du czar. Elle en fit son chambellan, et bientôt Moens devint l'amant de l'imperatrice. La sœur du chambellan, ancienne maitresse de Pierre le Grand, alors femme du général Balk et dame d'honneur de Catherine, favorisait ces amours. Le czar, dont les soupçons avaient été éveillés, surprit les amants dans l'appartement de Mme Balk. Sa fureur fut extrême de se voir trahi par une femme que, des derniers rangs de la société, il venait d'élever jusqu'à lui. Il voulait sa mort et celle de son amant. Sur les conseils de ses ministres, le czar se contenta de faire accuser Moens et sa sœur de concussion et de vénalité dans l'exercice de leur charge à la cour. Le chambellan s'avoua coupable et fut condamné à avoir la tête tranchée. Avant de mourir, rapporte Villebois (Anecdotes secrètes de la cour du czar Pierre le Grand, p. 115), Moens fit appeler un ministre luthérien et lui remit secrètement une montre d'or au fond de laquelle était en émail le portrait de Catherine. Au moment d'être exécuté, il prévint à l'oreille son bourreau que, dans la doublure de

BIOGR. NAT. - T. XV.

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ses habits, il trouverait le portrait de sa maîtresse enrichi de diamants et il le lui donna à condition d'en brûler la peinture. Un troisième portrait de la czarine se trouvait dans une tabatière d'or, que le condamné avait remise adroitement à un homme affidé pendant qu'on le conduisait en prison. Après avoir éloigné ainsi toutes les preuves qui auraient pu servir à perdre sa maîtresse, Moens présenta sa tête en homme qui ne regrettait pas la vie après avoir lassé la fortune. Sa tête, attachée à un poteau, fut exposée sur une des places de Saint-Pétersbourg. Le czar eut la cruauté de faire passer sa femme devant ce sanglant trophée. La sœur de Moens fut condamnée à recevoir cinq coups de knout et reléguée en Sibérie. Elle fut rappelée par Catherine aussitôt après la mort de Pierre le Grand.

A. Beeckman.

Levesque, Histoire de Russie, t. V, p. 120. Lamartine, Histoire de Russie, t. I, p. 178. Villebois, Anecdotes secrètes de la cour du czar Pierre le Grand.

MOENS (Gaspard-Melchior), aussi MOONS, sculpteur, né à Anvers en 1698, d'Antoine et d'Elisabeth Tyck, bourgeois aisés, qui permirent à leur fils de suivre sans entraves sa vocation pour les arts. D'abord élève de Jean Veiremans, et inscrit comme tel à la gilde de saint Luc en 1710-1711, le

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jeune homme étudia ensuite, sous Van Baurscheit, à ce moment, le meilleur statuaire de sa ville natale. En 17241725, il obtenait la maitrise.

Sur les ruines, de son école de peinture dégénérée,Anvers avait vu la sculpture briller. d'un véritable éclat. Ses églises abondent en monuments de tout nature autels, tabernacles, confessionaux, bancs de communion et

vre, jubés et buffets d'orgue, tombeaux et épitaphes tour à tour taillés en marbre et en bois, où s'affirme, sous une forme quelque pen boursouflée, une habileté remarquable, mise au service. d'un esprit d'invention parfois heureusement appliqué. Moens prit sa part de ces divers travaux et y fit preuve à la fois d'entente et de souplesse. Il fut le collaborateur de son maître dans l'autel de la chapelle du Saint-Sacrement de l'église de Notre-Dame, et exécuta, pour l'église de Saint-André, une statue colossale de saint Corneille, adossée à une des colonnes de la grande nef, côté nord. Dans l'église de Hoboken, l'autel de la Vierge et la chaire de vérité sont des œuvres de son ciseau Cette dernière création a pour motif principal le Christ et la Samaritaine. La cuve est ornée des bustes des évangélistes. Au cours de son travail, Moens fut atteint d'un mal qui l'emporta le 22 décembre 1762. Il fut inhumé dans le transept du couvent des Grands Carmes, place de Meir, à Anvers, devant l'image de saint Joseph. Son épitaphe rappelait qu'il fut doyen (en 1736-1737) et trésorier de la caisse de secours mutuels de la gilde de SaintLuc, quaternier et un des directeurs de l'académie des beaux-arts. Il avait été appelé à ces dernières fonctions par la municipalité, le 17 décembre 1756, et les remplit jusqu'à sa mort. Moens était célibataire. La forme Moons ayant prévalu parmi ses collatéraux, ceux-ci firent plus tard opérer à la pierre tombale du statuaire un changement dans

ce sens.

Henri Hymans.

Jean-Baptiste Vander Straelen, Jaerboek der vermaerde en kunstryke gilde van Sint-Lucas, binnen Antwerpen, uytgeg. door P.-Th. MoonsVander Straelen (Anvers, 1855), p. 264. Toutes

les autres notices consacrées à notre personnage ne sont que des transcriptions de cette

source.

MOENS (Guillaume, curé de Tilff, né à Saint-Trond, le 18 juillet 1795, mort à Jemeppe, le 15 août 1861. Il étudia d'abord la médecine, puis la théologie. Ayant obtenu le premier prix de philosophie au séminaire de Liège, il fut ordonné prêtre vers 1820. Nommé vicaire à Saint-Christophe, à Liège, il fut attaché pendant quelque temps à l'aumônerie militaire. Il devint, en 1822, vicaire de l'église de Saint-Jean en cette ville et obtint, en 1828, l'autorisation de cumuler ces fonctions avec celles d'aumônier du collège royal, chargé de l'instruction religieuse. On était à la veille de la révolution belge de 1830. Adversaire déclaré de la séparation de la Belgique d'avec la Hollande, Moens devint bientôt l'un des chefs les plus ardents du parti orangiste à Liège, ce qui lui attira les bonnes graces et les faveurs du roi Guillaume ler. Pendant les dix années qui suivirent la révolution de 1830, Moens se montra le défenseur obstiné du parti orangiste. De là sa collaboration active aux journaux de ce parti: l'Industrie, journal commercial et littéraire (1831-1841); le Rappel, journal quotidien (1833-1834); de là aussi ses Considérations sur la révolution belge de 1830 (1836), réfutées dans la Revue belge, t. IV, p. 457, par Th. Weustenraad. Moens y répliqua par sa Réponse à M. Weustenraad (mai 1837).

Après la révolution, Moens, ayant publié, sans l'imprimatur,son Erposition de la religion, cette espèce de bravade. lui valut, en décembre, sa révocation de vicaire de Saint-Jean. Il continua néanmoins d'être attaché au collège communal, en qualité d'aumônier, en même temps qu'il y exerçait les fonctions de professeur de religion, lorsque, le 6 mai 1833, Mgr Van Bommel exigea que tous les jeunes ecclésiastiques subissent devant le synode un examen soit écrit, soit oral. Moens, alors àgé de 38 ans, vit une atteinte personnelle dans l'application qui lui était faite de cette mesure. Sur son refus d'obéir, il

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fut privé du pouvoir d'enseigner. Au | commencement de l'année 1840, Moens, toujours attaché au collège comme aumônier, reprit ses fonctions de professeur de religion, et se permit de donner aux élèves du pensionnat l'enseignement religieux sans avoir au préalable obtenu l'autorisation de son évêque. Il prétendait que cette autorisation était inutile. Quand un peuple est converti à la religion chrétienne, disait-il, l'Evangile lui est acquis et il tombe dans le domaine public, etc. . De là entre lui et son évêque, Mgr Van Bommel, un conflit qui eut un certain retentissement. L'abbé Moens était appuyé dans ses prétentions par le conseil communal de Liège. Après en avoir conféré longuement avec le conseil synodal de cette ville, Moens souscrivit, en juillet 1841, les propositions suivantes : 1. A l'évêque seul il appartient non pas seulement de définir, mais d'enseigner dans son diocèse la doctrine chrétienne ou le catéchisme; de sorte qu'il n'est permis à personne, sans son consentement tacite ou exprès, d'enseigner cette doctrine, soit dans les églises, soit dans les collèges, soit dans les écoles. II. Les parents n'ont pas le droit de conférer à aucun clerc ou à aucun laïc ni la mission, ni une délégation quelle qu'elle soit, en vertu de laquelle ce clerc ou ce laïc aurait le pouvoir d'enseigner publiquement la doctrine chrétienne ou le catéchisme, soit dans les églises, soit dans les collèges, soit dans les écoles. • III. En aucune manière non plus le magistrat civil ne peut se substituer aux parents, n'ayant ni par lui-même, ni par ses délégués, aucun droit d'enseigner la doctrine chrétienne. IV. Il - en résulte que le clerc qui se permet d'enseigner publiquement dans les collèges ou les écoles la doctrine chrétienne, sans le consentement tacite ou exprès de l'évêque, agit contraire- ment à l'obéissance qu'il doit à son évêque, viole et usurpe son autorité". A la suite de cet acte de soumission, Moens fut nommé vicaire de l'église de Sainte-Marguerite, à Liège. Trois ans

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après, il passa à la cure de Neuvillesous-Huy, qu'il échangea, en 1846, contre celle de Tilff. Il desservit cette dernière paroisse jusqu'à sa mort, arrivée le 15 août 1861, à Jemeppe (province de Liège), où il séjournait momentanément. Par ses actes et par sa conduite, Moens s'était, comme curé, concilié l'estime générale.

Il a écrit: 1. Exposition élémentaire de la religion, à l'usage du collège royal de Liège. Liège, Latour, 1830; in 18, 189 p. et 2 ff. ajoutés, en 1831, à quelques exemplaires. Idem: Exposition élémentaire de la religion, par demandes et par réponses. Liège, Jeunehomme frères, 1833; in-12, 179 p., 2 ff. Idem: Abrégé de l'Exposition élémentaire de la religion. Liège, 1834; in-24, 88 p. 2. L'Industrie, journal commercial, politique et littéraire. Liège, Collardin, 1831-1841; in-fol. à 3 col. Journal quotidien, organe du gouvernement hollandais, publié avec la collaboration de Moens. 3. La Légitimité, l'ordre et le progrès, ou la Lettre encyclique de Grégoire XVI. Liège, Jeune homme frères, 1832; in-18, 115 p. Dans cette brochure, dirigée contre les doctrines de Lamennais et l'esprit révolutionnaire, l'auteur essaye d'exploiter en même temps l'Encyclique en faveur du monarque déchu de la Hollande. — 4. Revue du Saint-Simonisme, ou réfutation de la doctrine de Saint-Simon. Liège, Jeunehomme frères, 1832; in-18, 2 vol., ensemble 504 p. Livre d'une valeur réelle. 5. La Morale des factieux, ou abrégé de la doctrine révolutionnaire. Liege, Jeunehomme frères, 1833. Avec la collaboration de P. Stevens, avocat. 6. Le Rappel. Devise: Dieu et l'Ordre. Petit in-fol. à 3 col. Journal catholique quotidien, fondé en faveur de la restauration des Nassau. Il ne parut que du 13 décembre 1833 au 2 juillet 1834. Moens en fut à la fois le fondateur et l'éditeur. 7. Considérations sur la révolution belge de 1830. Liège, Jeunehomme frères, novembre 1836; in-18, 2 vol. de 286 et 287 pages. Euvre de parti, tendant surtout à réfuter, au point de vue orangiste, l'Essai

MOER

sur la révolution belge, de M. Nothomb. | notre nouvelle école se distingua brillam

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MOER (Jean-Baptiste VAN), artiste peintre, né à Bruxelles, le 17 décembre 1819, de Henri van Moer, tourneur, et de Catherine Loran, mort à Ixelles, le 6 décembre 1884. Ses parents habitaient, lors de sa naissance, la maison de la rue de l'Escalier portant le n° 570 de la S section, actuellement no 18. Peu de temps après, ils allèrent occuper dans le voisinage, rue d'Or, section 1re, no 576 (aujourd'hui no 43), une maison à laquelle se rattachaient ses plus anciens souvenirs d'enfance. Longtemps il dut aider dans leurs travaux son père et son frère, et ce ne fut que grâce à des protections bienveillantes qu'il put se livrer exclusivement à ses études artistiques. Son habileté à traiter de minimes objets de tourneur et le talent dont il y faisait preuve attirerent sur lui l'attention, ainsi que ses succès dans ses études à l'académie des beaux-arts de Bruxelles, où Bossuet fut son principal maître ; il continua ses études de peinture dans un atelier occupant les combles de la maison paternelle, dont il s'est plu à dessiner les recoins et les alentours avec un brio et une sincérité qui attirèrent de bonne heure sur ses œuvres les regards du public.

Ce fut dans les expositions triennales des beaux-arts que Van Moer commença à se faire connaître. En 1842, il exposa à Bruxelles une Vue de l'abbaye de Villers. A l'exposition de 1848, où

ment, il avait quatre tableaux, parmi lesquels on remarqua le Marché aux toiles, à Rouen. On le signala alors comme un jeune artiste bien organisé. Cette promesse ne tarda pas à se réaliser à l'Exposition internationale de Paris de 1855, et, depuis, en mainte occasion, à Bruxelles notamment, lors des fêtes nationales de 1880. Parmi ceux qui favorisèrent ses debuts, je dois citer en particulier Lehon, notre ambassadeur à Paris, et Mme Lehon, dont Van Moer décora l'hôtel. Le genre qu'il cultiva avec prédilection fut le paysage; plus tard il s'appliqua surtout à la peinture des vues de ville. Des leçons de peinture qu'il donna chez le comte de Ribaucourt, à Perck, près de Vilvorde, lui fournirent l'occasion de visiter souvent les environs de cette résidence féodale. Il a reproduit de toute manière les sites de Dieghem, de Peuthy, de Steen-Ockerzeel, etc., ainsi que ceux des rives du canal de Willebroeck. Les vieilles cités de Malines, d'Anvers, de Bruges et de Léau eurent aussi sa visite, et, près de cette dernière, le vieux manoir des seigneurs de Rummen, celui de Waenrode et les églises des deux Linter. Il dessina la vieille tour de Raverseyde, près d'Ostende, aujourd'hui démolie; les ruines de l'antique monastère de Cambron, celles d'Alne, et les paysages si variés, si pittoresques et si nombreux de l'Ardenne. Après avoir parcouru, en 1844, les vallées de la Moselle et du Rhin, il se rendit, en 1847, en France, où il exécuta des copies de tableaux du Lou vre, et où il eut l'occasion de voir les richesses archéologiques de Rouen. D'autres excursions dans la même contrée lui firent mieux connaître, d'une part, en 1855, le musée de Cluny et celui de Saint-Cloud, et, d'autre part, les riantes contrées du sud-ouest, vers Bordeaux et les Pyrénées. C'est de 1855 également que datent les dessins qu'il exécuta pour la reine d'Angleterre, Victoria. En 1856, il explora de nouveau la vallée du Rhin et passa en Italie et en Dalmatie, où il se plut surtout à parcourir Venise et l'antique palais de Spalatro,

bàti par Dioclétien. Un autre voyage, non moins attrayant et instructif pour l'infatigable artiste, fut celui qu'il entreprit avec ses amis, les frères Godefroy, en Portugal et en Espagne, et d'où sont venues ses belles études sur Belem et sur le palais de l'Alhambra. Enfin, plus tard, il remonta le Nil et se rendit aussi en Syrie.

Le nombre et la variété de ces grandes excursions exercèrent sur Van Moer une heureuse influence. Sa manière s'affranchit totalement des méthodes qui étaient en honneur dans sa jeunesse, lorsqu'on étudiait le paysage d'après des principes tout à fait conventionnels. Il s'appliqua sans relâche à faire des études d'arbres, mais il ne négligea pas non plus les objets et les détails que l'on omettait autrefois, et ses portefeuilles étaient remplis d'esquisses crayonnées d'après de vieilles portes, des puits, des pompes, des escaliers, etc. Ses constructions ont tellement l'aspect de la réalité que l'on a soutenu, avec raison, qu'on pourrait les restaurer et leur rendre leur état ancien rien qu'en étudiant les tableaux de Van Moer. Les ciels, les eaux, les chemins sont exécutés avec la même fidélité et répondent parfaitement, non à un type que s'est choisi le peintre, mais à la nature même, aux aspects extrêmement variés qu'il s'est efforcé de rendre.

On n'en finirait point si l'on voulait énumérer toutes les toiles dues au pinceau de Van Moer, et dont un grand nombre quittèrent ses ateliers sans avoir été exhibées en public, ni exaltées par des amis complaisants. Elles lui valurent de nombreuses distinctions: trois promotions successives dans l'ordre de Léopold (chevalier en 1850, officier en 1869, commandeur le 4 mai 1880), une médaille de deuxième classe à Bruxelles en 1843 et la médaille d'or en 1850; à Paris, une médaille d'or de troisième classe en 1855, une médaille d'honneur à Lyon en 1858, à Metz, en 1861, une médaille d'or, etc. Son talent et son caractère valurent à Van Moer de hautes protections et de chaudes amitiés, qui ne lui firent jamais défaut. Van Moer a

peint, pour S. M. le roi Léopold II, en 1867-1868, trois immenses toiles placées dans le grand escalier du palais royal de Bruxelles le Quai des Esclavons, la Façade antérieure de l'église Saint-Marc et la Cour du palais des doges, à Venise; pour le château de Ciergnon, en 1875, quatre vues de la mème ville, deux en largeur et deux en hauteur : le Grand canal, le Quai des Esclavons, la Porta di Carita et la Piazzetta, et, afin d'être offerte à un ami de notre souverain, une Vue de l'hôtel de ville de Bruxelles, vue prise du haut de la place, effet merveilleux de couleur et de perspective, où Van Moer, qui était un admirateur enthousiaste des richesses monumentales de sa ville natale, a déployé toute la magie de son pinceau. On travaillait alors avec ardeur à transformer le centre de la capitale, les rues traversées par la Senne, en un immense boulevard reliant entre elles les deux parties opposées de Bruxelles, la place Rogier et la gare du Midi, et sous lequel coulent actuellement les eaux de la rivière, ainsi que deux énormes égouts qui la bordent. Véritable enfant de la cité, Van Moer avait voué un culte passionné aux vieilles constructions que l'on y rencontre, et dont plus que personne il appréciait le caractère pittoresque. Aussi fut-ce avec enthousiasme qu'il accueillit la proposition du bourgmestre, Jules Anspach, de peindre, pour l'antichambre de son salon à l'hôtel de ville, quinze vues des quartiers que l'on était sur le point de démolir. A partir de ce moment, notre artiste passa une partie de ses journées à parcourir les rues, les ruelles, les allées voisines de la rivière, choisissant les coins les plus pittoresques, esquissant, dessinant, sans souci des conditions défavorables dans lesquelles il opérait souvent son travail. Poussant à l'extrême cette fidélité de reproduction dont il se glorifia toujours, il disposa dans ses ateliers un compartiment reproduisant rigoureusement les conditions dans lesquelles ses tableaux devaient être vus. Son travail constitue réellement un tour de force; ses vues sont peintes avec une énergie de cou

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