Page images
PDF
EPUB

,

aux motifs personnels de ma conduite, ils sont encore plus facile à comprendre. Je n'ai pas voulu me mettre en contradiction avec moi-même armer monolong passé contre mon court avenir, rougir à chaque mot qui sortiroit de ma bouche, ne pouvoir me relire sans baisser la tête de honte. Les journées de Juillet m'enlevaient tout, hors l'estime publiblique ; je l'ai voulu garder.

Que la proposition qui bannit à jamais la famille déchue du territoire François soit un corrollaire de la déchéance de cette famille, cette nécessité en fait naître une autre pour moi dans le sens opposé, celle de me sépa rer plus que jamais de ce qui existe, dé prendre acte nouveau et public de cette séparation je chercherais d'ailleurs en vain ma place dans les diverses catégories des personnes qui se sont rattachées à l'ordre de choses actuel.

Il y a des hommes qui, par le sentiment de leur talent et de leur vertu, ont dû servir leur Patrie quand il ne leur a plus été possible de maintenir la forme de Gouvernement qu'ils préféroient je les admire; mais de si

hautes raisons n'appartiennent ni à ma foiblesse ni à mon insuffisance.

[ocr errors]
[ocr errors]

Il y a des hommes qui ont prononcé la déchéance de Charles X et de ses descendants par devoir, et dans la ferme conviction que c'est ce qu'il y avoit de mieux pour le salut de la France. Ils ont eu raison, puisqu'ils étoient persuadés je ne l'étois pas ; je n'ai pu imiter leur exemple.

II y a des hommes qui ne pouvaient ni interrompre leur carrière, ni compromettre des intérêts de famille, ni priver leur pays de leurs lumières, parce qu'il avoit plu au Gouvernement de faire des folies : ils ont agi très bien, en s'attachant au Pouvoir nouveau. Si toutes les fois qu'un Monarque tombe, il fallait que tous les individus grands et petits tombassent avec lui, il n'y auroit pas de société possible. La Couronne doit tenir sa parole; quand elle y manque, les sujets ou les citoyens sont dégagés de la leur. Mais les antécédens de ma vie ne me permettoient pas de suivre cette règle générale, et je me trouvois placé dans l'exception.

Il y a des hommes qui détestent la Dynas

tie des Bourbons, et qui ont juré son exil: je crois qu'il est temps d'en finir avec les proscriptions et les exils. J'ai rendu, comme Ministre et comme Ambassadeur, tous les services que j'ai pu à la famille Buonaparte; elle me peut désavouer, si je ne dis pas ici la vérité il n'a pas tenu à moi, qu'elle n'ait été rappelée en France, et que même la statue de Napoléon n'ait été replacée au haut: de sa colonne. C'est ainsi que je comprenois. largement la Monarchie légitime : il me semblait que la Liberté devoit regarder la Gloire

en face.

[ocr errors]

II V a des hommes qui, croyant à la' souve¬ raineté du peuple, ont voulu faire triompher. ce principe suranné de la vieille école politique moi, je ne crois point au droit divin, mais je ne crois pas davantage à la souve raineté du peuple. Je puis très volontiers me passer d'un Roi, mais je ne me reconnois pas le droit d'imposer à personne le Roi que, j'aurois choisi. Monarque pour Monarque Henri de Béarn me paroissoit préférable pour l'ordre et la Liberté de la France. J'ai donc donné ma voix à Henri V, comme mon voi

sin de droite a pu choisir Louis-Philippe Ier, mon voisin de gauche Napoléon II, mon voisin en face la République.

Il y a des hommes qui, après avoir prêté serment à la République une et indivisible, au Directoire en cinq personnes, au Consulat en trois, à l'empire en une seule, à la à la première Restauration, à l'Acte additionnel

" a

aux Constitutions de l'Empire, à la seconde Restauration ont encore quelque chose à prêter à Louis Philippe je ne suist riche.

[ocr errors]

pas

Il y a des hommes qui ont jeté leur parole sur la place de Grève, en juillet, comme ces chevriers romains qui jouent à pair ou non, parmi des ruines. Ces hommes n'ont vu dans la dernière Révolution qu'un coup de dé; pourvu que cette Révolution dure assez pour qu'ils puissent tricher la fortune, advienne que pourra. Ils traitent de niais et: de sot, quiconque ne réduit pas la politique à des intérêts privés je suis un niais et

un sot.

Il y a des peureux qui auroient bien voulu no pas jurer, mais qui se voyoient égor

gés eux, leurs grands parents, leurs petits enfants et tous les propriétaires, s'ils n'avoient tremblotté leur serment: ceci est un effet physique que je n'ai pas encore éprouvé; j'attendrai Pinfirmité et si elle m'arrive "

j'aviserat.

[ocr errors]

I Ꭹ a des grands Seigneurs de l'Empire unis à leurs pensions par des liens sacrés et indissolubles, qu'elle que soit la main dont elles tombent : une pension est à leurs yeux un sacrement; elle imprime caractère comme la prêtrise et le mariage; toute tête pensionnée ne peut cesser de l'être les pensions' étant demeurées à la charge du Trésor, ils sont restés à la charge du même Trésor. Moi j'ai l'habitude du divorce aveo la fortune; trop vieux pour elle, je l'abandonné, de peur qu'elle ne me quitte.

IN y a de hauts Barons du Trône et de' l'Autel, qui n'ont point trahi les Ordonnances; non ! mais l'insuffisance des moyens employés pour mettre à exécution ces Ordonnances à échauffé leur bile indignés qu'on ait failli au despotisme, ils ont été chercher une

« PreviousContinue »