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Nomine, quàm soceri : siquidem Jovis esse nepoti
Contigit haud uni, conjux Dea contigit uni.

VII. Thetis et Peleus.

NAMQUE Senex Thetidi Proteus; Dea, dixerat, undæ, Concipe mater eris juveni, qui fortibus actis Acta patris vincet; majorque vocabitur illo. Ergo, ne quicquam mundus Jove majus haberet, Quamvis haud tepidos sub pectore senserat ignes Juppiter, æquorca Thetidis connubia vitat; In suaque aciden succedere vota nepotem Jussit, et amplexus in virginis ire marinæ.

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Est sinus Hæmoniæ curvos falcatus in arcus:
Brachia procurrunt; ubi, si foret altior unda,
Portus erat: summis inductum est æquor arenis.
Litus habet solidum, quod nec vestigia servet,
Nec remoretur iter, nec opertum pendeat algâ.
Myrtea silva subest, bicoloribus obsita baccis.
Est specus in medio naturâ factus, an arte,
Ambiguum; magis arte tamen : quò sæpe venire
Frænato delphine sedens, Theti nuda, solebas.
Illic te Peleus, ut somno vincta jacebas,

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Jupiter avait craint d'être père du fils de Thétis, formidatamque tonanti progeniem, parce qu'un oracle avait déclaré que le fils de cette déesse serait plus grand que son père : ce qui fut vérifié à l'égard de Pélée.

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Car enfin de vingt rois Jupiter est l'aïeul :
Mais qui d'une déesse est l'époux que lui seul?

VII. Thétis et Pélée.

DEESSE, dit Protée à la reine de l'onde, En vain tu fuis l'hymen : tu dois un fils au monde, Digne par ses exploits d'un immortel renom, Et qui doit de son père effacer le grand nom. Jupiter trouve en elle un invincible charme; Mais il craint pour son rang, et l'oracle l'alarme. Il renonce lui-même à ses vœux les plus chers, Et destine Pélée à la reine des mers.

Une enceinte de rocs, aux rivages d'Epire,
S'arrondit en bassin, près de l'humide empire.
Abri tranquille et sûr, hospice des nochers,
Si des flots plus profonds roulaient sous ces rochers.
Sur ce bord où jamais ne s'épand l'algue humide,
Le pié du voyageur foule un sable solide.

Un bois de myrtes verts semble le couronner;
Une grotte est au fond; on ne peut deviner
Si la nature ou l'art en creusa la structure;
Mais on dirait que l'art imita la nature.
Thétis! c'est dans cet antre, asyle du repos,
Qu'un dauphin tous les soirs te portait sur son dos.
C'est là que, sans défense, à l'ombre, et demi-nue,
Le héros te surprend par le sommeil vaincue.

Occupat : et, quoniam precibus tentata repugnas,
Vim parat, innectens ambobus colla lacertis.
Quod nisi venisses, variatis sæpe figuris,

Ad solitas artes, auso foret ille potitus.

Sed modò tu volucris, volucren tamen ille tenebat ;
Nunc gravis arbor eras, hærebat in arbore Peleus.
Tertia forma fuit máculosæ tigridis : illâ
Territus Æacides a corpore brachia solvit.
Inde Deos pelagi, vino super æquora fuso,
Et pecoris fibris, et fumo turis adorat.

Donec Carpathius medio de gurgite vates'.
Æacida, dixit, thalamis potiere petitis.
Tu modò, cùm gelido sopita quiescet in antro,
Ignaram laqueis vincloque innecte tenaci.
Nec te decipiat centum mentita figuras;

Sed

preme quicquid erit, dum, quod fuit ante, reformet. Dixerat hæc Proteus : et condidit æquore vultum, Admisitque suos in verba novissima fluctus. Pronus erat Titan, inclinatoque tenebat Hesperium temone fretum : cùm pulchra, relicto, Nereis ingreditur consueta cubilia, ponto.

'Protée était un devin fameux, qui habitait un antre aux bords de la mer Carpathienne. C'est de ce demi-dieu, pasteur des troupeaux de Neptune, que Virgile a dit :

Novit namque omnia vates,

Quæ sint, quæ fuerint, quæ mox ventura trahantur.

Il sait tout ce qui fut, et tout ce qui doit être.

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