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Page 52, note (2), ancien auteur, lisez aucun auteur.

RECHERCHES NOUVELLES

SUR

L'HISTOIRE ANCIENNE.

CHRONOLOGIE DES BABYLONIENS.

LA

chronologie, c'est-à-dire la succession des faits historiques chez les Babyloniens, a toujours été considérée par les savans critiques, comme l'un des sujets les plus épineux et les plus obscurs de l'histoire ancienne : le lecteur va s'en convaincre par le nombre et la complication des difficultés que nous allons passer en revue; nous espérons que sa patience trouvera quelqu'indemnité dans la concision de notre travail, dans la clarté, et même dans la nouveauté de nos résultats.

Commençons par la fondation de Babylone dont l'époque divise d'opinion les auteurs anciens comme nous le dit Quinte - Curce en cette

Quint-Curt., lib. v, cap. I.

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phrase: «Babylone fut bâtie par Sémiramis, ou, >> comme la plupart le croient, par Bélus, dont >> on y voit le palais. »

CHAPITRE PREMIER.

Fondation de Babylone.

EFFECTIVEMENT la première de ces opinions est ou paraît être celle de Ktésias, c'est-à-dire, celle des livres assyriens, dont cet auteur s'autorise, et qui attribuent la fondation de cette grande cité à Sémiramis, avec des détails empreints d'un cachet particulier d'information locale et même officielle : néanmoins le prêtre babylonien Berosse, homme très-instruit, postérieur d'un siècle seulelement à Ktésias, ne craignit pas dans son Histoire. des Antiquités chaldaïques, présentée au roi Antiochus, de démentir l'écrivain grec, et d'assurer que Babylone avait été fondée par Belus, dieu ou roi du pays, bien des siècles avant Sémiramis, et cela en invoquant et citant les traditions et les monumens publics de sa nation. Hérodote de qui nous devions attendre ici quelque lumière, ne nous en fournit aucune; mais un autre historien judicieux et assez souvent bien instruit, Ammien

Marcellin, qui a pu et dû lire Berosse et Ktésias semble nous donner le noeud de la question quand il dit : « Sémiramis entoura de murs Babylone, >> mais la citadelle avait été bâtie auparavant par » le très-ancien roi Belus. » Ce terme moyen qui concilie les deux avis, se trouve d'ailleurs appuyé par une phrase de Ktésias que l'on n'a pas assez remarquée. Cet historien dit:

« Lorsque Ninus attaqua la Babylonie, la ville » de Babylone qui existe aujourd'hui, n'était pas >> encore bâtie. » Ces mots Babylon quae nunc est, ne semblent-ils pas indiquer qu'il en existait une autre; et si, comme l'atteste Berosse, l'antique Belus était dès long-tems le dieu tutélaire du pays; si, comme l'on en convient, le nom oriental Babel, pour Babylon, signifie la Porte, c'est-à-dire, le palais de Bel ou Belus, il devait exister dès lors une Babel ou Babylone primitive, que Sémiramis engloba dans ses vastes constructions et qu'elle orna, comme nous le verrons: ainsi ce serait faute d'avoir bien déterminé le sens du mot fondation, que les anciens se seraient disputés dans le cas présent comme dans beaucoup d'autres. Prenons de ce mot une idée claire.

En général, ces grandes réunions de maisons. que l'on appelle villes, ont eu deux manières

Lib. XXIII, pag. 351. De bello Persico.

d'être fondées; 1o la première par un concours lent et progressif d'habitans que des motifs de défense commune, de facilité de commerce, d'aisances de la vie ont appelé et fixé autour d'un premier noyau d'habitation : à ce premier genre de ville, l'on ne saurait presque désigner de fondateur, ni d'époque de fondation.

La seconde manière se fait par un concours subit de colons que leur propre volonté ou celle d'un gouvernement, engagent ou contraignent à bâtir une ville, comme un particulier bâtit une maison: ici appartient et s'applique le nom de fondation, parce que la date est aussi précise que le fait est remarquable.

Mais si, comme il est souvent arrivé, le lieu choisi pour une telle fondation avait déjà une habitation antérieure, soit village, soit bourgade(); simême ily existait déjà une ville du premier genre, c'est-à-dire sans fondateur connu, actuellement ruinée par la guerre ou par d'autres accidens, cette seconde fondation pourra devenir un sujet de controverse, parce que l'habitation antérieure suppose une fondation originelle, après laquelle il ne doit plus y avoir que restauration. Enfin,

(1) Par exemple, le fort de Rhacotis où les rois d'Egypte entretenaient une garnison sur le lieu où fut bâtie Alexandrie. Voyez Strabon, lib. XVII, pag. 792.

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