<< toutes les choses vivantes t'admirent, toutes les choses qui t'appartiennent en don, adorent << ta beauté céleste contemplée avec ravissement. << La beauté est considérée davantage, là où elle << est universellement admirée, mais ici, dans cet << enclos sauvage, parmi ces bêtes (spectateurs grossiers et insuffisans pour discerner la moitié << de ce qui en toi est beau), un homme excepté, qui te vois? Et qu'est-ce qu'un seul à te voir, << toi qui devrais être vue déesse parmi les dieux, << adorée et servie des anges sans nombre, ta cour journalière ! >> « Telles étaient les flatteries du tentateur, tel fut le ton de son prélude: ses paroles firent leur chemin dans le cœur d'ÈVE, bien qu'elle s'étonnât beaucoup de la voix. Enfin, non sans cesser d'être surprise, elle répondit: Qu'est-ce que ceci? le langage de l'homme prononcé, la pensée humaine exprimée par la langue d'une brute? je croyais du moins que << la parole avait été refusée aux animaux, que « DIEU au jour de leur création les avait faits « muets pour tout son articulé. Quant à la pen<< sée, je doutais; car dans les regards et dans les << actions des bêtes, souvent paraît beaucoup « de raison. Toi, serpent, je te connaissais bien I knew, but not with human voice endued : How camest thou speakable of mute; and how To whom the guileful tempter thus replied: - Empress of this fair world, resplendent Eve! Easy to me it is to tell thee all What thou command'st; and right thou shouldst be obey'd: I was at first as other beasts that graze The trodden herb, of abject thoughts and low, As was my food; nor aught but food discern'd, « pour le plus subtil des animaux des champs; << mais j'ignorais que tu fusses doué de la voix « humaine. Redouble donc ce miracle, et dis com<< ment tu es devenu parlant de muet que tu « étais, et comment tu es devenu plus mon ami << que le reste de l'espèce brute qui est journelle« ment sous mes yeux. Dis, car une telle mer« veille réclame l'attention qui lui est due. »> L'astucieux tentateur répliqua de la sorte: « Impératrice de ce monde beau, 'Ève resplendissante, il m'est aisé de te dire tout ce << que tu ordonnes; il est juste que tu sois « obéie. « « J'étais d'abord comme sont les autres bêtes quipaissent l'herbe foulée aux pieds; mes pensées << étaient abjectes et basses comme l'était ma nour<«< riture; je ne pouvais discerner que l'aliment ou << le sexe, et ne comprenais rien d'élevé : jusqu'à «< ce qu'un jour, roulant dans la campagne, je dé« couvris au loin par hasard, un bel arbre chargé << de fruit des plus belles couleurs mêlées, pourpre « et or. Je m'en approchais pour le contempler, quand des rameaux s'exhala un parfum savou« reux, agréable à l'appétit; il charma mes sens plus que l'odeur du doux fenouil, plus que la « <«< mamelle de la brebis, ou de la chèvre, qui Unsuck'd of lamb or kid, that tend their play. To satisfy the sharp desire I had For, high from ground, the branches would require Longing and envying stood, but could not reach. Sated at length, ere long I might perceive Of reason in my inward powers; and speech I turn'd my thoughts, and with capacious mind Or earth, or middle; all things fair and good: << laisse échapper le soir le lait non sucé de l'agneau • ou du chevreau occupés de leurs jeux. « Pour satisfaire le vif désir que je ressentais « de goûter à ces belles pommes, je résolus de << ne pas différer : la faim et la soif, conseillères << persuasives, aiguisées par l'odeur de ce fruit séducteur, me pressaient vivement. Soudain je << m'entortille au tronc moussu, car pour attein« dre aux branches élevées au-dessus de la terre, « cela demanderait ta haute taille ou celle d'ADAM. « Autour de l'arbre se tenaient toutes les autres « bêtes qui me voyaient; languissant d'un pareil « désir elles me portaient envie, mais ne pouvaient « arriver au fruit. Déjà parvenu au milieu de << l'arbre où pendait l'abondance si tentante et « si près, je ne me fis faute de cueillir et de man«ger à satiété; car jusqu'à cette heure, je n'a<< vais jamais trouvé un pareil plaisir aux ali<< mens ou à la fontaine. << Rassasié enfin, je ne tardai pas d'apercevoir << en moi un changement étrange au degré de <«< raison de mes facultés intérieures; la parole «< ne me manqua pas long-temps, quoique je con« servasse ma forme. Dès ce moment, je tournai << mes pensées vers des méditations élevées ou profondes, et je considérai d'un esprit étendu << toutes les choses visibles dans le ciel, sur la << terre ou dans l'air, toutes les choses bonnes et « |