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assigne à chacun son caractère et donne un catalogue raisonné de toutes les productions minérales, et des fossiles qu'il y a rencontrés. Il ne parle de rien qu'il ne l'ait vu ; et des planches dessinées par lui-même représentent des objets intéressans, entre lesquels on remarque des chelonites, que les habitans du pays avaient pris pour des antropolithes. — Parmi les faits curieux rapportés par l'auteur, il en est un qui doit paraître fort extraordinaire, et qui lui a causé une telle surprise, qu'il a, dit-il, bouleversé toutes ses idées, et qu'il n'entreprend pas de l'expliquer. «En creusant une carrière, on découvrit une excavation contenant des cendres; étonné d'une semblable découverte, le propriétaire de la carrière vint me trouver pour me rendre témoin du fait et faire continuer les travaux sous mes yeux. Cette excavation avait la figure d'un cône obtus renversé; elle se trouvait à un peu plus de 5 m 5 du point le plus élevé de la couche calcaire, dont l'inclinaison était de 14° environ; elle avait 2 m 72 à son ouverture, et 4 m 20 de profondeur; l'extrémité du cône n'avait que o m 80; elle était remplie de cendres, dans lesquelles se trouvaient des fragmens de charbon et des restes d'ossemens charbonnés, dont l'incinération n'avait pas été complétement terminée. Cette cavité n'avait aucune communication avec la surface du sol, et l'on ne distinguait aucune trace ancienne ou récente qui y eût aboutì. Les travaux de l'exploitation mirent encore à découvert, quelques mois après, une fosse absolument semblable, et que l'on fit fouiller sans plus de succès; elle était distante de la précédente d'environ 12 m dans une direction de S. S.-O.»-Comment ces singuliers dépôts de cendre, remplis de débris d'ossemens humains, ont-ils pu être ainsi introduits dans des cavités évidemment creusées par les premiers habitans du pays, mais de façon à ce qu'on ne voie au cœur de la couche de calcaire grossier qui les contient, aucune issue par où l'on ait pu y pénétrer? Il faut que le tems ait comblé les issues par l'accroissement inexplicable du contenant, ou que les créateurs de ces singuliers monumens en eussent masqué les points de communication par des moyens qui ont échappé aux explorateurs.

B. DE ST. V.

45. Disputatio de jurisconsulto è sententiâ Ciceronis, etc. Dissertation sur les devoirs et les études du jurisconsulte, d'après l'opinion de Cicéron; thèse soutenue à l'Athénée de droit naturel d'Amsterdam; par François Ernest BERG. Amsterdam, 1822. Impr. de Schoeneveld. Brochure de 78 pages, in-8°.

L'auteur de cette dissertation, après avoir montré que les Grecs n'avaient point de jurisconsultes proprement dits, entre dans le detail des études que Cicéron exige du jurisconsulte et des devoirs qu'il lui impose.

L'union indispensable de la philosophie et de l'éloquence, la connaissance approfondie des diverses espèces de droit, la nécessité de l'éloquence pour le jurisconsulte, l'exacte équité qui doit présider à ses conseils et dicter ses décisions; enfin, la considération que mérite celui qui réunit tous ces talens, toutes ces qualités, tels sont les points principaux de cette thèse : on pourrait désirer que l'auteur, en exposant avec exactitude les idées de Cicéron, se fût moins éloigné de la pureté et de l'élégance du grand écrivain qu'il a pris pour guide. L. S.

Discours sur le Su

46.-Ignati DENZINGER, Oratio de sublimitate. blime et sur son importance pour l'exercice de la vertu ; par DanzinGER. Liége, 1822; Collardin. 84 pages in-4o, avec les notes.

M. Van Heusde a fait insérer, en 1818, dans les Annales de l'Université d'Utrecht, un discours De pulchri amore, et M. G. Van Hemert a publié, en 1804, une dissertation sur le sublime, lue à la Société Felix meritis. M. Denzinger, qui vient après eux, a porté, dans l'examen des différentes doctrines, un coup d'œil sûr, et a exposé ses propres idées avec une extrême lucidité; ce qui n'arrive pas toujours aux penseurs de son pays. Il nous suffit de dire que M. Kératry lui a rendu la plus éclatante justice, dans son dernier ouvrage, où il a exposé la doctrine de Kant sur le sentiment du beau et du sublime. Par une méprise singulière, quoique peu importante, l'habile idéologue a traduit Leodiensis, par Leyde: M. Denzinger est professeur à Liége.

47. Beschryving van Nederlandsche historie penningen, etc. →→ Description des médailles historiques des Pays-Bas, pour faire suite à l'Histoire metallique de Gérard V▲x Loox, publiée par la seconde classe de l'Institut; ere partie. Amsterdam, 1822; Pieper et Spenbuur. In-folio.

Cette continuation était attendue depuis longtems par tous les amis des lettres. L'ouvrage de Van Loon est assez connu et peut fournir des documens précieux à ceux qui voudraient écrire une histoire qui manque encore, c'est-à-dire celle du royaume des Pays-Bas dans son intégrité. La première livraison, dont il s'agit ici, contient l'explication de soixante-six médailles, disposécs chronologiquement de 1731 à 1824, et accompagnées de six planches au trait, fort bien exécutées par J. F. Lange. Dz R-c.

LIVRES FRANÇAIS.

48. Flore de Virgile, ou Nomenclature méthodique et critique des plantes, fruits et produits végétaux mentionnés dans les ouvrages du prince des poètes latins, etc.; par L. A. FÉɛ, de plusieurs Sociétés savantes. Paris, 1822. In-8°. (Ne se vend pas.)

Lors de la renaissance des lettres en Europe, l'histoire naturelle ne tarda point à occuper beaucoup d'érudits; mais, loin de l'étudier dans la nature même, ce fut dans les livres des anciens qu'ils puisèrent. Ce n'étaient point les plantes ou les animaux que leur offrait la terre, les airs ou les eaux qu'ils étudiaient, c'étaient les êtres mentionnés dans les ouvrages des anciens, qu'ils cherchaient à reconnaître. Ils herborisaient dans de vieux livres, s'il est permis de s'exprimer ainsi; et, comme les anciens n'ont désigné les êtres dont ils se sont occupés que par des caractères très-vagues, il était presque impossible de reconnaître ce dont ils avaient voulu parler. De là, cette confusion extraordinaire qui résulta de longues discussions établies sur des choses qu'on n'avait pas pris soin de bien déterminer. Ce n'est que tard et vers le tems des Bauhins et de l'Écluse que l'on commença à bien lire dans le grand livre de la nature. La botanique surtout prit alors une forme plus régulière. On ne s'était d'abord guère occupé qu'à rechercher les plantes de Dioscoride et de Théophraste, ou de Pline; on commença à vouloir deviner celles de Virgile, et l'on avait déjà beaucoup écrit sur ce sujet, sans avoir rien dit de bien satisfaisant, lorsque enfin M. Fée s'est chargé de rechercher, dans les plus beaux vers latins qui nous soient connus, une Flore antique, qu'il présente au public, embellie d'un style pur et même élégant. Le nom de chacun des végétaux mentionnés par le prince des poètes est soigneusement rapporté, et M. Fée cherche, dans l'épithète ou dans les deux ou trois mots qui accompagnent ce nom, les moyens de reconnaître chaque espèce. Il y réussit avec un rare bonheur, et l'on ne saurait trop admirer la sagacité avec laquelle il trouve le mot de l'énigme. Quelques noms ont nécessité des dissertations d'une certaine étendue, entre lesquelles on doit distinguer celle où M. Fée s'occupe du fameux Lotus et des Lotophages. B. DE ST. V.

49 (*). — La Botanique de J. J. Rousseau, contenant tout ce qu'il a écrit sur cette science, augmentée de l'exposition de la méthode de Tournefort, de celle du système de Linné, d'un nouveau dictionnaire de botanique et de notes historiques, etc., par M. A. DEVILLE, D. M. Deuxième édition, Paris, 1823; Louis, rue Hautefeuille, no 10. Un volume in-12 de 340 pages, bien imprimé sur beau papier; prix, 4 fr., et par la poste 5 fr.

C'est une idée heureuse que celle d'avoir recueilli dans un seul volume tout ce que le plus éloquent et le plus malheureux des philosophes français a écrit sur une science dont il a donné les préceptes avec cette clarté, cette propriété d'expressions, et surtout avec ce charme de style qui assurent à ses ouvrages une éternelle durée. Le succès de la première

édition n'a fait qu'exciter M. Louis à rendre la seconde encore plus complète, et c'est à M. Deville, D. M. et ancien professeur d'Histoire naturelle à l'École centrale de l'Yonne, qu'il a confié cette tâche. On doit aux soins de ce savant: 1o 17 lettres non insérées dans la première édition, qui, avec les 34 autres, les extraits des rêveries du promeneur solitaire, les excellentes réflexions sur la nomenclature botanique et les fragmens d'un dictionnaire de botaniqué, forment à peu près tout ce que Rousseau paraît avoir laissé sur la plus douce occupation de sa vie ; 2o des notes historiques sur les personnes auxquelles sont adressées les lettres de Rousseau, et sur celles dont il y est fait mention. Ces notes, qu'on lit avec plaisir, sont probablement extraites de l'intéressant ouvrage de M. Musset-Pathay sur la vie et les écrits de J. J. Rousseau. (Voy. T. XI, pag. 102 et 111); 3o les noms latins de Linné, ajoutés aux noms français vulgaires; 4° une exposition fort claire, ainsi que des tableaux de la méthode florale de Tournefort et du système sexuel de Linné ; 5o un nouveau dictionnaire des principaux termes de botanique, rédigé avec précision, et cependant assez développé pour les personnes qui ne font pas de la botanique l'objet spécial de leurs travaux; 6o huit planches gravées avec soin, et qui font connaître les fleurs et les fruits des principales classes dont Rousseau s'est occupé, telles que les liliacées, les ombellifères, etc., etc. Cet ouvrage convient particulièrement aux femmes, à qui nous le recommandons, persuadés, comme Rousseau dit l'être, dans sa première lettre à Munc de Lessert, que l'étude de la nature émousse le goût des amusemens frivoles, prévient le tumulte des passions, et porte à l'âme une nourriture qui lui profite en la remplissant du plus digne objet de ses contemplations. A. M-T.

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50 (*). — Voyage en Espagne, dans les années 1816, 1817, 1818, 1819, ou Recherches sur les arrosages, sur les lois et coutumes qui les régissent, sur les lois domaniales et municipales, considérés comme un puissant moyen de perfectionner l'agriculture française; par M. JAUBERT DE PASSA; précédé du Rapport fait à la Société royale et centrale d'agriculture; Paris, 1823; Mme Huzard, rue de♫'Éperon, no 7. Deux volumes in-8°, ornés de 6 cartes ; prix, 15 francs, et par la poste 18 fr.

51.

Essai sur l'histoire chimique des calculs et sur le traitement médical des affections calcaleuses, traduit de l'anglais par J. Riffaut. Paris, 1823; Gabon. In-8°, prix, 6 francs.

52.

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Recherches d'anatomie pathologique sur l'encéphale et ses dépendances, par F. LALLEMAND, professeur de clinique à la Faculté de médecine de Montpellier, chirurgien en chef de l'hôpital civil et militaire

de la même ville. Quatrième lettre. Paris, 1823; Béchet jeune, place de l'École de Médecine. In-8°; prix, 3 fr. 50 c.

Cette quatrième lettre est digne de celles qui l'ont précédée. L'auteur y traite de l'histoire des kystes et des abcès du cerveau, et des rapports qu'ont ces maladies avec les caries du rocher et les maladies de l'oreille interne. M. Lallemand sait fort bien observer, et il déduit de ses obser vations une foule d'inductions heureuses; il sait imiter Morgagni, mais sans cesser d'être original. B.

53 (*).—Clinique médicale, ou Choix d'observations recueillies à la clinique de M. LERMINIER, médecin de l'hôpital de la Charité, et publiés sous ses yeux par G. ANDRAL fils, D. M.; etc. Première partie. — FićParis, 1823; Gabon. Un vol. in-8°; prix, 7 fr.

vres.

C'est une vérité devenue triviale, à force d'avoir été répétée, que les faits sont la base de la science. Mais, pour que les faits deviennent vérițablement utiles, il faut qu'une main habile les coordonne, les compare, marque les analogies ou les différences qu'ils présentent. Cette tâche peut être surtout remplie au sein d'un vaste hôpital où, dans un court espace de tems, toutes les maladies se présentent à l'observateur, avec leurs nuances infinies et leurs complications nombreuses. L'un de nos plus savans praticiens, M. le docteur Lerminier, a conçu l'heureuse idée de publier, sons le nom de Clinique médicale, l'histoire des maladies observées dans ses salles. Chargé de la rédaction de ce travail, M. Andral fils a recueilli avec un zèle bien digne d'éloges, un grand nombre d'observations sur la plupart des maladies qui forment le domaine de la pathologie interne. C'est ainsi qu'ont été composés les ouvrages de Stoll, de Dehaer, de Stork, etc. La première partie de l'important travail de MM. Lerminier et Andral est exclusivement consacrée à l'histoire des fièvres. A une époque où ces maladies sont l'objet des plus vives discussions, où, par un contraste assez singulier, l'on voit, à côté des partisans exclusifs de la doctrine de l'irritation, s'élever d'autres écrivains qui cherchent à rajeunir les théories médicales des siècles précédens, un Ouvrage qui contient un grand nombre d'observations sur les fièvres ne peut qu'être favorablement accueilli. Bien que M. Andral n'ait prétendu nulle part, comme il le dit lui-même, imposer ses opinions, il les émet avec franchise, soit dans des corollaires placés à la suite de chaque observation; soit dans un résumé général qui termine cette première partie, et dans lequel il rapproche tout ce que les faits particuliers ont présenté de plus saillant, sous le triple rapport des symptômes, du traitement et de l'anatomie pathologique. Là sont discutées et approfondies

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