Peu de temps après son mariage, Vander Elst vint, en 1836, dans le centre industriel de Charleroi. Il s'y occupa de comptabilité commerciale; ce qui ne l'empêcha pas de faire lui-même l'instruction de ses nombreux enfants et de soigner ses publications particulières sur l'histoire et l'archéologie, publications nombreuses dont nous donnerons la liste en terminant. " Dévoué à sa famille et à ses amis, a dit avec vérité une voix sympathique sur sa tombe, sévère pour lui-même, indulgent et bon pour les autres, il poussa jusqu'aux dernières limites le scrupule de la délicatesse et de l'honneur. Son excessive modestie l'éloignait des grandeurs et les compétitions personnelles répugnaient à sa nature bienveillante. Il vivait comme un sage, entouré de l'amour et du respect des siens, consacrant ses loisirs à l'étude de l'histoire et de la philosophie, puisant dans le passé des enseignements pour l'avenir, et supportant avec une courageuse fermeté les épreuves dont ses jours ne furent pas exempts ». En 1863, de concert avec un ingénieur, M. Marousé, il fonda la Société archéologique et paléontologique de Charleroi, union des spécialités de nos deux amis. Vander Elst fut le secrétaire de la nouvelle Société, puis il en devint le président pendant de longues années, et, en était le président d'honneur, quand il mourut : c'était son enfant et il lui donna ses soins jusqu'à la fin. Notre Société lui doit de nombreux travaux publiés dans ses volumes. Cependant il écrivait beaucoup aussi dans les Annales de l'Académie d'archéologie de Belgique, dont il était membre effectif, et dans le Messager des sciences historiques de Belgique, dont il fut collaborateur, et dans la Revue trimestrielle. Jusqu'à ses derniers jours, notre compagnon assista aux séances du Comité de la Société et, déjà frappé de la maladie qui devait l'emporter, il voulut encore être à l'une de nos réunions. Il se sentait mieux, nous disait-il, il ne lui restait que de la faiblesse. Ce fut la dernière fois que nous lui serrâmes la main, la mort l'attendait au retour. Il mourut quelques jours après. L'inhumation eut lieu le 27 juillet 1882, au milieu d'un nombreux concours d'amis et d'un concert unanime de regrets. Plusieurs discours furent prononcés sur sa tombe. Nous reproduisons celui que le président de la Société archéologique prononça au nom de ses collègues. MESSIEURS, Naguère les membres de la Société archéologique de l'arrondissement de Charleroi étaient réunis autour de Constant Vander Elst, leur président d'honneur. On fêtait avec entrain la distinction flatteuse et méritée que le Roi lui avait décernée : il venait d'être nommé chevalier de l'Ordre de Léopold. C'était la joie! Mais aujourd'hui... ses collègues sont assemblés autour d'une tombe pour pleurer et crier adieu à leur ami, au fondateur et au père de leur Société. Constant Vander Elst fut en quelque sorte un pionnier de notre histoire nationale. Il la possédait dans tous ses détails et ne cessait de l'approfondir. A 22 ans, il avait déjà produit sur la géographie des Pays-Bas, un excellent atlas qui fut publié en 1829 et dont le manuscrit original se trouve déposé à la Bibliothèque des manuscrits de l'État. Doué de grandes facultés intellectuelles, qu'il garda jusqu'à la fin malgré son âge avancé, il avait ce qu'il faut pour plaire en instruisant. On ne se fatiguait pas de l'entendre causer d'histoire de Belgique, surtout en ce qui regarde Bruxelles et notre révolution de 1830; il savait y mêler quantité de faits particuliers, intéressants, qui semblaient dans sa bouche en faire une espèce de chronique. Sa plume féconde publia un très grand nombre d'opuscules historiques. Plusieurs ont paru dans les volumes de l'Académie d'archéologie de Belgique dont il était l'un des membres les plus considérés. On a de lui un volume sur les origines légendaires de notre pays. Il aimait la recherche des origines, c'est ce qui en fit un archéologue: « Il est de l'essence de l'archéologie de chercher continuellement les origines des choses et des institutions écrivait-il un jour. Or, l'indice et la preuve de ces origines, l'histoire les trouve, à défaut de manuscrits, dans les restes matériels que nous ont légués les âges passés et qu'il faut souvent aller rechercher dans le sein de la terre et dans les fouilles. Telles furent les idées qui amenèrent Vander Elst, et un de ses amis, à fonder en 1863, notre Société archéologique. Ce fut aussi ce qui fit joindre aux travaux de cette Société les recherches sur l'histoire de notre globe et de ses origines, c'est-àdire la géologie, et la paléontologie qui est à cette science ce que l'archéologie est à l'histoire. Fondateur de notre Société, Vander Elst fut longtemps l'une de ses colonnes. Secrétaire d'abord, puis président jusqu'en 1872; malgré nos instances unanimes, il voulut descendre du fauteuil et rester dans le Comité. Il est mort président d'honneur de la Société paléontologique de l'arrondissement de Charleroi et il en était le père véritable, car le Comité professait, en toutes circonstances, la plus grande considération pour les avis qu'il émettait. C'était un ami, dont les conseils étaient toujours accueillis avec plaisir et condescendance. Sa manière de voir s'imposait du reste naturellement d'ellemême, parce qu'elle était toujours marquée au coin de l'intelligence pratique et de la droiture la plus stricte, et exposée avec clarté, dignité et rectitude. L'expérience en lui était toujours accompagnée de la bienveillance et, même quand on était d'un avis différent, la discussion restait avec lui une conversation amicale. Il fut souvent un guide pour notre société dans les difficultés qu'elle eut toujours à surmonter. Il fut aussi un travailleur pour soutenir son éclat et le rang qu'elle occupe dans le monde scientifique. Nos publications sont remplies de ses opuscules et nos collections renferment grand nombre d'objets, fournis par les fouilles qu'il a dirigées et dont il a étudié le résultat avec une véritable entente des choses de l'archéologie. La mort inattendue de Vander Elst laisse parmi nous un vide irréparable et c'est avec un grand serrement de cœur, qu'au nom de tous nos collègues ; nous venons dire aujourd'hui un dernier adieu à notre compagnon, à notre ancien camarade. Adieu, Vander Elst. Voici la liste des ouvrages publiés par P.-C. VANDER ELST. VOLUMES. Sommaire de l'histoire des nations, 1829, in-18. (Pseudonyme.) Atlas des Pays-Bas, représentant l'état géographique et politique des provinces, 1830, in-folio. Oorsprong der Nederlanders, 1832, brochure in-18. La presbytérocratie, (Anonyme), in-8°. Zeven brieven orer vaderlandsch geschiedenis, 1855, in-12. L'éducation du genre humain, 1872, 111 pages in-12. (Traduit de l'Anglais.) L'île des Bataves, 1873, 129 p. in-8°. (Traduit du Hollandais.) ARTICLES ET BROCHURES. Dans les Documents et rapports de la Société archéologique de Charleroi. - Où Boduognat fut-il vaincu ? - 8 pages. -Le camp de Q. Cicéron fut-il dans l'arrondissement de Charleroi, 8 pages. 1863. » I. -Notice topographique sur les cinq cantons de l'arrondissement administratif de Charleroi, 27 pages. 1868. » II. Rapport sur une fouille pratiquée à la limite nord du territoire de Monceau-sur-Sambre, lieu dit: Bois de Monceau, 7 pages. Les dédicaces, éléments probables de chronologie, 14 pages. - Castel et moutier, 4 pages. 1868. II. 1870. III. 1870-1872, t. III-V. 1870. T. III. 1870. III. 1871. " IV. IV. 1871. IV. ກ Rapport sur la fouille du mois d'août 1868 dans des substructions à Monceau-surSambre, 6 pages. Fiefs brabançons, 45 pages. Récit légendaire de l'envahissement de la Notice topographique sur les cinq cantons. Remarques sur quelques charges féodales, 5 pages. Succession des princes des quatre anciennes souverainetés, dont le territoire démembré constitue l'arrondissement de Charleroi, 38 pages. Aperçu d'éthnologie et de linguistique de l'arrondissement de Charleroi, 8 pages. -Souvenirs de l'ancien esclavage révélés par les records, 16 pages. VIII. Conjectures sur les cinq tribus vassales de la Nervie, 9 pages. |