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De l'hydre, ai-je écrasé la tête renaissante?
De l'affreux sanglier, la terreur d'Erimante,
Du lion de Némée en mes bras étouffé,

Des Centaures hideux, n'ai-je pas triomphé?
Nourris de sang humain les coursiers de la Thrace,
Et leur maître farouche, ont connu mon audace.
Cette main, de Cacus a puni les forfaits;

Cette tête, du ciel; a soutenu le faix.
Vengeur de l'univers, mon bras opiniâtre,
Sans jamais se lasser, a lassé ma marâtre.
Hélas! que m'ont servi ma force et ma valeur?
Un mal dont rien ne peut modérer la douleur,
S'allume dans mon sang, bouillonne dans mes veines.
Contre lui cette main et ces armes sont vaines.
Je meurs et cependant Euristhée est heureux!
Le ciel le voit, le souffre, et le ciel a nos vœux!
Il dit;
et de l'Eta parcourt le bois sauvage,
Tel qu'un tigre écumant de douleur et de rage,
Qui, percé d'une flèche attachée à son flanc,
Cherche en vain le chasseur qui fit couler son sang.
Tantôt vous l'eussiez vu, dans ses tourmens horribles,
Frémir, grincer des dents, pousser des cris terribles;
Tantôt vous l'eussiez vu se roidir les deux mains,
Reprendre, déchirer ces tissus inhumains;

Tantôt briser les troncs offerts à sa colère;

Tantôt, les bras au ciel, y réclamer son père.

VIII. Mutatus in saxum Lychas.

ECCE Lichan trepidum, et latitantem rupe cavatâ Aspicit: utque dolor rabiem collegerat omnem ; Tune, Licha, dixit, feralia dona tulisti?

Tune meæ necis auctor eris? Tremit ille, pavetque
Pallidus; et timidè verba excusantia dicit.
Dicentem, genibusque manus adhibere parantem,
Corripit Alcides; et terque quaterque rotatum
Mittit in Euboïcas, tormento fortiùs, undas.
Ille per aërias pendens induruit auras.
Utque ferunt imbres gelidis concrescere ventis,
Inde nives fieri; nivibus quoque molle rotatis
Astringi, et spissâ glomerari grandine corpus;
Sic illum validis actum per inane lacertis,
Exsanguemque metu,nec quicquam humoris habentem,
In rigidas versum silices prior edidit ætas.

Nunc quoque in Euboïco scopulus brevis emicat altè
Gurgite; et humanæ servat vestigia formæ.
Quem, quasi sensurum, nautæ calcare verentur,
Appellantque Lichan.

IX. Alcide bustum, mors, et apotheosis.

Ar tu, Jovis inclyta proles,

Arboribus cæsis, quas ardua gesserat ŒEte;

Inque pyram structis, arcus, pharetramque capacem,

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VIII. Lychas changé en Rocher.

Sous le creux d'une roche il apperçoit Lychas: Il le voit, il s'écrie: Ah! traître, tu mourras. C'est de toi que je tiens ce présent homicide;

C'est toi seul qui me perds. Lychas aux piés d'Alcide
Tremble, s'excuse en vain. Il le prend, et dans l'air
L'enlève, et furieux le jette dans la mer.

La puissante baliste, instrument de la guerre,
Avec moins de roideur élance au loin la pierre.
Lychas tournoie en l'air, et par l'effroi transi,
Au milieu de sa chute, en roc s'est endurci.
Telle une pluie épaisse, en neige condensée,
Se durcit, devient grêle, et retombe glacée.
Dans la profonde mer il trouve son cercueil;
Et sur les flots d'Eubée on distingue un écueil,
Qui s'élève au milieu de l'orageuse plaine,
Et garde encor les traits de la figure humaine.
Cette roche est sacrée : on la nomme Lychas;
Et le nocher jamais n'ose y porter scs pas.

IX. Búcher d'Hercule, sa mort, et son apothéose.

Toi, fils de Jupiter, ton grand destin s'achève. Des troncs sont abattus : et ton bûcher s'élève. Philoctete a reçu ton arc et ton carquois, Et ces traits qu'llion devait craindre deux fois.

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