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rait une minéralogie plus variée que celle d'aucune autre partie de l'Eu-' rope de même étendue. Le naturaliste n'a point borné ses observations au règne minéral; il décrit aussi les plantes propres à chaque région et à chaque sol, et sur les côtes, les coquillages qui s'attachent de préférence à certaines roches. - Quelques-unes des observations contenues dans ce Mémoire étonneront les naturalistes européens, et peut-être désireront-ils quelques explications. Ainsi, par exemple, l'auteur dit que la montagne Noire (Black mountain) est presque toujours couverte de neiges, et il ne lui donne pas même 200 mètres de hauteur! Y aurait-il, dans cette partie de l'Amérique, si peu de distance entre le terme des neiges constantes et le niveau de la mer, entre les 43o el 44* degrés de latitude?

Les monts Catskill, entre le fleuve Saint-Laurent et la chaîne des Alleghanis, sont décrits par M. James Pierce. Ces montagnes passent pour les plus hautes des États-Unis, excepté quelques sommités dans la Nouvelle-Angleterre. Le Mémoire de M. Pierce n'est pas méthodique, comme le précédent : l'auteur écrit plutôt le récit d'un voyage que des observations d'histoire naturelle. La contrée qu'il décrit est une des plus sauvages de tous les États de l'Union: la nature y reproduit les grands tableaux que nous montrent les Alpes et les Pyrénées. Cependant M. Pierce ne les compare qu'aux montagnes d'Écosse; on pourrait en conclure que son imagination agrandit ce qu'il voit, et qu'il peint les objets tels qu'il a cru les voir. Suivant lui, plusieurs habitans des monts Catskills vivent aussi misérablement que les compagnons de RobRoy, ou les enfans du brouillard. Du haut de ces montagnes, on jouit d'une vue magnifique qui s'étend sur le cours de la rivière d'Hudson, sur les États de New-York et de la Nouvelle-Angleterre. Mais, quoique les rochers à pic, les précipices et les cascades y caractérisent les hautes montagnes, d'un autre côté, des forêts peuplées de grands arbres et d'animaux propres aux climats tempérés, semblent attester que l'élévation au-dessus du niveau de la mer est assez médiocre. On remarquera principalement l'érable à sucre et le châtaignier, et parmi les animaux, la terrible panthère, plus redoutable par la rapidité de ses premiers mouvemens que par une course soutenue, et qui peut atteindre, d'un saut, jusqu'à 20 pieds de hauteur sur un arbre ou sur un roc escarpé. — Le Mémoire de M. Pierce peut être comparé, quant au style, aux images et au talent de l'auteur, à l'ouvrage de Brydone sur la Sicile, en tenant compte de la différence des lieux, du climat et des hommes que chacun de ces écrivains avait sous les yeux.

M. William Maclure, président de l'Académie des sciences de Phi

:

ladelphie et de la Société géologique américaine, expose quelques conjectures sur les changemens survenus dans la constitution géologique de l'Amérique du Nord. Il suppose que la chaîne des Alleghanis fut formée sous les eaux, et qu'après la retraite du grand Océan, le terrain de ces montagnes fut égoutté par des canaux qui sont actuellement le Mississipi et le fleuve Saint-Laurent, et pour une petite partie, la rivière d'Hudson qu'à cette même époque, un lac immense couvrait les pays situés au nord des grands lacs d'aujourd'hui. Cette mer intérieure était environnée de terres hautes, dont la largeur variait de 100 à 200 milles. Les applications que M. Maclure fait de cette hypothèse à la géologie du nord de l'Amérique, ne peuvent être bien comprises que par ceux qui le liront, en suivant avec lui, sur la carte, le cours des rivières et la direction des montagnes. On voit que ses idées sur la structure du globe sont relatives à l'état des lieux qu'il habite : un naturaliste qui aurait eu continuellement le spectacle des cimes embrasées des hautes Andes, assignerait une autre origine à la forme actuelle de la superficie terrestre. Quoi qu'il en soit, les opinions de M. Maclure sont le résultat des longues méditations d'un savant sur des objets qui lui sont bien connus, et qu'il expose d'une manière intéressante et instructive. Il pense que son hypothèse expliquerait d'une manière satisfaisante les différences que l'on a observées dans l'état de civilisation des indigènes américains habitant les hautes plaines du Mexique et du Pérou, et l'état sauvage de la race humaine dans les régions moins élevées; il attribue encore à la même cause le petit nombre de quadrupèdes terrestres que l'on a trouvés dans ces mêmes contrées, en comparaison de la multitude de castors, de loutres et autres animaux aquatiques; la disproportion non moins remarquable entre les carnivores et les herbivores, entre les oiseaux qui ne fréquentent point les eaux et ceux qui ne subsistent que dans les lieux aquatiques, etc.

Outre ces notions relatives au sol américain, les deux cahiers de M. Silliman contiennent beaucoup de faits précieux sur la botanique, la zoologie, la chimie et la physique générale, etc.

EUROPE.

GRANDE-BRETAGNE.

119.-A Journey to two of the Oases of upper Egypt.

F.

Voyages à

deux des Oasis de la Haute-Égypte; par sir ARCH EDMONSTONE. Londres,

1823; Murray. Un vol. in-8° de 152 pages.

Les Oasis d'Égypte ont de tous tems excité l'attention et la curiosité

des voyageurs. Jaloux de faire de nouvelles découvertes, sir A. Edmonstone quitta le Caire, au mois de janvier 1819, pour explorer ces iles de verdure situées au milieu des déserts de la Libye. Il eut le bonheur de découvrir, dans un voyage de 699 milles, une nouvelle Oasis, la quatrième qui soit connue de nous, savoir : 1o La Siwah Oasis, septentrionale, explorée par Brown et Horneman, où, depuis, MM. Cailliaud et Drovetti ont visité les ruines et reconnu les restes du célèbre temple de Jupiter Ammon. (Voyage à Syouah, etc. Un vol. in-folio; 1823.) 2o L'Oasis Parva, visitée par l'infatigable voyageur Belzoni. 3o L'Oasis Magna, dans la latitude de Thèbes, entre les 25o et 26° degrés, plus connue, parce qu'elle se trouve sur la route des caravanes qui traversent l'Égypte pour se rendre dans l'intérieur de l'Afrique, mais dans laquelle cependant on a découvert depuis peu de magnifiques antiquités. Voy. le Voyage à l'Oasis de Thèbes, etc., par M. Cailliaud; rédigé et publié par M. Jomard, in-folio, 1822.) (Voy. Rev. Encyclop., 1822.) 4° La Nouvelle Oasis occidentale, ainsi nommée par sir A. Edmonstone, et appelée Oasis de Saket par M. Drovetti, qui l'a parcourue en même tems que le voyageur anglais. (Voy, la Description de l'Oasis de Sakel, dans l'ouvrage publié par M. Jomard et cité plus haut.) Sir Edmonstone donne la description d'un temple à demi enterré dans le sable, dont lui et ses compagnons parvinrent à escalader le mur, la porte étant bouchée par les débris. Ils y trouvèrent plusieurs figures sculptées en relief; tous les murs intérieurs étaient couverts d'hieroglyphes noircis par la fumée des lampes qui avaient jadis éclairé le temple. Le sol où gisent ces ruines semble égal en fertilité aux terres du Midi de l'Europe. Le climat y est extrêmement variable en hiver. Quelquefois, les pluies y sont très-abondantes, et tombent par torrens, comme on le reconnaît en examinant les ravins des montagnes. Mais, en 1819, la saison avait été très-sèche, et la terre ne conservait que peu d'humidité. Les vents viclens y sont très-fréquens, et le kramsin (sud-ouest), qu'on nomme avec raison le fléau du désert, souffle ordinairement en mai et juin.' La peste y est inconnue ; pendant l'été, quand la chaleur est à son plus baut point, il y règne des fièvres que le Cheykh attribuait à l'usage immodéré des dates. Sir A. Edmonstone pense que ces maladies proviennent plutôt des sources qui sont toutes fortement imprégnées de fer et de soufre, et qui sortent si chaudes de la terre qu'on ne peut même se servir de cette eau sans la faire refroidir dans un vase de terre. Ces sources ne tarissent jamais, fort heureusement pour les habitans, qui n'ont pas d'autre boisson et dont elles servent à fertiliser les terres. Les principales productions sont le blé, l'orge et le riz; le premier se sème

en octobre et novembre, et se récolte en mars ou avril. Le riz vient ensuite, non dans le même terrain : il exige une humidité constante. Les dattes croissent en telle abondance qu'on en transporte en Égypte; les citrons et les limons se cultivent dans des enclos, où ils atteignent leur maturité. Les habitans de cette nouvelle Oasis occidentale, sont des Arabes Bédouins que le pacha a réussi à réduire à un état de subordination complète. Le tribut qu'ils paient en denrées, varie non-seulement chaque année, selon le caprice de ce prince, mais quatre ou cinq soldats suffisent aujourd'hui pour lever cet impôt, tandis qu'au commencement il était nécessaire d'y employer quatre cents hommes. Cette Oasis est à trente jours de Tripoli, en comptant dix heures de marche par jour. A leur première journée après Bellata, les voyageurs rencontrèrent M. Drovetti, qui, après avoir visité l'Oasis la plus voisine, se rendait à celle qu'cux-mêmes venaient de quitter. Nous renvoyons les lecteurs à l'ouvrage de M. Edmonstone, où ils trouveront une foule de faits curieux, que nous n'avons pu citer iei.

120. - The popular superstitions and festive amusements of the highlanders of Scotland. Superstitions populaires, fêtes et amusemens des montagnards écossais; par W. Grant STEWART. Édimbourg, 1823; Constable; Londres, Hurst. Un vol. in-12 de 293 pages.

Chaque peuple a, dans ses annales, une époque de superstition où figurent tour-à-tour les fées, les géans, les enchanteurs, les sylphes, enfin tous les fantômes'qu'évoque une imagination rêveuse et vagabonde. Ces êtres fantastiques s'évanouissent à mesure que la civilisation s'avance, et le moment arrive alors de recueillir les histoires mensongères qui ont long-tems exercé un si grand empire sur les esprits. Comme un enfant, effrayé pendant la nuit par l'apparition d'un objet étranger, se plaît à l'examiner aux premiers rayons du jour, et se rit de sa vaine frayeur, ainsi nous aimons à revoir les objets des craintes de notre enfance. Nous nous plaisons à remonter jusqu'à leur origine, et à les dépouiller de tout ce qu'ils ont paru avoir de surnaturel. Les montagnards écossais ne sont plus tels que nous les dépeint Walter Scott; mais ils conservent encore beaucoup de traces de leur caractère primitif. Les superstitions s'effacent chaque jour, et font place à des idées raisonnables; la vie sociale y gagne, mais peut-être aux dépens de la poésie. Il faut donc se hâter de rassembler pour celle-ci les traits distinctifs d'une nation qui se confondra bientôt avec les habitans des plaines; et sous ce rapport, le recueil des superstitions populaires des montagnards écossais est digne d'intérêt. Nous reprocherons seulement à l'auteur un ton plaisant et ironique, qui ne T. XIX.-Août 1823.

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s'accorde point avec le genre de ses récits, et qui en détruit l'illusion. Une vieille ballade perd tout son charme, dès qu'elle est retouchée par un écrivain moderne : ce qui nous en plaît, est son tour naïf, et qui sent l'antique. Il faut, de même, qu'un conte effrayant soit raconté avec simplicité et de bonne foi; sans cela, il ne produit plus d'effet dramatique: il ennuie et impatiente. Le besoin de se créer des émotions de terreur, par mille visions effrayantes, existe surtout chez le peuple. Nos campagaes sont remplies de contes qui peuvent le disputer d'absurdité à tout ce qui a jamais été dit ou écrit sur les revenans et les esprits, et il est impossible de convaincre les villageois de la folie de ces croyances. Leurs terreurs se mêlent à toutes leurs passions, et produisent trop souvent de tristes résultats. Une éducation sage et bien dirigée serait le seul frein à opposer à ce dangereux penchant très-prononcé dans les classes pauvres, et qu'on devrait chercher sérieusement à combattre.

121.-Vestiges of the ancient manners and customs discoverable in modern Italy and Sicily.—Vestiges des mœurs et des coutumes anciennes qu'on retrouve encore dans l'Italie moderne, et dans la Sicile; par le révérend J. J. BLUNT, membre du collège de Saint-Jean à Cambridge. Londres, 1823; Murray. Un vol in-8° de 293 pages.

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Ce livre n'est qu'une suite d'ingénieux rapprochemens entre les tems anciens et les tems modernes. Remontant à l'origine des usages, l'auteur démontre qu'ils ont peu changé, mais qu'ils ont été seulement appliqués à d'autres institutions. C'est ainsi qu'il nous montre les superstitions païennes, passant, avec de légères différences, dans les formes extérieures du christianisme. La coutume de baiser les reliques, les images et les statues des saints, si générale dans toute l'Italie et en Sicile, est un ancien hommage rendu jadis aux' divinités païennes. Cicéron assure que la bouche et le menton d'une fort belle statue d'Hercule, en bronze, furent polis de la même manière que le gros orteil de la statue de SaintPierre à Rome. Lucrèce parle aussi de l'habitude qu'avait le peuple de baiser les statues placées à l'entrée des temples. » L'origine que donne M. Blunt aux principales églises du siége de la chrétienté, est curieuse. Je ne sais s'il est sûr de ce qu'il ayance; mais, selon lui, les temples païens furent presque tous convertis en églises chrétiennes, sous les règnes de Constantin et de Théodose. « C'est ainsi que le temple de Vesta est devenu l'église de la madonne du Soleil. L'idée du feu et de la virginité se reproduit également dans l'ancien nom et dans le moderne. Le temple de Romulus et Remus, est maintenant celui de Côme et Damien, qui sont également frères jumeaux. Tout le monde sait qu'on ne monte qu'à genoux la sainte échelle, ou l'escalier sacré, réputé le même qui con

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