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indistinctement applicable à la France et à l'Angleterre, sans distinction des différences radicales qui séparent les deux nations au point de vue de leur histoire, de leur organisation sociale, de toutes leurs conditions d'existence.

M. Lefèvre-Duruflé ne voudrait pas trop insister sur un sujet qui n'appartient qu'indirectement aux travaux de la Société; néanmoins il fait aussi observer, avec quelques développements, que les conditions qui déterminent essentiellement les nombreuses émigrations sont bien loin d'être en France ce qu'elles sont en Angleterre.

M. Deloche pense avec M. de Quatrefages que la conscription est au nombre des causes les plus puissantes qui détournent les populations françaises de l'émigration. Si M. de Quatrefages n'a pas abordé cette question, c'est qu'il n'a pas voulu s'éloigner du but tout géographique de la Société.

M. d'Avezac ajoute que l'infériorité numérique des émigrants français à l'étranger tient surtout au bienêtre général dont ils jouissent dans la mère-patrie, qu'ils ne peuvent se déterminer à quitter sans espoir de retour; ils émigrent cependant volontiers pour un temps limité, ainsi qu'en offrent l'exemple les Basques, qui vont s'établir dans l'Amérique du Sud et reviennent dans leurs montagnes, après s'être enrichis sous un ciel qui n'est pas le leur.

La séance est levée à dix heures et demie.

Séance du 6 février 1863.

PRÉSIDENCE DE M. DE QUATREFAGES.

Son Exc. M. le Ministre de l'Instruction publique et des cultes annonce à la Société qu'il vient de lui allouer, en échange de cinquante exemplaires du Bulletin, une somme de six cents francs pour l'année 1863.

MM. Noman et Kolff (de Batavia), éditeurs de l'Atlas des Indes orientales néerlandaises, de M. le baron Melvill de Carnbée, adressent à la Société les cartes nouvellement parues de cet ouvrage.

M. Malte-Brun fait connaître que dans la séance de la Société royale géographique de Londres du 26 janvier dernier, M. le Président Murchison a annoncé la mort probable de M. Petherick, consul d'Angleterre à Karthoum et de sa femme. On sait que M. Petherick avait été chargé par la Société royale géographique de Londres d'aller au-devant de MM. Speke et Grant, et de leur porter les secours qui pourraient leur être nécessaires. La somme allouée pour cet objet n'ayant pas encore été employée, a été confiée par la Société de Londres à M. Baker, voyageur anglais dans le même pays, pour en faire l'usage voulu, si MM. Speke et Grant parviennent dans les régions du haut Nil.

Le même membre annonce que deux dames anglaises, les dames Tinne, qui avaient frété un petit navire à vapeur pour remonter le Nil Blanc depuis Khartoum,

ont été vues passant devant Gondo-Koro et remontant le fleuve dans la direction des chutes de Garbo.

M. Vivien de Saint-Martin annonce que M. Aug. Petermann a publié, d'après l'Athenæum anglais, une lettre en date du 30 septembre 1861, dans laquelle M. Speke fait savoir que si des obstacles imprévus l'empêchaient de gagner le bassin du Nil, il se rendrait des grands lacs à la côte orientale de l'Afrique, en passant dans la direction du mont Kénia.

Le secrétaire général donne ensuite lecture de la liste des ouvrages déposés sur le bureau. Sont ensuite offerts à la Société : une Esquisse de géographie générale, présentée au nom de l'auteur, M. le baron de Sydow, par M. Malte-Brun, et dont M. Vivien de Saint-Martin est prié de rendre compte; le premier volume du journal l'Économiste français, par son rédacteur en chef, M. Jules Duval; un exemplaire du Plan de Mexico et de ses environs dans un rayon de huit kilomètres, accompagné d'une esquisse et d'un profil de l'itinéraire de la Vera-Cruz à Mexico, dressés d'après H. Kiepert, sous la direction de M. MalteBrun.

MM. Boselli, juge au tribunal de la Seine; Paul de. Laboulaye, attaché au cabinet du ministre des affaires étrangères; Lorenzo Montufar, ancien ministre des affaires étrangères de Costa-Rica; Charles Sieburg, ancien officier de la marine néerlandaise, présentés à la dernière séance, sont nommés membres de la Société.

Sont présentés pour faire partie de la Société : MM. Charles Grad, par MM. d'Avezac et Malte-Brun; Perrot, élève de l'école d'Athènes, par MM. Charton et

d'Avezac; Raphael Gonse, par MM de la Roquette et Malte-Brun.

M. Lefèvre-Duruflé, sénateur, donne lecture, au nom de la section de comptabilité dont il est président, d'un rapport détaillé et motivé sur les comptes de 1862, et sur le budget de 1863. Ce rapport est adopté par la Commission centrale.

M. de la Roquette lit au nom d'une commission son rapport sur différents projets d'explorations en Afrique soumis par M. Jules Gérard, et conclut à ce que la Société s'en rapporte purement et simplement aux instructions données à ce voyageur par la Société royale géographique de Londres.

M. V. Guérin, qui part prochainement pour la Palestine, demande des instructions à la Société. M. Poulain de Bossay est prié de s'occuper de leur rédaction.

M. Malte-Brun donne lecture d'une note de M. Bert, missionnaire américain de la station de Baraka au Gabon, relative aux peuplades noires qui habitent les rives de ce fleuve et de ses affluents.

M. E. Cortambert annonce à la Société la mort de l'un de ses membres, M. Mallat de Bassilan, auteur d'un ouvrage très intéressant, en deux volumes et un atlas, intitulé: les Philippines, histoire, géographie, mœurs, agriculture, industrie et commerce des colonies espagnoles dans l'Océanie.

M. Maunoir donne lecture d'une note relative à la Carte topographique de l'Italie centrale et de la Sicile dressée par l'État-major italien.

La séance est levée à dix heures et demie.

DE LA

SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE.

MARS 1863.

Mémoires, Notices, etc.

ORIGINE DES PEUPLES

QUI HABITENT

LE SÉNÉGAL FRANÇAIS (1).

Lou nar kheykhey bou dega gonalé gjot ko.
(Quelque matinal que soit le mensonge, que la
vérité se lève au soir, elle l'atteindra.)
(Proverbe wolof.)

Il est incontestable que les hommes, quels que soient leur type et leur couleur, dérivent tous d'une seule et même souche; tous se trouvant donc à Sennahar, lors de l'accroissement du genre humain, se virent forcés de se répandre sur la surface de la terre. Ceci nous explique aisément deux faits qui sont universellement reconnus: 1° que nous sommes tous frères,

2o

que, logiquement parlant, le nom de race est une

(1) En publiant cet article la Rédaction du Bulletin croit devoir rappeler que les auteurs sont seuls responsables des idées ou des opinions qu'ils émettent.

V. MARS. 1.

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