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Ils cessent de parler, l'habitant de ces bords

Montre encor les deux troncs qui renferment leur corps.

Pourquoi ne m'en suis-je pas tenu à cette manière assez élégante et assez exacte? Pour en chercher une autre plus concise. La concision est la chose difficile dans une langue, qui par sa construction analogue n'a pas la vivacité de la langue latine, dont la construction est transpositive. A l'impossible nul n'est tenu, hors le traductenr en vers qui veut être à-la-fois élégant, précis et fidèle.

FIN DES REMARQUES SUR LE LIVRE HUITIÈME.

LIVRE NEUVIÈME.

I. De possessione Dejanira Acheloüs et Hercules decertant.

Q

UÆ gemitûs, truncæque Deo Neptunius heros
Causa rogat frontis : cùm sic Calydonius amnis
Cœpit, inornatos redimitus arundine crines '.
Triste petis munus : quis enim sua prælia victus
Commemorare velit? Referam tamen ordine: nec tam
Turpe fuit vinci, quàm contendisse decorum est:
Magnaque dat nobis tantus solatia victor.
Nomine si qua suo tandem pervenit ad aures
Deianira tuas; quondam pulcherrima virgo,
Multorumque fuit spes invidiosa procorum.
Cum quibus ut soceri domus est intrata petiti;
Accipe me generum, dixi, Parthaone nate.
Dixit et Alcides : alii cessêre duobus.

Ille Jovem socerum dare se, famamque laborum,
Et superata suæ referebat jussa novercæ.
Contra cgo (turpe Dcum mortali cedere duxi:

1 Herculis luctam cum Acheloo ità describit poëta, ut et librum libro et fabulam fabulæ eleganter connectat, variasque Acheloi transfigurationes inter luctandum exponit.

* Selon quelques érudits, la racine étymologique d'Alcide se tire du mot grec aλx, force: selon d'autres, d'Alcus, son aïeul maternel.

I. Achéloüs et Hercule se disputent Déjanire.

CEPENDANT le héros, témoin de sa douleur, Veut, du dieu qui gémit, apprendre le malheur. Le front ceint de roseaux, Achéloüs soupire: Que me demandez-vous, et que puis-je vous dire? Un vaincu parle-t-il de ses honteux exploits? Je parlerai pourtant: peut-être je le dois. Oui, mon rival sur moi remporta la victoire; Mais je l'ai combattu: c'est assez pour ma gloire. Le grand nom du vainqueur honore le vaincu. Hercule fut le mien. Peut-être avez-vous su Le bruit que fit long-tems la belle Déjanire. Peignez-vous des attraits que je ne peux décrire. Je la vis: concurrent de cent rivaux jaloux, Je disputai comme eux le rang de son époux. Quand de mes vœux son père eut agréé l'offrande, Quand je l'eus demandée, Hercule la demande. Une fois déclarés, nous fûmes seuls rivaux. Hercule m'opposait le bruit de ses travaux, Le

sang de Jupiter, sa valeur plus qu'humaine Qui de Junon vaincue avait lassé la haine.

Un dieu, dis-je à son père, est-il moins qu'un mortel? (Ce fut depuis qu'Alcide eut un rang dans le ciel):

Nondum erat ille Deus) Regem me cernis aquarum,
Cursibus obliquis intra tua regna fluentûm':
Nec gener externis hospes tibi missus ab oris,
Sed popularis ero, et rerum pars una tuarum.
Tantùm ne noceat, quod me nec regia Juno
Odit, et omnis abest jussorum poena laborum.
Nam quod te jactas Alcmenâ matre creatum,
Juppiter aut falsus pater est, aut crimine verus.
Matris adulterio patrem petis: elige, fictum '
Esse Jovem malis, an te per dedecus ortum.

II. Herculis et Acheloï pugna.

2

TALIA dicentem jam dudum lumine torvo Spectat, et accensæ non fortiter imperat iræ; Verbaque tot reddit: Melior mihi dextera linguâ. Dummodo pugnando superem, tu vince loquendo. Congrediturque ferox. Puduit modò magna locutum Cedcre. Rejeci viridem 3 de corpore vestem ; Brachiaque opposui: tenuique a pectore varas In statione manus, et pugnæ membra paravi.

3

'Le fleuve Achéloüs prend sa source au pié du Pinde, et dans son cours sépare l'Etolie où régnait OEnée, père de Déjanire, de l'Acarnanie, contrée de l'Epire.

Est dilemma, argumentum in quo utrum conceditur, reprehenditur.

3 Tales enim fluviorum Diis attribuuntur vestes.

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