son ordination ou pour d'autres raisons, on ne dit rien de son pontificat. Jean étoit savant, et avoit composé divers ouvrages.

mis

XXXVII. JEAN XVI, Romain,

sur le saint-siége après la mort de l'antipape Boniface VII et celle de Jean XV, l'an 985, canonisa saint Udalric, évêque d'Augsbourg, le 3 février 993; et c'est le premier exemple de canonisation solennelle. Jean XVI eut beaucoup à souffrir du patrice Crescentius qui s'étoit emparé de l'autorité dans

et sous quelques autres papes qui lui ressembloient, l'Eglise romaine ne perdit ni ses prérogatives, ni ses prétentions. Ils ne font pas attention que les évêques ayant à demander à Rome, ou des dispenses, ou des graces, n'auroient rien gagné en se séparant du saint-siège, pour quelques vices, quelquefois réels, mais souvent exagérés. Leur intérêt principal étoit de paroître unis au chef de l'Eglise, parce que cette union leur attiroit les égards des souverains, et les respects des peuples. Le clergé italien sur-tout se faisoit un devoir de révérer la papauté, à la-Rome.Il n'oublia rien pour maintenir quelle quelques-uns de ses membres ou rétablir la paix entre les princes pouvoient aspirer; et la place, quoi- chrétiens, et mourut le 30 avril que souillée par des égaremeus pas- 996. sagers, n'en étoit pas moins regardée comme sacrée par les hommes religieux, et même par les politiques.

+ XXXIV. JEAN XIII, Romain, élu pape le 1er octobre 965, par l'autorité de l'empereur, contre le gré des Romains. Pierre, préfet de Rome, le fit chasser en 966. Othon fit pendre douze des principaux auteurs de la sédition, et livra Pierre au pape, qui le fit fouetter et promener par la ville, assis à rebours sur un âne, et l'exila. Jean mourut le 6 septembre 972.

XXXV. JEAN XIV, évêque de Pavie et chancelier de l'empereur Othou II, obtint la papauté après Benoit VII, en novembre 983. Il quitta le nom de Pierre qu'il avoit auparavant, par respect pour le prince des apôtres, dont aucun des successeurs n'a porté le nom. Mis en prison au château Saint-Ange, par l'antipape Boniface VII (voyez ce mot), il y mourut de misère ou de poison le 20 août 984.

XXXVI. JEAN XV, Romain, fils de Robert, élu pape après Jean XIV; mais soit qu'il mourût avant

XXXVIII. JEAN XVII, nommé auparavant Siccon, Romaiù, d'une famille illustre, élu pape après la mort de Sylvestre II, le 13 juin 1003, mourut le décembre de la mème année. Il faut le distinguer de l'antipape JEAN XVII, nommé auparavant Philagathe auquel les gens de l'empereur Othon III coupèrent les mains et les oreilles, et arrachèrent la langue, en 998. Voyez les art. OTHON III et GRÉGoire V.

XXXIX. JEAN XVIII, Romain, successeur de Jean XVII, le 26 décembre 1003. On prétend que de son temps l'élection des papes fut ôtée au peuple pour être transportée au clergé. Sur la fin de sa vie, il abdiqua pour se retirer à l'abbaye de Saint-Paul de Rome, où il embrassa la vie monastique. Il mourut le 18 juillet 1009.

part des prélats de la cour romaine, dans le dessein d'obtenir le titre d'@cuménique pour le patriarche de Constantinople.

ont

de s'imposer le pesant fardeau du pontificat. L'un des premiers soins de Jean XXII fut d'ériger diverses abbayes en évêchés, et de former des † XLI. JEAN XX ou XXI, Portu métropoles de plusieurs villes épiscopalės. Toulouse devint un archegais, fils d'un médecin et médecin vêché. Les évêchés de Saint-Flour, lui-même, devint archevêque de de Vabres, de Castres, de Tulle Brague, cardinal et enfin pape le 13 de Condom, de Sarlat, de Luçon septembre 1276. On devoit le nommer Jean XX, puisque le derniertificat de Jean XXII fut troublé par de Maillezais, furent érigés. Le ponpape du même nom étoit Jean XIX; mais comme quelques-uns compté pour pape Jean fils de Robert, et qu'ils ont aussi compris dans leur nombre l'antipape Philagathe, on a nommé celui-ci Jean XXI. Il envoya des légats à Michel Paléologue, pour l'exhorter à observer ce qui avoit été résolu au concile de Lyon, tenu sous Grégoire X, et révoqua la constitution de ce pape touchant l'élection du souverain pontife. Jean XXI fut écrasé, environ huit mois après son élection, le 16 mai 1277, par la chute d'un bâtiment qu'il faisoit construire à Viterbe. On a de lui des Ouvrages de philosophie, de médecine et de théologie.

plusieurs querelles. On détaillera la première dans l'article de l'empereur Louis V. (Voyez aussi CORBIÈRE.) La seconde ressemblant assez à la dispute de l'île de Lilliput, sur la manière d'ouvrir un œuf, éclata vers l'an 1322. Un Bérenger enseigna, d'après on ne sait quel Bégnard, mis à l'inquisition de Toulouse, «que Jésus-Christ ni les apôtres n'avoient rien possédé, ni en commun ni en particulier.» C'étoit, selon lui, un article de foi. Les franciscains demandérent à cette occasion « s'ils pouvoient dire que leur potage leur appartint lorsqu'ils le mangeoient.>> Les uns soutenoient l'affirmative, les autres la négative. L'affaire fut portée au pape, qui voulut bien perdre son temps à l'examiner. Les cordeliers assemblés alors à Pérouse pour leur chapitre général, au lieu d'attendre la décision du pontife, se déclarèrent contre la non-pro

+ XLII. JEAN XXII, né à Cahors, d'une bonne famille. Son nom étoit Jacques d'Euse. Charles II, roi de Naples, instruit de son mérite, le donna pour précepteur à son fils. De dignité en dignité, il parvint à la pourpre, dout Clément V le dé-priété, et la firent enseigner par cora en 1312, et enfin à la papauté leurs docteurs. Une autre quele 7 août 1316. Les cardinaux ne relle, non moins intéressante pouvant s'accorder après la mort de électrisoit depuis quelque temps Clément V, résolurent, dit Villani, les têtes des premiers hommes de de s'en rapporter à lui pour le l'ordre. Leur habit devoit-il être choix d'un nouveau pontife. Il se blanc, gris, noir, court ou long, de nomma lui-même, en disant Ego drap ou de serge ? Le capuchon sum papa. Mais la vérité de cette devoit-il être pointu ou rond, large anecdote de Villani est combattue ou étroit? Ces graves impertinences par la lettre circulaire du nouveau produisirent une infinité de chapipontife aux évêques et aux princes. tres, de congrégations, de bulles, Il y parle de l'unanimité des suf- de manifestes, de livres et de satires. frages des cardinaux, et de l'état d'in- Toutes ces questions furent décidées, certitude où l'avoit laissé la crainte après de longs débats, par les docteurs

suivant Villani, la valeur de vingtcinq millions de florins d'or, dont sept millions en vaisselle, bijoux, croix, vases d'église, et dix-huit millions en espèces. Jean XXII avoit employé toutes sortes de moyeus pour amasser ce trésor, qu'il desti

du chapitre de Pérouse. Jean XXII, offensé de ce que les frères mineurs avoient prévenu son jugement, condamna leurs arrêtés par ses décisions extravagantes, Cùm, inter, etc. Les cordeliers, irrités de leur côté, embrassèrent le parti de l'empereur, brouillé alors avec le pape. Ils trai-noit, dit-on, à la conquête de la tèrent Jean d'hérétique, et ne cessè- Terre-Saiute. Il s'étoit attribué la rent de déclamer coutre lui. Quel- réserve de toutes les prébendes, de ques-uns de ces fanatiques périrent presque tous les évêchés, et le revenu dans le bûcher. Le pontife résolut de tous les bénéfices vacans. Il avoit d'abolir l'ordre entier, et il l'auroit trouvé par l'art des réserves celui fait, si la politique n'eût arrèté le de prévenir presque toutes les élecbras de la vengeance... La troisième tions, et de donner tous les bénéfices. dispute qui agita son pontificat fut Jamais il ne nommoit un évêque, celle de la vision béatifique. Ce fut le qu'il n'en déplaçat sept ou huit; jour de la Toussaint de l'année 1331 chaque promotion en attiroit d'auqu'il développa dans un sermon ses tres, et toutes valoient de l'argent. sentimens sur cette matière. « La | Il se reprocha, sans doute, ces difrécompense des saints, dit-il, avant férentes manières de grossir son la venue de Jésus-Christ, étoit le épargne; car, dans ses derniers sein d'Abraham; après son avene- momens, il abolit les réserves. C'est ment, sa passion et son ascension, à lui qu'on attribue les Taxes de leur récompense jusqu'au jour du la chancellerie romaine. La meiljugement est d'ètre sous l'autel de leure édition de ce livre est de Dieu, c'est-à-dire, sous la protection 1564, in-8°: la dernière de 1744, de l'humanité de J. C.; mais après in-12, est plus ample que les le jugement, ils seront sur l'autel, précédentes; voici son titre: Taxe c'est-à-dire, sur l'humanité de J. C.» | de la chancellerie romaine, ou la Le pape répéta la même doctrine banque du pape, dans laquelle dans deux autres sermons qui firent l'absolution des crimes les plus beaucoup de bruit. Ses ennemis s'en énormes se donne pour de l'argent; prévalurent pour l'accuser d'hérésie; ouvrage qui fait voir l'ambition et ses partisans prétendirent qu'il avoit l'avarice des papes; traduit de plutôt voulu exposer qu'établir cette l'ancienne édition latine, nouvelle doctrine. En effet, dans sa dernière édition, revue, corrigée et augmenmaladie, il donna, sur la question tée de plusieurs remarques et de des ames saintes après la mort, une plusieurs pièces qui ont rapport à déclaration solennelle qui ne renfer-la même matière. On peut consulmoit rien que d'orthodoxe. Il mourut le 4 décembre 1334, à go aus. Ce pontife avoit l'esprit pénétrant et capable des plus grandes affaires. L'amour de l'étude avoit nourri en lui l'éloignement du faste, des vanités et des plaisirs. La frugalité de sa table répondoit à sa sobriété ; on y servoit des mets plus grossiers que délicats. Il étoit naturellement trèséconome. On trouva dans son trésor,

ter, sur ce monument honteux de la dépravation de la cour romaine, le Dictionnaire historique de Prosper Marchand, au mot taxe sacræ cancellariæ et penitentiariæ Romanæ et apostolica. L'auteur dit que c'est un des livres les plus odieux, les plus détestables qui aient jamais été faits. On a de Jean XXII des Lettres et des bulles bien écrites pour son temps, et plusieurs ouvrages, sur

tout sur la médecine, science qu'il transféré dans un château voisin. Le connoissoit autant qu'on pouvoit la concile commença à instruire son connoitre dans un siècle dépourvu procès. Selon les dépositions des d'expérience et de lumières. I. The témoins qu'on entendit, «Jean XXIII saurus pauperum: c'est un traité avoit été dès l'enfance sans docilité, de remèdes, imprimé à Lyon en sans pudeur, sans boune foi, sans 1525. II. Un Traité des maladies affection pour ses proches. Il s'étoit des yeux. III. Un autre sur la for- | rendu habile dans toute espèce de mation du foetus. IV. Un autre de la simonie. Durant ses légations, il goutte. V. Des Conseils pour con- avoit été le fléau des peuples qui server la santé. VI. On lui attribue dépendoient de lui. Pour arriver au Y'Art transmutatoire des métaux, | pontificat, il avoit hâté la mort qui se trouve dans un recueil im-d'Alexandre V par une potion emprimé à Paris, 1557, in-12; mais il y a grande apparence que ce livre n'est pas de lui.

poisonnée. Etant pape, il ne s'étoit appliqué à aucun de ses devoirs. Point d'offices, point d'abstinences. Si quelquefois il disoit la messe c'étoit sans décence et sans gravité, plutôt en cavalier qu'en pontife,

par dévotion. Ce sont les termes de la procédure. Suivant les mêmes dépositions, Jean XXIII étoit Toppresseur des pauvres, l'ennemi de la justice, l'appui des méchans, l'idole des simoniaques, l'esclave des voluptés, la sentine des vices, le scandale de l'Eglise; un marchand public de prélatures, de bénéfices, de reliques et de sacremens; un dissipateur des biens de l'Eglise romaine; un empoisonneur, un homicide, un parjure, un fauteur du schisme; un homme entièrement décrié pour les mœurs, qui n'avoit respecté ni la pudeur des vierges, ni la sainteté du mariage, ni la harrière des cloitres, ni les lois de la nature, ni celles de la parenté. C'étoit un homme endurci, incorrigible, un hérétique notoire et opiniatre, un impie, qui croyoit que l'ame n'est point immortelle. Nous ne rapportons que la moindre partie de cette effrayante procédure. On

XLIII. JEAN XXIII (Balthasar COSSA), Napolitain, commença par exercer le métier de corsaire. De-plutôt pour conserver sou rang que venu ensuite legat à Bologne, il s'y étoit conduit comme sur mer. L'argent qu'il sut répandre à propos, après la mort du pape Alexandre V, lui procura la tiare en 1410. Il promit de renoncer au pontificat, si Grégoire XII et Pierre de Lune, qui se faisoit appeler Benoît XIII, se désistoient de leurs prétentions. Il ratifia cette promesse le 2 mars 1415, dans une session du concile de Constance. L'empereur l'avoit forcé à cette démarche : il s'en repentit bientôt. Il n'étoit venu à Constance qu'à regret ; et en regardant cette ville avant que d'arriver, il avoit dit à ses compagnons de voyage: Je vois bien que c'est ici la fosse où l'on attrape les renards, Il avoit fait une chute dans une montague du Tirol; et comme on lui demandoit s'il n'étoit point blessé. «Non, répondit-il; mais je suis à bas, et je vois bien que j'aurois mieux fait de rester à Bologne. » Ayant résolu de s'évader de Cons-voit par-là, dit Clavreau, qu'il y tance, Fréderic, duc d'Autriche, donna un tournoi pour favoriser le dessein du pontife. Jean XXIII s'échappa dans la foule déguisé en palefrenier. Il fut saisi à Fribourg, et

a quelquefois une grande différence entre le saint père et l'homme saint. Il y a apparence que Jean XXIII n'étoit point coupable de tous les crimes dont on l'accusoit, ou que

les femmes, couchoit presque toujours seul et sur la terre. Théo

du moins les témoins les avoient un peu exagérés; mais il en avoit commis assez pour être déposé. Ilphanon ayant mis dans ses intérêts

le fut le 29 mai 1415, et la sentence fut suivie de la prison. Après y avoir été retenu pendant trois ans, il n'en sortit que pour reconnoitre Martin V. Ce pape l'accueillit avec beaucoup de bonté, le fit doyen du sacré collége, et lui donna une place distinguée dans les assemblées publiques. Cossa mourut à Florence six mois après, le 22 novembre 1419, et fut enterré magnifiquement par les soins de Côme de Médicis son ami. Quelque reproches qu'on ait faits à ce pontife, on ne peut lui refuser beaucoup de courage dans l'adversité. Loin de se prévaloir du grand nombre d'amis qui s'offroient à le soutenir dans les derniers jours de sa vie, il sacrifia sa fortune au repos de l'Eglise, et mourut en philosophe, après avoir passé sa jeunesse en brigand. Il fit même des vers latins dans la prison où il avoit été enfermé ils prouvent qu'il avoit de l'esprit et du goût pour les lettres; il s'y plaint de ses amis, qui, la plupart, le trahirent ou l'abandon

Jean Zimiscès, ce général se fit descendre dans une corbeille avec quelques conjurés vis-à-vis de l'appartement de Nicéphore, et il y entra par une fenêtre. On le trouva profondément endormi, couché sur une peau d'ours étendue par terre. Zimiscès lui donna un coup de pied pour l'éveiller, afin qu'il sentit toute l'horreur de son sort. Les conjurés se jetèrent sur lui, le percèrent de plusieurs coups, et lui tranchèrent la tête. Zimiscès fut alors déclaré empereur; mais le patriarche de Coustantinople refusa de le couronner jusqu'à ce qu'il eût expié son crime par la pénitence. On exigea encore de lui que l'impératrice fût chassée du palais, reléguée dans une ile, et que les meurtriers de l'empereur fussent banuis. Zimiscès consentit à tout. Théophanon fut envoyée dans un monastère d'Arménie. Zimiscès, pour rendre son usurpation moins odieuse, s'associa Basile et Constantin, fils de Romain-le-Jeune et de Théophanon. Il fut solennellement couronné le jour de Noël, en 969. Quoiqu'il fût monté sur le trône par un crime, il gouverna glorieusement, remporta des victoires signalées sur les Russes, les Bulgares et les Sarrasins. Il avoit pris plusieurs places sur ceux-ci, et se préparoit à se rendre maître de Damas, Omnibus in terris aurum mihi sponte ferebant, lorsqu'il fut prévenu par la mort.

nèrent.

Qui modo summus eram, gaudens et nomine præsul,

Tristis et abjectus nunc mea fata gemo. Excelsus solio nuper versabar in alto, Cunctaque gens pedibus oscula prona dabat, Nune ego poenarum fundo devolvor in imo, Fultum deformem quemque videre piget.

Sed nec gaza juvat, nec quis amicus adest. Sic varians fortuna vices, adversa secundis Subdit, et ambiguo nomine ludit atrox.

En passant par la Cilicie, il fut frappé d'étonnement à la vue de quantité de maisons maguifiques, et ayant appris qu'elles appartenoient à l'eunuque Basile, son grandchambellan, il poussa uu profond

† XLIV. JEAN Ier, surnommé Zimiscès, d'une famille illustre, officier des légions d'Orient, dut son élévation à l'impératrice Théo-soupir, et dit : « Il est bien triste phanon, femme de Nicéphore Pho- que les travaux des Grecs ne servent cas. Cette princesse s'étoit lassée qu'à enrichir un eunuque !... » Babientôt d'un époux, l'homme le sile, craignant que son maître ne plus mal fait et le plus laid de tout s'en tint pas à des plaintes de sa Tempire, qui d'ailleurs n'aimant pas conduite, engagea un échanson à