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fourmi. L'excrément de cet animal se nomme, en langue hindoustânye, akhir, et k’hir dans les dialectes vulgaires, mots corrompus du samskrit kchira, d'où est dérivé le mot arabe iksyr, (eau, pierre philosophale), dont nous avons fait le mot élixir, en y ajoutant l'article arabe âl ou él. Pour effectuer cette transubstantiation, les Hindous indiquent deux puissans agens. Le premier est ce liquide, emphatiquement nommé kchir (eau), et l'autre, un solide nommé mani (joyau); et c'est notre pierre philosophale, vulgairement appelée chez eux sparsa mani (le joyau de richesse), hiranya mani (joyau d'or). On trouve, en effet, des fragmens d'or plus ou moins considérables et consolidés ensemble par une matière inconnue; ces fragmens d'or consolidés se nomment, en samskrit, swarna Mâkchica (ouvrages de Mâkchica, ou fourmis volantes). Ces insectes, qui forment un troisième ordre de termites, semblent sortir de la terre et voler en nuées épaisses, chaque soir, vers la fin de la saison des pluies. Jamais elles ne travaillent ni ne combattent; mais elles sont seules capables de propager; et, si l'on peut leur attribuer la faculté de faire de l'or, c'est par la médiation de leur progéniture. Les termites travailleuses, dans les pays abondans en poudre d'or, en avalent quelque portion qu'elles rendent ensuite dans leurs excrémeps, ou en la vomissant. Les montagnes favorites des fourmis volantes sont situées sur les bords du Vitastâ, ou Bitastà.

Les oiseaux aurifères ou plutôt qui font de l'or, les mouches et les tigres mouchetés sont confinés par les Hindous dans les parties nord-ouest de l'Inde, Suivant l'Ayini Akbéry, on commence à voir des youz, à quarante koss, ou une trentaine de lieues au nord au-dessus d'Agrah. Elien est de cet avis, quand il dit que les fourmis qui font de l'or ne franchissent jamais la rivière de Campilys (1). Ctésias et Mégasthènes les placent

(1) Ælian. De Animalíbus, lib. 11, cap. 4,

aussi dans cette partie de l'Inde. Le Campylis, aujourd'hui Camboli, est une rivière considérable qui coule à quatre milles ouest d'Ambâla, vers Serhind; elle tombe dans le Cagguer, nommé en samskrit Drichadvatî; cette dernière rivière, suivant un commentaire des Vêdas, forme la limite commune des divisions est et nord-ouest de l'Inde.

VIII. Mémoire sur le Sorex glis, petit quadrupède de Penang et autres îles de l'Océan indien, par MM. DIARD et DUVANCEL, naturalistes français. Ce petit animal, que nos savans compatriotes ont trouvé à Penang et à Singapour, et dont on leur doit la description, est le type d'une nouvelle subdivision, et le nom de Sorex glis qu'ils lui ont assigné, donne, disent-ils, une véritable idée de sa forme extérieure et de sa véritable nature. Ils le prirent d'abord pour un écureuil ; mais il s'aperçurent bientôt qu'il appartient à la famille des insectivores. En effet, il se nourrit de larves et autres insectes. Sa peau est d'un brun rouge, mélangé de fauve et de noir et au-dessous d'un gris blanchâtre. Enfin, ce véritable sorex, déguisé sous la forme d'un écureuil, a de grands yeux, quatre mamelles ventrales, une langue longue, un estomac simple et un tube intestinal replié sept fois sur lui-même, suivi d'un petit cœcum.-Ce Mémoire, écrit en français, est accompagné d'une gravure qui représente l'animal dont il s'agit. Il a été communiqué à la Société Asiatique par M. le majorgénéral Hardwicke, qui l'a reçu de M. le chevalier Stamford Raffles, gouverneur de l'Ile de Sumatra, auteur d'une excellente et magnifique Description géographique, historique,etc., de l'Ile de Java, en 2 vol. in-4°.

IX. Sur une méthode indienne pour construire des ceintres, par le capitaine MACKINTOSH. Nagpore, le 20 novembre 1820.

Les architectes indiens ont une manière très-simple de construire des voûtes sans échafauds ni autres supports tem

poraires, que nous ne décrirons pas, attendu que nous ne pouvons offrir à nos lecteurs la planche indispensable pour faire bien comprendre une semblable description. L'auteur du Mémoire pense que son procédé, aussi simple qu'écono¬ mique, pourrait être adopté en Europe avec avantage pour beaucoup de petites constructions voûtées.

M:

X. Mémoire sur les inscriptions du Coutheb-Minâr, et sur les ruines situées dans le voisinage de ce monument; par Walter EWER.On désigne, dans l'Inde, sous le nom de coutheb-minâr, une colonne ou tour (minâr) construite à 9 milles (trois lieues) sud-ouest de Debly, à la fin du x11° siècle de notre ere, et qui devait faire partie d'une immense et magnifique mosquée, commencée et non terminée sur les ruines d'un ancien temple hindou dont il subsiste encore des vestiges. Cette tour a 260 pieds anglais de haut, et 60 pieds de diamètre, et l'on parvient au sommet par un escalier de 308 marches. Quoique voisine d'une mosquée qui n'a jamais été terminée, mais dont on voit encore des portions plus ou moins avancées, cette tour ne paraît pas avoir été destinée à servir de minârèh pour appeler les fidèles à la prière. Du moins, telle est l'opinion de M. Ewer, qui observe qu'elle n'est pas immédiatement adhérente à la mosquée, comme le sont les minárèhs ordinaires. M. Ewer pense que le coutheb-minâr a été élevé dans l'enclos du temple hindou, pour signaler la suprématie de la religion du Prophète à l'égard de celle de Brahmâ; enfin, quc la, tour, à peine sortie de terre, et dont la circonférence est double de celle du coutheb-minâr, ne dépendait pas non plus de la mosquée commencée et abandonnée. «Je crois, ajoute-t-il, que plusieurs des premiers souverains musulmans de l'Inde élevaient volontiers des minârs; ou tours d'une hauteur extraordinaire, sur l'emplacement des temples hindous. On voit encore à Coel les restes d'un de ces minars qui n'ont jamais dépendu d'aucune mosquée. On y lit

une inscription qui nous apprend que leur construction date du règne de Nassir Ed-dyn, en l'an 652 de l'hégire (1254– 5 de J. C.). »

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Les Hindous prétendent que le monument qui nous occupe, a été construit par un de leurs anciens monarques ; mais, c'est encore une de ces nombreuses et ridicules prétentions qui ont accrédité, parmi les européens, tant d'erreurs, disons même, d'absurdités touchant l'antiquité, la civilisation et les travaux des Hindous, et M. Ewer prouve, par la construction même de l'édifice, ainsi que par les inscriptions dont il est couvert, que le minår (la colonne) et la mosquée ont été commencés, d'après l'ordre du grand sulthan Moezz Êd-douyga, wé Êddyn Mohammed, fils de Nâsser, prince des musulmans, par Cotheb Ed-dyn Eybesc, vers l'an 592 de l'hégire (1196 de Jésus-Christ) (1).

La nomenclature des dons très,nombreux offerts à la Société asiatique de Calcutta, et la liste des membres résidans et honoraires de cette Société, terminent ce volume (2).

LANGLÈS, de l'Institut.

(1) Le coutheb-minâr sera le sujet d'un des articles les plus intéressans de la seconde partie de mon ouvrage sur les Monumens anciens et modernes de l'Hindoustan. MM. Blunt (T. V des Asiatick Researches), Thomas, dans ses Military Memoirs, et Ewer, me fourniront des matériaux d'autant plus précieux, que le monument qui n'a pas son égal dans l'Inde, est menacé d'une ruine prochaine. On a enlevé beaucoup de pierres à sa base; un arbre des Banians a pris naissance dans cette cavité, et ses racines minent les fondemens de l'édifice. (LANGLÈS.)

(2) Notre honorable collaborateur doit publier incessamment, en un volume, le précis analytique de la suite des Recherches Asiatiques de la Société de Calcutta, dont nous n'avons pu insérer dans notre recueil que deux extraits fort abrégés. (N. d. R.)

DICTIONNAIRE DES OUVRAGES ANONYMES ET PSEUDONYMES, composés, traduits ou publiés en français et en latin, avec les noms des auteurs, traducteurs ou éditeurs ; accompagné de notes historiques et critiques, par M. BARBIER, ex-administrateur des bibliothèques particulières du Roi, etc. Seconde édition, revue, corrigée et considérablement augmentée (1).·

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Le livre de M. Barbier est suffisamment connu et apprécié des savans, ainsi que la réputation de l'auteur. Pour eux l'annonce de la mise en vente de ce deuxième volume suffirait, si toutefois leur impatience ne nous a devancé; mais les gens du monde (et je range dans cette classe beaucoup de gens de lettres, qui ne manquent pas d'esprit, mais qui ne sont que médiocrement lettres) considèrent pour la plupart la bibliographie comme une science pédantesque et sèche, sur laquelle ils dédaignent de fixer leurs regards: elle est pourtant une des branches les plus curieuses et les plus amusantes de l'histoire littéraire. Nous avons plus d'une fois essayé de le prouver; nous allons le tenter encore, en glanant quelques faits intéressans dans le deuxième volume, du Dictionnaire des anonymes.

Anecdote sur Louis XVI.—Le troisième ouvrage de Louis XVI est la traduction de l'Histoire de la décadence de l'empire romain, par Gibbon. Après en avoir traduit cinq volumes, Mgr. le Dauphin, ne voulant pas être connu, chargea M. le Clerc de Sept-Chênes, son lecteur du cabinet, de les faire imprimer sous son nom. M. le Clerc de Sept-Chênes

(1) T. II. (Voy. ci-dessus, T. XVI, pag. 538, l'annonce du T. Ier.) Paris, 1823. Barrois aîné, rue de Seine, no 10. In-8° de 548 pages; prix, 10 fr. — Le T. III est sous presse ; il sera publié dans les premiers mois de 1824. —Le T. IV, qui terminera l'ouvrage, paraîtra dans la même année.

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