<«< chair : te perdre, c'est me perdre moi-même. » « Ainsi parla ADAM; ainsi Ève lui répliqua: « O glorieuse épreuve d'un excessif amour, <«< illustre témoignage, noble exemple qui m'en<< gage à l'imiter! Mais n'approchant pas de ta perfection, comment l'atteindrai-je, ô Adam! «< moi qui me vante d'être issue de ton côté, << et qui t'entends parler avec joie de notre «< union, d'un cœur et d'une ame entre nous << deux ? Ce jour fournit une bonne preuve de « cette union, puisque tu déclares que, plutôt << que la mort, ou quelque chose de plus terrible « que la mort, nous sépare (nous liés d'un si « tendre amour), tu es résolu à commettre avec <«< moi la faute, le crime (s'il y a crime) de goû<< ter ce beau fruit dont la vertu (car le bien. toujours procède du bien, directement ou << indirectement) a offert cette heureuse épreuve « à ton amour qui sans cela n'eût jamais été si << excellemment connu. « « Si je pouvais croire que la mort annoncée, << dût suivre ce que j'ai tenté, je supporterais seule << le pire destin, et ne chercherais pas à te persua<< der: plutôt mourir abandonnée que de t'obliger << à une action pernicieuse pour ton repos, depuis << surtout que je suis assurée d'une manière Remarkably so late of thy so true, So faithful, love unequal'd: but I feel Far otherwise the event; not death, but life So saying, she embraced him, and for joy Earth trembled from her entrails, as again groan; In pangs; and Nature gave a second Sky lour'd, and, muttering thunder, some sad drops Wept at completing of the mortal sin Original: « « << remarquable de ton amour si vrai, si fidèle << et sans égal. Mais je sens bien autrement « l'évènement: non la mort, mais la vie augmen<< tée, des yeux ouverts, de nouvelles espérances, << des joies nouvelles, un goût si divin que, quel<< que douceur qui ait auparavant flatté mes << sens, elle me semble, auprès de celle-ci, âpre ou insipide. D'après mon expérience, ADAM, goûte franchement et livre aux vents la crainte de << la mort. >> « a Elle dit, l'embrasse et pleure de joie tendrement c'était avoir beaucoup gagné qu'ADAM eût ennobli son amour, au point d'encourir pour elle le déplaisir divin ou la mort. En récompense (car une complaisance si criminelle méritait cette haute récompense), d'une main libérale elle lui donne le fruit de la branche attrayant et beau. Adam ne fit aucun scrupule d'en manger malgré ce qu'il savait; il ne fut pas trompé; il fut follement vaincu par le charme d'une femme. La terre trembla jusque dans ses entrailles comme de nouveau dans les douleurs, et la nature poussa un second gémissement. Le ciel se couvrit, fit entendre un sourd tonnerre, pleura quelques larmes tristes, quand s'acheva le mortel péché originel! While Adam took no thought, Eating his fill; nor Eve to iterate Her former trespass fear'd, the more to soothe As with new wine intoxicated both, They swim in mirth, and fancy that they feel Divinity within them breeding wings, Wherewith to scorn the earth: but that false fruit Far other operation first display'd, Carnal desire inflaming: he on Eve Began to cast lascivious eyes; she him Till Adam thus 'gan Eve to dalliance move :— Eve, now I see thou art exact of taste, And elegant, of sapience no small part; Since to each meaning savour we apply, And palate call judicious: I the praise Yield thee, so well this day thou hast purvey'd. Much pleasure we have lost, while we abstain'd From this delightful fruit, nor known till now True relish, tasting: if such pleasure be In things to us forbidden, it might be wish'd, For this one tree had been forbidden ten. But come, so well refresh'd, now let us play, ADAM n'y prit pas garde, mangeant à satiété. ÈVE ne craignit point de réitérer sa transgression première, afin de mieux charmer son époux par sa compagnie aimée. Tous deux, à présent comme enivrés d'un vin nouveau, nagent dans la joie; ils s'imaginent sentir en eux la Divinité qui leur fait naître des ailes avec lesquelles ils dédaigneront la terre. Mais ce fruit perfide opéra un tout autre effet, en allumant pour la première fois le désir charnel. ADAM commença d'attacher sur ÈVE des regards lascifs; ÈVE les lui rendit aussi voluptueusement: ils brûlent impudiques. ADAM excite ainsi ÈVE aux molles ca resses: «ÈVE, à présent je le vois, tu es d'un goût sûr et élégant ; ce n'est pas la moindre partie de la sa« gesse, puisque à chaque pensée, nous appli<«< quons le mot saveur, et que nous appelons << notre palais judicieux je t'en accorde la louange, tant tu as bien pourvu à ce jour! << Nous avons perdu beaucoup de plaisir en << nous abstenant de ce fruit délicieux; jusqu'ici «<en goûtant nous n'avions pas connu le vrai goût. Si le plaisir est tel dans les choses à << nous défendues, il serait à souhaiter qu'au lieu « d'un seul arbre, on nous en eût défendu dix. << Mais viens, si bien réparés, jouons maintenant |