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Sémiramis parle elle-même.

LA NATURE ME DONNA LE CORPS D'UNE FEMME,
MAIS MES ACTIONS M'ONT ÉGALÉE

AU PLUS VAILLANT DES HOMMES (à Ninus):
J'AI RÉGI L'EMPIRE DE NINUS,

QUI YERS L'ORIENT TOUCHE AU FLEUVE HINAMAM (l'Indus);
VERS LE SUD AU PAYS DE l'encens eT DE LA MYRRHE
(l'Arabie-Heureuse);

VERS LE NORD AUX SAKKAS (Scythes),
ET AUX SOGDIENS (1) (Samarkand).

AVANT MOI AUCUN ASSYRIEN N'AVAIT VU LA MER;
J'EN AI VU QUATRE OU PERSONNE NE VA,
TANT ELLES SONT DISTANTES.

QUEL POUVOIR S'OPPOSE A LEURS DÉBORDEMENS ?

J'AI CONTRAINt les fleuves de couler OU JE VOULAIS,
ET JE N'AI VOULU QU'OU IL ÉTAIT UTILE :
J'AI RENDU FÉConde la terre stérile,

EN L'ARROSANT DE MES FLEUVES:

J'AI ÉLEVÉ DES FORTERESSES INEXPUGNABLES : J'AI PERCÉ DE routes, des ROCHERS IMPRATICABLES: J'AI PAVÉ DE MON ARGENT DES CHEMINS

OU L'ON NE VOYAIT QUE LES TRACES DES BÊTES SAUVAGES, ET DANS CES OCCUPATIONS,

J'AI SU TROUVER ASSEZ DE TEMS POUR MOI

ET POUR MES AMIS.

(1) Elle ne dit rien de la frontière d'ouest, la Méditerranée ; et ce silence est contre Ktésias en faveur d'Hérodote. Sémi

ramis n'eût pas omis un pays aussi remarquable que la Syrie, sa patrie : elle a dû, par amour propre, omettre une frontière aussi bornée que celle de l'Euphrate.

Dans ce tableau si simple et si grand, la dignité de l'expression et la convenance des faits semblent elles-mêmes garantir la vérité du monument. Nous ne saurions donc admettre l'opinion de quelques écrivains qui veulent regarder Sémiramis comme un personnage mythologique de l'Inde ou de la Syrie . Il est possible que le mot semirami reçoive une étymologie zende ou sanscrite; mais outre le cas fortuit des analogies de ce genre, ce mot, qui nous est transmis par les Perses, peut avoir été substitué par eux au nom syrien de l'épouse de Ninus, comme le nom de Zohák fut substitué au nom de Haret, comme celui d'Esther le fut au mot hadossa, signifiant myrthe, en hébreu. L'article suivant va confirmer cet aperçu par des rapprochemens singuliers auxquels donne lieu un récit que nous a conservé Photius, dans sa Bibliothèque grecque (»).

(1) Asiatick Researches, tom. IV. Dissert. de Wilford sur Sémiramis.

(2) Notre époque de Sémiramis trouve un appui singulier dans un passage de Porphyre que cite Eusèbe. Præp. Evang., lib. 1, pag. 3o. Selon Porphyre, «l'historien phénicien » Sanchoniaton avait fleuri avant la guerre de Troye, dans » un siècle rapproché de Moyse, ainsi que l'on pouvait s'en » convaincre par les Annales des Rois phéniciens: et il avait » été contemporain de Sémiramis, que l'on place très-peu

«

CHAPITRE IX.

Récit de Conon et roman d'Esther.

J'AI

'AI lu, dit Photius (page 427 de sa Biblio>> thèque), j'ai lu le petit ouvrage de Conon, dédié

» de tems avant la guerre (ou prise) de Troye ou même » parallèlement. »

Sur ce texte nous remarquons que la plupart des écrivains grecs placent cette prise l'an 1184 avant notre ère : dans nos calculs le règne de Sémiramis a eu lieu depuis 1195 jusqu'en 1180 on voit que le synchronisme est complet, et il est d'autant plus concluant, que Porphyre nous le donne comme le résultat des trois chronologies assyrienne, phénicienne et grecque, comparées entr'elles. Les interpolations de Ktésias se trouvent ici jugées et rejetées.

Ce même fragment de Porphyre donne lieu à une autre combinaison singulière : cet écrivain dit « que Sanchoniato n "pour mieux s'assurer de la vérité des faits, consulta de très» anciens monumens ammonites, et un certain lerombal juif, » prêtre du dieu Ieou. »

En parcourant les livres juifs, nous trouvons l'un des juges spécialement désigné par le surnom de Ierobaal (ennemi de Baal); ce juge est Gedeon qui, à titre de prophête envoyé de Dieu, mérite aussi le nom de prêtre : Gedeon nous serait donc indiqué ici comme ayant gouverné jusque vers l'an 1190 et au-dessus sa fin aurait précédé de 50 à 60 ans

à Archelaus Philopator, contenant cinquante >> anecdotes tirées de divers auteurs anciens. La >> neuvième traite de Sémiramis. Conon la pré» sente comme fille, et non cómme femme de >> Ninus. Pour m'expliquer sommairement, il at>> tribue à Sémiramis tout ce que les autres écri>> vains racontent de l'assyrienne Attosa (Atossa). >> Aurait-elle porté deux noms? ou a-t-il été le >> plus savant? Voilà ce que je ne sais pas. Il ra

l'avènement de Heli en 1131. La liste informe que nous avons critiquée à l'article des Juges (première partie des Recherches nouvelles), en présente beaucoup plus, comme

voit ici.

Gedeon-Ierobaal meurt vers 1190.

Abimelek règne..

3 ans.

on le

Thola.

laïr gouverne.

22

Total..... 25 ans.

Servitude sous les Ammonites et les Philistins 18 ans.

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>> conte que Sémiramis eut d'abord un commerce >> clandestin avec son propre fils, sans le con>> naître ; qu'ensuite, la chose étant découverte, >> elle l'épousa publiquement; d'où il est arrivé » chez les Mèdes et chez les Perses que le ma»'riage des enfans avec leurs mères, qui d'abord >> était une chose exécrable, devint un acte légal » et permis. »

Il s'agit de savoir si ce récit est purement paradoxal, ou s'il contient quelques lumières dans notre question.

1°. Nous observons que Conon fut un auteur

sieurs chronologistes, que les 40 ans de servitude sous les Philistins, ont été parallèles aux 40 ans de Heli : déjà nous n'aurons que 28 à 30 ans depuis ce grand-prêtre en 1131 jusqu'à Jephté qui aura géré vers 1166. D'autre part, entre Jephté et Gedeon, Josephe n'admet point Thola; la servitude sous les Ammonites et les Philistins a pu n'affecter que quelques tribus, tandis que Iaïr gouvernait les autres. Il ne resterait donc que 25 ans entre Jephté et Gedeon qui serait mort vers 1190; et comme les indications de Porphyre ne sont pas précises, Gedeon peut être reculé jusque vers 1200. Ce ne sont là que des hypothèses, dira-t-on; mais l'autorité de Porphyre qui de l'aveu même de ses ennemis fut un savant écrivain, est faite pour balancer ici celle d'une compilation indigeste, surtout lorsque Porphyre s'appuie de monumens positifs, réguliers, dont les expressions s'accordent avec les raisonnemens que nous avons formés sur d'autres bases et par d'autres moyens.

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