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tique et jusqu'au Niger, on retrouve encore aujourd'hui, chez les femmes touareg, la tradition de l'écriture berbère, perdue pour les autres groupes de cette grande et ancienne famille.

Tandis que dans tous les États barbaresques une femme sachant lire et écrire est une exception très rare, presque toutes les femmes touareg lisent et écrivent le berbère, et quelques-unes lisent et écrivent aussi l'arabe.

J'ajouterai un détail pour terminer. Généralement les femmes ne se marient pas avant vingt ans et les hommes avant vingt-cinq ou trente ans.

La majorité politique, celle qui donne accès dans les conseils des anciens n'est guère octroyée avant quarante ans, mais aussi faut-il dire que la vieillesse, avec la conservation des facultés, se prolonge beaucoup chez les Touareg, et que l'on rencontre des centenaires parmi eux.

Il me reste, messieurs, à vous remercier pour l'attention bienveillante que vous avez bien voulu prêter à cette esquisse du pays des Touareg et du peuple qui l'habite. Elle n'est certes pas complète, mais je reste à la disposition de la Société de géographie pour tous les renseignements qu'elle pourrait me demander, et auxquels je répondrais dans une prochaine séance.

Analyses, Rapports, etc.

Report on the physics and hydraulics of the Mississipi river, upon the protection of the alluvial regions against overflow, and upon the deepening of the mouths, based upon surveys and investigations, by Captain A. A. HUMPHREYS and Lieutenant H. L. ABBOT. Philadelphia, Lippincott, 1861.

Ce beau livre, imprimé par ordre du congrès des États-Unis et distribué aux Sociétés savantes du monde avec l'extrême libéralité qui distingue le gouvernement américain, est le fruit de onze années de recherches et d'études entreprises par un grand nombre d'officiers appartenant au corps des Topographical Engineers. La commission scientifique se composait de trois détachements. Le premier avait pour mission spéciale de faire un levé topographique très détaillé des bords du Mississipi, entre l'embouchure de la rivière Rouge et la Nouvelle-Orléans, et de recueillir en même temps tous les documents authentiques sur les inondations, les levées, les crevasses, en un mot, sur l'histoire du fleuve depuis les premières années de la colonisation. Le détachement chargé de la partie hydraulique du travail devait s'occuper de mesurer exactement la section du Mississipi, de l'Atchafalaya, des bayous Lafourche et Plaquemine, à tous les points importants de leur cours, d'évaluer avec soin la rapidité des eaux en ces divers endroits, et de déterminer la nature des

débris poussés par le courant sur le fond du lit fluvial. Enfin les officiers du troisième détachement, désigné sous le nom de section hydrométrique et dirigé par le savant professeur Forshey, s'établissaient à la Nouvelle-Orléans, dans le faubourg de Carrolton, et se donnaient pour objet de mesurer chaque jour et de la manière la plus précise la profondeur du fleuve, la capacité de son lit, la vélocité de son courant, l'influence accélératrice ou retardatrice du vent, la proportion des matières alluviales tenues en suspension dans les diverses couches d'eau. Commencées en 1850, les recherches furent interrompues l'année suivante par une grave maladie du capitaine Humphreys; mais bientôt après, celui-ci profita de son congé de convalescence pour aller étudier en Europe les deltas du Rhône et du Pô. A son retour, il reprit avec ses associés l'œuvre commencée, et le 5 août 1861 il put enfin soumettre au congrès le résultat des recherches laborieuses de la commission.

La campagne scientifique avait été féconde. Les officiers rapportaient à Washington de nombreuses cartes et des milliers de figures résumant graphiquement par diverses courbes toutes les séries de faits. observés sur le fleuve en plusieurs points de son cours et aux différentes époques de l'année. Grâce à l'inébranlable point de départ que leur donnait la méthode d'observation dégagée de toute théorie préconçue, ils ont pu écarter définitivement et remplacer par des faits certains, toutes les suppositions auxquelles les savants et les voyageurs étaient obligés d'avoir recours; ils ont pu arracher au domaine des hypothèses ce Missis

sipi naguère si mystérieux, et désormais mieux connu que la plupart des fleuves d'Europe. Bien plus, la multiplicité des observations journalières a révélé des lois inconnues aux savants américains, et leur a inspiré de nouvelles méthodes pour jauger les eaux courantes; des formules plus facilement applicables et plus précises que les anciennes ont été dégagées; la science hydraulique a fait des progrès considérables. Une grande partie du rapport de MM. Humphreys et Abbot est consacrée à la discussion de nouvelles formules mathématiques; mais nous devons nous borner ici à signaler les découvertes faites dans le domaine de la géographie et de la géologie proprement dites.

Les investigations des commissaires s'étant portées seulement sur le tronc du Mississipi, c'est-à-dire sur la partie du fleuve comprise entre l'embouchure de l'Ohio et la mer, le rapport n'ajoute rien à ce que nous savions déjà sur le cours du haut Mississipi; c'est à MM. Schoolcraft, Nicollet, Allen que les auteurs ont dû emprunter leurs descriptions du lac Itasca, du lac Leech, du petit Winnipeg, des cascades de Peckagama et de Saint-Anthony. De même pour le Missouri, ils se contentent de reproduire sur les grandes cataractes et les défilés des Montagnes-Rocheuses quelques belles pages extraites du livre classique de Lewis et Clarke et des ouvrages les plus importants qui ont été publiés depuis la célèbre expédition de 1806. Cependant ils ont pu nous donner quelques renseignements nouveaux sur les sources du Missouri, en utilisant un rapport manuscrit du capitaine Raynolds, officier du génie que le secrétaire de la guerre avait chargé d'un voyage d'exploration dans

les Montagnes - Rocheuses. Ce dernier travail nous apprend que le Big-Horn ou Wind-river, l'une des principales sources du fleuve, jaillit à 2280 mètres d'altitude, sur les flancs d'un grand pic, haut de 4200 mètres environ. La montagne, située par 43° 30' de latitude nord et 110 degrés de longitude ouest de Greenwich, a reçu le nom de Union-Peak, parce que ses eaux coulent au sud vers le Colorado, au nord vers le Missouri, à l'ouest vers la Colombia.

Les rapporteurs de la commission décrivent le bassin de l'Arkansas encore plus brièvement que celui du Missouri; mais la partie inférieure de la rivière Rouge, qui offre tant de ressemblance avec le Mississipi luimême, les arrête longtemps, et ils consacrent plusieurs pages à la description de l'énorme embarras de bois flotté, connu par les Américains sous le nom de great raft. On sait que cette immense agglomération d'arbres sous laquelle les eaux de la rivière Rouge disparaissent en entier comme sous une voûte mobile, remonte peu à peu le cours du fleuve à mesure que les arbres de la partie d'aval se détachent et que les crues annuelles apportent en amont de nouveaux troncs de dérive. L'obstruction, qui probablement s'était d'abord formée au confluent de la rivière Rouge et du Mississipi, s'était ainsi graduellement avancée jusqu'à 630 kilomètres de l'embouchure, en gagnant de 2 à 3 kilomètres par année. En 1833, le gouvernement fédéral fit entreprendre des travaux pour la destruction de l'embarras, qui avait alors 200 kilomètres de longueur; mais, tandis qu'une flottille de bateaux arracheurs était occupée à extraire les troncs d'arbres qui formaient V. FÉVRIER. 4.

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