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» que lui en fit Nabopolasar pour son fils Nabu» codnosor. » Cet événement correspond aux années 607 ou 606. Il en résulte que Nabopolasar dut être le premier Roi Babylonien à la fois héréditaire et indépendant: ensorte que Babylone, vassale depuis sa fondation, en 1193, ne paraît avoir été capitale souveraine et indépendante, que vers les années postérieures à 625, quoiqu'Hérodote lui attribue cet état, sitôt après la subversion de Ninive en 717.

CHAPITRE XIII.

Règne de Nabokolasar, dit Nabukodonosor.

Il n'existe pas de doute sur l'identité du Nabo

L

kolasar de la liste babylonienne, avec le Nabukodonosor des Hébreux. Le règne brillant de ce Prince semble avoir été le résultat naturel des trois précédens, qui pendant 60 ans de paix affermirent l'autorité, et accumulèrent les moyens de puissance qu'offrait un pays extrêmement fertile. D'autre part, l'emploi que Nabukodonosor fit de ces

(1) Nabo-kol-asar s'explique bien, prophéte tout victorieux, ou vainqueur de tout. Dans Nabo-kadn-asar, le mot kadn doit être le syriaque gad, signifiant la fortune. Aussi les Arabes ont-ils rendu ce mot par bakt-nasar, vainqueur fortuné. Kada pourrait être aussi le mot arabe gaddan, multùm.

moyens, fut aussi le résultat de sa situation politique vis à vis de ses voisins. A l'est et au nord l'Empire Mède lui opposait une barrière menaçante ; à l'ouest les petits états syriens, phéniciens et juifs, divisés et affaiblis, offraient une proie plus facile à son ambition: elle y prit son cours; mais parce que la résistance prolongée des villes de Tyr et de Jérusalem nécessita de sa part diverses expéditions répétées dont on a confondu quelques dates, il est nécessaire d'établir un ordre clair dans cette partie.

La première année du règne de Nabukodonosor est fixée par le kanon astronomique, à l'an 604 avant J.-C. cette date devient un point de départ précis pour tous les faits relatifs soit antérieurs, soit postérieurs.

(1)

Jérémie dont l'autorité, comme écrivain contemporain, est prépondérante ici pendant une période de plus de 40 ans; Jérémie remarque en trois chapitres différens, que l'an premier de Nabukodonosor fut l'an 4 de Ihouaqim, fils de Josias. Par conséquent le règne de Ihouaqim date de l'an 607, et la mort de Iosias, son père, se place à l'an 608. Ce prince avait régné 31 ans; par conséquent il avait commencé l'an 638. Jé

Jérém., chap. XXV, v. 1; chap. XXXVI, V. 1, et chap. XLVI.

rémie ajoute, chap. xxv, que cette quatrième année de Thouaqim fut la vingt-troisième depuis l'an 13 de Iosias, où lui, Jérémie, avait commencé sa mission prophétique. Ces 23 ans avant et compris l'an 604, remontent à l'an 626 inclus. Si l'on ajoutait 13 années pleines, on aurait 639; mais la treizième année de Josias doit se fondre dans la première des 23, et n'être que l'an 626, afin que la première de Josias reste l'an 638, comme l'exige le calcul premier de Jérémie.

Josias périt dans une bataille qu'il livra à Nekos, roi d'Egypte. Ce fils de Psammitik avait commencé de régner l'an 617; par conséquent l'an 608 fut la dixième année de son règne. « Il avait entrepris, » nous dit Hérodote, de creuser le canal qui con» duit à la mer Rouge: 120,000 ouvriers périrent » dans ce travail. Ce prince l'interrompit sur la >> réponse d'un oracle qui déclara qu'il travaillait » pour le barbare: les Egyptiens appellent barbar >> tous ceux qui ne parlent pas leur langue. »

Ce barbare est clairement le babylonien Nabopolasar, dont la puissance commença vers l'année 610 ou 611, d'alarmer Nekos. La réponse de l'oracle suppose une question provocative: on devine aisément que ce fut Nekos qui dicta l'oracle afin d'avoir un motif plausible de renoncer au canal,

(1) Hérod., liv. II, nos 158 et 159.

et de venir conquérir la Syrie. Hérodote a clairement désigné la défaite de Josias, lorsqu'il ajoute << que Nekos livra sur terre une bataille aux Sy» riens, près de Magdol(), et qu'après avoir >> remporté la victoire, il prit Kadyt-is, ville >> considérable de la Syrie. »

Cette ville de Kadyt-is n'est autre chose que Ierusalem (la sainte Salem), comme l'a très-bien vu Danville. Les Arabes ont conservé l'usage de

l'appeler la Sainte par excellence, el Qods. Sans doute les Kaldéens et les Syriens lui donnèrent le même nom, qui dans leur dialecte est Qadouta, dont Hérode rend bien l'orthographe quand il écrit Kadyt-is, puisque dans l'ancien grec, l'y remplace sans cesse l'ou oriental; ainsi Bérytos est Bérout; Ankyra est Angourié, comme Sylla est en latin Şulla, etc.

Nekos vainqueur déposa Jhouakas que les Juifs avaient élu après la mort de Iosias; lui ayant substitué Ihouaqim, son frère, il s'occupa de conquérir

(1) Le livre de Jérémie, chap. XLVI, écrit aussi Magdoul; mais celui des Rois est plus correct lorsqu'il écrit Magdou ou Mageddo, attendu qu'il est contre toute vraisemblance que Josias soit allé combattre à Magdol qui est près de Peluse en Egypte ; tandis qu'il est naturel qu'il se soit opposé à Nekos, près de Mageddo, ville de Palestine, d'où il fut ramené mourant à Jérusalem.

!

la Syrie de proche en proche jusqu'à l'Euphrate. Voilà cette prétendue rebellion du satrape d'Egypte dont parle Berosse en Josephe (contr. App., lib. 1, § 19), laquelle détermina Nabopolasar à envoyer contre lui Nabukodnosor, son fils, à la tête d'une puissante armée. Iosias avait péri en 608; Jhouakas n'avait régné que trois mois; Jhouaqim avait été installé en 607; les conquêtes de Nekos se firent en cette même année et pendant 606 et 605..... Il avait à subjuguer plusieurs petits états assez reluctans, tels que les Philistins, les Phéni→ ciens, les rois de Damas, de Hama, de Hems, etc. En 605 il passe l'Euphrate et entre en Mésopotamie. Nabopolasar alarmé envoie contre lui Nabukodonosor, probablement en automne. Les armées se rencontrent, la bataille de Karchemis se livre en 604 . Nekos complettement défait, se sauve en Egypte, d'où il ne sortit plus, dit le Livre des Rois. Nabukodonosor le poursuit rapidement jusqu'à la frontière d'Egypte. Il apprend la mort de son père : il avait à se venger du roi de Judée Jhouaqim, créature de Nekos; mais il était encore plus pressé d'aller prendre possession d'un trône récemment élevé. « Dans ces circonstances, dit » Berosse, il mit ordre aux affaires d'Egypte, de

(1) En la quatrième de Thouaqim, première de Nabukodnosor, Jérémie, chap. XLVI.

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