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chèrent à peindre des animaux, et Jacques qui représentoit fort bien les fleurs. Ce dernier a composé, en flamand, un ouvrage sur la peinture pratique. Gérard Lairesse avoit pris Le Poussin pour modèle: il l'imitoit daus le choix et l'ordonnance des sujets, mais non dans la profondeur de la méditation, dans l'excellence des pensées et dans la connoissance de l'antique. Il travailloit avec trop de rapidité. Il peignit en un seul jour Apollon et les neuf Muses; c'est ce que n'auroit pas voulu faire Le Poussin. Au reste, il connoissoit bien la fable et l'histoire, et observoit exactement le costume et les convenances; enfin, son coloris est agréable, et son dessin, sans être correct, ne manque pas d'une certaine élégance. On voit de lui dans la galerie de Dresde le Parnasse, Apollon et les Muses, sujet qu'il a souvent répété; et au Musée Napoléon, une Assomption de la vierge; Antiochus et Stratonice; Achille à Scyros; la mort de Germanicus; Hercule entre le Vice et la Vertu. Il y avoit encore de lui, à l'exposition de 1807, un charmant tableau représentant une Fête en l'honneur de Bacchus.

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à Hyccara, ville de Sicile, fut transportée dans la Grèce, lorsque Nicias, général des Athéniens, ravagea sa patrie. Corinthe fut le premier théâtre de sa galanterie. Princes grands orateurs, philosophes, lout courut à elle, ou pour admirer ses charmes, ou pour en jouir. Le célèbre Démosthènes fit exprès le voyage de Corinthe; mais Laïs lui ayant demandé environ 4000 livres de notre monnoie, il s'en retourna en disant : « Je n'achète pas si cher un repentir. » Comme elle mettoit ses faveurs à un très-haut prix, peu de gens pouvoient y prétendre; c'est ce qui donna lieu au proverbe rapporté par Horace : Non licet omnibus adire Corinthum: « Il n'est pas permis à tout le monde d'aller à Corinthe. » Les attraits de cette courtisane n'eurent aucun pouvoir sur le cœur du philosophe Xénocrate. N'ayant pu l'attirer chez elle, cette beauté alla chez lui; mais la philosophie l'emporta sur la coquetterie. Laïs avoit un penchant décidé pour les philosophes. Le dégoûtant cynique Diogène ne lui déplut point et en obtint tout ce qu'il voulut. Aristippe, autre philosophe, mais beaucoup plus aimable que le cynique, dépensa avec elle une partie de son bien, et en fut moins aimé que Diogène : il lui dédia quelques ourépondit : « Je ne pense pas que le vrages. Comme on l'en railloit, il vin et les poissons m'aiment, cependant je m'en nourris avec beaucoup de plaisir. » Il répondit à un autre de ses amis qui lui reprochoit ce elle ne me possède pas. >> Cette femme commerce : « Je possède Laïs, mais badinoit quelquefois sur la foiblesse de ces gens qui prenoient le nom de sages: « Je ne sais ce qu'on entend, disoit-elle, par l'austérité des philosophes mais avec ce beau nom ils ne sont pas moins souvent à ma porte que les autres Athéniens. » Le + LAIS, fameuse courtisane, née sculpteur Myron s'étant présenté

LAIRVELS (Servais), né à Soignies en Hainaut, l'an 1560, docteur de Sorbonne, général et réformateur de l'ordre de prémontré, fit approuver sa réforme par Louis XIII, qui Jui permit de l'introduire dans les monastères de son royaume, et par les papes Paul V et Grégoire XV. I mourut à l'abbaye de SainteMarie-aux-Bois le 18 octobre 1631, après avoir publié quelques ouvrages de piété écrits d'une manière diffuse. I. Statuts de la réforme de l'ordre de prémontré. II. Catéchisme des novices. III. L'Optique des réguliers de l'ordre des Augustins, etc.

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chez elle, et en ayant été mal acII. LAISNÉ ou LAINAS (Vincueilli, crut qu'il devoit s'en pren- cent), prêtre de l'Oratoire de France, dre à ses cheveux blancs: il les tei- né à Lucques en 1633, professa avec gnit en brun, et ne fut pas mieux distinction, et fit à Avignon, à Pareçu. « Imbécille que vous êtes, lui ris et à Aix, des Conferences sur dit la courtisane, vous venez me de-l'Ecriture sainte, qui furent si apmander une chose qu'hier je refusai à plaudies, que dans cette dernière votre père! » Ausone a fait sur cette ville on fut obligé de dresser des aventure l'épigramme suivante: échafauds dans l'église. Il mourut à Aix le 28 mars 1677. On a de lui, I. Les Oraisons funèbres du chancelier Seguier et du maréchal de Choiseul. Les louanges y sont mesurées. Son éloquence est à la fois fleurie et chrétienne. Il eût été mis à côté des plus célèbres orateurs de sa congrégation, si ses infirmités ne l'avoient obligé de quitter la chaire. II. Des Conferences sur le concile de Trente, imprimées à Lyon. III. Des Conferences manuscrites en 4

Canus rogabat Laidis noctem Myron :
Tulit repulsam protinùs,"
Causamque sensit: et caput fuligine

Fucavit atrá candidum.
Idemque vultu, crine non idem Myron,
Orabat oratum prius.

Sed illa formam cum capillo comparans,
Similemque non ipsum ratu,
Fortasse et ipsum, sed volens ludo frui
Sic est adorta callidum :
Inepte, quid me, quod recusavi, rogas?
Putri negavi jam tuo.

Après avoir corrompu une partie
de la jeunesse de Corinthe, Laïs
passa en Thessalie pour y voir un
jeune homme dont elle étoit amou-
reuse. On prétend que quelques fem-
mes, jalouses de sa beauté, l'assassi-
nèrent dans un temple de Vénus,
vers l'an 340 avant l'ère chrétienne.
La Grèce lui éleva des monumens.
Le tombeau qu'on lui éleva sur les
bords du Pénée portoit cette inscrip-
tion :

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v. in-fol. sur l'Ecriture sainte. Un magistrat d'Aix les conserve dans sa bibliothèque.

LAITH ou LEITH. Voy. JACOB, n° IV.

Thèbes, et mari de Jocaste. Voyez
LAIUS, fils de Labdacus, roi de
EDIPE.

* LAKE (Arthur), prélat anglais, né à Southampton, mort en 1626. Elève de l'école de Wykeliam, et ensuite boursier au nouveau collége d'Oxford, obtint en 1608 un canonicat de Worcester, et fut nommé en 1626 évêque de Bath et Wells. Lake étoit estimé comme savant, profond théologien, et prélat exemplaire. Après sa mort on a imprimé un vol. in-fol. de ses Sermons et de ses Méditations.

LALA, native de la ville de sida à Rome vers les derniers temps Cyzique dans l'Asie mineure, réde la république, et s'y rendit célèbre par son adresse à sculpter l'ivoire et par les graces de son pinceau. Elle excelloit sur tout à peindre les

femmes, et surpassa Sopyle et Denys, deux peintres renommés, ses contemporains. On croit qu'une statue de la galerie Justiniani, à Rome, la représente.

+ I. LALANDE (Jacques de ), conseiller et professeur en droit à Orléans, né dans cette ville en 1622, y mourut le 5 février 1703. Son inclination bienfaisante lui mérita le glorieux titre de père du peuple. On a de lui, I. Un excellent Commentaire sur la coutume d'Orléans, in-fol., 1704, en 2 vol.: cette première édition est meilleure que la réimpression de 1677. II. Traité du ban et de l'arrière- | ban, in-4°, 1674. III. Plusieurs autres Ouvrages de droit, en latin.

* III. LALANDE (Joseph - Jérôme LE FRANÇAIS de), de l'académie des sciences, du bureau des longitudes, professeur d'astronomie au collège de France, membre de l'institut et de la légion d'honneur, associé de toutes les académies savantes, naquit à Bourg en Bresse le 11 juillet 1732, de parens respectables. Destiné par sou père au barreau, Lalande vint à Paris pour se livrer à l'étude de la jurisprudence, et il s'y livroit avec ardeur, quand la vue de l'observatoire fit naître en lui un goût qui dérangea les projets de son père, et devint la passion dominante de toute sa vie. Il fut accueilli par Le Monnier, l'un de nos plus célèbres astronomes. Le jeune Lalande, doué de la facilité la plus grande, profita des leçons d'un ́si habile maître, qui bientôt le fit +II. LALANDE ( Michel-Richard nommer commissaire de l'académie de), musicien français, né à Paris pour aller à Berlin déterminer la en 1657, mort à Versailles le 8 parallaxe de la lune, de concert avec janvier 1726, fut placé comme La Caille, qui alloit faire la même enfant de choeur à Saint-Germain opération au cap de Bonne-Espél'Auxerrois, par son père, dont il rance. Le grand Frédéric ne put étoit le quinzième enfant. Dès sa s'empècher de témoigner sa surprise plus tendre jeunesse il marqua sa au jeune commissaire qu'on lui prépassion pour la musique. Il apprit de senta (il avoit à peine 19 ans.) Au lui-même à jouer de plusieurs sortes reste, ajouta-t-il, l'académie des d'instrumens. Le duc de Noailles le sciences vous a nommé, vous justichoisit pour enseigner la musique à fierez son choix; dès-lors la jeusa fille, et le fit choisir pour montrer nesse de l'astronome fut une recomà jouer du clavecin à mesdemoiselles maudation de plus. Il se vit admis de Blois et de Nantes, filles natu- à la cour, reçu à l'académie, et lié relles de Louis XIV, qui le combla avec tout ce que Berlin avoit de plus de bienfaits. Lalande fut successive-distingué. Le compte qu'il rendit de ment maître de musique de la chainbre, compositeur surintendant de la musique, et maitre de la chapelle du roi. Les Motets qu'il a fait exécuter devant Louis XIV et Louis XV, toujours avec beaucoup de succès et d'applaudissemens, ont été recueillis en 2 vol. in-fol. On admire sur-tout Je Cantate, le Dixit, le Miserere. Il est encore auteur de la musique de l'opéra de Mélicerte, et du ballet des Elémens.

sa mission à son retour lui ouvrit les portes de l'académie des sciences. Dès ce moment, et jusqu'à la suppression de cette compagnie, il ne parut d'elle aucun volume où l'on ne trouvât de lui quelque Mémoire important. La part active qu'il prenoit aux travaux de l'académie ne se bornoit pas aux seules matières astronomiques. On lui doit l'édition française des Tables de Halley, l'Histoire de la comète de 1759,

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aux ingénieurs; ni cette Bibliographie astronomique, 1 vol. in-4°, catalogue immense de tous les ouvrages qui ont paru sur cette science. Associé à toutes les académies conuues, il étoit le lien commun qui les unissoit toutes par sa correspondance, et faisoit circuler de l'une à l'autre ce que chacune avoit produit. Il employoit pour le bien des sciences et des savans le crédit que lui donnoit une réputation universelle. Au zèle ardent qui le dévoroit, à cette prodigieuse activité de caractère, il joignoit un amour pour la vérité qui dégénéroit quelquefois en une espèce de fanatisme. Tout ménagement lui paroissoit indigne d'un homme frauc et loyal. Il produisoit donc, sans aucune espèce de retenue, ce qu'il croyoit juste et vrai, toutes ses pensées et tous ses sentimens. On conçoit que, dans une aussi longue carrière, et voulant exercer parfois cet ascendant qu'il croyoit appartenir à ses longs services, il a dû choquer plus d'un amour-propre, et ce tort réel, il le sentoit lui-même, et faisoit des efforts pour le réparer. Utile à l'astronomie par ses travaux, par se écrits, par son exemple, par ses élèves, par son crédit et sa correspondance pendaut sa vie, il l'est encore après sa mort par une médaille qu'il a foudée, et que l'institut décerne chaque année à l'auteur du meilleur mémoire ou de l'observation la plus curieuse. Tant de travaux et de succès sembloient faits pour lui assurer un bonheur inalté

in-8°. Il fournit à Clairault des calculs immenses pour établir la théorie de cette fameuse comète. Chargé de la connoissance des temps en 1760, il changea entièrement la rédaction de cet ouvrage utile, et lui donna la forme qu'on suit actuellement. Il composa 17 volumes pour cette collection, et laissa son exemple à ses successeurs. Tant de calculs ne l'empêcherent pas de faire paroitre, en 1764, la première édition de son grand Traité astronomique, ouvrage célèbre et classique, qu'il a perfectionné depuis, et qui a paru en 3 volumes in-4°. Il fit tous les articles d'astronomie de l'Encyclopédie d'Yverdun, et refondit le tout pour l'Encyclopédie méthodique. A ses leçons écrites il joiguit, pendant 46 ans l'instruction orale. Dès 1761, il avoit remplacé son premier maître, de Lisle, dans la chaire d'astronomie au collège de France, et sut donner un éclat tout nouveau à cette partie curieuse de l'instruction publique. Son école devint une espèce de séminaire, d'où sortit une foule de disciples qui peupfèrent les observatoires. Dans le nombre des ouvrages qui attestent sa fécondité, nous n'avons pas encore cité le Voyage d'Italie, qu'il fit presque en courant, et qui est le recueil le plus curieux et le plus complet que les voyageurs puissent consulter; il est intitulé Voyage d'un Français en Italie, dans les années 1765 et 1766, 8 vol. in-12, avec un volume de planches; réimprimé à Yverdun, et dont il a paru une nouvelle édi-rable, et long-temps, en effet, il tion en 1786, en 9 vol.; ni son jouit de la réputation la plus brilTraité des canaux, qui parut sous lante. Avec un peu plus de circonsce titre Des Canaux de naviga-pection, il eût joui sans trouble, et tion, et spécialement du canal de jusqu'au dernier instant, de cette Languedoc, 1778, in fol. : c'est considération si flatteuse. Mais sa une grande histoire des canaux an- franchise imprudente, cette intréciens et modernes, exécutés, en-pidité avec laquelle il avoit toujours trepris et projetés chez tous les peu- manifesté ses opinions dans les ples du monde; cet ouvrage man- temps même les plus orageux, la quoit aux sciences, et a été fort utile sévérité quelquefois un peu brusque

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croyoit l'être, puisqu'il s'est montré constamment homme de bien, rempli d'honneur, de probité, de courage, d'activité pour toutes les choses utiles, d'amour et de zèle pour le genre humain. Imiter le grand bienfaiteur, c'est rendre le plus digne hommage à la bonté infinie, à la raison suprême qui gouverne l'univers. Ce qui prouve que l'athéisme qu'affichoit Lalande n'étoit point dans son cœur, c'est qu'on l'a vu contribuer de sa bourse à l'habillement des enfans pauvres qui faisoient leur première communion, et coopérer à tous les actes de bienfaisance que commande la religion. Ce célèbre astronome mourut à Paris le 4 avril 1807. Iudépendamment des ouvrages, cités dans le cours de cet article, on a de lui, I. Exposition des calculs astronomiques, Paris, 1662, in-8°. II. Etrennes historiques à l'usage de la province de Bresse, Paris, 1756, in-8°. III. Dissertation sur la cause de l'élé– vation des liqueurs dans les tubes capillaires, Paris, 1770, in-8°. IV. Discours qui a remporté le prix de l'académie de Marseille, en 1757, sur ce sujet : L'esprit de justice assure la gloire et la durée des empires, Marseille, 1757. V. Discours sur la Douceur, Bourg en Bresse, 1780. VI. Abrégé d'astronomie, in-8°, réimprimé en Hollande, traduit en allemand, et ensuite en italien; réimprimé à Paris en 1795, traduit de nouveau à Padoue. VII. Réflexions sur les comètes qui peuvent approcher de la terre, 1773, in-8°. VIII. Ephémérides des mouvemens célestes, depuis 1775 jusqu'en 1800: tome VII, VIII et IX, in-4°; le tome IX va depuis 1793 jusqu'en 1800. IX. Traité des flux et reflux de la mer, avec des sup

avec laquelle il repoussoit des sys- | tèmes formés par l'ignorance, et qui n'auroient dû exciter que sa pitié, l'habitude à laquelle il se livra d'émettre continuellement son opinion, même dans des matières où il étoit libre de taire son avis ou même de n'en point avoir, animèrent contre lui une foule de mécontens et de détracteurs, qui en vinrent jusqu'à lui contester son mérite réel. On oublia ses longs et durables services, pour ne songer qu'à des torts passagers ou de nulle importance. Dans quelques discussions où il n'avoit de tort que par la forme, on voulut l'accabler d'outrages, qu'heureusement il eut la sagesse de mépriser, s'il n'eut pas celle de les prévenir. Son caractère étoit un composé de qualités grandes et recommandables et de singularités; parmi ces dernières, on sigualera celle qu'il eut d'afficher et de prôner l'athéisme, et qui ne contribua qu'à lui attirer des ennemis et des ridicules. Malgré ses opi- | nions et ses singularités, Lalande étoit bon, généreux, sensible. Après la journée du 10 août 1792, M. Dupont de Nemours eut besoin d'un asile M. Harmand, un des élèves les plus distingués de Lalande, le lui douna dans l'observatoire des Quatre-Nations, dont Lalande lui confioit les clefs et les travaux. Il y pourvoyoit aux besoins de M. Dupont. Une réquisition ayant été lancée sur les jeunes gens de l'àge de M. Harmand, ce dernier, quoique marié,'eut à craindre d'être forcé de partir. Il fut trouver Lalande, lui confia la position de M. Dupont, et Jui dit «S'il sort de l'observatoire, il sera massacré; s'il y reste, il est exposé à mourir de faim. - Courez, lui répondit Lalande, le garantir de toute inquiétude; je lui porterai régulièrement à manger. » Il ne pou-plémens d'astronomie, formant le voit, non plus que M. Harmand, le faire qu'au péril de sa propre vie. Lalande étoit plus religieux qu'il ne

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4 volume de sou astronomie, et une nouvelle édition des Leçons de la Caille, avec des notes. X. Astro

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