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latine qu'il vient de publier, et que nous annoncons, a pour objet une inscription plus importante, parce qu'elle est plus longue, et que l'interprétation en a déja été tentée par deux savans, l'abbé Barthélemy et M. Swinton, quoique avec un succès fort différent. Cette inscription est la seconde de celles que Richard Pococke a copiées dans l'ile de Chypre, et qu'il a publiées dans sa Description du Levant. L'original existe à Oxford, et fait partie des Marmora Oxoniensia donnés par Chandler...

M. Akerblad commence par rappeler les deux interprétations de l'inscription de Pococke, proposées par les savans que je viens de nommer. Quoique ni l'une ni l'autre ne paroissent satisfaisantes, s'il falloit absolument opter entre elles, le choix ne seroit pas difficile car autant on reconnoît dans l'inter

anno 1798 ipse versaretur mecum humanissimè communicavit. Je ne rapporterai ici que les deux inscriptions de ce monument. L'ins◄ cription grecque porte :

ΑΡΤΕΜΙΔΩΡΟΣ

Η ΛΙΟΔΩΡΟΥ

ΣΙΔΩΝΙΟΣ

L'inscription phènicienne exprime le même sens par ces mots :]

מצבת זכר בחיי ם לעבד תלת בן עבד שמש

הגוני

Le mot

1

répond visiblement dans cette inscription à Aplepis:

on peut voir les conjectures de M. Akerblad sur ce mot dans la note p. 18 et suiv. de la dissertation latine dont nous donnous ici la est absolument synonyme

otice. Pour nous nous pensons que

תלת

σε τρίμορφος, τριπρόσωπος, Dive triformis.

prétation de l'abbé Barthélemy l'exactitude d'un savant, qui employe tous les moyens qui sont en son pouvoir pour découvrir la vérité, qui ne donne ses conjectures que pour ce qu'elles sont, et qui aime mieux laisser des lacunes dans son travail, que de faire violence aux monumens pour en tirer un sens forcé, autant celle de M. Swinton offie les défauts opposés à cet amour de la vérité, et à cette scrupuleuse timidité qui devroient caractériser tout antiquaire (3).

Après avoir fait connoître ces deux explications, M. Akerblad développe successivement, et avec l'étendue nécessaire, la manière dont il lit chacun. des mots de cette inscription, prévient les objections qu'on pourroit lui faire, et ajoute quelques obser

(3) C'est aussi ce que reconnoit M. Akerblad, et nous avons la avec plaisir ce témoignage qu'il rend à notre ancien confrère: Si in hác interpretatione vir eruditissimus minus feliciter sit versatus, haud graviter ferendum est, cum apographum Pocockianum pa-' rum accuratum ante oculos habuerit: tanta quoque cum modestid hanc suam proposuit explicationem ut nullo modo meruerit tàm acriter à Swintono vellicari, qui, si quid vidimus, multo longiùs à veritate deflexit. p. 9. M. Eckhel n'a pu s'empêcher de rendre aussi justice, du moins en partie, à ce savant et modeste antiquaire ; et le P. Fabricy, dans l'ouvrage déja cité (part 1, vol. II. p. 565.), s'exprime ainsi sur son compte ; Nemini mirum videatur, si de Cl. Barthelemio illud pronuntiare ausim : nimirum eorum, quorum hucusque mentionem feci, antiquariorum nullum extitisse, qui phæniciæ litteraturæ felicioribus auspiciis adyta penetrarit, atque ad ejus aperiendos fontes viam aptiorem præmonstrarit, eamque paratiorem.

vations sur les noms des divinités qui se rencontrent dans les noms propres de cette inscription.

Pour que nos lecteurs puissent juger du mérite de cette nouvelle explication, et en même temps de quelques observations que nous nous permettrons de soumettre aux savans et à l'auteur lui-même, nous allons d'abord rapporter l'inscription de la manière que la présente M. Akerblad. La voici:

אנכי עבדאסר בן עבדססם בן חר מצבת למי בחיי פנאת על משכב נחתי לעולם כלא שתי לאשתי עשתרת בת תם בן עבדמלך

M. Akerblad la traduit ainsi : Ego Abedasarus filius Abedsusami filii Churi, monumentum illi quæ, me vivente, discessit à placido meo thalamo in æternum posui, [nempè] uxori meæ Astarti filiæ Taami filii Abedmeleci.

Il n'est pas nécessaire d'entendre par soi-même les langues orientales pour sentir que cette explication présente un sens naturel, et que par cela même elle offre un grand degré de vraisemblance. Aussi ne faisons - -nous aucune difficulté de lui accorder la préférence sur celles qui ont été poposées jusqu'ici. Nous croyons néanmoins qu'elle peut donner lieu à quelques observations.

La première a pour objet les lettres jod et vav que M. Akerblad a pris la liberté, comme il en avertit lui-même, de suppléer dans plusieurs mots. Que ce savant ait suppléé le vas dans le mot

hy, cela est absolument indifférent : nous n'aurions pas plus de difficultés à lui faire quand il auroit restitué le var ou le jod dans le milieu de plusieurs mots, où ces lettres peuvent être simplement considérées comme orthographiques, ou comme destinées à fixer la prononciation: mais il n'en est pas de même des trois endroits où il ajoute le jod

Dans le .לאשתי et למי, אנכי a la fin des mots

mot, cette addition est peu importante; elle n'influe pas sur le sens qu'on lise N, anoki, comme on prononce en hébreu, ou seulement 7, anok, comme le porte l'inscription, ce sera toujours indubitablement le pronom de la première personne ego je préférerois néanmoins m'en tenir à l'inscription, et supposer que, dans le langage des Phéniciens, on disoit anok, comme dans la langue de l'Ægypte. L'addition du jod, dans le troisième mot,

, uxori meæ, est d'une toute autre importance: cette lettre forme à elle seule le pronom on adjectif possessif mea; et je ne puis me persuader que, jouant un role aussi important, elle pût être indifféremment omise dans l'écriture. Je n'ignore pas que la prononciation grammaticale du syriaque pourroit fournir un adminicule en faveur de cette supposition; mais la conséquence qu'on en tiveroit me paroît forcée. D'ailleurs, si M. Akerblad lit ici nu, il avoue que toutes les copies de l'inscription qui ont été publiées paroissent offrir un au lieu du . La ressemblance de ces deux lettres est très-grande, j'en conviens: elles ne se distinguent l'une de l'autre que parce que le premier trait

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perpendiculaire est plus prolongé dans le mem que dans le schin. Il suffiroit donc que ce premier trait eût été trop étendu par le graveur, pour que le schin eût pris la forme du mem comme M. Akerblad le suppose ici; ou, au contraire, que le premier trait eût été en partie effacé par l'injure du temps pour que le mem se trouvât substitué au schin. Il faut convenir qu'en bonne critique, cette seconde supposition, si on étoit dans le cas d'y avoir recours, souffriroit moins de difficulté que la première.

Quant au mot dont il s'agit, je ne vois aucune raison ni d'ajouter le jod, ni̟ de substituer un au

-cela signifie a mat, לאמת עשתרת en lisait :ם

Astéret; et ce nom propre, qui veut dire la servante d'Astarté, répond parfaitement aux autres noms propres, Abd-asar, serviteur d'Osiris, Abd-mélec, serviteur du roi ou d'Hercule, etc.

Cette explication, proposée comme une dernière ressource par M. Akerblad (pag. 25), me paroît, contre son opinion, de beaucoup préférable à la première.

Reste le mot, ou, comme on lit dans l'original,, mot composé de la préposition, et du conjonctif ou relatif. J'avoue que j'ai bien de la peine à me persuader que dans un monosyllabe, formé seulement de deux lettres, on ait supprimé le jod. C'est cependant ce qu'il faut nécessairement admettre, le sens exigeant absolument un conjonctif, à moins que l'on n'aime mieux supposer, ce qui, comme je l'ai déja dit, est peut-être trop hardi,

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