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Césars. Je l'ai dit ailleurs, sa mère lui donnait le passé, son père l'avenir. Toute la France était encore remplie de générations qui en reconnaissant Napoléon 11, n'auraient fait que révenir à la foi qu'ils avaient jurée à Napoléon 1er. L'armée eût reçu avec orgueil le déscendant des victoires.

et son azur;

La monarchie élective a jusqu'ici peu honoré le drapeau dont elle s'est parée; il n'a flotté que sur la porte des ministres et sous les murs de Lisbonne; il n'a été déchiré que par les vents: la pluie déteint son pourpre il ne reste qu'un pavillon d'un blanc sale, vraie couleur de la quasilégitimité. Il n'en était pas de même lorsqu'il était attaché à la pique républicaine : sous le duc de Reichstadt il eût été emporté de nouveau par les aigles qui planèrent sur tant de champs de bataille, et qui ne prêtent plus leurs serres et leurs ailes à cet étendard humilié. Le royaume, redevenu empire, eût retrouvé une puissante alliance de famille. en Allemagne, et d'utiles affinités en Italie.

Mais l'éducation étrangère du duc de

Reichstadt, les principes d'absolutisme qu'il a dû sucer à Vienne, élevaient une barrière entre lui et la nation; on aurait toujours vu un Allemand sur un trône français, toujours soupçonné un cabinet autrichien au fond du cabinet des Tuileries: le fils eût moins semblé l'héritier de la gloire que du despotisme du père.

LE DUC DE BORDEAUX.

La République, un prince de Race toute nouvelle, et l'héritier de Napoléon exclus, venait le duc de Bordeaux.

Les avantages de ce choix étaient évidens. Ce choix éloignait toute crainte de guerre civile et étrangère. Pendant la minorité de Henri v, les droits populaires auraient pris sans danger, à l'abri de la légitimité, leur .extension naturelle, tandis que ces mêmes droits étendus sous la faible monarchie élective, nous peuvent précipiter. Le sceptre du jeune Henri, soutenu des mains de la jeune France, eût mieux valu pour le repos de cette France, pour le bonheur même de celui qui règne, qu'une couronne entortillée à un pavé et lancée d'une fenêtre; couronne trop légère si elle se sépare de son poids, trop pesante si elle y reste attachée. Il est certain que personne ne voulait le 26 juillet l'ouvrage du 27; qu'on eût poussé le 26 des

cris de joie si l'on eût accordé le retrait des ordonnances, le changement du ministère et les améliorations, suite inévitable de ce changement. Le 30 on ne se contentait plus de deux abdications, et l'on disait à un enfant innocent: « Si ce n'est toi, c'est donc ton père. » Il pouvait répondre : « Je n'en ai point. » Il y a eu surprise; on a pris un élan trop fort; on a franchi un trop large espace le terrain sur lequel on se trouve maintenant, n'est qu'un écueil; on n'a sauté qu'entre deux abîmes.

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Quand je dis que personne, à l'exception pent-être de quelques hommes pleins de feu et de nobles sentimens, mais peu expérimentés, ne voulait le 26 ce qui arriva le 27, je n'avance rien qu'on ne sache et dont je n'aie par devers moi la preuve à offrir. Le peuple m'emporta vainqueur dans ses bras aux barricades, comme l'a dit un grand poète. Cette foule composée de jeunes gens qu'animait leur triomphe, criait, vive la Charte! Plusieurs fois je répondis : « Oui, Messieurs, vive la Charte

et vive le Roi!» Je ne fus point plongé dans la mer, comme le singe que le dauphin avait recueilli en croyant sauver un homme. On ne voyait en moi que le défenseur de la liberté de la presse; on me payait de quelques sacrifices. J'avais autrefois rencontré dans les rues de Paris nos premiers révolutionnaires: sans forme de procès, ils auraient mis un aristocrate à la lanterne, et ne ressemblaient en rien à ces enfans de la vraie liberté qui conduisaient un royaliste à la Chambre héréditaire. Ceux-ci étaient de jeunes soldats s'efforçant d'embellir la victoire par tout ce que l'honneur ajoute de générosité au courage. Ça se passait le 29 si tout le monde eût fait son devoir, il était encore temps de concilier les intérêts: je me tais à présent; je ne me tairai pas toujours. Il ne m'est resté · de cette journée, à moi si glorieuse, que les sentimens d'une reconnaissance éternelle, et les beaux vers dans lesquels M. de Béranger a célébré l'événement qui couronne ma vie politique.

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