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C'est ainsi que M. Cunyngham traduit Pope; et j'épargne à mes lecteurs des citations qui seraient ici déplacées. Toutefois, M. Cunyngham est un Homère auprès de l'auteur anonyme de l'Age poétique d'un Scandinave, qui fait rimer péché avec impureté, chrétien avec destin; mais qui, par compensation, s'écrie dans une ode:

Mes erreurs, mes malheurs, tout rimait à mes pleurs!

Jamais on ne mystifia plus complétement ses lecteurs, que par la publication de cet œuvre anti-poétique. Quant à l'auteur de l'Épître aux Dames, dont voici le début :

Enseignant autrefois le langage des Dieux,

J'enseignai l'art des vers pour former le poète,

il est douteux qu'il ait jamais formé non-seulement un poète, mais même un versificateur, en leur donnant l'exemple de faire rimer oublier avec parler, hardi avec son composé enhardi. Une note nous apprend

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qu'il est prêt à faire imprimer et à publier, par voie de souscription ou autrement, le projet et les moyens d'empêcher toute barque et chaloupe de jamais s'enfoncer et chavirer, de la rendre insubmersible et inchavirable (c'est l'auteur lui-même qui souligne), sans demander aucun brevet d'invention, désirant que tous ses semblables profitent, s'il y a lieu, de l'utilité de ses recherches et expériences. Et les 500 vers que contient son épître ne disent pas un mot de ce projet. Il s'est trop pressé de se donner un ridicule, en publiant les fruits de sa muse; qu'il travaille à mériter la reconnaissance publique par une découverte utile à l'humanité. C'est le seul moyen pour lui de prendre honorablement sa revanche. E. H.

210 (*). — Collection des Romans grecs, traduits en français, avec des notes, par MM. COURRIER, LARCHER et autres hellénistes. Deuxième livraison. Paris, 1823; Merlin, quai des Augustins, no 7. Prix de chaque livraison composée de 2 vol. in-16, sur carré fin des Voges satinė, 7 fr. (V. Rev. Enc., T. XVI, pag. 599.)

Cette jolie collection, qui se recommande à la fois par le luxe de l'exécution typographique, et par le mérite des traducteurs, se poursuit avec succès. L'un des volumes de cette seconde livraison, est le tome premier des Amours de Chéréas et Callirrhoẻ, traduction de Larcher, avec une préface et des notes de ce savant helléniste. L'autre volume comprend le roman d'Habrocome et Anthia, par Xénophon d'Éphèse. Les éditeurs ont placé en tête une notice sur cet auteur, par M. Char don de La Rochette, extraite de ses Mélanges de critique et de philoto

gie. Quant au mérite littéraire de ce romancier, on ne peut que souscrire au jugement qu'en a porté un écrivain plein de goût, M. Villemain, dans le brillant essai qui précède cette collection. A.

LETIER,

211.-Attilius, ou l'Héroïsme de la piété filiale, par E. F. C. H. Petauteur des Principes de la langue latine, etc. Paris, 1823; Henri Servier, rue de l'Oratoire, no 6. Un vol. grand in 18 de 275 pages; prix, 2 fr. 25 c.

L'auteur suppose qu'il a trouvé le manuscrit d'Attilius dans un couvent de Camaldules, auprès de Rome; mais il n'est pas difficile de reconnaître qu'une plume toute française a tracé ce roman. Il renferme la morale la plus pure, revêtue de formes gracieuses ei d'un style simple, clair, et surtout correct. M. Pelletier sait inspirer aux jeunes gens, auxquels son livre est destiné, les plus nobles vertus, en même tems qu'il venge un sexe faible des outrages de ces hommes pour qui les plus doux liens de la nature et de la société n'ont rien de sacré. E. G.

212.

Élisabeth et Émitie, conte moral, par Mme TAYLOR, auteur d'un grand nombre d'ouvrages pour la jeunesse, traduit de l'anglais sur la huitième édition par Mlle ***. Paris, 1823; Dondey-Dupré père et fils, rue Saint-Louis, no 46, au Marais. Un vol. in-18, de vin et 214 pages, orné d'une gravure; prix, 2 fr.

Ce petit livre, qui rappelle les charmans contes moraux de miss Edgeworth, met en scène deux jeunes filles, dont les caractères opposés se manifestent dès leur première enfance, et se développent et portent leurs fruits à leur entrée dans le monde. Des tableaux de famille et de société amenés par des incidens qui se renouvellent souvent dans la vie, fournissent des leçons indirectes et des exemples utiles. A. J.

215 (*). — Quentin Durward, ou l'Écossais à la cour de Louis XI, par sir WALTER SCOTT; traduit de l'anglais par le traducteur des romans de sir Walter Scott. Paris, 1823. Gosselin, rue de Seiné, no 12. Quatre vol. in-12; prix, 10 fr.

Indépendamment des mérites divers qui ont attiré sur chacune des compositions de Walter Scott l'attention du monde littéraire, mérites si souvent appréciés dans ce recueil, et que nous nous sommes particu lièrement appliqués à faire ressortir au sujet des trois dernières productions du romancier écossais, le Pirate, Nigel, Peverit du Pic (Voy. Rev. Enc., T. XVII, p. 331), la nouvelle composition que nous annonçons doit avoir pour les lecteurs français un attrait particulier. C'est à la France, nos annales, à l'un des règnes les plus intéressans dont elles aient conservé le souvenir, que Walter Scott en a emprunté le sujet ; c'est à reproduire nos anciennes traditions historiques, qu'il vient de

consacrer cette puissance singulière, que personne peut-être n'a encore possédée au mème degré, d'évoquer le passé, de le faire apparaître vivant aux yeux de la postérité, avec son costume, son langage, ses mœurs, ses passions. Félicitons-nous que cette imagination si vive, si forte, si hardie, qui se plaît dans la contemplation des tems anciens, et dans le commerce de leurs personnages célèbres, lasse d'habiter les montagnes de l'Écosse et les châteaux de l'Angleterre, soit venue voyager dans notre vieille France. Puisse-t-elle s'y plaire et y séjourner longtems! puisse-t-elle rendre à notre histoire cet intérêt que nos historiens ne lui ont pas toujours conservé ! Ce n'est pas que Walter Scott, en entreprenant de faire revivre, dans sa dernière composition romanesque, le siècle de Louis XI. n'ait eu à lutter contre un des écrivains qui ont répandu le plus de charme sur nos antiques annales; et, il faut le dire à la gloire de ce dernier, après avoir lu Quentin Durward, on se plaît encore à la narration animée, naïve, spirituelle de Philippe de Comines. Nous ne pouvons ici qu'indiquer sommairement ce qui distingue le nouveau roman de Walter Scott. On y trouvera admirablement représentés le roi de France, Louis XI, et son rival, le duc de Bourgogne; ils y paraissent avec ce cortège d'hommes diversement célèbres qui formaient leur cour: d'un côté, c'est la princesse Jeanne, fille de Louis XI; le duc d'Orléans, qui doit être un jour Louis XII; le comte de Dunois, fils du célèbre bâtard; le cardinal La Ballue, lord Crawford, et quelques-uns de ces serviteurs d'un rang obscur, dont `s'entourait le tyran de la France, son grand-prévôt Tristan l'Hermite, son barbier Olivier Le Dain, son astrologue Galeotti; de l'autre côté, ce sont les seigneurs bourguignons, Crevecœur, d'Hymbercourt, et l'historien lui-même de cette époque, Philippe de Commines. Parmi ces personnages, il en est plusieurs qui avaient déjà figuré dans des romans, et même dans des poèmes, si l'on veut leur donner ce nom. Mais les ́auteurs de ces poèmes et de ces romans ne daigneraient probablement pas les reconnaître sous le costume sévèrement historique que leur a conservé l'auteur. La Jeanne de Walter Scott ne ressemble guère à celle de Mme de Genlis, et son Charles de Bourgogne n'a rien de l'Homme du mont Sauvage. Il a commis, sans doute volontairement, quelques erreurs historiques, qui ne tirent pas à conséquence dans un roman où il doit être quelquefois permis, comme dans un poème ou dans une tragédie, d'altérer un peu les faits, 'pourvu que l'on conserve la couleur de l'époque et la physionomie des personnages. Peut-être, cependant, serait-il encore mieux de suivre scrupuleusement l'histoire et de ne point T. XIX.-Aout 1 1823. 29

mêler, même dans un roman, le faux et le vrai. Le héros du livre est . un écossais, que l'auteur, sans doute par esprit national, s'est plu à peindre sous les couleurs les plus séduisantes: il est jeune, beau, brave, prudent; il échappe avec autant de bonheur que d'adresse à mille dangers; enfin, après avoir désarçonné le duc d'Orléans, vaincu Dunois, immolé le féroce comte de La Mark, il obtient, par une faveur singulière du sort, la main d'une très-illustre dame de la cour de Bourgogne. Ce fonds romanesque semble commun; mais il est rajeuni par la délicatesse exquise avec laquelle Walter Scott sait peindre la passion. Contre sa coutume, il inspire, en faveur de son héros, un très-vif intérêt ; ce n'est plus, comme dans ses autres productions, un simple speclateur, autour duquel il fait mouvoir la scène changeante du monde ; on prend vivement parti pour lui, on s'associe à ses peusées, à ses projets; on fait des vœux pour le succès de son amour. Au total, ce nouveau roman de Walter Scoot est un des plus attachans de son recueil, et la vérité, l'originalité de la peinture, doivent le placer, je crois, audessus de ses dernières productions, et assez près de son admirable Ivanhoe, auquel il ressemble un peu. H. PATIN.

214.-Les Chevaliers de la cuillère, suivis du Château des Clées et de Lisely; anecdotes suisses par Mme DE MONTOLIEU. Paris, 1823; ArthusBertrand, rue Hautefeuille, no 23. Un vol. in-12, de 255 pages; prix, 3 fr., et par la poste, 3 fr. 5o c.

215. Attila, ou le Fléau de Dieu, roman historique, par M. DE BEAUNOIR. Paris, 1823; Mondor, Boulevart du Temple, no 45. Deux vol. in-12, ensemble de 358 pages; prix, 5 fr., et par la poste, 6 fr.

Nous avons annoncé successivement la réimpression des divers ouvrages de Mme de Montolieu qui sont entrés jusqu'ici dans la collection complète de ses romans. Tous ces ouvrages n'ont pas, sans doute, le même degré d'intérêt, et nous avons cru devoir distinguer principalement Saint-Clair des îles, Caroline de Lichtfield, Ondine et les Nouveaux tableaux de famille. Chacun de ces romans eût suffi pour assurer la réputation d'un auteur; le volume que nous annonçons aujourd'hui n'ajoutera rien à celle de Mme de Montolieu. Quoiqu'on y trouve plusieurs récits attachans et des détails gracieux, on peut reprocher à l'auteur, de la faiblesse dans l'action, de l'invraisemblance dans les moyens et un style souvent négligé; les charinans ouvrages que nous devons à Mme de Montolieu nous donnent le droit d'être difficiles.

Quant au roman historique de M. de Beaunoir, nous ne pensons pas que sa lecture prévienne en faveur d'un genre introduit dans la littérature pour satisfaire les besoins nouveaux d'une plus grande classe

de lecteurs. Sans vouloir discuter ici les qualités et les défauts de ce genre, sans examiner jusqu'à quel point l'histoire peut s'allier au roman, et si ce dernier peut y gagner en intérêt ce que l'autre doit y perdre en vérité, nous dirons seulement que M. de Beaunoir ne nous paraît pas avoir réussi dans une carrière où nous ne connaissons encore que bien peu de bons modèles. Attila n'a point l'intérêt d'un roman, et il ne peut avoir l'utilité de l'histoire. Il n'y a point de proportion dans cet ouvrage, cù le principal est trop souvent sacrifié à l'accessoire. L'action est presque nulle; et pour que le lecteur pût s'attacher à cette espèce de merveilleux que l'auteur à voulu y mêler, il aurait fallu que le style fût entraînant, tandis qu'il est, au contraire, d'une aridité qui ferait penser que M. de Beaunoir m'a pas eu le tems d'y mettre la dernière main, ou qu'il n'a voulu tracer, pour ainsi dire, que les argumens d'un poème historique en prose. E. H.

216.-Montmorency, voyage, anecdotes. Paris, 1823; Audot, rue des Maçons-Sorbonne, no 11. Un vol. in-18, de 107 pages; orné d'une carte de la vallée de Montmorency. Prix, 1 fr. 50 c., et 1 fr. 80 c. par la poste. L'auteur anonyme de ce petit écrit offre un guide aimable et fidèle à tous ceux qui voudront visiter la riante vallée consacrée par les souvenirs de Catinat, de J. J. Rousseau et de Grétry. Il conduit ses lecteurs, depuis le portail du faubourg Saint-Denis à Paris, jusqu'à l'ermitage et à la forêt de Montmorency; puis, au nouveau et joli village d'Enghien, orné d'élégans édifices qui entourent les bains d'eaux sulfureuses établis par M. Pelligot, administrateur des hospices de Paris. Des détails curieux, amusans et instructifs sur les lieux qu'on parcourt, et les citations de plusieurs passages des Confessions de Rousseau, qui se rattachent à son séjour dans l'ermitage, donnent un nouveau charme à cette rapide promenade.

217 (*). — Essai sur la composition et l'ornement des jardins, ou Recueil de plans de jardins de ville et de campagne, de fabriques propres à leur décoration, et de machines pour élever les eaux; ouvrage faisant suite à l'Almanach du bon jardinier; avec cette épigraphe :

Je dirai comment l'art, dans de frais paysages,
Dirige l'eau, les fleurs, les gazons, les ombrage

DELILLE.

Orné de 107 planches. Paris, 1823; Audot, rue des Maçons-Sorbonne. Un vol. petit in-4° oblong, de 72 pages; prix, broché, 12 fr.; cartonné, 13 fr.; relié, 14 fr.

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