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les caractères parfaitement uniformes sont plus réguliers et mieux disposés.

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Il n'est plus ici question d'une esquisse légère et unique, que la main trace lentement, et par moyen de laquelle elle peint aux yeux les idées successivement et à mesure qu'elles se présentent; il s'agit d'une masse imposante de métal dont les particules sont rangées par une main étrangère dans un ordre convenable, et qui, dans un clin d'œil, fait jaillir sur le papier un tableau de mille, deux mille, trois mille idées à la fois, que vous avez la faculté de renouveler à l'ins

essais paroissent n'avoir offert quelques résultats satisfaisans qu'après le retour de Gutenberg à Mayence, en 1445, où il s'occupa toujours d'imprimerie. On pense qu'il peut avoir fait, de 1445 à 1450, trois éditions de la grammaire de Donat, dont on a trouvé des fragmens à Mayence. En 1450, il s'associa avec Faust ou Fust pour l'impression de la bible. Cette bible a dû être imprimée de 1450 à 1455, année où la société a été dissoute. Faust prit avec lui Pierre Schoeffer, très bon ouvrier qui perfectionna la fonte des caractères. Rien n'est plus beau que son Psautier de 1457, pet. in-folio. Gutenberg est mort en 1468.

L'imprimerie a, dit-on, été découverte à la Chiņe sous MingTsong, l'an 927 de J.-C.; mais l'art d'imprimer des Chinois ne consiste que dans la gravure en relief de leur écriture, à cause de l'excessive quantité de leurs caractères (80,000); et nous qui n'en avons que 24, nous n'en trouvons pas moins le moyen d'exprimer assez facilement nos idées. Il est vrai que le mathématicien Tacquet a calculé que par la transposition des lettres de notre alphabet, on pouvoit trouver un certain nombre de combinaisons qu'il ne porte qu'à 620,448,401,733,239,439,360,000; cependant la langue française ne possède guères plus de 32,000 mots.,

tant et autant de fois que bon vous semble. Voilà en quoi l'art de l'imprimerie est admirable ; c'est l'avantage qu'il a sur l'écriture de multiplier les copies avec une étonnante rapidité (1) ; et c'est cette facilité de centupler en peu de temps les exemplaires d'un livre qui, en répandant davantage les lumières, en popularisant l'étude, en augmentant les relations entre les différentes

(1) Deux ouvriers à la presse peuvent tirer 2000 feuilles par jour; que l'on compare cette promptitude au temps qu'employoient les copistes avant le XVe siècle. Il existoit dans la bibliothèque des Célestins de Paris, un bel exemplaire des Canons de Gratien, manuscrit; le copiste a noté qu'il avoit employé vingt-un mois à l'écrire sur ce pied, il faudrait dix-sept cent cinquante ans à trois hommes pour faire trois mille exemplaires du même ouvrage; et au moyen de l'imprimerie, ces trois mille exemplaires peuvent être achevés par le même nombre d'hommes en moins d'un an. C'est ce qu'exprime le vers suivant, tiré d'un sixain de Jean Ant. Campanus, mis au bas de l'édition qu'Udalricus Gallus a donnée de Tite-Live, en 1470:

Imprimit ille die, quantum non scribitur anno. Laurent Valla a ainsi rendu la même pensée :

Et quod vix toto quisquam præscriberet anno

Munere germano conficit una dies.

Nous avons dit plus haut que deux ouvriers peuvent tirer 2000 feuilles par jour; d'après une nouvelle presse inventée dernièrement à Erfurt, par M. Hellfart, imprimeur, on peut, dit l'auteur, imprimer jusqu'à huit feuilles en forme à la fois, et l'on aura en douze heures, de chaque feuille 7,000 épreuves, et par conséquent des huit feuilles 56,000 exemplaires imprimés des deux côtés. La machine est facilement mise en mouvement par un cheval, et trois hommes suffisent pour mettre le papier sur le chassis et pour l'en ôter. Sans arrêter la machine, les formes imprimées se déplacent d'elles-mêmes, et les autres se remettent en place.

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deux causes qui coïncidèrent avec cette découverte pour propager le goût des lettres : ce fut la prise de Constantinople, en 1453, qui fit refluer en Europe beaucoup de Grecs instruits; puis l'établissement des postes (par Louis XI, en 1464), qui facilita les correspondances si rares et si difficiles auparavant. On peut y ajouter les papeteries qui depuis un siècle s'étoient déjà bien multipliées (1).

de Comines, édition de Bruxelles, 1723, 5 vol. in-8°, tome III, page 124. On trouve dans le même volume, page 102, les vers français suivans, relatifs au même sujet :

J'ai vu grand'multitude

De livres imprimez,

Pour tirer en estude

Poures mal argentez.

Par ces nouvelles modes

Aura maint escolier,

Décrets, bibles et codes,

Sans grand argent bailler.

Ces vers sont tirés du recueil de J. Molinet, poëte du XV. siècle, sur les merveilles arrivées de son temps. On peut dire en effet que ce siècle est le plus fécond en grandes découvertes et en grands événemens : l'imprimerie, la prise de Constantinople, l'emploi de la boussole sur mer (Capmany la fixe à 1403), l'usage des armes à feu (les mousquets vers 1432, et les bombes en 1450), la découverte de l'Amérique, l'établissement des postes, la peinture à l'huile, la gravure au burin, les cartes géographiques, etc., etc., etc.; tout cela appartient au XVe siècle.

(1) C'est sous le règne de Philippe de Valois, vers 1340, que les manufactures de papier s'établirent en France. Les premières usines furent celles de Troyes et d'Essone. Avant cette époque, on tiroit le papier de la Lombardie; mais bientôt il s'en fabriqua en Hollande, à Gênes et dans plusieurs provinces de France. Les Hol

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