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Quoniam ipsa organa et genitalium fabrica, et nostra feminarumque discretio, et receptacula vulvæ, að suscipiendos et coalendos fœtus condita, sexús diffèrentiam prædicant, hoc breviter respondebo: Nunquàm ergo cessemus à libidine, ne frustrà hujuscemodi membra portemus. Cur enim maritus se abstineat ab uxore, cur easta vidua perseveret, si ad hoc tantùm nati sumus ut pecudum more vivanus? Aut quid mihi nocebit si cum uxore meá alius concubuerit? Quomodò enim dentium officium est mandere, et in alvum ea quæ sunt mansa transmittere, et non habet crimen qui conjugi. meæ panem dederit; ita si genitalium hoc est officium ut semper fruantur naturá suá, meam lassitudinem alterius vires superent; et uxoris, ut ita dixerim, ardentissimam gulam fortuita libido restinguat.

Après un tel passage, il est inutile d'en citer d'autres. Remarquons seulement que ce style économique qui tient de si près au polémique, doit être manié avec la plus grande circonspection, et qu'il n'appartient point aux profanes d'imiter dans leurs disputes ce que les saints ont hasardé, soit dans la chaleur de leur zèle, soit dans la naïveté de leur style.

ÉCROUELLES.

ÉCROUELLES, Scrofules appelées humeurs froides, quoiqu'elles soient très caustiques; l'une de ces maladies presque incurables qui défigurent la nature humaine, et qui mènent à une mort prématurée par les douleurs et par l'infection.

On prétend que cette maladie fut traitée de divine, parce qu'il n'était pas au pouvoir humain de la guérir.

Peut-être quelques moines imaginèrent que des rois, en qualité d'images de la Divinité, pouvaient avoir le droit d'opérer la cure des scrofuleux, en les touchant de leurs mains qui avaient été ointes. Mais pourquoi ne pas attribuer à plus forte raison ce privilege aux empe

reurs qui avaient une dignité si supérieure à celle des rois? pourquoi ne le pas donner aux papes, qui se disaient les maîtres des empereurs, et qui étaient bien autre chose que de simples images de Dieu, puisqu'ils en étaient les vicaires? Il y a quelque apparence que quelque songe-creux de Normandie, pour rendre l'usurpation de Guillaume-le-Bâtard plus respectable, lui concéda de la part de Dieu la faculté de guérir les écrouclles avec le bout du doigt.

C'est quelque temps après Guillaume qu'on trouve cet usage tout établi. On ne pouvait gratifier les rois d'Angleterre de ce don miraculeux, et le refuser aux rois de France leurs suzerains. C'eût été blesser le respect dù aux lois féodales. Enfin, on fit remonter ce droit à Saint-Édouard en Angleterre, et à Clovis en France.

Le seul témoignage un peu croyable que nous ayons de l'antiquité de cet usage (1), se trouve dans les écrits en faveur de la maison de Lancastre, composés par le chevalier Jean Fortescue sous le roi Henri VI, reconnu roi de France à Paris dans son berceau, et ensuite roi d'Angleterre, et qui perdit ses deux royaumes. Jean Fortescue, grand-chancelier d'Angleterre, dit que de temps immémorial les rois d'Angleterre étaient en possession de toucher les gens du peuple malades des écrouelles. On ne voit pourtant pas que cette prérogative rendit leurs personnes plus sacrées dans les guerres de la Rose rouge et de la Rose blanche.

Les reines qui n'étaient que femmes de rois ne guérissaient pas les écrouelles, parce qu'elles n'étaient pas ointes aux mains comme les rois; mais Élisabeth, reine de son chef et ointe, les guérissait sans difficulté.

Il arriva une chose assez triste à Mariorillo le Calabrois, que nous nommons saint François-de-Paule. Le roi Louis XI le fit venir au Plessis-les-Tours pour le guérir des suites de son apoplexie: le saint arriva (1) Appendix, no. VI.

avec les écrouelles (1): Ipse fuit detentus gravi infla turá quam in parte inferiori genæ suæ dextræ, circa guttur patiebatur. Chirurgi dicebant morbum esse scrofarum.

Le saint ne guérit point le roi, et le roi, ne guérit point le saint.

Quand le roi d'Angleterre Jacques II fut reconduit de Rochester à Whitehall, on proposa de lui laisser faire quelque acte de royauté, comme de toucher les écrouelles; il ne se présenta personne. Il alla exercer sa prérogative en France, à Saint-Germain, où il toucha quelques Irlandaises. Sa fille Marie, le roi Guillaume, la reine Anne, les rois de la maison de Brunsvick ne guérirent personne. Cette mod e sacrée passa, quand le paisonnement arriva..

ÉDUCATION.

Dialogue entre un conseiller et un ex-jésuite

L'EX-JÉSUITE.

MONSIEUR, VOUS Voyez le triste état où la banqueroute de deux marchands missionnaires m'ont réduit. Je n'a. vais assurément aucune correspondance avec frère La Valette et frère Saci ; j'étais un pauvre prêtre du collége de Clermont dit Louis-le-Grand; je savais un peu de latin et de catéchisme, que je vous ai enseigné pendant six ans sans aucun salaire: à peine sorti du collége, peine ayant fait semblant d'étudier en droit avez-vous acheté une charge de conseiller au parlement, que vous avez donné votre voix pour me faire mendier mon pain hors de ma patrie, ou pour me réduire à y vivre bafoué avec seize louis et seize francs par an, qui ne suffisent pas pour me vêtir et me nourrir, moi et ma sœur la couturière devenue impotente. Tout le monde m'a dit que ce désastre était advenu aux frères jésuites, non-seulement (1) Aela sancti Francisci Pauli, page. 155.

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par la banqueroute de La Valette et Saci, missionnaires, mais parce que frère La Chaise, confesseur, avait été un trigaud, et frère Le Tellier, confesseur, un persécuteur impudent: mais je n'ai jamais connu ni l'un ni l'autre, ils étaient morts avant que je fusse né.

On prétend encore que des disputes de jansénistes et de molimistes sur la grâce versatile et sur la science moyenne, ont fort contribué à nous chasser de nos maisons; mais je n'ai jamais su ce que c'était que la grâce Je vous ai fait lire autrefois Despautère et Cicéron, les vers de Commire et de Virgile; le Pédagogue chrétien et Sénèque, les Psaumes de David en latin de cuisine, et les Odes d'Horace à la brune Lalagé et au blond Ligu. rinus, flavam religanti comam, renouant sa blonde chevelure. En un mot, j'ai fait ce que j'ai pu pour vous bien élever; et voilà ma récompense!

LE CONSEILLER.

Vraiment, vous m'avez donné là une plaisante éducation; il est vrai que je m'accommodais fort du blond Ligurinus. Mais lorsque j'entrai dans le monde, je voulus m'aviser de parler, et on se moqua de moi ; j'avais beau citer les Odes à Ligurinus et le Pédagogue chrétien, je ne savais ni si François Ier avait été fait prisonnier à Pavie, ni où est Pavie; le pays même où je suis né était ignoré de moi; je ne connaissais ni les lois principales, ni les intérêts de ma patrie; pas un mot de mathématiques, pas un mot de saine philosophie; je savais da latin et des sottises.

L'EX-JÉSUITE.

Je ne pouvais vous apprendre que ce qu'on m'avait enseigné. J'avais étudié au même collége jusqu'à quinze ans; à cet âge un jésuite m'enquinauda; je fus novice, on m'abêtit pendant deux ans, et ensuite on me fit régenter. Ne voudriez-vous pas que je vous eusse donné l'éducation qu'on reçoit dans l'école militaire ?

LE CONSEILLER.

Non, il faut que chacun apprenne de bonne heure tout ce qui peut le faire réussir dans la profession à laquelle il est destiné. Clairaut était le fils d'un maître de mathématiques; dès qu'il sut lire et écrire, son père lui montra son art il devint très bon géomètre à douze ans; il apprit ensuite le latin, qui ne lui servit jamais à rien. La célèbre marquise du Châtelet apprit le latin en un an, et le savait très bien; tandis qu'on nous tenait sept années au collège pour nous faire balbutier cette langue, sans jamais parler à notre raison.

Quant à l'étude des lois dans laquelle nous entrions en sortant de chez vous, c'était encore pis. Je suis de Paris, et on m'a fait étudier pendant trois ans les lois oubliées de l'ancienne Rome; ma coutume me suffirait s'il n'y avait pas dans notre pays cent quarante-quatre coutumes différentes.

J'entendis d'abord mon professeur qui commença par distinguer la jurisprudence en droit naturel et droit des gens; le droit naturel est commun, selon lui, aux hommes et aux bêtes; et le droit des gens commun à toutes les nations, dont aucune n'est d'accord avec ses voisins.

Ensuite, on me parla de la loi des douze tables, abrogée bien vite chez ceux qui l'avaient faite; de l'édit du préteur quand nous n'avons point de préteur; de tout ce qui concerne les esclaves quand nous n'avons point d'esclaves domestiques ( au moins dans l'Europe chrétienne); du divorce quand le divorce n'est pas encore reçu chez nous, etc. etc.

Je m'aperçus bientôt qu'on me plongeait dans un abîme dont je ne pourrais jamais me tirer. Je vis qu'on m'avait donné une éducation très inutile pour me conduire dans le monde.

J'avoue que ma confusion a redoublé quand j'ai lu nos ordonnances; il y en a la valeur de quatre-vingts volumes, qui presque tous se contredisent: je suis obligé,

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