malheureux, le cœur lui manquait; il en sentait les battemens inégaux pour rencontrer Ève, il alla par le chemin qu'elle avait pris le matin, au moment où ils se séparèrent. Il devait passer près de l'arbre de science; là il la rencontra à peine revenant de l'arbre; elle tenait à la main un rameau du plus beau fruit couvert de duvet qui souriait, nouvellement cueilli, et répandait l'odeur de l'ambroisie. Elle se hâta vers Adam, l'excuse parut d'abord sur son visage comme le prologue de son discours, et une trop prompte apologie; elle adresse à son époux des paroles caressantes qu'elle avait à volonté. << N'as-tu pas été étonné, ADAM, de mon retard? « je t'ai regretté! et j'ai trouvé long le temps, « privée de ta présence; agonie d'amour, jusqu'à présent non sentie et qui ne le sera pas deux fois; car jamais je n'aurai l'idée d'éprouver (ce << que j'ai cherché téméraire et sans expé<«<rience), la peine de l'absence, loin de ta vue. << Mais la cause en est étrange, et merveilleuse à « entendre. « Cet arbre n'est pas, comme on nous le dit, << un arbre de danger, quand on y goûte ; il n'ou« vre pas la voie à un mal inconnu; mais il est a d'un effet divin pour ouvrir les yeux, et il fait << dieux ceux qui y goûtent; il a été trouvé tel en And hath been tasted such: the serpent, wise, Hath eaten of the fruit; and is become, Not dead, as we are threaten'd, but thenceforth Thus Eve with countenance blithe her story told; But in her cheek distemper flushing glow'd. On the other side, Adam, soon as he heard The fatal trespass done by Eve, amazed, Astonied stood and blank, while horrour chill «<y goûtant. Le sage serpent (non retenu «< comme nous, ou n'obéissant pas), a mangé du « fruit il n'y a pas trouvé mort, dont nous << sommes menacés; mais dès ce moment il est « doué de la voix humaine et du sens humain, << raisonnant d'une manière admirable. Et il a agi sur moi avec tant de persuasion, que j'ai «< aussi goûté et que j'ai trouvé aussi les effets répondant à l'attente: mes yeux, troubles aupa<«<ravant, sont plus ouverts, mon esprit plus « étendu, mon cœur plus ample. Je m'élève à la « divinité, que j'ai cherchée principalement pour toi; sans toi je puis la mépriser. Car la félicité << dont tu as ta part est pour moi la félicité, en<< nuyeuse et bientôt odieuse, avec toi non par<< tagée. Goûte donc aussi à ce fruit; qu'un <«< sort égal nous unisse dans une égale joie, «< comme dans un égal amour, de peur que si tu << t'abstiens, un différent degré de condition nous sépare, et que je renonce trop tard pour toi «< à la divinité, quand le sort ne le permettra << plus. >> « ÈVE ainsi raconta son histoire d'un air animé; mais sur sa joue le désordre monte et rougit. ADAM, de son côté, dès qu'il est instruit de la fatale désobéissance d'Ève, interdit, confondu, devient blanc, tandis qu'une froide Ran through his veins, and all his joints relax'd; From his slack hand the garland wreathed for Eve Down dropp'd, and all the faded roses shed: Speechless he stood and pale; till thus at length First to himself he inward silence broke : O fairest of creation, last and best Of all God's works! creature, in whom excell'd The sacred fruit forbidden? Some cursed fraud How can I live without thee? how forego horreur court dans ses veines et disjoint tous ses os. De sa main défaillante, la guirlande tressée pour ÈVE, tombe, et répand les roses flétries : il demeure pâle et sans voix, jusqu'à ce qu'enfin d'abord en lui-même il rompt son silence intérieur : « O le plus bel être de la création, le dernier << et le meilleur de tous les ouvrages de DIEU, «< créature en qui excellait pour la vue ou la pensée, ce qui fut jamais formé de saint, de <«< divin, de bon, d'aimable et de doux! Com« ment es-tu perdue? comment soudain perdue, défigurée, flétrie et maintenant dévolue à la << mort? ou plutôt comment as-tu cédé à la tenta<< tion de transgresser la stricte défense? de violer le « sacré fruit défendu? Quelque maudit artifice d'un «< ennemi t'a déçue, d'un ennemi que tu ne con<«< naissais pas; et moi avec toi, il m'a perdu; car << certainement ma résolution est de mourir avec << toi. Comment pourrais-je vivre sans toi, comment << quitter ton doux entretien et notre amour si ten<< drement uni, pour survivre abandonné dans ces «< bois sauvages? Dieu créât-il une autre Ève et << moi fournirais-je une autre côte, ta perte encore <«< ne sortirait jamais de mon cœur. Non, non! « je me sens attiré par le lien de la nature: tu «< es la chair de ma chair, l'os de mes os; de ton |