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bitant; et ensuite on y fit des diminutions successives. Le public, craignant ces diminutious sur l'argent, qui varioit sans cesse, et croyant sur la foi du charlatan écossais que les billets auroient un prix immuable, s'empressoit de porter en foule son argent comptant à la banque. << Messieurs, ne soyez pas en peine dit un homme qui n'étoit pas dune à ceux qui se pressoient à la porte, on vous prendra tout. » La France se crut riche. Le luxe fut proportionné à cette confiance, et tous les vices marchèrent à sa suite. Tout amour de la gloire fit place au désir des richesses; plus de mœurs plus de décence, plus de patriotisme. Les gros financiers ayant épuisé la banque, qui ne pouvoit

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amoureux des nouveautés. Il établit | d'abord une banque en son propre nom l'an 1716: elle devint bientôt le bureau général des recettes du royaume. On y joignit une compagnie du Mississipi, compagnie dont on faisoit espérer de grands avantages. Le public, séduit par l'appat du gain, s'empressa d'acheter avec fureur des actions de cette compagnie et de cette banque réunies. Les richesses, auparavant resserrées par la défiance, circulèrent avec profusion; les billets doubloient, quadruploient ces richesses. La banque fut déclarée banque du roi en 1718; elle se chargea du commerce du Sénégal, des fermes générales du royaume, et acquit l'ancien privilége de la compagnie des Indes. Etablie sur de si vastes fon-plus payer ses billets, Law fit rendemens, ses actions augmentèrent vingt fois au-delà de leur première valeur. En 1719, elles valoient quatre-vingt fois tout l'argent qui pouvoit circuler dans le royaume. Le gouvernement remboursa en papier presque tous les rentiers de l'état; tous les débiteurs payèrent ainsi leurs créanciers, et l'on ne tarda pas à voir la subversion des fortunes établie. Ce fut alors, en 1720, qu'on donna la place de contrôleur des finances à Law. On le vit en peu de temps d'Écossais devenir Français par la naturalisation; de protestant, catholique; d'aventurier, seigneur des plus belles terres; et de banquier, ministre d'état. Il étoit si enivré de son système, que, de toutes les grandes terression extrêmes. Le peuple manquoit qu'il acheta en France, il n'en paya aucune en argent. Il ne donna que des à-comptes en billets de banque. Ayant été nommé marguillier d'honneur à la paroisse de Saint-Roch, il donna cent mille écus à la fabrique, mais ce ne fut qu'en papier. Pour avilir les espèces, ou les avoit refondues, on avoit porté le marc de l'or et de l'argent à un prix exor

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dre un arrêt du conseil, portant « défense de garder dans sa maison plus de cinq cents livres en espèces, sous peine de confiscation. » Cet arrêt n'ayant remédié à rien, on réduisit les billets de banque à la moitié de leur valeur. Cette mesure ne servit qu'à faire connoître à tout le monde l'état déplorable de la uation. Chaque intéressé se voyant sans argent, perdant la moitié de ses billets, et craignant pour l'autre moitié, se vit ruiné pour toujours. Le gouvernement, étonné, incertain, entassa arrêts sur arrêts, révoqua la malheureuse défense de garder de l'argent, permit d'en faire venir de l'étranger, et ne put empêcher une défiance et une confu

de pain et de monnoie. Il se précipitoit en tumulte aux bureaux de la banque pour échanger des billets de dix livres, et avoir ainsi quelque argent. La presse étoit si grande, qu'il y eut trois hommes étouffés; et la populace porta leurs cadavres dans la cour du Palais-Royal, en criant au régent: « Voilà le fruit de votre système. » Le parlement

de Paris s'opposa, autant qu'il le
put,
aux innovations, et il fut
exilé à Pontoise. Enfin Law, chargé
de l'exécration publique, et obligé
de quitter le pays qu'il avoit bou-
leversé, se retira d'abord dans une
de ses terres en Brie; mais ne
s'y trouvant pas en sûreté, il par-
courut une partie de l'Allemagne,
et descendit en Italie par le Tirol.
Après avoir entrepris quelques au-
tres courses en Hollande, en Augle-
en Danemarck, il s'arrèta
enfin à Venise, où il mourut l'an
1729, l'esprit plein de projets ima-
ginaires et de calculs immenses. Un
anonyme lui a fait cette épitaphe :

terre,

Ci git cet Ecossais célèbre,
Ce calculateur sans égal,
Qui par les règles de l'algèbre
A mis la France à l'hôpital.

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disoit qu'il n'y avoit point d'a-
nimal plus ennuyeux qu'une du-
chesse, rentra dans la misère d'où
elle avoit été tirée. Pendant l'ad-
ministration de Law, « des femmes
titrées se montroient courageuse-
dit Duclos sur le devant
ment,
du carrosse de sa femme et de sa
fille, et des hommes du plus haut
rang assiégeoient son antichambre. »
Voyez les Mémoires de Duclos,
second volume; l'Histoire du Sys-
tème des Finances, par du Haut-
Champs, La Haye, 1734,6 vol.
in-12, et les Mémoires de la Ré-
gence, 5 vol. in-12, 1749.

* II. LAW (Guillaume), pieux théologien, né en 1686 à KingsCliffe, au comté de Northamptou, où mort en 1761, élève d'Oxford, il prit ses degrés, et entra dans les Le jeu avoit commencé sa fortune, ordres. Mais comme il avoit des scru cette passion servit à la détruire. pules sur le serment, il refusa de le Quoique son état ne fût guère au-faire, et par-là il renonça aux bédessus de l'indigence, il joua jus- néfices qu'on lui avoit offerts pluqu'à sa mort. Lorsque le président sieurs fois. Law a mené une vie de Montesquieu passa à Venise, il très-retirée, dont il a passé la plus n'oublia pas de voir ce trop célèbre grande partie chez madame Ester Écossais. Un jour, la conversation Gibbon, tante du célèbre historien. roula sur son fameux système. Il a écrit, I. un Livre contre l'é« Pourquoi, lui demanda Montes-véque Hoadley. II. Quelques Livres quieu, n'avez-vous pas essayé de de piété pratique, tels que le Secorrompre le parlement de Paris, rieux appel à la vie dévote. III. comme le ministère anglais fait à Traité de la perfection du chrél'égard du parlement de Londres? tien; et dans ses dernières années, Quelle différence, répondit Law! il donna une Edition des Ouvrages Le sénat anglais ne fait consister de Jacob Brehem, dont il avoit la liberté qu'à faire tout ce qu'il adopté les rêveries mystiques. veut; le Français ne met la sienne qu'à faire tout ce qu'il doit. Ainsi l'intérêt peut engager l'un à vouloir ce qu'il ne doit pas faire; il est rare qu'il porte l'autre à faire ce qu'il ne doit pas vouloir. » Il eut un enfant de sa femme, ou plutôt d'une maîtresse aussi hautaine que belle. Elle avoit obtenu une pension qui fut supprimée après la mort du régent et cette femme qui, dans le temps de son élévation

* III. LAW (Edmond), savant prélat anglais, né en 1703 au Westmoreland, mort en 1787, élève du college de Saint-Jean à Cambridge, et boursier au collège du Christ, étoit encore à l'université quand il fut membre d'une société nommée le Zodiaque, dans laquelle ou comptoit plusieurs jeunes gens savans et de beaucoup d'esprit. En 1739. il obtint la cure de Graystock, et

:

ensuite celle de Salkeld. Il fut nommé, en 1757, maitre du collège de Saint-Pierre; en 1767, chanoine de la cathédrale de Durham; et enfin, en 1769, évêque de Carlisle. Ce prélat, modeste et simple, et du caractère le plus heureux avoit un ́extérieur paisible qui anuonçoit la tranquillité de son ame vertueuse. I fuyoit le grand monde, et ne se plaisoit que dans la conversation slide d'un ami choisi alors ses reparties étoient vives et brillantes, quoique réservées, ses pensées solides, ses discours instructifs; mais la loi de la nature ne permet pas que rien soit parfait. Cette modestie, cette retenue, cette crainte de l'injustice, enfin des vertus portées à l'excès, dégénérèrent en une foiblesse de gouvernement qui ne, donna pas assez d'action à son autorité; de sorte qu'il ne réprima pas les abus autant que les devoirs de sa place le lui commandoient. On a plusieurs ouvrages de ce savant prélat. I. Théorie de la Religion, in-8°. II. Une Edition de l'Origine du mal, par l'archevêque King, avec des notes, in-8°. III. Examen de la Controverse sur les états immédiats, in-12. IV. Quelques Dis

cours.

* I. LAWES (Henri ), musicien et compositeur anglais, ué à Salisbury vers l'an 1600, fut attaché, en 1625, à la chapelle du roi, et ensuite à la musique privée de Charles Ier. Intimement lié avec Milton, il composa la musique de son Comus, et de plusieurs autres poésies de sa jeunesse, ainsi que celte des Psaumes de George Sandys, qui parut en 1638, et de plusieurs Chansous de Waller. I mourut le 21 octobre 1662.

II. LAWES (Guillaume), frère du précédent, musicien comme lui, ne se distingua pas moins par

son habileté. Il prit parti dažs les guerres civiles, fut commissaire de l'armée, et tué au siége de Chester.

à

* LAWSON (sir John), né Hull de parens pauvres, fut destiné au service de mer. Son mérite et ses talens lui valurent le commandement d'un vaisseau et le rang de capitaine. Il servit avec beaucoup de zèle et de fidélité sous le parlement, et lorsque le gouvernement eut changé sous Cromwel, il conserva son poste; mais ses principes républicains refroidirent le zèle qu'il avoit d'abord montré. Cependant il se détermina à servir Monk dans ses projets, après néanmoins avoir déclaré hautement son dévouement au parlement qui l'en fit remercier publiquement. Il servoit sous le duc d'Yorck, en 1665, en qualité de contre-amiral, et fut tué la même année dans un combat contre les Hollandais.

* LAZAR-TONTRACIEN, de la secte des arevortys, ou adorateurs du soleil, et un des apologistes de cette doctrine, vivoit vers le milieu du 11° siècle. En 1051, lorsque Gregoire Makisdros voyez cet article) voulut renverser leurs temples, exterminer les prêtres et le peuple qui tenoient encore à ce culte ancien, Lazar de Tontrag fut un de ceux qui échappèrent au massacre général. Son Apologie, divisée en six livres, fut brûlée dans une place publique, et lui se sauva auprès du patriarche des Syriens, dans l'intérieur de la Mésopotamie. Lazar mourut dans ce pays vers l'an 1062, après y avoir propagé sa doctrine qui existe jusqu'à présent du côté de Merdin et de Nizib, sous la dénomination arabe de chemcy.

* LAZARD (Charles-Pierre), pieux théologien anglais, mort en 1803, fils d'un célèbre médecin

de Greenwich, fit ses études à l'école de Westminster, puis au collége de Saint-Jean à Cambridge. En 1773 et en 1775 il obtint le prix de poésie. Pendant plusieurs années Lazard fut ministre de la chapelle d'Oxendon, et bibliothécaire de l'archevêque de Tenison, dans la paroisse de Saint-Martin. En 1800 il obtint un canonicat de Bristol. Ce docteur a publié quelques Discours séparés; et depuis sa mort on a imprimé de lui, par souscription, un volume de Discours.

+ I. LAZARE, frère de Marie et de Marthe, demeuroit à Béthanie; Jésus, qui l'aimoit, alloit quelquefois loger chez lui: étant venu, dit l'Ecriture, en cette ville quatre jours après la mort de Lazare, il se fit conduire à son tombeau, en fit ôter la pierre, et lui rendit la vie. Ce miracle éclatant, opéré aux portes de Jérusalem, ayant été rapporté aux princes des prètres et aux pha risiens, ils prirent la résolution de faire mourir et Jésus-Christ et La

zare. Ils exécutèrent leur dessein envers Jésus-Christ; mais à l'égard

de Lazare, l'Histoire sainte ne nous apprend pas ce qu'il devint. Les Grecs disent qu'il mourut dans l'ile de Chypre, où il étoit évêque, et que ses reliques ont été transportées à Constantinople sous l'empereur Léon-le-Sage. Les anciens marty-rologes d'Occident confirment cette tradition. Ce n'est que vers le 13 siècle de l'Église qu'on a parlé de son voyage en Provence avec MarieMagdeleine et Marthe, ses sœurs, et qu'on l'a supposé mort évêque de Marseille. Voyez LAUNOY, no ́ll.

sonne les lui donnât. Dieu, pour récompenser la patience de Lazare,; le retira du monde ; et son ame fut portée dans le sein d'Abraham. Le riche mourut aussi, et eut l'eufer pour sépulture. Lorsqu'il étoit dans les tourmens, il vit de loin Lazare, et lui demanda quelques rafraichissemeus; mais Abrahain lui répondit « qu'ayant été dans les délices pendant que Lazare souffroit, il étoit juste qu'il fût dans les tourmens, pendant que celui-ci étoit dans la joie.» Quelques interprètes ont cru que ce que Jésus-Christ rapporte ici de Lazare et du mauvais riche est une histoire réelle; d'autres prétendent que ce n'est qu'une parabole ; et enfin quelquesuns, tenant le milieu, veulent que ce soit un fonds historique, embelli par le Christ de quelques circons tances paraboliques.

III. LAZARE, religieux grec, qui avoit le talent de la peinture, co sacra son pinceau à des sujets de piété. L'empereur Théophile, ico peintre à coups de fouet, et lui fit noclaste, furieux, fit déchirer le appliquer aux mains des lames ardentes. Lazare, guéri de ses plaies, continua de peindre Jésus-Christ, la Vierge et les saints. Il mourut en 867, à Rome, où l'empereur M→ chel l'avoit envoyé.

* IV. LAZARE DE PARBE, his torien et orateur, vivoit vers la fin du 5° siècle. Il écrivit, à la demande. de Vahan, gouverneur-général d'Arménie, une Histoire de ce pays, la division du royaume des Arsacides jusqu'à son temps, c'est-à+ II. LAZARE, pauvre véritable dire, depuis l'an 388 jusqu'à 485 ou symbolique, que Jésus-Christ de J. C. Cet ouvrage fut imprimé nous représente, dans l'Evangile, à Venise, en 1 vol. in-8°, en 1793. tout couvert d'ulcères, couché de- La bibliothèque impériale en possède vant la porte d'un riche, où il ne un exemplaire manuscrit. On a de désiroit que les miettes qui tom-lui aussi un livre sur l'éloquence, boient de sa table, sans que per- | divisé en cinq parties.

+ LAZARELLI (Jean-François), | 1710, de l'ordre des jésuites à poëte italien, né à Gubio, d'abord Rome en 1727, bibliothécaire du auditeur de rote à Macerata, en- collége Romain, et professeur d'hissuite prévôt de la Girandole, mou- toire ecclésiastique à l'université de rut en 1694, âgé de plus de 80 ans. cette ville, emplois qu'il occupa On a de lui un Poëme singulier, encore après la suppression de intitulé La Cicceide legitima. La son ordre. Deux ans après il deseconde édition, qui est augmentée, vint théologien et bibliothécaire du est de Paris, sans date, in-12, elle cardinal de Zelada, et mourut en a été réimprimée une troisième fois. 1789. Lazeri étoit très-versé dans les C'est un recueil de sonnets et de langues grecque, latine et hébraïvers mordans contre un nommé que. On a de lui, I. Della consecraArrighini, son collegue à la rotezione del Panteon da fatta Bonide Macerata. Il le prend au berceau, et ne le quitte qu'au cercueil. Il pousse la bassesse jusqu'à plaisanter sur sa mort et son enterrement. La versification de ce satirique est coulante, aisée, naturelle, ses saillies sont vives, ses plaisanteries piquantes; mais il est amer et grossier. Au reste, la satire de la Cecceide, contenant différentes allusions, ne peut être bien goûtée que de ceux qui entendent parfaitement l'italien.

facio IV discorso, Rome, 1749. Ce discours fut prononcé devant Benoit XIV, et l'auteur répondit aux critiques qui en furent faites par un appendix, imprimé à la suite de l'ouvrage. II. Theses selectæ ex historia ecclesiastica de persecutionibus in Ecclesiam excitatis, Romæ, 1749. III. Petri Joannis Perpiniani Valentini e soc. Jesu opera, tom. 4, in-8°. IV. Theses selectæ ex historia ecclesiastica sæculi V, Romæ, 1751. V. De anno Christi natali ab orbe condito exercitatio chronologica ex prolegomenis historiæ ecclesiasticæ,

* LAZARIG ou GHAZARIG, surnommé le Traducteur, naquit vers le commencement du 9e siècle, dans la province de Daron en Ar-Romæ, 1753. VI. De arte critica ménie. Après avoir étudié dans sa patrie, il alla à Edesse pour acquérir de nouvelles connoissances: au retour dans son pays, il s'occupa à traduire plusieurs ouvrages des pères grecs et syriens dans sa langue maternelle. Le chronologiste Samuel, dont l'ouvrage se trouve dans la bibliothèque impériale, parle de cet auteur avec beaucoup d'éloge. On a de lui, I. Une Histoire des martyrs, partie traduite, partie compilée. II. La Traduction des Œuvres de saint Cyrille de Jérusalem, et de celles de saint Athanase. On lui attribue aussi la Traduction de la Chronique de Jules Africain, que l'on croit perdue pour la postérité.

* LAZERI (Pierre), né dans le territoire de Sienne le 16 octobre

et generalibus ejus regulis ad historiam ecclesiasticam relatis. Exercitatio critica ex prolegomenis historiæ ecclesiastico, Romæ, 1754. VII. De criticæ regulis, quibus vera falsis admixta secerni possunt; Exercitatio critica ex prolegomenis historiæ ecclesiastica, Romæ, 1754. VIII. Miscellaneorum ex MSS. libris bibliothecæ collegii Romani societatis Jesu, tom 1er, Rome, 1754, et tom 2 Rome, 1757. IX. Lettera del P. Pietro Lazeri a monsignor Michelangelo Giacomelli sulla tragedia di Eschile intitolata Prometeo legato. Cette pièce est insérée dans le Giornale de' letterati di Roma, Rome, 1754. X. Catalogi duo antiquorum pontificum Romanorum, quos pontificiam his

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